12 juin 2024

EUROPA-PARK : SENSATIONS EN CASCADE DANS LE QUARTIER AUTRICHIEN


Photo Europa - Park



Les visiteurs d'Europa - Park ont découvert en mai les nouvelles attractions du quartier autrichien. Un an plus tôt, le parc de Rust avait de nouveau été touché par un incendie dévastateur. C'est avec un nouvel éclat que les deux manèges populaires Express des Alpes Enzian et Les Rapides du Tyrol sont de retour. Le petit train avait été mis en service il y a 40 ans. On peut l'emprunter en réalité virtuelle aujourd'hui. 





Plus anciens, Les Rapides du Tyrol vous emmènent en 4 minutes 30 à bord de troncs. Il ne faut pas craindre de se mouiller un peu. Le site peut embarquer 1600 personnes par heure. Outre ces attractions fabriquées  par Mack Rides, le quartier autrichien vous entraîne dans la Vallée enchantée des diamants. Vous emprunterez aussi le sentier découverte des Yomis : escalade, jeux d'eau, toboggans et ponts suspendus. Et pour emporter un souvenir, vous apprécierez la douce atmosphère de la Grotte des Pierres précieuses.








11 juin 2024

MACK CULTIVE L'AMITIE A OLLWILLER





 Il pleuvait ce jour de mai quand la famille Mack a inauguré "Amitié - La Cuisine du Château" à Hartmannswiller. Les propriétaires d'Europa - Park Resort sont des francophiles qui militent pour la coopération transfrontalière et la cause européenne. De l'autre côté de l'Ortenau, ils avaient investi à Plobsheim. Depuis 2020, ils ont réveillé le château d'Ollwiller, dont le vignoble est huit fois centenaire. Connu pour son crémant, son domaine biodynamique va alimenter entre autres le restaurant voisin. La famille Mack dispose au pied du Vieil-Armand d'une vingtaine d'hectares, dont un tiers en grand cru. Elle produit les nectars de la gamme Alza dans leur bouteille design, sous l'œil de Mathieu Kauffmann, chef de cave.






Un château et un restau 


Si le château d'Ollwiller est privé, le restaurant rattaché est ouvert au public depuis le 30 mai. Dans son écrin bucolique de vignes et de forêts, "Amitié" va sublimer les produits élevés dans les terres du domaine où diverses techniques sont à l'œuvre comme le maraîchage des sols vivants, la permaculture, la fermentation. C'est le potager de Marianne Mack.  Pour lancer cette table dédiée à l'amitié franco-allemande, deux hommes sont à la manœuvre : le chef de projet et conseiller gastronomique d'Europa - Park Holger Strütt et le chef cuisinier Philippe Peuple. Ce dernier dispose d'un équipement inratable dans l'établissement : un barbecue Charcoa fabriqué en Galice. De quoi élaborer une cuisine internationale aux influences françaises et varier les cuissons.








La maison offre 70 places à l'intérieur plus une winstub de 22 couverts. Les terrasses complètent la capacité, de quoi attirer toutes les clientèles, des gourmets aux amoureux, des familles, des groupes, des entreprises. "Amitié - La Cuisine du Château" est ouvert du jeudi au lundi.







4 juin 2024

slowUp Alsace 2024 : de l'eau et du blanc




  • 24.000 participants pour la 10e édition, pluvieuse mais heureuse !


Et de dix ! J'ai bouclé mon dixième slowUp Alsace hier, le premier en compagnie de la pluie. En 2022 déjà, le ciel était menaçant et nous avait abandonné des averses. Mais ce 2 juin, la météo était clairement pluvieuse, de quoi dissuader le public familial. A mon arrivée au parking de Bergheim à 10H, heure de départ de la manifestation, une dizaine de voitures seulement étaient garées alors qu'habituellement la place se remplit rapidement. A ma droite, un couple de touristes de Troyes, familiers du vélo, séduits par le concept. Le poncho en plus de l'assistance électrique, car le parcours compte quelques grimpettes.



Cette année, je repars seul, mon épouse préférant se ménager et rester à l'abri.

J'ai fait le slowUp jusqu'alors par tous les temps dont la fournaise, ce n'est pas la pluie fine qui va me freiner. Je m'élance donc vers 10H30 avec ma trottinette en habit de parade avec son petit drapeau. Le dress code de la journée est le blanc en l'honneur du vin d'Alsace. J'ai les socquettes blanches et le cuissard rouge pour saluer l'Alsace, ma région. Chemin faisant, je constate que des participants n'ont pas la tenue adaptée à la randonnée. L'an dernier, un réparateur m'avait confié aussi que nombre de cycles n'étaient pas vérifiés. Des Colmariens venus en train vont s'attaquer à l'ensemble du tracé à rollers, sans protections alors que les descentes sont dangereuses, je me souviens de la première fois en dévalant vers Bergheim. La première heure s'apparente plutôt à un fastUp pour moi, poussé par la fraîcheur, l'humidité et la motivation, sur des routes peu fréquentées alors que l'an dernier le trafic était dense. Les villages au pied du Haut-Koenigsbourg ont la tête dans la grisaille et quand j'entre dans Sélestat, pas un slowUpper à l'horizon jusqu'au château d'eau. Une ambiance festive s'échappe cependant de la gare. Dans le centre de la cité humaniste, des villages happent les passants. Denise, ma fidèle ancienne collègue, m'y attend, devant les stands des acteurs du tourisme et des partenaires. A Scherwiller, un homme en gilet jaune souhaite la bienvenue aux visiteurs. C'est Pascal, inamovible animateur, dans le sillage duquel apparaît sa compagne Anne-Gaëlle. La commune des lavandières est restée un haut lieu du slowUp alsacien.

 C'est là que je me décide à m'alimenter, répondant à l'invitation des personnels du Domaine L'Achillée, où nous nous sommes déjà posés en 2023. Au menu, un sandwich vigneron que je déguste sans faim particulière malgré les kilomètres avalés. La pause déjeuner n'était peut-être pas choisie au bon moment, car après Châtenois se profilent quelques ascensions qui me feront un peu mal aux jambes. Mais il faut avancer, parfois sous les gouttes, avant que le ciel ne s'éclaircisse. 




Cette année, nous étions donc beaucoup moins nombreux que d'habitude, mais entre convaincus et sportifs. Les organisateurs ont vu en chacun des participants un rayon de soleil dans cette journée humide. J'ai vu des gens souriantes, des couples amoureux, des cyclistes joyeux mais pas d'autre trottinette que la mienne… Au slowUp il y a toujours des cyclistes rapides, des mangeurs de bornes,  mais surtout des inconnus en mode flânerie, des chasseurs de goodies et une grande famille réunie quelques heures autour d'un événement qu'on savoure comme une tarte flambée tirée du four.







Le 11e slowUp Alsace est annoncé le 1er juin 2025. 

10 mai 2024

PARC DES COMBES : TRACTION ET ATTRACTIONS


LE CREUSOT  en Bourgogne du Sud 





En complément à la découverte de la locomotive 241 P 17 des Chemins de Fer du Creusot ( voir La Dame du Creusot sur ce blog), j'ai pu parcourir rapidement en avril le Parc des Combes dans cette ville moyenne de Saône-et-Loire. 


Ce parc d'attractions éclectiques a été créé et enrichi par l'association ferroviaire sur des terrains communaux. Les CFC en ont la charge sur une quarantaine d'hectares. Voici une destination familiale originale à bien des égards. Créée autour du rail, elle a sa petite gare et son réseau qui permet de l'apprécier en train. Ou bien s'y engager librement. Le plus est la gratuité de l'accès au site, seules les attractions sont payantes.










Le Pass Partout jour pour une personne d'au moins 1m20 coûte 25,50 € en 2024. Pour les enfants de moins de 90 cm, il est donné. Le pass saisonnier est à moins de 80 €. Le Parc des Combes permet la restauration et le pique-nique, autorise les animaux en laisse et offre le parking aux voitures, cars et camping-cars. Les véhicules de loisirs disposent d'une aire de vidange et de ravitaillement.

Les attractions fleurissent au fil du temps. Carrousel, tyrolienne, train fou, luge sur rail, grande roue, Rivières de l'Ouest, Boomerang et bien sûr le spectaculaire Canad'R...Chacun y trouvera son bonheur et pourra se faire peur en bénéficiant d'une vue panoramique.






Attention, le parc n'est pas ouvert en continu. En juin, ce sont les week-ends. En pleine saison, du 6 juillet au 31 août.




parcdescombes.com


route71.fr 





5 mai 2024

CLAUDIO CAPEO AU MUSEE DE L'AUTO





Après la collection princière de Monaco, le Musée national de l'Automobile -collection Schlumpf crée un nouvel événement, un espace d'exposition dédié à un chanteur, Claudio Capéo, natif de Mulhouse et passionné de sport auto.


Claudio Capéo, Ruccolo de son vrai nom, aura 40 ans l'an prochain. Révélé en 2016 par The Voice, le chanteur et accordéoniste avait dès lors triomphé avec son album éponyme. Mais avant d'être professionnel, le jeune Haut-Rhinois qui a créé son groupe en 2008 fut menuisier décorateur.

Tout enfant, il rêvait de disputer des courses automobiles. Il finit par y arriver en participant au Trophée Andros électrique. A Lans-en-Vercors, il remporta deux fois la finale des invités. Aux 24H du Mans, il tenait le volant d'une Coccinelle en Fun Cup.

C'est cela que raconte l'espace Claudio Capéo au musée mulhousien. Autour de la pièce maîtresse, un vieux Peugeot Boxer noir. Claudio et ses complices s'étaient produits un soir au Grillen de Colmar. Grâce à la recette de leur spectacle, les copains avaient pu acheter cette camionnette à un Belfortain qui s'en était séparé ému. Le fourgon avait fait des voyages au bled. C'est devenu le premier van de tournée du groupe mulhousien, aménagé à cette fin. Il a sillonné la France pendant quelques années. 



On voit aussi le premier accordéon du chanteur, un instrument qu'il avait appris très jeune et qui l'avait fait concourir à travers l'Europe. Une veste de scène aussi, un jukebox sur lequel le visiteur peut lancer un tube de Claudio dont "Un homme debout". Et une combinaison verte de pilote. De nombreuses photos complètent cette rétrospective d'un chanteur populaire mais toujours accessible.

Pour l'inauguration de son espace, Claudio est venu avec ses potes musiciens, qui ont grandi avec lui. De joyeux lurons qui respirent la fête et qui ne se prennent pas la tête. Dans sa commune, le chanteur s'amuse d'avoir toujours "sa place de parking". Après un set en comité restreint dans les décors feutrés du musée, les Claudio Capéo préparent leur tournée estivale. De nombreuses dates attendent le groupe.





Quant au musée, il travaille à un prochain rendez-vous, "3,2,1... Kartez !" les 18 et 19 mai, à l'occasion de la Nuit européenne des musées. Du karting électrique sur la piste de l'autodrome mulhousien.



28 avril 2024

LA DAME DU CREUSOT

Saône & Loire 

Bourgogne du Sud



Au chevet d'une puissante  locomotive vapeur qui fait la fierté de son berceau




Le Creusot, terminus de mon court voyage de presse autour de l'histoire industrielle locale en ce mois d'avril froid. Je descends dans la gare rose entretenue mais sans croiser le moindre cheminot. Une voiture quitte le parking en dégageant un nuage malodorant. Je ne verrai pas cependant le panache de la 241 P 17, qui s'est assoupie dans son hangar attenant à la gare du Creusot Ville. J'arrive le lendemain de la mise en chauffe de la locomotive. 

Nous avons rendez-vous avec Serge Chevalier, président des Chemins de Fer du Creusot, dans le bâtiment de l'association. L'ancien ouvrier électricien a eu une longue carrière d'élu municipal et départemental. Sans la volonté de sa municipalité d'ailleurs, les CFC et leur patrimoine exceptionnels ne seraient probablement pas. 

Dans les années 1970, Mulhouse montait son musée du chemin de fer, visité en 1982 par le président Mitterrand. A cette époque, une petite section de modélistes ferroviaires allait décider au Creusot de réhabiliter le Tacot des Crouillottes, au voisinage du centre-ville. Autrefois, ce petit train évacuait les scories des hauts fourneaux. Aujourd'hui, les CFC revendiquent un des plus longs chemins de fer touristiques à voie étroite, sur deux circuits, les Combes et les deux vallées. La voie a été entièrement refaite sur des kilomètres par des passionnés que la crise de la sidérurgie avait prématurément renvoyés dans leurs foyers. Comme on peut le voir dans le proche musée de l'homme et et de l'industrie, les travailleurs des forges étaient à leurs heures perdues d'excellents maquettistes aussi. 


Serge Chevalier 


Les CFC ont non seulement préservé du matériel ferroviaire, mais encore créé un parc d'attractions familial toujours au voisinage du cœur de ville, Le Parc des Combes. La thématique du train est naturellement présente, avec sa propre gare, mais ce site accessible gratuitement (les manèges sont payants) est un terrain de jeu apprécié des Creusotins. Une vingtaine d'activités sont proposées dans cette fête foraine à demeure. Outre la diversité des attractions, de la luge sur rail aux nacelles des Toucans, on apprécie le dénivelé de ce parc dont le totem Canad'R domine un superbe panorama sur les monts du Beaujolais et du Morvan. Le Parc des Combes, établi sur du foncier municipal, est géré par l'association et attire annuellement quelque 250.000 visiteurs sur une quarantaine d'hectares. Comme le Train Thur Doller en Alsace, les CFC enrichissent leur saison d'événements, dont les Trains d'Halloween et de Noël. Le 19 mai, les voitures anciennes seront leurs hôtes. 


Mais l'association est surtout fière de montrer sa pièce maîtresse, cette 241 P 17 qui va reprendre la route ce week-end. Longue comme trois cars, voici la raison de mon voyage en Bourgogne du Sud aujourd'hui. Une vaillante septuagénaire à laquelle des hommes avaient donné une seconde vie. Au Creusot plus qu'ailleurs, la relation au chemin de fer est forte. Cette ville - industrie accompagne la vie du rail depuis plus de 150 ans. On y construit toujours du matériel roulant. La 241 P 17 est sortie des ateliers le 10 mai 1950. Schneider a produit la plus puissante des locomotives à vapeur françaises à une trentaine d'exemplaires après la guerre. Quatre ont échappé à la déconstruction, dont celle des CFC. Mulhouse possède la 241 P 16 au patrimoine SNCF. Après une vingtaine d'années de service, la machine avait été acquise par la Ville du Creusot. Elle aurait pu finir statiquement sur un rond-point, comme la motrice du TGV 001 dédiée aux Alsthommes surplombe l'A36 à Belfort. 
On lui avait alors trouvé un toit et en 1993, un long chantier de restauration commençait. Une douzaine d'années plus tard, la bête d'acier était de nouveau d'aplomb, dans sa livrée verte. Serge Chevalier estime que cette remise en état aura coûté plus de 100.000 €. "Tout se fabriquait ici" se souvient l'ancien de Schneider, mais la chaudière avait été conçue à Chalon, le "Petit Creusot". 





Maintenant qu'on a fait connaissance avec ce monstre de plus de 200 tonnes capable d'emmener une quinzaine de voitures et développant 4000 CV, il faut monter dans la cabine. Serge la connaît trop bien, lui qui est chauffeur, celui qui alimente le foyer. Le tender emporte 11 tonnes de charbon de Colombie, qui a l'avantage de monter très vite en température. Et surtout 34.000 litres d'eau. La machine consomme beaucoup, il faut veiller à l'alimenter en permanence. En attendant, c'est l'odeur de l'huile qui parvient à ma narine. A la conduite, 3 membres de l'association sont habilités à déplacer cette locomotive, formés par SNCF et chaque voyage s'effectue avec un cadre traction de l'entreprise. Chaque sortie sur le réseau national est d'ailleurs un parcours du combattant, compte tenu de la pyramide administrative. Serge se souvient combien il a été facile de se transporter en Suisse. Mais en France…


En 2024, les CFC organisent une demi-douzaine de sorties à bord de vieilles voitures tirées par le monument historique. Les 14 et 15 septembre par exemple, ce sera Mulhouse avec l'incontournable Cité du Train et son dîner de gala. A l'heure où Serge nous raconte la 241 P 17, d'autres bénévoles apprêtent la rame. Les voitures sont d'un autre temps. Elles n'ont, à mon sens rien à envier aux modules d'un TGV.













L'association les bichonne, renouvelle  les sièges et rafraîchit la peinture. Les compartiments sont spacieux, intimistes parfois. Au siècle dernier, on ne pouvait faire autrement que d'engager ou partager la discussion dans ces presque huis clos roulants. Beaucoup empruntent ces rames par nostalgie peut-être, mais surtout pour changer d'ère. A bord d'un train vapeur, il faut savoir patienter. Et oublier son appareil connecté. 





Les Chemins de Fer du Creusot 71200 LE CREUSOT    Tél 06 51 81 28 41

www.parcdescombes.com

www.route71.fr

22 avril 2024

CET HIVER AUQUEL ON VOUDRAIT SE SOUSTRAIRE

"Le sourire d'un hiver" est à l'affiche du Poche Ruelle jusqu'au 25 mai. Jean-Marie Meshaka a donné la parole aux aînés oubliés et remis sur scène une vieille connaissance, Auguste Vonville. 





En 2011, Jean-Marie Meshaka jouait "Gueules d'automne", pièce qu'il avait écrite à la troisième saison de sa vie, regardant dans le rétroviseur son existence partagée entre deux cultures, orientale et occidentale. 13 ans plus tard, l'âme du Théâtre de Poche Ruelle a atteint un âge que beaucoup n'auront pas et l'âge moyen d'entrée en EHPAD. Une institution dont il ne faut surtout pas parler à Jean-Marie. C'est pourtant là qu'il nous mène dans sa dernière production. 

"Le sourire d'un hiver" a été écrit en neuf mois. Après trois mois de répétition intensive, les douze comédiens ont pu affronter le public du théâtre - cocon au cœur de Mulhouse. Dans cette pièce qui interpelle et donne à réfléchir, la distribution est quasiment en scène de bout en bout. 

Une musique lancinante prépare le spectateur, au pas des résidents des Tournesols, une de ces maisons où la société occidentale place ses aînés dont elle ne peut/veut plus s'occuper. "Ici on aime les vieux à distance" constate l'auteur. Jean-Marie Meshaka a écrit et mis en scène cette pièce drôle, forte et émouvante dans laquelle chacun pourra se reconnaître. Il parle à travers ses personnages et son premier prête-voix est Yves Geiger alias SpaceX. Aux Tournesols, une fronde vient de se lever contre le train-train abrutissant des derniers jours, entre chorale, tisane et pilules. Les âges sont avancés mais pas toujours, pourtant le cœur reste ardent. Et dans une rébellion, il faut un meneur. SpaceX donc,  qui va réveiller la boutique et les mécaniques à partir d'un projet inouï : monter un Roméo et Juliette théâtral. A 82 ans, le pensionnaire a gardé l'œil vif et la répartie intacte. Avec son physique de Léo Ferré, il en impose à sa troupe de bras cassés par le temps mais on pourrait craindre le pire à l'irruption de la directrice, qui se laissera convaincre par le sursaut de cette communauté qui réactualise jusqu'à ses prénoms. Timéo, Kévin, Jade, Chloé  remisent à l'état civil du siècle dernier les Marcel, Cunégonde et Germaine… Bien sûr, les résidents ne seront pas en capacité de sortir du Shakespeare mais toucheront à une courte aventure théâtrale. A ce stade Jean-Marie Meshaka fait entendre une autre voix, celle du dramaturge. 
Lui qui brûle les planches haut-rhinoises depuis bientôt soixante ans nous apprend à jouer. "Faire du bon théâtre n'est pas faire du théâtre" par exemple. Aller creuser le "sous-texte" pour ne pas se contenter d'égrener son texte. Les jeux de mots fusent, l'auteur s'amuse. 
La troupe des Tournesols en oubliera un instant l'hiver de sa vie en riant d'une tragédie. Mais avertie de longue date que le ridicule ne tue pas. 

La fille de SpaceX, si distante de prime abord, aura assisté à la représentation. Comme le public du Poche Ruelle, pris à témoin, peut-être l'œil en eau. Et maintenant que le jeu est consommé, les pensionnaires vont retourner à leurs occupations du "couloir de la mort". Au soir de leur vie, ils auront connu leur minute de gloire et fait un saut dans le(ur) passé. Etre diminué par la vieillesse n'empêche pas de continuer de goûter aux saveurs de l'existence. Jean-Marie aura pris soin de ne pas forcer les traits de ses comédiens sur lesquels la nuit est tombée avec le final Blowin in the Wind de Bob Dylan.  "Combien faut-il de morts pour que l'homme comprenne Que beaucoup trop de gens sont morts? " 

Même les Tournesols  fanent. 

 

 www.theatre-poche-ruelle.fr 

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