A la fin des
années 80, Radio Portesud faisait voyager le Sud Alsace sur « la bonne
latitude ». Blandine était troublante, Tony hors sol comme on dirait
aujourd’hui, Liselotte « chantonnait » dans ses interventions.
Les années
passaient. Les animateurs précités ont pris un autre vol. D’autres ont suivi.
Nina entra un jour dans mon environnement. La première image qui me revient est
celle de notre rencontre à l’Auberge du Zoo. Je me souviens de son visage rieur
et de ses lunettes espiègles.
A l’état
civil, cette petite dame multifacette apparaît sous Christina Irène Boigeol.
Nina Christina revient familièrement. Pour ses collègues et pour une raison
incompréhensible, elle s’appelle « la vieille ». Il faut probablement
chercher l’explication dans la longue route de notre animatrice – réalisatrice,
illustration vivante de ce qu’un individu peut accomplir durant son existence
dans la diversité de ses parcours. Nina a eu plusieurs vies professionnelles.
Le fil conducteur étant possiblement la relation humaine.
Les archives
de la rédaction me renvoient à deux événements marquants. Une Nina appelant le
secours médiatique depuis son restaurant de Fessenheim pour faire valoir ses
revendications.
Une Nina
militante qui passa outre la supplication de son employeur en se présentant aux
législatives de 1997 contre le lion d’Altkirch et qui fit un score
confidentiel. Les gens de média ne font pas les meilleurs candidats politiques.
Nina, c’est
un peu plus que le quart de siècle derrière le micro. « Toujours de bonne
humeur » à la promotion, bougonne dans les couloirs. Une star de
l’audiovisuel quoi. Nous avons donc longuement cheminé ensemble dans la même
entreprise sans nous connaître vraiment. Un collègue est réputé ne pas être un
ami.
Nina va
prendre de la hauteur à l’âge où commence la vie selon Udo Jürgens, chanteur
allemand qu’elle a contribué à promouvoir en miaulant à l’antenne. Après avoir
maintenu la flamme alémanique sur Dreyeckland, elle va rallumer les fourneaux
d’une auberge de fond de vallée et rassasier d’autres consommateurs de passage.
La radio est
comme un disque. Le dernier sillon atteint, la musique s’arrête.
Nina aura
été une figure de l’épopée Dreyeckland, la radio née à cause ou grâce à
Fessenheim. Je n’aurais pas imaginé qu’elle coupât son réacteur avant que ne se
taisent ceux de la centrale.
Bonne route
Nina, toi qui sais que le bonheur est en cuisine.
Jean-Yves
Scarpitta. J’ai trouvé JYS (à l’anglaise) pour simplifier. C’est un honneur de
devenir homonyme de JY’S le restaurant étoilé d’un autre Jean-Yves,
Schillinger, chef colmarien de renom.
Nous n’avons
pas eu l’occasion de nous connaître en quatre années. Et pourtant, nous savons
beaucoup l’un de l’autre. JYS parce qu’il envoûte par le verbe et manie la
psychologie, moi par l’analyse « policière » du journaliste.
Jean-Yves « a
une tête qu’on n’oublie pas », lui a servi un artiste lors d’un événement
de la radio. Celle par exemple d’un chanteur de ma période favorite, les années
70, mais un physique de Hulk avec une imposante cage thoracique d’où
s’extirpent des rires aussi profonds que le gouffre de Padirac.
A sa prise de fonction, Jean-Yves m’avait
confié qu’il se savait « Jean-Yves la chance ». Je crois pouvoir dire
que j’ai eu la chance de croiser ce phénomène, tantôt directeur des programmes,
tantôt gourou des ondes, toujours difficile à cerner, mais au message clair.
Omniprésent,
assoiffé de travail, engagé sur tous les fronts, sa conduite des opérations
pouvait être déconcertante. J’ai bu ses paroles, je n’ai gaspillé aucune miette
des discours. J’ai aussi relevé un chapelet de remarques anodines, autant en quelques
semaines que sur trois décennies de carrière.
JYS m’aura
surtout époustouflé en s’emparant de l’antenne au pied levé, improvisant comme
un orateur – né, n’ânonnant jamais. « La chance, c’est le talent que les
autres n’ont pas ».
« Avec
Dreyeckland, promettait-il, vous n’êtes jamais loin de vos artistes préférés ». Maintenant que tu pars, JY, tu seras
peut-être un peu plus près de nous. Merci de ce que tu m’as, de ce que tu nous
as apporté.
La radio, c’est comme un vinyle. Tu as encore de nombreux sillons à tracer. Bonne route, chef !
La radio, c’est comme un vinyle. Tu as encore de nombreux sillons à tracer. Bonne route, chef !
Altkirch,
22.02.18
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