17 février 2020

LES HISTOIRES DE MAMOUR FINISSENT MAL



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Photo Cie KALISTO


THÉÂTRE IMMERSIF.  Tandis que "Strasbourg mon amour" vit ses dernières heures, c'est à Mulhouse qu'on retrouve cette fin de semaine la Compagnie Kalisto dans une coquine proposition culturelle.
La version mulhousienne d'Hôtel Mamour. Un "établissement" éphémère qui a pour locaux Le Séchoir, lieu artistique du côté de la gare du Nord.




La troupe à géométrie variable de Kalisto avait créé cette animation l'an dernier et trouvé son public à Motoco. Cette année, à l'occasion de la fête des amoureux de Strasbourg, elle vient d'investir l'hôtel alternatif Graffalgar pour son Mamour. De vraies chambres, toutes décorées par la création contemporaine. Au Séchoir, où je n'ai pas mis les pieds depuis une éternité, autre dimension. Grands espaces, passé industriel, métissage d'activités économiques et lieu d'exposition. Il était recommandé de réserver, la jauge étant de 40 visiteurs par créneau de deux heures. Et de venir dix minutes avant le rendez-vous. 


Photo Cie KALISTO


14H50. Me voilà donc face au grand escalier. Je fais partie des premiers "clients" et me retrouve dans une salle d'attente dont les murs sont habillés de dessins érotiques. Je comprendrai plus tard qu'il s'agit de la nouvelle exposition Osez!  Une femme en robe blanche assure l'accueil. Mme Klauddy, la tenancière de cet hôtel de jeu. Un type à lunettes teintées semble être le DJ dans son accoutrement de salle de bain. Au milieu de ce hall, une table, des chaises et des bouquins à ne pas mettre entre toutes les mains. 
Je suis détenteur d'un passeport qui me donne accès à tout.
Il a une durée de deux heures. Il faut le garder en main et le présenter sans cesse. Ce sésame vaut priorité. Sans délai, on me fait entrer chambre 1. Une jolie blonde en peignoir mais d'humeur explosive  m'indique le lit. Cinq minutes plus tard, elle me poussera vers la sortie en vitupérant.

Impossible de rectifier le cours des choses. En fréquentant l'Hôtel Mamour, nous passons d'une chambre à l'autre, de 1 à 10. J'ai opté pour le rôle de "client", ce qui me permet de partager activement la séquence avec le/la comédien/ne. Si j'avais été "voyeur", on m'aurait mis un loup et j'aurais assisté aux scènes sans broncher. Les chambres sont aménagées dans les espaces de création du Séchoir. Un lit, un rideau, des accessoires. Une caméra pour permettre au public du hall de mater à son tour sur un mur d'images. Les occupants de cet hôtel imaginaire sont époustouflants. Ils sont criants de vérité, dans leur personnage tourmenté ou loufoque. Je ne sais pas pourquoi il me faut chaque fois décliner prénom, âge et provenance, mais cet huis clos est intense et je m'imprègne de l'atmosphère sans attendre, entrant à mon tour dans un personnage que je construis sur-le-champ. Evidemment, mon hôte/sse a la maîtrise de son texte et quoi que je réponde, il / elle ne déviera pas de son implacable trajet. A la fin du temps imparti, une sonnerie retentit. Il faut conclure. Entendre l'issue, forcément inattendue. Et sortir, comme on s'extrait d'une cellule de Fort Boyard. Les locataires de Mamour semblent nous connaître. Il est vrai qu'un questionnaire improbable nous était suggéré à l'inscription. Ni le temps de s'attacher à ces filles qui n'ont pas froid aux yeux, ni le loisir de poursuivre la conversation avec ces hommes qui vous avouent leur flamme en remuant des souvenirs de gare ou perdus dans leur lyrisme. La dernière visite est ubuesque. Chez une fille en combinaison de plongée hyper maniaque de l'hygiène corporelle... 

Photo Cie KALISTO


Aucun temps mort dans cette pérégrination hôtelière, surtout que mon passeport m'ouvre encore à deux activités particulières et collectives. Un cours de fitness préparatoire à du sport en chambre avec une coach qui se dépensera plus que ses élèves. Et une séance de massages inspirés de la culture chinoise...


Deux heures ont passé. Dix arrêts en chambre, en tête-à-tête avec ces étranges personnages. Dix histoires courtes, dix destins. Mais sans lendemain. Le visiteur n'aura fait que passer dans leur vie. C'est peut-être cela que Mamour rappelle. Dans un hôtel de passe, le présent est déjà le passé.
Mais on se dit qu'on y reviendra traîner ses guêtres, sous l’œil complice de la mère Klauddy.  



Photo Cie KALISTO

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