22 novembre 2023

UNE FAMILLE DECOMPOSEE

"Un air de famille" tient l''affiche cet automne rue du Ballon au cœur de Mulhouse où le Théâtre Poche Ruelle  a convoqué la famille Ménard pour une soirée d'anniversaire qui tourne au règlement de comptes.


DR



Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui sont les auteurs de cette comédie cruelle qu'ils ont créée il y a bientôt trente ans à la Renaissance à Paris, qui a obtenu deux Molière et été nommée plusieurs fois. Il y a quelques années, elle était redistribuée et rejouée Porte St-Martin. Mais la pièce a aussi été adaptée au cinéma par Cédric Klapisch en 1996.

L'action se situe en fin de journée au "Père tranquille", un bistrot tenu par Henri.  Sous ses airs de Bruno Lochet, un patron à la ramasse. Arlette, l'épouse, n'est pas au rendez-vous hebdomadaire des Ménard. La sœur, Betty, enfile les Suze sous les yeux de Denis le serveur qui nettoie ce qu'il peut avec son torchon.

Bientôt rappliquent Philippe, le frère cadet du cafetier, sa femme Yolande et la cheffe de famille désignée par "la Mère" dans la distribution. Une fois par semaine, les Ménard se retrouvent à l'happy hour du "Père tranquille" avant d'aller dîner. Ce soir, ça n'ira pas plus loin que la salle du bistrot. Pourtant c'est l'anniversaire de "Yoyo", qui n'arrive pas à placer une phrase dans une discussion dictée par la belle-maman et son goujat d'époux. Malgré ou à cause de l'alcool, les langues se délient, les banderilles se plantent, les alliances se nouent. La niche près de la porte restera muette. Un chien y reposerait. Une Arlésienne comme la femme d'Henri. Le serveur n'abandonne pas le champ de bataille, passant de témoin à protagoniste. Cette réunion de famille nous rappelle sûrement des visages que nous avons côtoyés, des situations que nous avons affrontées, qui révèlent les hypocrisies, les bassesses, les lâchetés qui corrompent les relations humaines, en l'espèce familiales.

Mais cette galerie de personnages plus ou moins sympathiques n'est pas la seule à donner vie à ce café. Un juke-box est régulièrement mis à contribution pour aplanir les angles ou créer une atmosphère elle-même sujette à conflit. Les décorateurs du TPR ont posé un joli bistrot aux teintes apaisantes. Les suspensions Art Nouveau et le Pierrot Gourmand mettent de la chaleur dans ce huis clos glacial où on rebat les cartes autour des tables où d'autres taperaient la belote. 

Carton plein en tous cas pour Jean-Marie Meshaka et sa troupe qui m'ont ému dans cet "air de famille" revisité. 

Jusqu'au 3 décembre au Poche Ruelle.



On se délecte toujours en compagnie de Jean-Marie Meshaka


3 novembre 2023

"MON UNIVERS" : TOM ET HARRY

 




Je ne suis pas mordu d'Harry Potter, dont je n'ai lu aucun livre. Il m'est arrivé de jeter un œil à l'un des films alors diffusés au petit écran, sans que je ne comprenne grand-chose à ces sorciers qui ont accompagné l'enfance de mon fils. Nous en avons gardé les Lego°, dont le Poudlard Express. Mais l'été dernier, j'ai pénétré dans "Mon Univers", une boutique qui avait toujours attiré mon attention en arpentant la rue Poincaré à Mulhouse, à proximité de la Société industrielle et du MISE. Récemment, j'ai refait l'histoire de ce lieu magique avec son créateur Tom, un garçon aussi bienveillant qu'Harry. 




"Mon Univers" a été réalisé dans ce qui devait être à l'époque un magasin de produits diététiques. Ma grand-mère parlait de "Régime Làda". Je peux encore me souvenir de l'odeur aromatique de ce commerce et de la vendeuse en tablier blanc… Aujourd'hui il faut pousser une porte pleine en bois, comme si on entrait dans une maison.
Je me fais piéger par un mannequin que je croyais être une personne.
Nous sommes dans la boutique dédiée à la saga Harry Potter, la dernière du Grand Est. 1400 références, énonce Tom, dans une diversité de produits, du consommable au pérenne. Des bonbons Bertie Bott's aux baguettes, en passant par les écharpes et bien sûr la littérature, à l'origine de la Pottermania. Et pour les Fêtes, les calendriers de l'Avent entre autres. Je me laisse tenter... 


Photo DR


Tom, 30 balais, a été pompier d'entreprise. A la faveur d'un voyage à Londres en 2018, il tomba sous le charme des studios de Warner Bros. Il décida d'ouvrir un lieu dédié au plus célèbre des sorciers. Dans cette paisible rue Poincaré donc, qui gagnerait à être mieux connue. A deux pas mon ancienne camarade Corinne tient la librairie Graffiti. Les fans de Potter peuvent parfois y dénicher un bouquin.




Au second plan de "Mon Univers", un salon de thé complète l'offre et fait la différence. N'était cet espace de convivialité, le commerce n'aurait peut-être pas tenu. Ailleurs on l'a constaté. Alors nous voilà dans une pièce digne d'un décor d'Europa Park, où il faut déguster les pâtisseries. Le maître pâtissier Claude Helfter livre les gourmandises traditionnelles, Dreams Donuts les créations du moment comme celles d'Halloween au moment de mon passage. L'endroit se prête aux soirées à thème, aux goûters d'anniversaire, aux réunions d'entreprises. Mais on peut aussi se poser dans un coin et savourer l'instant. 




Tom a profité des dernières Journées d'Octobre de Mulhouse pour promouvoir son activité, puis est allé au salon cosplay de Besançon.
"Mon Univers" grandit avec les nouveaux convertis à l'histoire de J.K. Rowling. Harry Potter et les Animaux Fantastiques n'ont pas fini d'enchanter. Surtout les moldus comme moi.




27 octobre 2023

FRISSONS D'AUTOMNE A L'ECOMUSEE





Il faisait un temps de Toussaint cet après-midi, mais les gouttes n'entamaient pas l'implication des animateurs de l'Ecomusée d'Alsace. Place des Charpentiers, le public en demi-cercle écoutait l'homme à la charrette. Sa voix amplifiée par le micro courait dans les allées.
La bergère conduisait ses chèvres au voisinage de la demeure préférée des visiteurs, dont l'intérieur appelait à un refuge dans ces intempéries. Debby m'emmena dans la maison de Schlierbach, où on taquine joyeusement le diable.
Lena, la scénographe savoyarde, m'expliqua la thématique du lieu. Ici ce n'est pas l'ange déchu de la Bible qu'on évoque mais ce démon populaire des chaumières, farceur maladroit qui tombe parfois sur plus malin que lui… La maison alsacienne s'est mise au bistrot où chante un air normand venu d'un autre temps. Pour l'image, un gramophone dort sur une table. Les enfants sont invités à se mêler aux "DiIableries campagnardes". Un garçonnet tire la queue d'un démon quand les adultes réfléchissent aux expressions utilisant le mot "diable"... 




Ma courte visite se prolongea à la gare, hall de contes. On a reconstitué ici l'âme d'une stuwa, la pièce à vivre des maisons à colombages. Le locataire du jour était Jean-Claude, un passionné d'histoires transmises entre générations, des récits qui le font sourire mais qui peuvent réveiller de mauvais souvenirs chez les anciens, quand il nomme le "Geistliche Schild", un livret à ne pas mettre entre (toutes) les mains… Le village reconstitué d'Ungersheim a aussi ses références, comme la ferme de Sternenberg dont la toiture est ornée d'une croix verte. 




A l'Ecomusée, le public vacancier de la Toussaint se montre parfois déçu de ne pas trouver de squelettes de carnaval ou des zombies de grande surface. Dans les vieilles pierres, on ne connaissait pas l'horreur pour rire. Jean-Claude se souvient qu'enfant, il creusait les betteraves et y mettait des bougies pour les disposer devant la fenêtre. Cela devait éloigner les mauvais esprits. Aujourd'hui, on les attirerait qu'on ne s'y prendrait pas autrement en jouant Halloween.





Contes et légendes d'automne à l'Ecomusée d'Alsace jusqu'au 5 novembre.

20 octobre 2023

LA DEUCHE, LE COUP DE COEUR DE HERTZ

OENOTOURISME






A l'occasion du Fascinant Week-end Vignobles & Découvertes, une centaine de propositions vous sont faites par Alsace Destination Tourisme et ses partenaires jusqu'au 22 octobre.


 Si vous aimez l'insolite et la rencontre, montez avec Bruno Hertz. Bruno est issu d'une famille de vignerons d'Eguisheim, nom qu'il prononce curieusement à la française. Je me présente chez lui après avoir fendu un groupe de touristes. L'homme s'étonne que des vacanciers fassent la moue, comme si c'était une corvée de prendre du bon temps. Lui s'amuse de l'attraction  que font ses voitures devant sa propriété, à côté de l'église. Combien de fois ont-elles été photographiées!  Trois véhicules, deux époques. Il y a la Volvo Amazon de 1970, achetée à un collectionneur dans les années 90 pour le plaisir, mais qui n'emballe plus notre hôte. Elle est à vendre au passage.




De face, la 2 CV 6 de 1972. Celle-là vient d'Eguisheim, explique Bruno. Elle appartenait à une vieille dame. Elle était passée entre les mains d'un garagiste de Ronchamp. 

Et puis, la Citroën e-Méhari acquise ces dernières années. Un échec commercial pour ce modèle, mais Bruno aime ses formes, bien qu'il lui en ait coûté déjà. 

Bruno s'est lancé il y a quatre ans dans les balades automobiles dans les vignes. Entre la Citroën électrique et la Deuche, il n'y a pas photo. Les touristes préfèrent le vintage. La 2 CV est increvable, c'est la voiture tout chemin. Alors, pendant une à trois heures, le vigneron vous emmène dans les coteaux du grand cru Pfersigberg à Eguisheim, prolonge à Wettolsheim, Husseren-les-Châteaux, Gueberschwihr. Il s'arrête en route, raconte, explique, distille une blague. Il effectue ainsi plusieurs dizaines de sorties par an. De retour au caveau, on passe à la dégustation, mais certains clients sont plus motivés par l'expérience de la vieille auto. 


Ce matin ni Bruno ni moi n'avons le temps de papoter. Je suis sur le chemin de Colmar et lui s'apprête à accueillir un groupe à pied. En rajustant son bonnet, il tente de me convaincre que la voiture électrique est inéluctable, mais je disparais déjà sur le pavé d'Eguisheim. 




routedesvins.alsace


SCEA Bruno Hertz  est membre de la cave historique des Hospices de Strasbourg

6 octobre 2023

TRAUMATICA OU L'AFTERWORK FLIPPANT

C'est une drôle d'époque. Tandis que la guerre a jeté des territoires ukrainiens dans l'apocalypse, on se presse aux portes de Traumatica - Festival of Fear pour s'amuser à se faire peur dans l'immonde. Ce 27 septembre marque l'avant-première du spectacle d'épouvante d'Europa-Park Resort. 






Traumatica occupe un espace sans nom dans le resort de Rust. Il empiète sur le parc de loisirs et dispose d'une surface dédiée avec l'essentiel des attractions terrifiantes. Cette année, j'ai emmené mon camarade Lucas pour une découverte en immersion. Vers 19 H, il fait encore jour, mais plus pour longtemps. L'ambiance est bon enfant dans ce terrain de jeu où les petits n'ont pas leur place. On me présente un cartomancien à la voix faussement rauque, portant chapeau et canne. Quel tirage heureux saurait-il produire dans les ténèbres de sa maison ? Une jeune femme est taquinée par un zombie à côté de nous. "Je vais me faire dessus" déclare une autre à ses accompagnateurs. Car il s'agit bien d'effrayer cette foule de visiteurs en quête de sensations fortes.






Le jour se meurt. La nuit libère les monstres. Lucas va affronter son bizutage. Sitôt entré dans Skin Deep, le gaillard se retrouve dans un fauteuil, poussé par la peur. Les maisons de l'épouvante ne sont pas des offices de tourisme. Il faut avancer, quand le garde-chiourme l'aura commandé, dans le noir, le boucan, la sono, la fumée, dans un dédale où tout peut arriver. Se tenir sur ses gardes pour ne pas être surpris par une créature qui ricane ou vocifère. Nous ferons la plupart des attractions, qui nous réservent ce qu'on n'imaginerait pas. Les concepteurs auront réussi à nous plonger dans une histoire dont on ne connaît l'issue, rassurés toutefois d'en sortir, car on ne peut revenir sur ses pas. Des cris féminins se font entendre. Un acteur a fait mouche.  Et moi j'aurai au moins fait sursauter un occupant qui harcelait Lucas, manifestement un "bon client" pour ces faiseurs de frissons. Les univers sont multiples, du cabaret aux clowns sinistres en passant par le Petting Zoo, là haut. Sur la colline, nous sommes conviés à la noce féroce. Les invités nous entraînent dans un ballet mortel. 


Une quarantaine de minutes auront fondu quand nous entrons dans Traumatica Circus, dont les travées sont bien garnies. C'est parti pour une première séance d'une heure. Le spectacle s'appelle "Apocalypse". Mais rien à voir avec les dédales horribles hantés par des monstres. Ce sont de beaux numéros dans la tradition circassienne, certes avec des artistes grimés pour la saison, experts de l'acrobatie et de la voltige. Un moment mêlant érotisme, frissons, émotions et un numéro bluffant. L'avaleuse d'épée en prime.



Photo DR -Traumatica 



En quittant le chapiteau, nous nous promenons encore un instant dans ce qui ressemble à un champ de foire.
Beaucoup de food trucks et de bars, dont les néons et l'ambiance créent un afterwork où des rencontres incroyables peuvent surgir. 




22 septembre 2023

AGRICULTE




Récemment Emmanuel Macron annonçait une collecte nationale en faveur du patrimoine religieux des petites communes. Des milliers d'édifices sont en péril dans le pays de la fille aînée de l'Eglise. Cet été, sur la route des Ardennes, j'ai décidé de faire une pause près de Montmédy, en Lorraine gaumaise. J'ai été attiré par les vieilles pierres d'un petit village, Louppy-sur-Loison. Voilà une commune à l'écart des centres d'attraction, dont la population semble décliner, à peine plus d'une centaine d'âmes. J'ai remarqué la ruine d'un château fort mais surtout un imposant château Renaissance. Et face à moi, l'église St-Martin veillant sur la place d'un beau matin d'août. J'y suis bien sûr entré.




Mais le voyageur en quête de pause spirituelle que j'étais a été accueilli par une communication culturelle. Voilà que l'église héberge l'exposition inaugurale du projet "Page blanche sur le paysage agricole meusien". L'architecte et artiste strasbourgeoise Carole Nieder s'est installée au Pays de Montmédy pour son travail questionnant les rapports entre corps et espace à travers la notion de l'empreinte. Depuis deux ans, elle explore les liens pouvant exister entre Art et Agriculture, en collaboration avec la Com Com du Pays de Montmédy et une douzaine d'agriculteurs. Le projet porte sur plusieurs années. Il s'agit d'observer sous un autre angle ces espaces qui nous entourent et qui changent au fil des saisons et des interventions humaines. C'est ainsi que le paysage agricole meusien a investi l'espace de St-Martin jusqu'aux Journées du Patrimoine.




Surprenant collatéral où ont été disposés produits céréaliers, graines, bocaux, pots, matériels divers et cette roue de tracteur, tandis qu'un rouleau de paille masquait le confessionnal. Pendant deux mois, l'église a mélangé culte et culture(s). Une façon peut-être de ramener des brebis égarées vers la maison de Dieu, mais faire de ce lieu de prière un musée interpelle aussi. Surtout que le château proche offre sûrement des espaces plus appropriés.








www.carole.nieder.fr  


5 septembre 2023

LE COLOSSE DES ARDENNES

 08/08/08. Cette date est unique dans l'histoire des Ardennes. Le département au numéro 08 a célébré le 08 août dernier le 15e anniversaire du voyage de Woinic, le plus grand sanglier du monde.




Hasard du calendrier, coïncidence de voyage, le 08 août 2023, je sillonnais les Crêtes préardennaises lorsqu'on me parla de Woinic. Et du jour anniversaire. Je m'empressais dès lors d'aller à la rencontre du colosse.
Woinic est la contraction de Woidouche et Nicole, surnom du père et prénom de la mère d'Eric Sléziak, le créateur du mégasanglier.
Le sculpteur de Bogny-sur-Meuse aura passé une partie de sa vie à enfanter cette œuvre d'art monumentale démarrée le 1er de l'an 1983. 11 années de travail, 12.000 heures, 50 tonnes de métal, plus de 6 tonnes de soudure, plus de 300 bouteilles de gaz… Le plasticien a rendu hommage à la ferronnerie et à la métallurgie ardennaises  à la mesure de leur renom. Woinic se dresse sur 10 mètres de haut, 14 de long, 5 de large. A peine moins haut que le lion de Belfort. Mais moins long.




En ce jour de l'été 2008, le monstre fut transporté de l'atelier à son emplacement actuel, sur la butte de l'aire des Ardennes, sortie 14 de l'autoroute qui relie Reims à Sedan. A l'époque, 150.000 personnes avaient été au rendez-vous d'un périple de 55 kilomètres. Il symbolise depuis la porte d'entrée naturelle du territoire ardennais. Il incarne les valeurs d'un pays, comme la force et le courage.





15 ans ont passé. Ce matin, sous un ciel encombré, Woinic impressionne toujours Nicolas, agent d'accueil touristique positionné sur l'aire d'autoroute. Dans son point d'information, le gaillard propose une série de produits dérivés. Le sanglier s'affiche sur de nombreux articles. Grâce aux selfies et aux touristes, s'amuse Nicolas, Woinic a fait le tour du monde.

A l'occasion de l'anniversaire, une animation se met en place au pied de la butte. Nous en profitons pour échanger avec des producteurs et artisans locaux et faisons notre petit marché aux fumaisons et aux aulx. 
Le colosse de Saulces a le regard rivé sur l'horizon.













www.ardennes.com

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