3 avril 2017

LA DERNIERE MARAUDE





Avant la trêve des beaux jours, voyage éphémère dans la nuit des Mulhousiens ravitaillés par l'aide d'urgence.



Dimanche 02 avril 20H30. La nuit est tombée sur la rue Vauban où passent quelques personnes. Boulevard des Alliés, la croix lumineuse des pompes funèbres met du violet dans l'artère. Dans quelques minutes, les bénévoles de l'équipe du soir seront dans les locaux de la Croix-Rouge. C'est la dernière tournée de la campagne hivernale. Autour de Gaby, figure du bénévolat associatif mulhousien et responsable de la team sociale, Eric, nouveau venu qui trouve du sens à son engagement, Didier, jeune retraité qui a fait la route depuis la vallée de la Largue et deux femmes, Fatiha, investie depuis des années dans l'union locale et H. qui requiert l'anonymat. En temps normal, l'équipage comporte au moins trois éléments. Les derniers jours ont été marqués par un afflux important de personnes à la distribution devant la gare centrale. Cinq volontaires ne seront sûrement pas de trop. Gaby lit le compte-rendu de la veille et partage les consignes. On emporte les derniers produits frais et de quoi alimenter le maximum de demandeurs. Il manque une thermos. Hier soir, une main malveillante ou inconsciente l'a volée lors du ravitaillement du véhicule. Didier prend le volant. Il est 21H14. La température printanière, 14°. Sitôt en route, le chef d'équipe prévient le 115. La maraude est enclenchée. Direction le parvis de la gare. Le fourgon blanc arrivé, les premières personnes s'approchent. Leurs visages sont familiers. Dans le hall de départ, mais surtout dans la travée le séparant de l'arrivée, les voyageurs sont désormais rares. C'est la population nocturne qui occupe les bancs. Sans - abri, demandeurs d'asile, gens en transit, gens en quête. Essentiellement des hommes. Après le tour des lieux, nécessaire pour se signaler aux bénéficiaires, les maraudeurs commencent la distribution. Boissons chaudes, kits d'hygiène, gâteaux. Des individus jeunes se fichent des conventions liées à l'âge et passent puis repassent. En une demi-heure, tout est parti. Il faut plier bagage et annoncer un passage ultérieur. 

Mais ce soir, le fourgon ne reviendra pas. Vers 22H30, le samu social envoie la maraude aux Coteaux pour une femme d'une quarantaine d'années à placer pour la nuit. La personne se retrouve à la rue. Elle est conduite en lieu sûr mais là son comportement change soudain. Les maraudeurs craignent le pire, une tentative de suicide sous leurs yeux. Les sapeurs-pompiers sont appelés à la rescousse. Quand ces derniers interviennent, les bénévoles de la Croix-Rouge sont soulagés. La jeune femme est sauvée. La maraude, c'est aussi traiter l'urgence d'une situation banale.


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