28 juin 2017

LE JAMBON A L'ASPHALTE AU PAYS DE LA FEE VERTE

Sur la route du sel qui nous mène d'Yverdon-les-Bains à Arc-et-Senans, nous croisons celle de l'absinthe, entre Môtiers et Pontarlier. Etape - déjeuner  dans le canton de Neuchâtel, où nous dégusterons un plat inédit, le jambon cuit dans le bitume naturel.






Nous sommes sur le site minier de Travers, où durant trois siècles les hommes ont tiré de la terre le précieux minerai d'asphalte.

Nous n'avons pas le temps de visiter les galeries souterraines, mais dans ce qui tient lieu de boutique et d'accueil, une jeune femme nous propose l'apéritif anisé. L'absinthe de La Fée verte, en déclinaisons plus ou moins fortes. A cet instant, je me souviens de ma prime dégustation l'an passé de l'autre côté de la frontière, chez le distillateur pontissalien Guy. 
Puis nous passons à table. C'est une grande salle, qui en jouxte une autre. Une bonne quarantaine de convives occupent la nôtre, dans un brouhaha de kermesse scolaire. Au service, deux à quatre personnes, des gens robustes qui rappellent davantage le monde agricole que le grand hôtel de la station thermale. C'est à la bonne franquette ici, dans une ambiance de ferme-auberge. 
Le pinot noir fera long feu dans nos mémoires, la salade mêlée se fera aussi oublier. Mais la bonne surprise vient du plat, ce jambon cuit dans l'asphalte, escorté d'un gratin de pommes de terre et de haricots. Qu'importent les assiettes, aussi différentes que les têtes des clients, venus effacer une faim plutôt que de distraire leurs papilles. Quoique... Une pièce de charcuterie goûteuse et de jolie robe. 

C'était la promesse de cette halte de mi-journée : le jambon. Le personnel est complice. Il nous laisse passer par l'arrière et monter dans un atelier de type garage d'où s'échappe une odeur de pétrole.
Un homme portant tablier noir et lunettes ovales s'active. C'est Hans, le cuisinier de l'asphalte. Entre deux circulations, il explique sommairement le procédé transmis par les mineurs depuis près d'un siècle. Le jambon est enveloppé dans plusieurs couches de papier de boucherie et plongé dans un bain de bitume naturel à 180°. Le temps de cuisson varie selon le poids de la pièce qui sera ensuite mise au repos une journée. Le Café des Mines est sans doute le seul dans la région à perpétuer cette préparation festive, servie jadis pour la Sainte-Barbe. Aujourd'hui, il en produit annuellement 3,5 à 4 tonnes.  








Mon palais n'a pas été sensible au goût rectifié par le pétrole lourd. Mais il se souviendra de cette découverte.
De retour à table, une autre rencontre finit de nous convaincre : le parfait à l'absinthe. La Fée verte a fait son effet. Juste merveilleux.


Mines d'asphalte de Travers 
www.gout-region.ch 

26 juin 2017

UNE NUIT CHEZ LEDOUX A ARC-ET-SENANS

Premier samedi de l'été. En voyage de presse "Terra Salina" sur les routes du sel franco-suisses. Ce soir, nous dormons à Arc-et-Senans. A la Saline royale. 



En arrivant par la route champêtre, notre car rencontre un rassemblement festif de gens du voyage. Des musiciens ont improvisé une scène sur le plateau d'une remorque agricole. C'est aussi la fête dans la commune. Derrière un mur de deux mètres, nous entrons dans un autre monde. La Saline royale.
J'y suis venu en excursion scolaire voilà près de quarante ans. Je ne me souviens que vaguement des bâtiments en demi-cercle mondialement connus depuis le classement du site à l'UNESCO en 1982.

Edina, une avenante jeune femme, nous accueille. Elle est cheffe de projets européens pour l' EPCC jurassien. A l'exception d'une voiture blanche qui fait tache dans le paysage, aucun véhicule à moteur dans l'arc. Le jour va bientôt décliner, le soleil caresse une dernière fois les façades en pierres calcaires. 
Nous dînons dans une grande salle au rez-de-chaussée, où semblent tournoyer les tables dressées comme pour un banquet. Gougères et crémant du Jura pour ouvrir le dîner par un apéritif bourguignon - comtois gaspacho à la menthe d'ici, pavé de saumon aux légumes, tarte aux myrtilles et crème de citron. Les vins du Jura toujours estampillés "Saline royale" escortent les plats. 






A l'issue de ce repas qui aura effacé la mesquine salade mêlée du grand hôtel suisse la veille, une balade nocturne nous est proposée. Le groupe se disloque, nous finirons à deux à l'heure de la séparation, après avoir déambulé dans les jardins consacrés à Tintin cette année. C'est une belle soirée de juin, peu à peu les étoiles apparaissent là-haut.



Depuis 2013, il est possible de passer nuitée dans ce chef-d’œuvre du génial Claude-Nicolas Ledoux. 31 chambres sont dispersées dans les bâtiments réaménagés par son lointain successeur Jean-Michel Wilmotte. Chambre 25, dans le bâtiment des Gardes pour moi. Juste en face de l'édifice majeur à colonnes. Deuxième étage, double accès par escalier. Deux chaises design, un mobilier sans superflu, pas de décoration, juste une référence à une célébrité qui n'attire pas plus mon attention. Tête de lit chaleureuse. La seule faute de goût à mon sens est cette applique de garage au-dessus de ma couche double. Dans la salle de bains, le carrelage rouge tonifie le réveil matinal. Les serviettes sont signées "Saline royale" elles aussi. 
Il est tard, le sommeil sera court, d'autant qu'il fait chaud encore et que le dîner a été pris vers 21 heures. J'aurai le loisir d'entendre une chouette et des batraciens. Dans une paix incomparable. Pas d' écran de télévision ici. C'est parfait pour se retrouver dans un lieu sublimé par les éclairages.





Le lendemain matin, je retrouve mes confrères à la Maréchalerie pour le petit déjeuner. Ils sont enjoués. Ils ont bien dormi. 



Dormir à la Saline royale ***
03 8154 45 17 
reception@saline-royale.com

www.salineroyale.com  
 

25 juin 2017

ILLFURTH : LE LAIT A LA SCIERIE

Le bourg d'Illfurth entre Mulhouse et Altkirch est dans une dynamique avec ses nouveaux commerces du centre et son marché dominical. D'un point de vue culturel aussi, le village (se) bouge avec cet été, un spectacle de plein air : "Comme le lait sur le feu", du 28 juin au 01 juillet.


 

Dimanche après-midi, à trois jours de la première. En contrebas de la vénérable Burnkirch, une animation inhabituelle donne vie à l'arrière de la scierie Nollinger. Des gradins ont été montés, des comédiens répètent. On reconnaît des théâtreux sundgauviens : Jean-Charles Mattler, Henri Fritsch, Nicolas Lehr. Ce dernier s'est vu confier la mise en scène du premier spectacle de la jeune association "L'Ill en scène". La présidente est Fabienne Bamond, maire-adjointe et épouse de Lionel Bamond, un Alsacien d'adoption. Ce Parisien avait été interpellé naguère par la douloureuse fin de la laiterie Voegtlin, au cœur d'Illfurth. Passionné d'écriture, il décida d'imaginer une histoire pour faire revivre une entreprise qui appartient encore à la mémoire collective. Ce serait une comédie historique. Au fil des semaines, de nombreuses forces vives se sont ajoutées aux initiateurs: comédiens amateurs locaux et de plus loin, Cathy Meister et son salon de coiffure pour le maquillage, Jean-Marie et son ancêtre Rosengart, une automobile de 1939, les sponsors privés et institutionnels, mais d'abord l'entreprise de scierie qui va bénéficier d'un regain de notoriété avec cette attraction. Pour trouver des acteurs, pas besoin de chercher loin. Illfurth est terre de théâtre. La troupe Saint-Martin et les Burgdeifala ont fait leur sillon. L'association s'est adjoint les renforts du trio vocal Muses, de la compagnie  Mich'min, des Drama'tics, du quintet Mikmac. Quant à la capacité d'accueil du public, près de 300 places, elle est assurée par Seppois-le-Bas, commune de résidence d'été de THA. 

Pour l'intrigue, c'est l'histoire de Marie, qui reprend l'affaire familiale... Pour le reste, laissez-vous surprendre.
A la fin, comédiens et spectateurs boiront du petit lait.

 

 

"Comme le lait sur le feu" à Illfurth du 28 juin au 01 juillet 21H15. Entrée libre, plateau. Pas de réservations. 

15 juin 2017

ESCAPE ROOM MINIER A TELLURE

60 minutes pour quitter une galerie souterraine. Saurez-vous relever le défi ?

 

32.000 visiteurs l'an dernier au parc minier Tellure, entre Sainte-Marie-aux-Mines et Les Bagenelles. Pour capter de nouveaux publics et offrir encore plus de sensations, le site s'est doté d'une attraction ludique et cérébrale en plein essor, l'escape game. On dit aussi jeu d'évasion réel, nouveau loisir destiné initialement aux adultes. Dans le Val d'Argent, on fait équipe avec l'Escape Room de Mulhouse, "La Loge du Temps". Amis, famille, collègues, en groupe de 3 à 8 personnes, immersion dans un univers particulier d'où il faut sortir impérativement en une heure maximum. Sur les hauteurs de Sainte-Marie, le cadre est inespéré : une galerie minière. C'est là qu'a été conçue L'expédition 52.
Le scénario : Léopold Kiefer, géologue, a délimité une zone où pourrait être enfoui un trésor. Votre équipée est emmenée sur site avec matériel et plans. A vous de jouer, sauf qu'un  éboulement fictif vous barre la route par laquelle vous êtes arrivé. Il n'y a d'autre possibilité que d'avancer. Enfin si vous le pouvez.

 

Il est presque onze heures quand je me présente à l'accueil du parc Tellure. J'ai mis une heure quinze pour monter depuis Mulhouse et la traverse de Sainte-Marie en préparation de sa bourse annuelle  ne facilite pas le transit. Mais j'étais attendu. Ni une ni deux, Diane m'entraîne vers le sous-sol. Au préalable, on s'équipe pour l'aventure. Un manteau imperméable sans manche, une charlotte, un casque de chantier et une lampe. Je suis venu en t-shirt, je sens le choc thermique entre l'endroit et l'extérieur où le mercure frôle bientôt les 30°. Je ne suis pas frileux cependant et la course contre le temps aura vite fait de chasser cette impression de fraîcheur. Nous voilà partis dans l'obscurité que fendent nos lumignons. Quelques dizaines de mètres quelque part sous terre et me voilà intégré au groupe du jour, deux demoiselles et deux hommes, dont mon confrère Gautier. Les présentations sont oubliées, l'action est enclenchée. Nous sommes donc cinq, dans une cavité avec une armoire, un coffre, un établi, un tableau figurant des outils. Chaque objet peut se révéler utile pour la suite, comme ces bidons d'eau plus tard. Nous ne sommes pas seuls cependant. Un maître du jeu, une jeune femme ce matin, veille au bon déroulement des opérations et distille parfois un conseil. Sans elle, le délai imparti serait sûrement largement dépassé. Diane n'est pas loin non plus, qui scrute le comportement des joueurs. Car voilà une formation de personnes d'âges divers qui ne se connaissent pas toutes. Dans cette configuration, un ou des leaders se détachent, quand d'autres restent en retrait et observent. La force de cette virée souterraine réside dans l'union des compétences et la complémentarité des personnalités. Je suis plutôt dans la bougeotte, en quête d'indices à ramasser ou déterrer. Déverrouiller les cadenas, défaire les portes pour ouvrir le passage. Une heure ainsi, nous tâtons,fouillons, inspectons les recoins, résolvons les énigmes avec chiffres et couleurs. A quelques minutes de la fin, le compte à rebours devient sonore, comme un battement cardiaque. Contre toute attente, nous parvenons à nous libérer. En 62 minutes ! Le surplus compensera le temps de mon arrivée dans le groupe. Une performance dont nous serons fiers, quand un tiers des équipes seulement atteint l'objectif. 

Ah, nous sommes remontés à l'air libre. Mais bredouilles. Le trésor, nous l'avions dans les yeux.



Escape Room L'expédition 52 au parc Tellure. Sur réservation.

www.tellure.fr

 

 

13 juin 2017

OBERMORSCHWILLER (HAUT-RHIN) : LE CLOCHER - DONJON

"C'est un des plus étonnants monuments historiques du Sundgau", commence Damien Foltzer, qui prépare ce soir les volontaires aux visites guidées à venir. Obermorschwiller, village de quelque 440 âmes au voisinage d'Altkirch, va fêter comme il se doit son clocher dans quelques jours. Le clocher fortifié de Saint-Sébastien, toujours en place 750 ans après son édification.







Obermorschwiller. Voilà un village qui compte quelques vestiges remarquables. Marc Grodwohl ne s'y était pas trompé quand dans les années 1970 il lorgnait sur cette campagne sundgauvienne pour ériger son écomusée. Mais Maisons paysannes d'Alsace a dû aller voir ailleurs, dans le Bassin potassique. Quarante ans plus tard, le père du musée vivant d'Ungersheim est retourné dans la localité, pour convaincre la municipalité d'effectuer des analyses dendrochronologiques du clocher. Nous savons désormais que celui-ci fut érigé dans la période de Notre-Dame de Strasbourg, au haut Moyen Age, précisément en 1267. 750 années ont passé donc.
Les études ont mis en évidence que la tour disposait d'un hourd, balcon de bois défensif en son sommet, dont il ne reste plus grand-chose, cependant la porte sous l'immense cadran et les poutres intérieures. Le poste de guet aurait disparu au XVIIe ou XVIIIe siècle, tandis qu'une tourelle remplaça l'escalier de bois amovible y conduisant.

Bien plus qu'un clocher, cette construction en bâtière (toit simple) se découpe en plusieurs niveaux. Au rez-de-chaussée, la partie consacrée, chœur de l'église primitive comme l'attestent des fresques. Au premier étage, un espace d'habitation plutôt confortable pour le XIIIe, une dizaine de mètres carrés avec fenêtre à banquette et ce qu'il reste d'une cheminée monumentale en vis-à-vis. Qui logeait ici ? Un gardien, le desservant de l'église ?

En tous cas, de vieux graffiti ont pris racine dans la pierre.
Pour des raisons de sécurité, le public ne visitera pas le niveau supérieur, grenier à grains manifestement. Un coffre-fort à l'abri des incendies et sous la protection divine jadis.
Il n'est pas exclu cependant qu'on y ait enfermé de grands malades, pour les mettre en quarantaine. A cette occasion, on rappelle que les croyants venaient en pèlerinage invoquant saint Sébastien. 
Le clocher fortifié se dresse sur une colline, veillant sur un cimetière, une mairie - maisonnette, un monument aux morts et finalement une partie du village.
 Lui qui a traversé les siècles et les tourments a sûrement beaucoup de révélations enfouies dans ses murs dardés par le soleil de juin.
Le tremblement de terre de 1356 ne lui a pas fait mordre la poussière. Les guerres ont passé, il a tenu.
Obermorschwiller peut en être fier. 
Le 18 juin l'Eglise célèbre la Fête-Dieu. Une solennité contemporaine elle aussi de la tour fortifiée.









750e anniversaire du clocher d'Obermorschwiller du 17 au 25 juin.
Plaquette souvenir. 
www.obermorschwiller.fr 

7 juin 2017

QUEL SLOWUP ALSACE EN 2018 ?

Sitôt la grande fête des déplacements doux achevée, on s'interrogeait sur l'édition suivante.
Un changement de locomotive est en vue.

 



En 2013, le SlowUp Alsace avait été créé pour célébrer la Route des Vins d'Alsace , au voisinage du célèbre Haut-Koenigsbourg. Rapidement il trouva son public. 17.000 participants la première année, 40.000 lors de la cinquième édition le 4 juin. Et un dress code adopté : le blanc, pour honorer les blancs d'Alsace. Si les adeptes sont dans leur grande majorité issus de la région du Rhin supérieur, la manifestation déplace aussi des touristes d'ailleurs par milliers. On n'imagine donc pas arrêter une si belle dynamique. Pourtant l'ADT (Alsace Destination Tourisme) souhaite passer la main après cinq années. Parce qu'elle n'a pas vocation à (sup)porter une telle machine, explique son président Vincent Debes. Bien sûr, l'organisme continuera d'assurer la promotion des territoires. Mais le côté pratique doit être confié à la structure compétente.
Actuellement, neuf communes sont impliquées, cinq dans le Bas-Rhin et quatre dans le Haut-Rhin. Sélestat, ville centre, et Châtenois sa voisine sont les plus importantes. Les collectivités apprécient évidemment le soutien du privé, qui demain pourrait financer une grande partie du SlowUp d'Alsace centrale.

Pour ne pas perdre pied, d'autres rendez-vous de masse vous sont proposés cet été , parmi lesquels le slowUp Hochrein dans la région de Bad Säckingen / Stein le 18 juin, puis le slowUp Jurassic dans le secteur de Delémont le 25 juin.
Et bien sûr le 17 septembre Bâle - Dreiland avec ses 60 km.

5 juin 2017

40.000 AU SLOWUP ALSACE !

Pour la cinquième fois consécutive, je participe au SlowUp Alsace, organisé le premier dimanche de juin en Alsace centrale par Alsace Destination Tourisme et ses nombreux partenaires. En 2017, la fête des déplacements doux tombe sur la Pentecôte. Fort bien pour les participants, qui auront loisir de récupérer le lendemain pour la plupart. Moins bien pour les organisateurs, qui craignent de ne pas trouver suffisamment de bénévoles. Finalement, avec un ciel variable et plutôt ensoleillé pour commencer, le 5e SlowUp alsacien sera un nouveau succès, avec sans doute plus de 40.000 adeptes, un record.



Habituellement je prends la route de Bergheim en voiture, où  un parking spacieux permet de rallier rapidement le circuit. Nous sommes quatre ce matin à quitter le Sundgau. Eloi, Noémie, Pascale et moi. Avec trois VTT/C et une trottinette. Le train nous paraissait évident. Départ 10H26 en gare d'Altkirch. Le trajet jusqu'à Mulhouse est court et sans difficulté. En gare de Mulhouse - Ville, l'affaire se présente moins sereinement. Sur le quai, nous formons un groupe d'une douzaine de candidats au SlowUp avec autant de cycles. Le TER 200 est annoncé avec un léger retard. Les voyageurs en seront quitte avec des minutes perdues supplémentaires, le temps d'embarquer personnes et engins dans une rame qui n'était pas adaptée, bredouillera la cheffe de bord dans son micro, en formulant les excuses de son entreprise. Des trains spéciaux étaient proposés depuis Strasbourg, mais non depuis le Sud Alsace. Belle équité. Une Riedisheimoise qui avait pris les devants s'était vu recommander le covoiturage pour Sélestat. Et les vélos ? ...
Nous voilà donc répartis en tête de train, Pascale et moi en première classe carrément avec les bicyclettes barrant les plateformes. Les contrôleurs ne passeraient pas. Nous n'en avons pas vu d'ailleurs, à l'exception d'un binôme assis tout près de nous, mais affecté manifestement à la LGV.
Sélestat est bientôt en ligne de mire, avec son château d'eau. Il faudra dix bonnes minutes pour sortir les vélos du TER. Le SlowUp peut commencer. 

Devant la gare de la cité humaniste, les premiers stands d'accueil et d'information. Les acteurs du tourisme sont omniprésents, il s'agit de vendre cette région d'Alsace au pied du Haut-Koenigsbourg et au-delà l'ancienne région administrative. Dans quelques instants, nous serons dans le centre de Sélestat, où les terrasses sont animées. Traverser cette ville de plus de 20.000 habitants dans ses artères libérées de tout véhicule à moteur, impensable naguère... 
Notre groupe s'enrichit du renfort de Géraldine, Aline et Ju. Les deux filles ont adopté le dress code de la manifestation, le blanc, pour célébrer les blancs du vignoble d'Alsace. J'ai opté pour le rouge, couleur de Pentecôte. Le SlowUp étant un défilé ininterrompu, j'ai fixé le porte-étendard à ma trottinette avec les couleurs de la Thaïlande, pour associer mon épouse retournée dans son pays et qui aurait aimé rouler à mes côtés. Un drapeau souligne aussi le côté parade et se révèle utile pour être repéré dans une grappe.
Les premiers kilomètres nous conduisent à Scherwiller, où mes compagnons de route se posent déjà pour déjeuner, à mon grand regret. Nous venons de nous élancer... Le village des lavandières est aussi bruyant qu'une cour de récré. Pascal au micro accueille les visiteurs, mais la sono est piquante. J'en profite pour saluer Anne-Gaëlle, animatrice de jeux de bois. Qui me fait découvrir Puissance 4 en 3D, avec de grosses boules. Les toilettes de l'école sont prises d'assaut par le public. Des femmes déplorent l'absence de papier.
La route reprend, vers Châtenois. Village d'accueil comme à Sélestat, effervescente traverse. Comme chaque année, je pense faire la bise à Alexandra, la sémillante fleuriste, mais j'arrive hors délai. Encore raté. 
A Kintzheim où j'ai perdu mon groupe, un caméraman solitaire m'aborde. Maxime, d'Alsace 20, interpellé par ma trottinette. Il est intéressé par les "engins originaux". Je lui raconte en quelques phrases, en me gardant de lui rapporter que je suis journaliste aussi.
Sur la route des vins, Orschwiller et son incontournable cave Les Faîtières. André, l'attachant directeur, est absent une fois de plus. Il préfère la paix du chai au flot de cyclistes sans doute. Pas de dégustation pour moi, on ne badine pas avec l'équilibre. Du reste, le moindre verre de vin coupe les jambes. Et je ne suis qu'à mi-chemin. Isabelle que j'aurais dû voir ici est apparemment loin derrière sur son vélo gris. Nous ne la verrons pas aujourd'hui.

La beauté du SlowUp passe par les paysages de carte postale. Le vignoble verdoyant, les maisons à colombage, les vallons. Eh oui, le parcours vient à grimper. Beaucoup de petites reines sont à la traîne quand je trottine, dans l'effort aussi. Chemin faisant, les producteurs d'eau rendent la route moins douloureuse. Rivella remplit les gobelets de ses bienfaits suisses, Carola, l'embouteilleur de Ribeauvillé, distribue des bouteilles aux extraits d'agrumes. Saint-Hippolyte me fait un peu mal et je manque de passer le carrefour sans m'arrêter, n'ayant pas vu le jeune gendarme.
Rodern et Rohrschwihr suivent, avant la terrible descente (pour les rollers) vers Bergheim. La vitesse est telle que ma casquette s'envole. Elle sera mon souvenir dans cette contrée. Bergheim donc. Point de départ de Gégé, Aline et Ju. Point d'arrivée pour le trio, dont nous prenons congé. Pascale est sur la route de Sélestat déjà, loin devant.
Il est 16H30 quand je me décide enfin à passer à table. Ce sera une tarte flambée  sur le pavé. Dans son cabanon, un homme essuie un verre avec le torchon qu'il venait de poser sur son épaule.
"Bergheim se visite à pied ou à vélo" rappelle un écriteau. La vague blanche fend la rue principale, tandis que je m'écarte au cimetière, pour le rituel pèlerinage devant la sépulture de Franz, le père François de Waldighoffen, décédé trop jeune. Le béret blanc est posé dans la ligne de mire du château-fort le plus connu d'Alsace. 
Tout est presque accompli. Il reste une dizaine de kilomètres pour retrouver Sélestat. Cette fois, par la véloroute du vignoble. C'est plus étroit, donc plus encombré. C'est là aussi que je m'autorise à dépasser de nombreux cyclistes. Chacun son rythme. Dans les derniers hectomètres que j'avale presque, une jeune Thaïlandaise me salue dans sa langue. 
La gare de Sélestat. Eloi, Noémie et Pascale m'attendent. Comme ce souriant couple mulhousien que nous avons vu ce matin. 
Le retour s'effectue sans trop de peine, les vélos chargés dans la voiture fourgon. Nous avons 31 kilomètres dans les jambes. Cinq heures de randonnée festive et touristique. 
Et si la fatigue finit par s'emparer de nous, nous savourons cette communion massive. A la Pentecôte en Alsace centrale, des milliers de slowuppers étaient en blanc.






Pascal Kury 5 juin 2017  

Photos Adàm Kossuth

4 juin 2017

POUPEES HAUTE COUTURE

Jusqu'au 12 juin, la Nef des Jouets de Soultz présente une merveilleuse exposition de poupées au charme rétro.
"Lilli, Barbie, Cathie et leurs amies. Des mannequins défilent en mode vintage". Le musée des époux Haeusser a pu emprunter les sujets de la collection particulière de Marie-Paule Rebmann. Plus de 200 personnages dont les marques parlent aux anciens. La thématique porte sur la période 1955 - années 80 à travers les codes vestimentaires et la création textile. 1959 marque l'arrivée de Barbie, qui reproduit finalement une poupée allemande, "Bild Lilli". Les vitrines de l'espace d'exposition temporaire reviennent sur plusieurs décennies dédiées à la mode par les poupées mannequins, témoins de leur temps et parfois habillées par des couturiers de renom.











 La Nef des Jouets 68360 Soultz. Fermée le mardi.