13 mai 2022

CLIMBACH : UNE NOUVELLE AIRE POUR LE BIVOUAC



Depuis plus de dix ans l'Allemagne offre aux randonneurs et aux publics en quête de sensations nouvelles la possibilité de bivouaquer dans le Pfälzerwald. Une quinzaine d'aires sont implantées qui reçoivent annuellement 6000 personnes. Il s'agit d'une offre d'hébergement dans l'air du temps pour une population en itinérance. Climbach près de Wissembourg s'y met aussi.












Un bivouac est un campement rudimentaire qui permet de passer la nuit en pleine nature mais dont l'impact sur l'environnement reste limité. L'aire de Climbach va être mise en service avant l'été. Il faudra la réserver en ligne auprès de l'office de tourisme de l'Alsace Verte au tarif de 15 € par plateforme. Elle a fait l'objet d'une visite explicative le 11 mai sous l'égide du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Elle se compose de trois plateformes pour l'accueil d'itinérants avec ou sans tente, d'un cabanon aéré renfermant des toilettes sèches et un stockage de bois, d'eau et un kit premiers secours, enfin de quatre bancs protégeant un point feu. Ce dernier est doté d'un couvercle.  
La capacité de l'ensemble est de 12 personnes. La Commune de Climbach a la responsabilité de cette première aire dans le territoire. Mais le 28 avril un AMI, un appel à manifestation d'intérêt, a été lancé : "Adopte une aire de bivouac". Le Parc naturel recherche des candidats pour la création de cinq aires supplémentaires le long du GR°53, de façon à proposer la traversée du massif des Vosges  dans sa partie nord en itinérance. Le chemin de randonnée relie Wissembourg à  Saverne en cinq jours via Niederbronn (rectangle rouge). Les adoptants doivent être en mesure de gérer, d'entretenir et de commercialiser ces sites, outre l'accueil des publics. 
Sont éligibles à l'adoption des structures déjà dans l'hébergement touristique, comme le meublé de tourisme, l'hôtel, l'auberge de jeunesse ou comme Climbach, une collectivité.





Adopter une aire de bivouac, c'est contribuer au rayonnement du GR°53, ouvrir les visiteurs à une expérience nature, diversifier l'offre touristique, développer la fréquentation, promouvoir le territoire, s'intégrer dans une dynamique collective et transfrontalière.

Il va sans dire que ces aires se construisent à l'écart des sentiers battus. Il ne s'agit pas d'en faire des lieux de squat ou de rave party sous les résineux. Quant aux toilettes, elles sont vidées.

AMI jusqu'au 30 mai.






Marie et Sandrine de l'OT de l'Alsace Verte 

trekking-pfalz.de

parc-vosges-nord.fr

alsace-verte.com




6 mai 2022

JEAN-LUC REITZER : LA SAGESSE DE PARTIR





 Midi cinquante. Le petit salon de l'Auberge Sundgovienne à Carspach, sa commune d'origine. Jean-Luc Reitzer est attablé avec deux confrères de L'Alsace. Les trois hommes ont échangé mais m'ont attendu pour cette conférence de presse que nous n'oublierons pas. "J'aurais dû avoir plus souvent des contacts avec la presse" confesse le député LR du Grand Sundgau. Mais quelques journalistes l'ont déçu, quand ce n'était pas "traumatisé". Jean-Luc se qualifie en effet d' "affectif". Alors ce vendredi il a convié une poignée de gens de presse avec lesquels il a gardé des relations saines. Un déjeuner avec mon député, ça ne m'était pas arrivé depuis très longtemps. Comme mes camarades, j'attends que Jean-Luc Reitzer officialise sa candidature aux Législatives. 

Le cadre est posé. Pour être député, "il faut une santé de fer", car la représentation nationale n'a pas d'horaires. Des textes sont amendés et votés en pleine nuit. Ce sont les va-et-vient entre Paris et sa circonscription. Jean-Luc, dont la vie ne tenait plus qu'à un cheveu au début de la pandémie, a recouvré sa forme assure-t-il. Il réaffirme ici sa "reconnaissance infinie" aux soignants. Postuler la députation exige ensuite "une certaine expérience". Lui totalise 45 ans d'engagement public, dont 34 au Palais Bourbon et autant en tant que maire d'Altkirch (1983-2017). 

"Tout justifiait ma candidature"

Jean-Luc a connu toutes les situations politiques, majorité, opposition, cohabitation, proportionnelle etc. Il a affronté de nombreux dossiers difficiles, dissolution du 8e Hussards, hôpitaux et autres services publics, frontaliers... "Il faut aimer les gens, partager leurs joies et colères". Le député a aussi souffert des restrictions sanitaires, lui qui a la poignée de main facile. Et pour aller à l'élection, point de salut hors d'un soutien. LR lui a accordé l'investiture comme un banquier suit un porteur de projet. Enfin, depuis la guerre en Ukraine, un membre de l'assemblée parlementaire de l'OTAN depuis plus de 20 ans est bienvenu. Fort de ces atouts, le sortant va annoncer ce qu'on trépigne d'apprendre... 

"La raison doit l'emporter"

Coup de théâtre : Jean-Luc Reitzer ne se représentera pas. "Le choix a été difficile, la décision prise avec tristesse, mais c'est le choix de la sagesse". A l'Assemblée, le député haut-rhinois fait partie des 3 les plus anciens, après avoir remporté 7 combats législatifs, 5 fois au premier tour. Rares sont ceux qui peuvent garder la confiance de l'électorat sur une si longue période. L'âge, 70 ans, n'est pas tant la raison, mais l'accumulation des mandats. Un 8e serait peut-être celui de trop. 

"Je n'ai jamais été un homme d'appareil"   

La vie politique de Jean-Luc n'a pas été un long fleuve tranquille pourtant. Engagé dès 13 ans, quand il prit la parole chez "Micky", gaulliste depuis toujours, le jeune militant posa des tags sur les murs. A 27 ans, il entra au conseil municipal d'Altkirch, décrochant grâce à sa voix un siège d'adjoint. En 1979, il battait son maire aux cantonales, ce qui lui aura valu 7 années d'exclusion du RPR alors qu'il en était porte-parole. En 1983, il remportait la mairie. Jean-Luc entra ensuite au conseil régional pour deux ans, mais s'ouvrit un horizon national en 1988, en gagnant avec panache la 3e circonscription du Haut-Rhin avec le meilleur score d'Alsace. Dès lors, il s'installait dans un long cours. 
Pourtant, citant De Gaulle, le parlementaire rappelle les "illusions, ambitions, combinaisons et trahisons" de la vie politique. Et les tentatives de débauchage. L'UDF hier, la majorité aujourd'hui, confie-t-il. Jean-Luc Reitzer aurait pu repartir en juin, avec la confiance des marcheurs, mais il n'avait pas envie "d'aller à la soupe". Il se sent redevable à tous ses soutiens et à sa famille qui a pesé dans la décision de se retirer. Les proches du député ont été marqués par la vindicte des réseaux sociaux. En pleine tourmente, aucun député alsacien ne s'est mouillé pour soutenir le collègue sundgauvien.

 "J'apprends beaucoup dans la presse"

Il est révolu aussi le temps où le député était un acteur reconnu dans son territoire. La perte du double ancrage (député-maire) et la suppression de la réserve ont contribué à la dégradation de la vie parlementaire, explique le sortant. Mais Jean-Luc se console d'avoir eu "une vie passionnante" qui lui aura donné de beaucoup voyager et de s'enrichir des différences. Il lui reste encore des déplacements à accomplir dans le cadre de l'OTAN.

Depuis qu'il vient de nous annoncer son retrait, les réseaux sociaux s'agitent et son téléphone crépite sans cesse. 
Jean-Luc Reitzer a mis fin au suspense un vendredi de mai.
Il ferme un livre de 45 ans. Les jeunes loups sundgauviens ne vont pas tarder à sortir du bois pour se lancer dans la campagne.


 

5 mai 2022

"EXCENTRIK" MAIS ARLETTE GRUSS



Depuis mardi matin, le champ de foire de Dornach retrouve Arlette Gruss, un des grands cirques français, parmi les préférés du public. Justement, la famille itinérante a été chaleureusement accueillie pour son retour en Alsace fin avril. Colmar a ouvert la tournée alsacienne où quelque 14.000 spectateurs sont venus applaudir la trentaine d'artistes.  Ce 6 mai, c'est au tour des Mulhousiens. 



Dans la plaine sportive de l'Ill, chacun donne un coup de main au montage du décor. Les semi-remorques rutilants forment un cocon au chapiteau flambant neuf qu'il faut plus de deux jours à monter. Arlette Gruss a encore changé de maison rouge et blanche. Un investissement d'un million d'euros qui permet toujours au public d'avoir une vue à 360°, les mâts porteurs étant plantés à l'extérieur. Confort visuel donc, mais encore de fauteuil. Les gradins et les rangées sont aérés, la capacité a été fortement réduite dans cette cathédrale au dais bleu de 2700 m2.


Pour sa première soirée dornachoise, Gruss dresse la table. Désormais, on peut dîner autour de la piste aux étoiles. Une proposition initiée cette saison par le cirque qui permet de capter une clientèle jusqu'alors éloignée des enfants de la balle. Ce vendredi, 400 convives seront attablés et servis par le Strasbourgeois Kieffer, un spécialiste des réceptions jusqu'à 5000 personnes. Où qu'il aille, Arlette Gruss fait appel aux producteurs et prestataires locaux. 

Un espace dédié accueille les équipes du traiteur, jouxtant celui des loges d'artistes. 

De nombreuses mains finissent d'apprêter ce village  d'environ 200 personnes, dont 140 à l'effectif. 40 membres sont d'origine ukrainienne, dont le chef de cuisine, qui a 14 ans d'ancienneté. La guerre a privé le cirque d'une poignée d'hommes, des réservistes allés prêter main-forte au peuple martyr. 


Un personnel poli, dans la tradition d'accueil du cirque. Arlette dirait que les gens ne vont pas au spectacle pour pleurer, rappelle Rémy Becuwe, notre interlocuteur. Ce jeune homme pas encore trentenaire est  en charge de la communication. Il partage ses jours sur la route avec la communauté et sa ville de Dunkerque, où il est conseiller municipal délégué. Un gars du Nord, qui aime la vie et ses contemporains. Il a connu l'amour du cirque dans sa jeunesse. Il a fini par y être appelé. 



Arlette Gruss tourne dans une quinzaine de villes depuis 30 ans. Sa saison épouse l'année scolaire. Le cirque a beaucoup souffert ces dernières années. La Covid bien sûr, les gilets jaunes qui ont coûté des milliers de spectateurs à Paris, la polémique sur les animaux sauvages...S'agissant de la ménagerie, elle se limite aujourd'hui aux chevaux, chameaux et dromadaires, qui n'entrent pas dans le périmètre de la loi. Cela n'empêche pas de rares activistes de se manifester les jours de représentation. A l'heure de cet article, la piste de répétition dévolue aux équidés et camélidés est assemblée. 



Mais place au spectacle. Il se résume au mot - titre : "Excentrik". En sortie de crise sanitaire, il fallait surprendre encore le public en lui apportant "du très festif, novateur et hors du temps", annonce Rémy. Un spectacle endiablé de 2 heures en 14 numéros, mis en musique par le chef suisse et animé par un orchestre de 8 éléments. Après deux ans d'attente, les amateurs de grand cirque vont en avoir plein les yeux. 






Arlette Gruss à Mulhouse du 6 au 15 mai. Dîner - spectacle les 6 (complet) et 13. 
Puis à Strasbourg sur le nouveau site du Wacken.

26 avril 2022

DES BOYARDS A SHOP'IN WITTY





Fort Boyard a rouvert ses vieux murs à la production au tout début du printemps pour le tournage de la 33e saison, qu'on pourra suivre sur France 2 dans quelques semaines. La dernière année n'a pas été euphorique en termes d'audience, le jeu télévisé attirant environ 2,5 millions de personnes. Pourtant, il fait le bonheur des petits aventuriers dans sa version dédiée aux centres commerciaux.




Ainsi, à l'occasion des vacances de Pâques, Shop'in Witty, le centre commercial de Wittenheim, a offert 4 journées d'évasion et de jeux à ses visiteurs, en misant sur l'expérience Fort Boyard officielle. Propuls Connect, l'agence de marketing opérationnel des centres commerciaux, est le partenaire exclusif d'ALP pour restituer le jeu d'aventures français le plus connu au monde. 


Sans inscription préalable, les enfants à partir de 4 ans sont accueillis par l'équipe d'animation et revêtent une chasuble tête de tigre. Les voilà plongés dans une aventure d'une heure, le temps d'affronter les épreuves de l'anneau sur la corde et du filet du pêcheur et de répondre aux énigmes. Comme à la télé, il leur faut trouver clés et indices pour constituer le mot code qui leur permettra de gagner, sous les yeux complices des parents. 





J'ai particulièrement aimé la reproduction du fort avec sa vigie et sa porte faussement métallique. Dans cet ultime espace de jeu, ni gardienne, ni tigres bien sûr (dans les saisons télévisées, plus de félins non plus) mais un "maître du fort" qui veille aux boyards.
Rien ne manque, ni le bruitage de la chaîne ni la musique accompagnant la pluie de pièces jaunes. Chaque groupe repart avec son diplôme et son boyard en chocolat. Et un chèque de 1000 € a été remis à l'association Sourire Ensemble qui réalise des rêves d'enfants et adolescents malades.

A Wittenheim, je n'ai croisé ni Passe-Partout ni Fouras mais passé du bon temps, certes court, en regrettant sur cette période de ne plus être un enfant. 





  • Photos  Shop'in Witty

19 avril 2022

CHALAMPE - NEUENBURG EN ITINERANCE DOUCE

 



En mars 2020, l'Allemagne fermait ses frontières. Un mauvais souvenir. Depuis, Badois et Alsaciens sont de nouveau unis. Et la promesse de rendre à la circulation la traversée de Chalampé - Neuenburg am Rhein  pour la Landesgartenschau a été tenue. 


La veille du long week-end pascal, élus français et allemands ont inauguré côté alsacien l'itinéraire piétons/cycles aménagé sur la totalité de la liaison. 





Le passage entre la France et l'Allemagne comporte 3 ponts qui enjambent la RD 52 dans le Haut-Rhin, le grand canal d'Alsace et le Rhin. Il est emprunté par la voie ferrée et dessert encore une presqu'île hébergeant un parc naturel, quelques habitations et un parcours de golf. 




Février 2022 






En mai 2021, deux chantiers avaient été lancés: la rénovation du pont sur le Rhin et la sécurisation de la traversée des piétons et cyclistes sous la maîtrise d'ouvrage de la CeA. Malgré le contexte sanitaire et les surprises inhérentes à ce genre de travaux, dix mois auront suffi pour remettre en état le pont sexagénaire et créer une continuité cyclable entre l'EV15 et la VR Rhin, deux axes très fréquentés. 

L'ensemble de l'opération a mobilisé des partenaires nombreux dans un élan modèle. 5 M€ HT avec la participation du FEDER. Etablir des ponts, "c'est aussi construire une communauté de destin" dira Frédéric Bierry pour la CeA. "Les planètes sont alignées" se félicite Fabian Jordan pour M2A, EPCI dans une Alsace en route vers l'itinérance douce.











15 avril 2022

CROIX A LA CROISEE DES CHEMINS A ZIMMERSHEIM

 


Croix du Clauser 


Après deux années d'interruption, la Pastorale du tourisme et des loisirs de la communauté de paroisses de la Hardt aux Collines a emmené ce matin près d'une cinquantaine de personnes dans une randonnée autour des calvaires de la commune de Zimmersheim. Ce 7e circuit avait été prévu pour 2020.  Pour le conduire, un spécialiste du patrimoine, Christian Coulon, par ailleurs Greeter  à l'office de tourisme de Mulhouse. 


Il suffit de s'intéresser aux monuments pour les sortir de l'oubli,  raconte le guide du jour, qui a pris le soin d'emporter de vieux documents et de s'inspirer d'un regretté chargé d'âmes, le docte curé Ackerer.  Le départ a lieu devant l'église de l'Assomption, qui a une particularité. Une boîte à lettres près de l'entrée.

Un premier arrêt devant l'ancien presbytère, où le feu s'était déclaré en mars. Un rappel à un éminent architecte, Pierre Racine, le père du château de Delémont. Puis la première croix, rue de Dietwiller. De béton, elle repose sur un socle daté de 1877. Elle se situe à la sortie du village, au-dessus de la route, sur une propriété privée. Touché par un bombardement en 1944, déplacé en 1972, ce monument avait été érigé à la mémoire d'une femme décédée en 1835. Mais lors de son enlèvement, on avait trouvé une autre croix, qui veille aujourd'hui sur le cimetière. Celle-ci mentionne 1750. La pièce originelle était peinte. Il s'agit d'une croix à panneau rond avec la scène du Calvaire.

La croix de la rue de Dietwiller  est liée à celle du chemin de Habsheim, plus loin. La deuxième a été dédiée à un agriculteur écrasé par un tonneau. Les personnes liées à ces calvaires étaient époux. 



Chemin faisant, on se souvient des processions des rogations, prières appelant à la bénédiction des biens de la terre, les trois jours précédant l'Ascension. Jusqu'aux années 50, les cortèges passaient par les croix. Il arrivait que deux villages se croisaient, les hommes indisciplinés et goguenards fermant la marche. 



A l'intersection du Herrenweg, la croix aux trois sapins. Ici, Zimmersheim fait un bond dans le néolithique et la période gallo-romaine. Pour le promeneur par beau temps, c'est la possibilité de voir les Alpes suisses. Nous sommes au voisinage des plants d'asperges. Jadis, c'étaient les chènevières (champs de chanvre) et les vignes qui produisaient le Sunnagletzer, les moulins à huile et à gypse, les tuileries. 


Croix du Ristelweg


Après trois heures de circuit, les marcheurs du Vendredi saint auront vu une demi-douzaine de croix et écouté les explications de l'historien attaché à son patrimoine. Au passage, Christian Coulon fera remarquer des maisons alsaciennes et leurs curiosités.




Chaque étape aura été enrichie d'une courte lecture en rapport avec la crucifixion, dont un texte de Victor Hugo.
"Vous qui pleurez, venez à ce Dieu, car il pleure" (Les Contemplations). 
Un marcheur, arborant un badge bleu et jaune, a pris la parole à l'issue de la rencontre, pour parler brièvement de la croix mondiale de ce début d'année.
"Mon Vendredi saint, c'est l'Ukraine!" 



Voir aussi sur ce blog

Chemins de croix à Obermorschwiller 
Vendredi saint sur le ban de Steinbrunn-le-Haut 





31 mars 2022

ZOMB'IN NEUF-BRISACH



Un samedi soir de mars. Le printemps commence dans une douceur ajoutée à un ciel parfaitement dégagé. Je roule vers Neuf-Brisach, la petite ville chère à mon cœur amoureux. 
La cité en étoile s'apprête au repos vespéral quand je m'arrête aux abords de la place d'armes. Derrière moi, la rassurante église royale Saint-Louis. Je ne sais où aller, alors j'emboîte le pas à des inconnus qui vont manifestement là où nous sommes attendus.


La société Argémie et ses partenaires nous ont préparé une sortie de derrière les remparts. Zomb'in the dark bivouaque dans la forteresse Vauban pour la première fois. Depuis quelques années, Mathieu Gouyen et Paul Chiozzotto font des courses d'orientation flippantes leur business. Ils cherchaient un terrain de jeu en Alsace. Les murs séculaires de la ville fortifiée au bord du Rhin les attendaient. C'est dans ce cadre 1700 que débute la saison de la société de Villeurbanne. 



Il faut passer par le musée Vauban, dont l'entrée est  gardée par un grand gaillard avenant. Le jour décline et dès le tunnel franchi, l'air est plus frais. La tente des secouristes est en montage, les équipes arrivent. Je me présente seul, sous mon pseudo de "guerre" féminin. La première vague de départs est prévue à 19H30. Il était recommandé de se munir d'une lampe frontale et éventuellement d'une boussole. Dans mon groupe un ancien militaire aguerri à l'orientation, des couples, des Savoyards fraîchement établis à Neuf-Brisach, des potes sportifs...Quand vient notre heure, nous marchons dans la nuit vers le début de l'aventure. Une jeune femme assure le briefing et nous donne une carte. C'est l'étoile de Vauban, dans laquelle ont été déposées ou dissimulées des balises, des sacs orange numérotés qui portent le nom d'un personnage. Malheureusement, l'un de ces articles sera bientôt subtilisé. Chaque repérage rapporte des points. Plusieurs balises ne figurent pas sur le plan qui valent donc davantage.




Nous ne sommes pas nombreux, peut-être une vingtaine pour ce premier envoi, chaque équipe allant son chemin. Etre à deux ou à trois multiplie les chances de trouver et facilite l'orientation. Nous avons une heure et demie pour coucher le maximum de mots sur la feuille de jeu. Nous portons une ceinture avec deux langues symbolisant nos vies. Il s'agit de ne pas se les faire arracher. Très vite, la fraîcheur s'oublie car il faut souvent courir pour échapper aux hôtes des fossés. Les zombies. Combien sont-ils? Au moins une vingtaine, éparpillés, tapis dans l'obscurité, assis contre une paroi, à l'affut derrière un pilier, à proximité des sacs évidemment. Je m'attendais à des pérégrinations pleines de frissons. Je m'étais préparé mentalement à la confrontation. Mais dans la nuit des remparts, ma petite lampe de poche n'éclaire pas l'espace. J'ai bien choisi cet accessoire qui me permet de me déplacer sans me faire remarquer comme je l'éteins souvent. Soudain, un cri guttural déchire le silence. Ils sont là. Deux, trois, je ne sais pas, qui ont été alertés par nos pas et nos paroles. La lumière des lampes frontales attire les faux morts-vivants, qui à cette heure sont encore d'une grande fraîcheur et donnent de la voix. Mais surtout, ils courent et coursent. L'avantage de la jeunesse. 

Il ne fait pas bon tomber entre les pattes de ce primate qui déboule et finit en roulade. Opérant en solo, je veille à rester en amont ou dans le sillage d'autres "survivants", de façon à ne pas être la proie de ces monstres. Je connais les ouvrages néobrisaciens. Mais dans le noir, je ne sais plus. Un instant, je considère le ciel constellé de lumignons. La minute de contemplation dans ce jeu d'adolescents pour jeunes adultes. Un participant fonce pour ouvrir la voie à ses camarades. Les zombies, tout effrayants qu'ils soient, ne sont pas des surhommes. Il leur arrive de tomber et de reprendre leur souffle.

La chute. Voilà ce que je redoute le plus. Poursuivi par une ombre, voilà que je détale et manque de me retrouver en mauvaise posture. Pour être de Zomb'in the dark, il faut signer une décharge. Nous courons à nos risques et périls. Comme il est inconcevable de rebrousser chemin sans se jeter dans les bras des créatures, il faut faire le tour de l'étoile. La lueur annonce l'arrivée. Il faut valider l'accomplissement de la course. Il me manque plusieurs mots, mais j'ai coché deux balises spéciales et préservé mes deux langues colorées. Je les avais positionnées devant. J'apprendrai plus tard que mon parcours m'aura valu 65 points, loin des 99 des meilleurs, mais la dernière équipe a terminé dans le négatif ! 

Saint-Louis se dresse devant moi quand je sors de la partie. La ville s'est endormie mais les fossés sont toujours livrés aux personnages ensanglantés et joyeusement terrifiants. Un nouveau groupe de chasseurs de mots prend la relève. La nuit va être longue à Neuf-Brisach.





 





#zombinthedark #neufbrisach #citevauban #patrimoineunesco


Article épinglé

Nouveau à ALTKIRCH (68130)