14 février 2018

APALIB : GRAND AGE ET JEUNES AMOURS





A l'occasion de la Saint-Valentin, l'association APALIB', membre du réseau APA, a voulu montrer qu'on pouvait s'aimer à tout âge, à travers deux couples attachants. Je me suis mis en route vers la résidence - autonomie Bel Air, à la rencontre de l'un d'eux.
En me présentant à l'appartement, je venais d'être précédé par le livreur de fleurs. Lucien a fait envoyer à son dernier amour deux magnifiques bouquets, dont un de roses rouges. La passion se moque du temps qui passe. Et pourtant, la clepsydre du pèlerinage terrestre se vide.
Lucien est le dernier d'une lignée me confie-t-il. Son histoire commence de l'autre côté de la Méditerranée, mais à 18 ans, le voilà en terre d'Alsace et dans une grande maison industrielle, la SACM. Il devra la quitter à 55 ans après avoir beaucoup voyagé. Il apprend d'ailleurs son invitation à quitter le bateau en Afrique.
Ses proches ont été confrontés à la guerre, la Grande pour son père. Lui en aura été quitte avec le service national. Et en ayant traversé les décennies d'un siècle, il considère que sa vie a été heureuse dans l'ensemble. Voilà quelques années toutefois, Lucien a perdu son épouse de toujours.
Sa route finit par croiser celle de Stéphanie, elle aussi dans le veuvage, mais depuis plus de vingt ans. Cette Mulhousienne a perdu son mari tout juste quinquagénaire.
Leur rencontre s'établit fin 2011 dans un thé dansant de l'APALIB'. Lucien n'a que l'embarras du choix pour une cavalière. Il parvient à convaincre Stéphanie. Et d'un tour de piste naît une nouvelle histoire. Depuis quelques années, Lucien a quitté son appartement de la résidence Wallach pour rejoindre sa compagne de fin de vie.
Il a 90 printemps, elle 72. Presque une génération les sépare, Stéphanie l'appelle d'ailleurs "mon petit père", mais ce couple tardif coule des jours heureux. Ne pas se retrouver seul au petit déjeuner, partager la dernière saison en distillant la tendresse, laissant la fougue amoureuse aux plus jeunes, le corps s'étant fragilisé. "Je suis un vieux petit bonhomme", constate Lucien, mais toujours autonome. Ici, ce n'est pas la maison de retraite, assure le couple.
Mais la maison de l'amour. Lucien sait aussi que si par malheur Stéphanie devait faire le dernier voyage avant lui, ses jours seraient définitivement comptés.

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