29 octobre 2017

UN REGARD DE FILOZOF




Elle n'a pas pu suivre des cours aux Beaux-Arts, mais a vécu dans un milieu qui aimait l'art... Le musée des Beaux-Arts de Mulhouse consacre pour la première fois une exposition à Véronique Filozof, une artiste mulhousienne présentée comme "atypique et attachante".



Née Vreny Sandreuter à Bâle en 1904, Véronique Filozof s'est éteinte à Mulhouse en 1977, il y a quarante ans donc. Elle y passa une grande partie de sa vie, mais elle affectionnait aussi Sarlat, Paris, la Camargue et l'Appenzell en Suisse. Son fils Jean-Guy Modin a publié un ouvrage sur la vie et l’œuvre de l'artiste qui aura fait l'objet de plus de cent expositions. 



Aux Beaux-Arts de Mulhouse, une soixantaine de pièces issues de collections privées et publiques résument le travail d'une artiste au style naïf et au langage singulier venue sur le tard à la création.
Véronique Filozof s'est passionnée  pour les causes politiques et sociétales. Elle nous a laissé aussi des illustrations de la vie quotidienne et des traditions anciennes, comme le Vogel Gryff de Bâle.






A voir jusqu'au 14 janvier 2018 au musée des Beaux-Arts de Mulhouse.

27 octobre 2017

TURCKHEIM A LE BOURDON !

 C'est devenu rare. La cité du veilleur s'offre une cloche au son grave.



Mercredi 25 octobre, 13H45. Une animation particulière aux abords de l'église Ste-Anne de Turckheim. Un camion - grue pointe son bras jaune vers les hauteurs du clocher carré, descend lentement une cloche fatiguée. Elle va rejoindre une autre déjà déposée sur une palette, sous les yeux admiratifs, curieux, peut-être émus d'une dizaine de personnes. Des techniciens, des représentants de la commune, le conseil de fabrique, des badauds. Les mobiles prennent des photos sous le ciel d'arrière-saison.
L'horaire est inhabituel pour un rendez-vous de presse ; j'y croise cependant mon confrère GS qui serait en panne de sujets, en période de vacances de la Toussaint.




Deux cloches donc extraites et descendues avec précaution de leur perchoir pour un passage sur un tour. Il s'agit de rectifier leur son.
La grande porte le nom de Sainte-Marie, l'autre celui de St-Joseph.
Elles appartiennent à un ensemble campanaire de quatre pièces, qui dans un mois sera enrichi d'un cinquième élément. Le bourdon.
Marie - Thérèse est en charge du conseil de fabrique. Depuis des années, son équipe redouble d'efforts pour donner suite à la vieille recommandation d'un chanoine, dont les oreilles se plaignaient à l'écoute de la sonnerie. L'homme d'Eglise suggéra un bourdon justement. Le temps fait son oeuvre et ce qui paraissait improbable hier se concrétise enfin. Grâce à deux legs significatifs, le conseil de fabrique enclencha le processus, ignorant toutefois le parcours du combattant pour agir sur un monument protégé. Aujourd'hui, on entrevoit le bout du beffroi frappé jadis par la foudre et reliquat d'un édifice médiéval.
A la manœuvre, les gars de Bodet délégation régionale. Le spécialiste du campanaire depuis 150 ans s'occupe des opérations techniques, du démontage à la remise en place. Sous peu, des Turckheimois feront le déplacement en Normandie, à la fonderie Cornille Havard, une maison séculaire de fondeurs de cloches. C'est dans ses murs de Villedieu que sera coulé le bourdon. Une commande de 3,3 tonnes. Il sera baptisé "Christ Roi de l'Univers" et béni le 26 novembre, jour de cette solennité clôturant l'année liturgique.
Le complément campaniforme de Ste-Anne permettra un carillon que les mélomanes distingueront. Un autre son de cloche par ces temps de bourdon.

24 octobre 2017

HAUTE THUR EXPLORATION





C'était une belle bâtisse, une demeure de maître qui devait appartenir à un directeur, un ingénieur peut-être, au temps où le textile faisait la richesse et la renommée de la vallée. 
La maison  n'est plus qu'une coquille inerte, une ossature de poutres dans ses murs. Elle est abandonnée au temps qui fait son œuvre, pourtant elle ne semble pas avoir été livrée aux vandales, juste vidée de ce qui pouvait être réutilisé.
Au sol, des rubans à l'inscription "Boussac". 














22 octobre 2017

LA PETITE TROUILLE DU PETIT PRINCE

 Le Parc du Petit Prince à Ungersheim se remet à l'aventure Halloween 




21 octobre. Il est 16H15 quand nous nous présentons à l'accueil du  Petit Prince. Une souriante hôtesse nous salue qui porte une cape rubis sur haut rouge. C'est la tenue de la courte saison Halloween dans le parc de loisirs dédié au héros de Saint-Exupéry. Fabien Michel accourt. C'est le directeur du site depuis sa genèse. Il est heureux et rit souvent. Les chiffres de l'exploitation sont nettement au-dessus des prévisions. Le PPP a trouvé sa place dans l'offre familiale et dans son territoire, à côté de l’Écomusée. Les deux établissements ont bien compris qu'il fallait travailler en bonne intelligence. La coopération monte en puissance.
Mais nous sommes venus pour Halloween, qui ici correspond aux vacances de la Toussaint. Deux semaines, mais qui promettent une fréquentation forte.
En un peu plus d'une heure, Fabien nous fait expérimenter les attractions dédiées à la thématique. Quelques frissons, jamais de sueurs froides, ce n'est pas l'esprit du parc qui s'adresse à un public familial. 




Le tunnel qui mène au parc s'est transformé en repaire d'araignées. Le ton est donné.  Dehors, dans le cratère central, le Petit Prince domine une citrouille. Le cœur du parc est décoré de cucurbitacées et d'éléments d'automne. Les références sont là : mouton, rose, serpent... La végétation s'est mise au diapason. 


Il fait très doux encore pour le premier jour de l'animation. Plusieurs visiteurs ne portent qu'un t-shirt. Le public est au rendez-vous, mais ce ne sera pas une journée sous tension. Le dimanche précédent, il fallait gérer 3.000 personnes. 

Les enfants peuvent se faire grimer le visage aux couleurs de l'ambiance, en le confiant aux mains expertes des maquilleuses sous le chapiteau du volcan. Du reste, le parc a noué un partenariat avec le site deguisetoi.fr



Première étape, "Vol de nuit" qui devient "La crypte". Le parcours intérieur à sensations est transposé en version Halloween. 
Le petit train a pris l'appellation "Halloween Express". La conductrice ricane en annonçant un voyage angoissant qui longe un bois hanté et traverse un tunnel. Les moutons ignorent tout ça et quémandent leur nourriture en escortant la rame.
"Courrier Sud" s'est mué en Manoir. Il faut en sortir deux minutes après avoir écouté les instructions et trouvé le code à quatre chiffres. Il m'en aura manqué un. Dehors, un écran permet de visualiser la progression des intrus.









"Métamorphose-toi en froussard" est notre quatrième proposition. A la rencontre des habitants d'un lieu hanté. 
Pour ceux qui veulent prendre de la hauteur, "L'aérobar du buveur" s'est transposé en "Tour de la Mygale".  Enfin, au petit théâtre, on peut écouter "les contes qui font peur". En arpentant les allées et les attractions, le visiteur recueillera des indices et résoudra des énigmes lui permettant de participer au jeu spécial Halloween, "La chasse aux citrouilles".

Fabien Michel, directeur du PPP


Évidemment, la dernière journée d'octobre sera particulièrement longue, avec sa nocturne.

Novembre viendra, puis les lumignons et les voix rauques s'éteindront pour quelques semaines. Le 6 novembre, le Parc du Petit Prince entrera dans son sommeil hivernal. Vivement le printemps ! 

parcdupetitprince.com                                                                                                 

18 octobre 2017

EXPERIENCES CULINAIRES DE REFUGE



Il fallait changer d'air. Passer une partie du week-end au Hus, le refuge du Ski-Club Mulhouse, en contrebas de la route des Crêtes, tout près des Vosges. Cette mi-octobre, nous bénéficions d'une météo quasi-estivale en journée, avec un mercure au-dessus des 20°C.




La forêt s'est parée des ocres de l'automne mais les arbres sont encore vêtus. Ciel ensoleillé. Bientôt le bâtiment paraît. Des voitures aussi, qui stationnent devant. Je rêvais d'un séjour en comité restreint, il n'y aura jamais eu autant d'hôtes en ma présence. Le refuge est presque complet. Le garde s'appelle Xavier. Il ressemble à Fabrice Lucchini en version luxembourgeoise. A notre arrivée vers 18 heures, le feu n'est pas encore vigoureux dans la cuisinière. Une fumée d'allumage stagne dans la grande salle. 
Qu'à cela ne tienne, je suis venu pour profiter pleinement de ce piano centenaire, qui ne m'a pas encore livré tous ses secrets, dont la plaque à pâtisserie. 
Il est 18H15 lorsque j'entame la préparation de mon fond brun. Il servira pour mon rôti. Peu à peu, les résidents du week-end se succèdent. Qui avec un enfant en bas âge, qui avec un enfant, qui avec l'attirail du randonneur. 


Les apéritifs se préparent. Avec la douceur extérieure, un groupe va envoyer les réjouissances au pied du refuge, où un feu de camp danse dans son cercle de pierres. 
Un garçon entame un saucisson. Guillaume, un Francilien venu s'évader dans le massif en parcourant une vingtaine de bornes. Il est seul. Plus pour longtemps; il passera la soirée avec nous et partagera notre dîner. Avec son chocolat, je ferai un enrobage aux noisettes sur la banane rôtie. 
En confectionnant ma soupe de légumes, je me rends compte que je n'ai pas de moulin. Cela n'enlèvera rien à sa saveur. Demain, j'y adjoindrai le fumet et les pâtes de notre compagnon de table.
La grande salle devient restaurant la nuit venue. Les tablées s'animent avec les calories du kachelofe, les arômes du munster fondu et les breuvages, dans une atmosphère de grande convivialité.
En cuisine, on s'affaire, entre cuisiniers, commis à la vaisselle et spectateurs. 

Bientôt vient l'heure du coucher. Avant minuit pour ce qui me concerne, dans un dortoir où nous ne sommes heureusement que cinq. Je vais profiter de ma première nuit de montagne à peu près complète.





Dimanche matin. Il faut attendre midi pour qu'on se décide enfin à relancer le feu. La plupart des convives ont faim. Cette fois nous sommes presque entre hommes, Thierry et moi. Deux quinquas passionnés de cuisine. Lui pro, moi amateur. Thierry, qui revendique une longue expérience chez des étoilés, apprête une choucroute pour une dizaine de randonneurs. Le refuge a cela de magique que nous partageons nos ingrédients et nos acquis. Thierry goûte ma soupe augmentée, je déguste son chou. 
Au passage, les occupants du refuge laissent traîner leur narine, histoire de capter quelque effluve de viande ou d'appareil.
Le dimanche après-midi pourtant, l'enthousiasme fait déjà place à la nostalgie. L'âtre du piano faiblit. Il va falloir tout remettre en état et s'en retourner en plaine. En pensant à la prochaine fois.
Mais cette fois, l'hiver aura enserré le nid douillet des hauteurs de Kruth.