Toussaint 1930, 18H. Hans et son apprenti s'affairent devant le garage au cœur de Bollwiller. Anna appelle son mari pour le dîner. En revenant de l'atelier, l'artisan s'effondre. Il a été tué. C'est la scène inaugurale de l'enquête de police participative nocturne que propose l'Ecomusée d'Alsace pour finir les vacances d'automne.
"Kriminàcht / Mais qui a tué Hans ?" a été donnée en avant-première le 29 octobre.
Nous avons été invités pour 19H45. 70 inscrits, une quarantaine de présents. Après avoir assisté au commencement de l'histoire place de l'Eden, nous sommes répartis en petits groupes par des guides dotés d'une lanterne. Le nôtre semble issu d'un western avec son chapeau et son long manteau. Je fais équipe avec mon confrère Michel Hartmann, fidèle de l'Ecomusée. Le décès de Hans a été constaté par un policier de passage, Frédéric Hunsinger, qui tient davantage du savant barbu de Tintin dans L'étoile mystérieuse que d'un inspecteur. Le policier requiert notre concours pour élucider l'affaire. Qui a tué le garagiste de Bollwiller, comment et pourquoi? Pour progresser dans l'enquête, un livret de jeu a été remis aux participants. S'agissant de la soirée sur invitation, le déroulé sera sans doute différent, car nous devrons nous contenter d'un cheminement prédéfini et voir chaque scène une seule fois. Cela devrait suffire. La pluie s'invite soudain dans la nuit ungersheimoise, ajoutant à l'atmosphère polar.
En une heure et demie, il nous faudra parcourir 6 scènes dans un périmètre restreint, du cœur du village au cimetière. Chacune peut nourrir notre investigation par des objets, des paroles, des comportements. Dans quelques unes, il nous est possible d'interroger les personnages. C'est le cas au café de la gare, carrefour de rencontres et tripot clandestin tenu par Kathala, qui affiche sa passion pour les crimes et présentement importunée par un marchand de vin relou. A la scierie, on apprend que les époux Steinbargen ne roucoulent pas ou plus. Eric semble plus épris par sa "Lison", sa machine, que Joséphine, dont le frère Xavier est mort prématurément au Hartmannswillerkopf. Nous allons ensuite prendre le train, qui ne partira pas… en raison du meurtre de Hans. Le contrôleur est familier du café. Il sort de sa réserve et trahit son trafic de tabac en malmenant sans raison des professeurs d'université. Mais Eugène n'est qu'un enfant de chœur comparé au curé que, plus loin, nous allons surprendre alcoolisé à l'autel, en compagnie de Rosalie sa bonne. Cette séquence m'est insupportable car tout désacralisée que soit cette chapelle minière, ce "prêtre" insulte le calice et dans le jeu confesse l'impensable. Un tour au cimetière ne sera pas superflu, où nous échangeons avec un croque-mort loquace. On notera les légumes de saison illuminés sur les tombes.
Après plus d'un tour de cadran, Michel croit tenir le meurtrier quand je reste prudent. Sur la dizaine de personnages vus, certains ne présentent aucunement le profil du tueur. Mais une chose est avérée. Hans n'avait manifestement pas que des amis dans le village. Chacun savait de l'autre. Entre liaisons secrètes et trafics divers, sur fond de passé malheureux, ça finit par tourner mal. Le contrôleur Eugène l'a assuré : "il n'y a pas que les tickets qu'on poinçonne".
"Kriminàcht" est la grande nouveauté de l'année à l'Ecomusée. Imaginée par l'Ecomusée sous la direction de l'adjointe Solène Rouault, écrite et scénarisée par La Fabrik sous la conduite de Gabriel Lebrun, voilà une proposition culturelle divertissante bien ficelée. Les comédiens sont des salariés et des bénévoles du musée. Le jeu d'acteur n'est pas toujours au rendez-vous de fait, mais l'ensemble est convaincant. Et l'enquête ? Je ne pense pas avoir eu suffisamment de temps pour confondre le meurtrier, mais j'ai mon intime conviction.
La murder party de l'Ecomusée se poursuit jusqu'à samedi 1er novembre, à partir de 18H30.

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