3 février 2020

ZILLISHEIM : DES FOLS A LA MESSE




Dimanche 02 février. L'Eglise célèbre la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem.
C'est le dimanche de carnaval à Zillisheim, sous un ciel pluvieux. Il va être 9 heures, des gens costumés montent les marches de St-Laurent, la « cathédrale » du village au lycée-collège épiscopal. L'opportunité m'est offerte de découvrir enfin cette église construite par Jean-Baptiste Schacre, l'architecte qui a laissé trace aussi à Mulhouse. N'étant pas de la commune, je prends place au fond, tandis que l'entrée centrale est bordée par une haie de musiciens de Rhinau Schalmeien Alsace.



L'abbé Régis Alina, curé de la communauté de paroisses des portes de l'Altenberg, procède aux derniers ajustements. Il s'apprête à une expérience inédite, la messe des fols.
Sur l'initiative des Schnackaschlacker Wàgges, les carnavaliers de Zillisheim, le chargé d'âmes a accepté, en accord avec le conseil de fabrique, de célébrer un office du temps de carnaval. Précisément avec les Guggamusik. Après tout, les gendarmes, les pompiers, les anciens combattants et d'autres ont aussi leurs messes. Certains esprits conservateurs ont pu s'offusquer de voir des costumes et des instruments dissonants avec la maison de Dieu. Mais il n'y aura pas eu de fausse note avec les formations cacophoniques, le déroulé étant réglé comme du papier à musique. L'abbé Régis a cru bon de rappeler le caractère sacré des lieux. Pas de masques, pas de confetti, pas de liesse et des applaudissements contenus jusqu'à la fin du culte.



Outre-Rhin, les messes pour les carnavaliers sont courantes. L'Alsace vient de s'y mettre aussi. C'est d'ailleurs légitime, notre carnaval étant rhénan. Compte tenu du temps liturgique, l'abbé bénit les cierges, tandis que près du chœur étincelle encore la crèche de la Nativité. Nos ancêtres la gardaient effectivement jusqu'au 02 février.
Cinq groupes musicaux étaient annoncés pour cette messe forcément médiatique, formant une cohorte d'une centaine d'éléments. On apprécie la discipline de ces groupes qui ont dû trouver de la place pour leurs attelages à percussions. Rien à voir avec les jours de profession de foi où la foule entre dans l'église comme un troupeau de moutons. Mais on va surtout vibrer avec les morceaux adaptés aux vieilles pierres et à l'événement. Les Gugga ne sont peut-être pas des enfants de chœur, pourtant elles comptent des enfants de Dieu. Ce jour, catholiques et protestants voire athées sont réunis dans la communion. 

Patrick Keller, Schnackaschlacker Wàgges

Un office bilingue franco-allemand pour les amis de la bande rhénane et de vibrantes interprétations comme l'Hallelujah des Rhy Pirate de Bâle. Depuis la tribune, l'orgue et la chorale complètent l'habillage musical. Sur place aussi, les Dry Ratzer d'Attenschwiller et les Monster Waggis de Hombourg. Une sainte messe coupée par une percutante homélie au cours de laquelle l'abbé Régis rappellera que le carnaval est lié à la religion. L'heure est à l'expression de joie mais les carnavaliers doivent se souvenir qu'après vient le temps de Carême.

En attendant, j'aurais vécu une heure et demie d'émotions. Je suis convaincu que cette messe-là a touché le cœur de l’Éternel. L'après-midi, la cavalcade se déroulera sous un ciel apaisé.





Unser Maire esch a Wàgges !
Joseph Goester, maire de Zillisheim

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