26 février 2020

LA MAHLSUPPA EN ATTENDANT LA FASNACHT




Topinambours, panais, crosnes, rutabagas...Les légumes anciens reviennent avec leurs saveurs particulières. Je me suis dit que comme le vintage était moderne, pourquoi ne pas fouiller dans ma mémoire pour puiser une recette de grand-mère Maria...
Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de mahlsuppa, la soupe à la farine rôtie. Il est vrai que mamama s'en est allée il y a plus de trente ans, emportant avec elle ses plats inoubliables. Mais nous avons tous eu ou avons encore une mamie cuisinant comme un chef.

La mahlsuppa de mon aïeule était couleur marron. Ce soir, après une longue préparation mentale, je me suis décidé à en faire une à mon tour, la première de ma vie culinaire. Elle ouvrira une longue série j'espère, tant les variantes sont nombreuses.
Carnaval approchant à grands pas, je me suis intéressé à la version bâloise. Car la Basler Mählsuppe se sert pendant la Fasnacht, les trois plus beaux jours des Bâlois, bien qu'elle se consomme toute l'année. Pourtant, si les Romains la préparaient déjà, on disait jadis que la soupe de farine était un plat de pauvre. Qu'importe. Il ne tient qu'à nous de l'enrichir d'un légume, d'une herbe, d'une épice. Personnellement, j'ai ajouté un peu de muscade ce soir. Mais je n'ai pas forcé sur la cuisson de la farine, pour ne pas la brûler, ce que les puristes me reprocheront peut-être. Ah, autrefois, on disait aussi qu'une fille était prête au mariage si elle savait réaliser une Mählsuppe... On passe en cuisine ?




Pour régaler quatre convives, il vous faut :

5 cuillères à soupe de farine (blé,seigle ou maïs)
60 g de beurre
1 oignon
1 litre de bouillon de viande
sel, poivre
Une cuillère de vin rouge
100 g de gruyère râpé

Progression
Dans une casserole, faire brunir la farine, couleur noisette.
Ajouter le beurre et l'oignon émincé, faire revenir.

Mouiller au bouillon froid, porter à ébullition, laisser mijoter une vingtaine de minutes.
Rectifier.
Verser le vin et mélanger.
Avant de servir, parsemer la soupe de gruyère.


Et, en période de carnaval, décorer la table de serpentins.





                                                                                DR

25 février 2020

PARIS DÉCONNECTE FESSENHEIM




22 février 2020


Je me revois adolescent dans la voiture de papa, quand nous rentrions de Balgau, le berceau familial, la nuit venue. Sur notre gauche, la silhouette de la centrale nucléaire de Fessenheim. L'éclairage de nuit, les lumignons rouges...

40 années ont passé. Je fais ce matin le chemin inverse, sous un ciel lumineux. La D468 fend les champs et me fait traverser des villages qui me semblent figés depuis des décennies. La paix de la plaine du Rhin.


Il fallait s'accréditer pour participer à la conférence de presse des élus du Pays Rhin – Brisach à La Ruche, l'outil économique au service des entreprises. Il n'y a pourtant pas de ministre en vue. La presse est nombreuse malgré l'heure matinale, un samedi. Les grandes maisons de l'audiovisuel sont au rendez-vous. Fessenheim est un sujet national. Jean-Luc Cardoso, délégué CGT Mines – Energie, plus de 30 ans de centrale, expose à mi-voix les derniers instants du réacteur 1. Depuis quelques heures, celui-ci s'est définitivement tu. Une quinzaine d'agents et le syndicaliste ont assisté au découplage irréversible. Vers 8H30, une quarantaine d'élus locaux se figent derrière Claude Brender, maire de Fessenheim, et Gérard Hug, président de la Com Com. La plupart portent un bonnet rouge, clin d’œil aux Bretons, sauf que cette protestation colorée me paraît tardive. Maires, adjoints et conseillers ont voulu par ce geste « se réapproprier le symbole d'une lutte citoyenne qui a su ailleurs faire reculer un gouvernement ». Le 20 janvier dernier, ces mêmes élus avaient adressé une lettre ouverte au président de la République. Pendant plus de deux ans, ils ont « écouté patiemment les discours et les promesses tout en s'impliquant fortement au quotidien dans la démarche collaborative de reconversion du territoire ». Mais maintenant que Fessenheim 1 est inerte, les collectivités locales sont dans l'inconnu. La grande inquiétude est financière avec le FNGIR, fonds national de garantie individuel de ressources.
Avec ses deux unités de production, la centrale assurait l'an dernier 6,4 M€ de recettes fiscales au territoire, mais il fallait en reverser près de 3 à l'Etat par le biais de ce fonds. Or même si le CNPE ne verse plus son dû demain puisque réduit au silence, le territoire devra continuer de payer. Pour les dix ans à venir, l'Etat consent une compensation dégressive qui anéantira les recettes locales dans quelques années, sauf si Paris décide de neutraliser le FNGIR de Fessenheim, comme cela avait été annoncé il y a deux ans lors de l'installation du comité de pilotage par le secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu. Dans cette perspective, la centrale pourrait coûter plus cher à son environnement que ce qu'elle lui aura donné en 40 années d'exploitation, craint Gérard Hug.



Après ce nouveau cri d'alarme, les bonnets rouges rhénans se mettent en marche en direction de la centrale, sous la vigilance des gendarmes. Ils parcourent quelques centaines de mètres pour dérouler une banderole décernant le «  César de la promesse non tenue au gouvernement Macron » devant le CNPE. Tout au long de la journée les prises de parole se succéderont autour de Fessenheim. A Colmar, les associations antinucléaires présentent trois bouteilles de champagne bio. La première sera débouchée le 30 juin, à l' arrêt de Fessenheim 2. Certains ne verront pas couler le breuvage de la deuxième, prévue pour l'achèvement du démantèlement du site, dans une vingtaine d'années au moins. Le dernier flacon ne sera jamais ouvert. La radioactivité du site ne disparaîtra pas avant une éternité.



17 février 2020

LES HISTOIRES DE MAMOUR FINISSENT MAL



❤❤❤❤

Photo Cie KALISTO


THÉÂTRE IMMERSIF.  Tandis que "Strasbourg mon amour" vit ses dernières heures, c'est à Mulhouse qu'on retrouve cette fin de semaine la Compagnie Kalisto dans une coquine proposition culturelle.
La version mulhousienne d'Hôtel Mamour. Un "établissement" éphémère qui a pour locaux Le Séchoir, lieu artistique du côté de la gare du Nord.




La troupe à géométrie variable de Kalisto avait créé cette animation l'an dernier et trouvé son public à Motoco. Cette année, à l'occasion de la fête des amoureux de Strasbourg, elle vient d'investir l'hôtel alternatif Graffalgar pour son Mamour. De vraies chambres, toutes décorées par la création contemporaine. Au Séchoir, où je n'ai pas mis les pieds depuis une éternité, autre dimension. Grands espaces, passé industriel, métissage d'activités économiques et lieu d'exposition. Il était recommandé de réserver, la jauge étant de 40 visiteurs par créneau de deux heures. Et de venir dix minutes avant le rendez-vous. 


Photo Cie KALISTO


14H50. Me voilà donc face au grand escalier. Je fais partie des premiers "clients" et me retrouve dans une salle d'attente dont les murs sont habillés de dessins érotiques. Je comprendrai plus tard qu'il s'agit de la nouvelle exposition Osez!  Une femme en robe blanche assure l'accueil. Mme Klauddy, la tenancière de cet hôtel de jeu. Un type à lunettes teintées semble être le DJ dans son accoutrement de salle de bain. Au milieu de ce hall, une table, des chaises et des bouquins à ne pas mettre entre toutes les mains. 
Je suis détenteur d'un passeport qui me donne accès à tout.
Il a une durée de deux heures. Il faut le garder en main et le présenter sans cesse. Ce sésame vaut priorité. Sans délai, on me fait entrer chambre 1. Une jolie blonde en peignoir mais d'humeur explosive  m'indique le lit. Cinq minutes plus tard, elle me poussera vers la sortie en vitupérant.

Impossible de rectifier le cours des choses. En fréquentant l'Hôtel Mamour, nous passons d'une chambre à l'autre, de 1 à 10. J'ai opté pour le rôle de "client", ce qui me permet de partager activement la séquence avec le/la comédien/ne. Si j'avais été "voyeur", on m'aurait mis un loup et j'aurais assisté aux scènes sans broncher. Les chambres sont aménagées dans les espaces de création du Séchoir. Un lit, un rideau, des accessoires. Une caméra pour permettre au public du hall de mater à son tour sur un mur d'images. Les occupants de cet hôtel imaginaire sont époustouflants. Ils sont criants de vérité, dans leur personnage tourmenté ou loufoque. Je ne sais pas pourquoi il me faut chaque fois décliner prénom, âge et provenance, mais cet huis clos est intense et je m'imprègne de l'atmosphère sans attendre, entrant à mon tour dans un personnage que je construis sur-le-champ. Evidemment, mon hôte/sse a la maîtrise de son texte et quoi que je réponde, il / elle ne déviera pas de son implacable trajet. A la fin du temps imparti, une sonnerie retentit. Il faut conclure. Entendre l'issue, forcément inattendue. Et sortir, comme on s'extrait d'une cellule de Fort Boyard. Les locataires de Mamour semblent nous connaître. Il est vrai qu'un questionnaire improbable nous était suggéré à l'inscription. Ni le temps de s'attacher à ces filles qui n'ont pas froid aux yeux, ni le loisir de poursuivre la conversation avec ces hommes qui vous avouent leur flamme en remuant des souvenirs de gare ou perdus dans leur lyrisme. La dernière visite est ubuesque. Chez une fille en combinaison de plongée hyper maniaque de l'hygiène corporelle... 

Photo Cie KALISTO


Aucun temps mort dans cette pérégrination hôtelière, surtout que mon passeport m'ouvre encore à deux activités particulières et collectives. Un cours de fitness préparatoire à du sport en chambre avec une coach qui se dépensera plus que ses élèves. Et une séance de massages inspirés de la culture chinoise...


Deux heures ont passé. Dix arrêts en chambre, en tête-à-tête avec ces étranges personnages. Dix histoires courtes, dix destins. Mais sans lendemain. Le visiteur n'aura fait que passer dans leur vie. C'est peut-être cela que Mamour rappelle. Dans un hôtel de passe, le présent est déjà le passé.
Mais on se dit qu'on y reviendra traîner ses guêtres, sous l’œil complice de la mère Klauddy.  



Photo Cie KALISTO

#compagniekalisto
#hotelmamour

11 février 2020

CAMPING - CAR MULHOUSE : LE BON BLANC POUR PRENDRE LE LARGE




Tandis que la tempête Ciara glisse vers le sud-est, il reste quelques heures pour aller au « camping indoor » de Mulhouse. Pour la deuxième année, Jean-François Claudot organise Camping-car Mulhouse au parc des expos. Le directeur général de CLC Alsace (Benfeld) a créé un événement répondant à un besoin de la clientèle haut-rhinoise. Fort du succès de 2019, le spécialiste du véhicule de loisir a commandé 5.000 m2 cette année, pour mieux mettre en valeur les modèles. Ils sont plus de 220, en VN et VO. Les premiers sur la moquette, les seconds à l'extérieur.

Jean-François Claudot

Un salon plus aéré, des fourgons ouverts à la visite, les soutes béantes, de quoi donner envie de prendre la route et s'ouvrir à de nouveaux horizons... Celui qui ne connaît pas ce type de manifestation ne sait pas. Le camping-car n'est pas un véhicule de retraités. La plupart des acquéreurs sont actifs, explique Jean-François. Et une écrasante majorité est primo-accédante. Si la durée moyenne de conservation du véhicule est d'environ vingt ans, l'investissement est durable, surtout que l'utilisateur n'avale pas les kilomètres. 



Dans l'exposition mulhousienne, il y en a pour tous les budgets. Dans le neuf, on peut entrer en gamme avec Carado pour 40.000 €. Les marques françaises sont nombreuses d'ailleurs dans un marché qui a retrouvé ses couleurs d'avant la crise de 2008, avec quelque 25.000 immatriculations, quand son homologue allemand en est quasiment au double. Les accessoiristes sont aussi présents, outre un aménageur, les associations de camping-caristes et les indispensables financeurs. 



Au dernier jour de cette présentation statique quelques couples considèrent les salons roulants. On passerait quatre heures sur la manifestation, de quoi faire et affiner son choix. Entre le classique, le vintage, le tout-terrain et même le transporteur de voiture...







3 février 2020

ZILLISHEIM : DES FOLS A LA MESSE




Dimanche 02 février. L'Eglise célèbre la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem.
C'est le dimanche de carnaval à Zillisheim, sous un ciel pluvieux. Il va être 9 heures, des gens costumés montent les marches de St-Laurent, la « cathédrale » du village au lycée-collège épiscopal. L'opportunité m'est offerte de découvrir enfin cette église construite par Jean-Baptiste Schacre, l'architecte qui a laissé trace aussi à Mulhouse. N'étant pas de la commune, je prends place au fond, tandis que l'entrée centrale est bordée par une haie de musiciens de Rhinau Schalmeien Alsace.



L'abbé Régis Alina, curé de la communauté de paroisses des portes de l'Altenberg, procède aux derniers ajustements. Il s'apprête à une expérience inédite, la messe des fols.
Sur l'initiative des Schnackaschlacker Wàgges, les carnavaliers de Zillisheim, le chargé d'âmes a accepté, en accord avec le conseil de fabrique, de célébrer un office du temps de carnaval. Précisément avec les Guggamusik. Après tout, les gendarmes, les pompiers, les anciens combattants et d'autres ont aussi leurs messes. Certains esprits conservateurs ont pu s'offusquer de voir des costumes et des instruments dissonants avec la maison de Dieu. Mais il n'y aura pas eu de fausse note avec les formations cacophoniques, le déroulé étant réglé comme du papier à musique. L'abbé Régis a cru bon de rappeler le caractère sacré des lieux. Pas de masques, pas de confetti, pas de liesse et des applaudissements contenus jusqu'à la fin du culte.



Outre-Rhin, les messes pour les carnavaliers sont courantes. L'Alsace vient de s'y mettre aussi. C'est d'ailleurs légitime, notre carnaval étant rhénan. Compte tenu du temps liturgique, l'abbé bénit les cierges, tandis que près du chœur étincelle encore la crèche de la Nativité. Nos ancêtres la gardaient effectivement jusqu'au 02 février.
Cinq groupes musicaux étaient annoncés pour cette messe forcément médiatique, formant une cohorte d'une centaine d'éléments. On apprécie la discipline de ces groupes qui ont dû trouver de la place pour leurs attelages à percussions. Rien à voir avec les jours de profession de foi où la foule entre dans l'église comme un troupeau de moutons. Mais on va surtout vibrer avec les morceaux adaptés aux vieilles pierres et à l'événement. Les Gugga ne sont peut-être pas des enfants de chœur, pourtant elles comptent des enfants de Dieu. Ce jour, catholiques et protestants voire athées sont réunis dans la communion. 

Patrick Keller, Schnackaschlacker Wàgges

Un office bilingue franco-allemand pour les amis de la bande rhénane et de vibrantes interprétations comme l'Hallelujah des Rhy Pirate de Bâle. Depuis la tribune, l'orgue et la chorale complètent l'habillage musical. Sur place aussi, les Dry Ratzer d'Attenschwiller et les Monster Waggis de Hombourg. Une sainte messe coupée par une percutante homélie au cours de laquelle l'abbé Régis rappellera que le carnaval est lié à la religion. L'heure est à l'expression de joie mais les carnavaliers doivent se souvenir qu'après vient le temps de Carême.

En attendant, j'aurais vécu une heure et demie d'émotions. Je suis convaincu que cette messe-là a touché le cœur de l’Éternel. L'après-midi, la cavalcade se déroulera sous un ciel apaisé.





Unser Maire esch a Wàgges !
Joseph Goester, maire de Zillisheim

31 janvier 2020

DU VINYLE AU NUMÉRIQUE




J'ai coutume de dire que je n'ai pas choisi la radio. C'est elle qui m'a choisi. Et retenu.
Je suis né, j'ai grandi, je vis toujours à Altkirch. Dans les années 1980, je venais de passer le bac, j'ai accompli dans la foulée le service national -il faut toujours commencer par les tâches les plus difficiles- et je ne savais pas où aller. J'ai toujours été comme ça, sans plan de carrière, juste avancer. Cap tout droit, on finit par arriver à un port. J'avais bientôt 20 ans dans cette capitale du Sundgau alors dynamique avec ses entreprises industrielles dont beaucoup devaient bientôt disparaître, Jédelé dans l'électricité, Siat dans le textile, Minerva dans la chaussure... Altkirch et son régiment de hussards dissous quelques années plus tard.

Depuis 1981, la France était dirigée par une majorité socialiste avec un apport communiste. C'était la France de François Mitterrand. Et de Jack Lang qui nous a donné la Fête de la Musique entre autres. 1981, une date marquante dans le monde des médias et d'abord la radio.
C'est ce qu'on appelait la libéralisation des ondes.
La loi autorisait en date du 9 novembre 1981 à émettre sur la bande FM.
C'était la fin du monopole de l'Etat. La fin du brouillage systématique des radios pirates par la TDF, la télédiffusion française. Un moment historique pour les ex-pirates des ondes qui pouvaient sortir de la clandestinité, comme la tout première, Radio Campus Lille créée en 1969, Radio Ivre ou encore NRJ, rappelle Sophie Delpont sur France Culture.
D'autres naissent. C'est le cas de Radio Nova et de la sulfureuse Carbone 14.
Dans l'effervescence de la libéralisation, près de 2000 radios sont recensées à peine un an après la loi. La plupart ont disparu quelques années plus tard se souvient ma consœur.

En Alsace, grâce ou à cause de Fessenheim, est apparue RVF, Radio Verte Fessenheim. Une radio comptant parmi les pirates et active dès le moment où le site rhénan devenait radioactif. Le militant et écrivain Jocelyn Peyret nous a laissé un ouvrage sur 40 ans de luttes dans le Dreyeckland et l'histoire de radio Dreyeckland. Mais revenons aux années 80 dans le Sundgau, terre de fondateurs de radio.
Fin 1984 naissait Radio Portesud, dont le slogan était « la bonne latitude ».
Dans ce nom se devinait Sundgau. C'était la radio du Sud de l'Alsace.




La première et dernière radio FM du Sundgau. Or en ce temps-là, Mulhouse profitait pleinement de l'ouverture des ondes, avec pas moins de dix radios émettant depuis son ban. Radio Bollwerk (88.2 Mhz), Radio Amitié (90.2Mhz), Fréquence Mulhouse (100.5 Mhz), Radio Dreyeckland (101 Mhz), Radio Visages (101.6 Mhz), Radio Cité (101.9 Mhz), Mulhouse Radio Muses (102.4 Mhz), Radio Star (103.3 Mhz), Radio Mulhouse Centre (103.7 Mhz), Stéréo 32 (104 Mhz), Radio Bienvenue (105.5 Mhz).  La plupart de ces antennes avaient des audiences réduites voire confidentielles, seule Radio Star perçait et affichait des résultats d'écoute à faire pâlir ce qu'on appelait les radios périphériques. La radio de Jacky Atlan allait encore prendre de l'ampleur et émettre sur une grande partie de l'Alsace, depuis Mulhouse, Colmar et Sélestat. C'était la star de nos radios. Celle où j'allais faire mes armes.

Novembre 1984, Altkirch. Radio Portesud diffuse ses premières émissions depuis un local aménagé dans les murs occupés jusqu'à peu par les sœurs gardes-malades. Les Altkirchois d'un certain âge se souviendront peut-être de sœur Marie-Odile et de sa 2 cv jaune pâle.
Une association porte la radio. La Ville d'Altkirch est impliquée. Dans l'organigramme, le secrétaire général de la mairie qui a fini son parcours en DGS de la collectivité, l'attaché culturel de la commune et un privé, un artisan photographe. Ce dernier est le directeur de la maison. C'est en mai 1985 que ma route croise celle de Portesud.
J'habite à quelques centaines de mètres de la radio. Je suis alors d'une grande timidité, je n'aurais jamais franchi le seuil de ma propre initiative, quand bien même l'existence d'une radio locale près de chez moi avait de quoi faire rêver. Depuis ma préadolescence, j'écoute la radio, je me souviens d'André Torrent sur RTL. Et voilà qu'à l'aube de mes 20 ans, il m'est donné d'entrer au 3, rue de la Cure. La petite radio recrute un rédacteur.


C'est l'ANPE, Pôle Emploi aujourd'hui, qui m'envoie. Il semble que je sache écrire et m'exprimer. De la même manière j'avais été repéré lors du service national pour intégrer un secrétariat. L'entretien de recrutement est opéré par un grand gaillard à peine plus âgé que moi, 23 ans, une tête d'acteur, l'oreille percée. Frédéric Rivière. Il en impose. Il est plus grand, plus mûr que moi. J'ignore comment ce Parisien qui débutera réellement sa carrière deux ans plus tard à Radio Caraïbes a atterri dans la campagne sundgauvienne. Nous ne nous côtoierons pas longtemps, car Frédéric m'annoncera bientôt son départ. Entre-temps, il m'aura rapidement mis à l'antenne. Ma prime intervention de ma vie journalistique devait être un résumé de faits sportifs. J'ai dû avoir le trac la première fois, parler en public, dans l'inconnu, à des centaines d'auditeurs, des milliers je ne sais. Puis je me suis habitué à « causer dans le micro », autodidacte du média décentralisé. C'est ainsi que je construis ma vie, la vie étant la meilleure et inépuisable école. D'ailleurs l'école de la République qui m'a emmené jusqu'au bac littéraire a souvent douté de moi. Nous sommes quittes, je ne crois plus en elle.
Frédéric Rivière m'impressionnait donc. Il avait une voix, un style. Depuis 1992, mon premier recruteur est dans la grande maison Radio France, Internationale. A Portesud, il était salarié, un luxe pour une radio qui prenait son envol. J'ai été embauché sous contrat aidé, TUC, travailleur d'utilité collective, comme beaucoup de mes collègues. Un contrat renouvelable. Dans le même temps, j'allais me remettre aux études, par correspondance, et préparer un BTS publicité. Mais on ne court pas deux lièvres. Les ondes de la radio devaient primer le travail étudiant, quoique passionnant aussi.
Après le premier trimestre en 2e année, j'ai décroché. Ma formation initiale s'est arrêtée à Bac + 1.



Mai 1985. Le printemps dans sa splendeur, les parfums, le chant des oiseaux à l'aurore. Ma première mission consistait à rédiger les bulletins du matin. J'ouvrais déjà la maison et m'installais dans le studio de production pour appeler un numéro. C'était l'AFP Audio. Je recopiais ce qu'une voix avait enregistré au téléphone pendant quelques minutes dans un local sentant le tabac froid. Ils fumaient quasiment tous. C'était le plaisir de saluer la porteuse de journaux, la première source d'information du jour. France Info n'était pas encore née, on écoutait Radio France Alsace pour prendre des nouvelles de la région. En attendant les ordinateurs, on se servait du Minitel, qui avait été lancé en 1980.
Le studio à la table ronde était séparé de la régie par une vitre. L'équipe de la radio locale était très variée, entre les rares salariés, les employés sous contrat aidé, les bénévoles. Une famille hétéroclite dans l'air du temps avec même des adeptes du punk. Déjà les générations se croisaient, mais on ne se prenait pas au sérieux, même si chacun donnait le meilleur d'une aventure collective à construire. Je ne savais pas où j'allais. A 20 ans, on se laisse porter.
J'ai passé deux ans ainsi à me former sur le tas, avant d'être capté par Radio Star à Mulhouse. 1987 et 1988 m'ont vu présenter des journaux rue d'Illzach, parmi les animateurs – vedettes de la bande FM. Jacky Atlan m'avait même confié mon propre micro. J'entrais dans le Mulhouse du trio Klifa – Bockel – Freulet. Quand en mai de cette année 88 Portesud me rappela pour me proposer mon premier contrat CDI. Ça ne se refuse pas à 22 ans et 6 mois. Ma période Star aura été courte mais formatrice.




Au début de ma carrière journalistique, j'ai été servi en événements majeurs. Sitôt opérationnel à Portesud en 1985, j'avais à traiter dans le voisinage l'effondrement d'une maison, fort heureusement sans victime.
1986 démarrait par la mort de Balavoine et Sabine dans le Paris-Dakar et la désintégration de la navette Challenger. Tchernobyl au printemps, Tchernobâle à la Toussaint. 1988 l'écrasement de l'Airbus au meeting de Habsheim. Janvier 92 la catastrophe du Mont Ste-Odile... Sans oublier la première Guerre du Golfe en 90-91.
Mes premières interviews n'ont pas été banales non plus. Le maire d'Altkirch Jean-Luc Reitzer et le sous-préfet d'arrondissement. Je disposais alors d'une sorte de Nagra, enregistreurs à bandes.
Le programme de Portesud était généraliste. Beaucoup de musique, des émissions thématiques, alimentées par des vinyles entreposés dans un cagibi au fond du couloir, 33, 45 et maxi 45T. Certains animateurs apportaient leurs albums, comme le regretté Eric Fromm pour K-Country.
Le technicien, réalisateur dans le jargon actuel, était maître de la diffusion. Il pouvait arriver qu'un disque s'envole dans le jardin voisin du curé.

Beaucoup de radios locales ont fleuri dans les années 80. Peu ont perduré. Économiquement, l'équilibre financier était difficile. Pour soutenir Portesud, un 45T fut édité à partir de l’œuvre de l'animateur – vedette du matin Tony Marullo. 45 francs, quasiment quatre fois le prix d'un 45T standard. A charge pour le personnel de le vendre. Ma radio vivait d'abord des recettes publicitaires. En quelques années, elle avait trouvé son auditoire, arrosant la région depuis le Molkenrain dans les Vosges haut-rhinoises. Avant la fin de la décennie, Portesud avait aussi son antenne belfortaine. Et puis cette Guerre du Golfe, dont les effets ont fini par affecter les affaires.

En 1986, un nouveau directeur fut recruté. Agnain Martin. Un enfant du Sundgau qui venait du monde de la musique. En dehors de la parenthèse Radio Star, il n'a cessé d'être mon patron depuis. D'une radio locale cet entrepreneur avisé allait ériger un groupe de communication.
Au début des années 90 du fait d'un marché publicitaire limité, Portesud finit par se délocaliser vers la grande ville Mulhouse. Au détour d'un échange informel avec un journaliste de
L'Alsace, j'avais évoqué ce probable déménagement que mon confrère s'est empressé de publier le lendemain. Cela m'a appris deux choses : l'attachement de la population à son antenne de proximité et surtout qu'il faut faire attention à ce qu'on raconte à la presse, quelle que soit la circonstance. 1991. Portesud s'installe rue Henriette, dans le plateau piétonnier de Mulhouse. La radio au rez-de-chaussée, les bureaux au-dessus. C'est dans l'air du temps : la multiplication des radios locales, ce sont autant de fréquences à convoiter. Les groupes grignotent. Portesud Belfort va être repeinte en M40. En septembre 1995, la grande sœur mulhousienne prend le pavillon de RTL. Tout va très vite. M40, RTL1 puis RTL2. L'ancienne radio altkirchoise rejoint le réseau soft-rock qui évoluera en pop-rock. J'ai la chance d'être gardé.
C'est le moment aussi de passer à l'informatique pour l'enregistrement des journaux. Ce sont mes collègues qui me forment.
En 2020, RTL2 fête discrètement son 25e anniversaire. J'ai le privilège rare d'avoir cheminé avec elle pendant un quart de siècle.
Les années 1990 voient un autre événement majeur dans mon entreprise. L'arrivée de Dreyeckland. L'ex-Radio Verte Fessenheim a essaimé mais ses antennes sont en difficulté financière. Agnain Martin va remettre la pionnière à flot en la professionnalisant. Du réseau Dreyeckland, il restera en Alsace en outre l'équipe de Colmar. Dreyeckland est aujourd'hui DKL Dreyeckland et dans un avenir proche DKL.

Comme Mulhouse, l’antenne belfortaine de Portesud avait adhéré au groupe RTL. Et en 1996, j’ai été chargé de créer l’information locale sur RTL2 Belfort, en complément de RTL2 Mulhouse. Je commençais ma journée à Mulhouse puis je prenais l’express pour filer dans la cité au lion et finir ma journée où je l’avais entamée. La double antenne, un nouveau challenge, sportif et sûrement épuisant sur la durée, que j’ai cessé brutalement en novembre 1998.
En pleine semaine, je passais sur Dreyeckland tout en gardant RTL2 Mulhouse. Depuis plus de vingt ans, je travaille toujours pour deux radios, privées, une locale, une régionale. Pour deux groupes différents, M6 et Tertio.
Dans le paysage radiophonique alsacien, les voix journalistiques nous sont souvent familières. Patrick Genthon, Olivier Vogel, Aurélien Gasser, Guy Thomann, David Madinier pour ne citer qu’eux… Je les connais de longue date. Avec le temps, les technologies ont évolué et vite, de même que les formats. A mes débuts, les émissions en direct diffusaient de la musique sur vinyle et les messages publicitaires sur K7 audio. La nuit, des bandes tournaient avec un programme enregistré. Aujourd’hui, tout est informatisé, l’animateur gardant la main pour poser sa voix ou modifier au besoin.
Avec les moyens de communication modernes et les réseaux sociaux, les cercles se sont agrandis. La radio locale des années 80 avait une audience restreinte à sa création. Aujourd'hui Internet donne une portée internationale.
Mais c'est toujours la magie de la voix sans l'image, même si la vidéo s'invite dans les émissions.


Je fais donc de la radio sans discontinuer depuis 1985. Michel Drucker prétendait que les trois premières décennies étaient les plus difficiles.
Je ne sais pas. Pas encore. Avec les années, l'expérience et les apprentissages permettent de gagner en temps et en efficacité. Mais la mission n'a pas changé. Sélectionner les faits marquants de l'actualité en phase avec notre format et les relayer pour le plus grand nombre.
La tâche s'annonce pourtant plus délicate. Il nous est dit aujourd'hui que
q
uatre Français sur dix se détournent désormais de l’information. Depuis le lancement en 1987 du Baromètre de confiance dans les médias réalisé par Kantar (ex TNS Sofres) pour La Croix, jamais autant de personnes interrogées (41 % ; + 8 points sur un an) n’avaient assumé le fait de s’intéresser « assez » faiblement (28 %, + 4) ou « très » faiblement (13 %, + 4) aux nouvelles.
Heureusement, la radio demeure le média le plus fiable aux yeux des Français, pour un sur deux en fait. Dans ce monde omniconnecté, nos contemporains aspirent à plus de lenteur, du recul face aux événements. A des sujets qui les préoccupent mais ne les noient pas.

J'ai la chance et le bonheur de travailler en province, dans des supports de proximité.
J'espère chaque jour qu'un temps me sera prêté pour faire d'une rencontre ordinaire un souvenir extraordinaire.








29 janvier 2020

MON MAIRE CE HEROS


En mars, c'est le printemps électoral. Nous serons appelés à renouveler nos conseils municipaux. En trois décennies et demie, j'ai pu croiser et côtoyer de nombreux maires, à commencer par le mien Jean-Luc Reitzer remplacé depuis par Nicolas Jander.

Depuis dix ans, nous animons avec Pierre Maurer l'émission
"Bonjour M. le Maire / Mme le Maire" sur DKL (Dreyeckland).
Nous apprécions particulièrement ces entretiens en tête-à-tête avec l'élu préféré des Français. Nous avons souvent rencontré des maires au plus près de leurs administrés, loin des stratégies d'états-majors nationaux. Des hommes et des femmes normaux, juste investis d'un mandat d'intérêt général qu'ils accomplissent passionnément.
Un certain nombre de ces élus de proximité ne se représente plus.

Je rouvre ici l'album de mes rencontres couvrant l'année 2019 et janvier 2020.


Philippe Huber, MUESPACH
Au train vapeur

Joseph GOESTER, ZILLISHEIM

Un entretien canon



Hubert NEMETT, RIEDISHEIM

Les peintures



Ici Petit - Paris 



Jamais en REST pour sauver l'hôpital




Michel KLINGER, STOSSWIHR
Marié du Frankental


Claude GEIGER, FRIESEN
Entrepreneur 


Chrysanthe CAMILO, WALHEIM
Ses pâtisseries 




Christian SUTTER, ILLFURTH
Le souvenir de Pierre Weisenhorn




Arlette BRADAT, WECKOLSHEIM 
une experte rare



En attendant le prochain Tour Alsace 



Le président de la Com Com près du canal


Bernard SACQUEPEE, WICKERSCHWIHR
Un Ricard avant la fête de la pomme de terre




Armand REINHARD, HIRSINGUE
Le vélo 


Paul MUMBACH, DANNEMARIE
sur LIGNE68 TV
Une silhouette familière




Jean-Marie ZOELLE, SAINT-LOUIS
Avant un tour de patinoire



Nicolas JANDER, ALTKIRCH
sur LIGNE68 TV 

le successeur qui ira loin



Jean-Louis CHRIST, RIBEAUVILLE 
Le ménétrier premier magistrat


Michel HUSSER, GUEBERSCHWIHR
Heureux dans sa mairie provisoire




Antoine HOME, WITTENHEIM (avec Livia Londero adjointe)
Sur un air d'Italie 

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