24 avril 2025

A MULHOUSE, LA PLACE DES VICTOIRES SE DEMINERALISE



24 avril 2025



En janvier 2023, la place des Victoires au cœur de Mulhouse était dépouillée de l'Oiseau de feu, la sculpture monumentale en cuivre de Gérard Ramon. Désormais, la fontaine qui le supportait est livrée au marteau de démolition. La municipalité, par les voix des adjoints au commerce et à la renaturation Philippe Trimaille et Catherine Rapp, a officiellement lancé les travaux de réaménagement de ce carrefour fréquenté annuellement par des centaines de milliers de passants. On attendait la transformation pour 2024. Ce sera pour cette année, car les choix ont été décidés de haute lutte entre un adjoint tiraillé par les activités commerciales et sa collègue engagée dans le verdissement de la cité. On a pensé même  à pousser jusqu'à la place de la Réunion, mais on en reste aujourd'hui aux jalons. 


La  place des Victoires est considéré comme un endroit excessivement chaud l'été de par sa minéralité. Demain, elle sera un îlot de fraîcheur avec sa fontaine sèche, ses espaces verts et trois arbres d'essences différentes et résilientes, dont le pin. Des arbres qui ne feront pas de l'ombre (pour l'instant) au grand sapin de Noël. Car la petite place au débouché de la rue Mercière est le seul emplacement pertinent pour le totem des festivités de fin d'année. Un grand sapin place de la Réunion est impensable, compte tenu de l'espace nécessaire.
Ici, il est particulièrement visible. Mais dans quelques années, on n'ira peut-être plus abattre un résineux pour quelques semaines, s'interroge Catherine Rapp.



En attendant, c'est une métamorphose qui se profile d'ici à l'automne, dans le souci du  consensus. La gestation a été laborieuse, à écouter Philippe Trimaille; il a fallu s'entendre entre élus et  avec les commerçants qui pourront garder leurs terrasses, suivre surtout les recommandations des experts de la Ville. 


L'Oiseau de feu s'est envolé. On lui a défait les ailes plutôt. Une page de 40 ans se tourne dans l'hypercentre. Les années 80, c'était hier. Et le Gànsaplàtz, la place des marchands d'oie, est de l'histoire ancienne.

18 avril 2025

LE TROISIEME CHEMIN DE CROIX DE MULHOUSE





"Beaucoup d'hommes veulent être des dieux, un seul Dieu a voulu se faire homme." Pour la 3e année consécutive, la communauté de paroisses Portes de Mulhouse a proposé son Chemin de croix ce matin en marge de l'hypercentre, un Jeu de la Passion itinérant de la Bourse à l'église Saint-Etienne. Plusieurs centaines de personnes ont suivi avec respect les acteurs d'un cortège ouvert par deux cavaliers, encadré par le service d'ordre interne et sécurisé par la police. 







Cette année, le récit a commencé face à la Société industrielle, plus habituée aux rassemblements syndicaux fortement sonorisés. Le Chemin de croix a réuni plus de monde que bien des contestations sociales. C'était un des objectifs des organisateurs, redonner le sens premier du Vendredi saint, faire mémoire de la mise à mort du Christ. Catholiques, protestants et orthodoxes ont cheminé ensemble dans le périmètre urbain, marquant l'arrêt pour chacune des 14 stations que reproduisent nos églises. De la condamnation à mort à la mise au tombeau. Les comédiens, renforcés de la section théâtre de Jeanne d'Arc, ont évolué sous les cantiques et oraisons, tandis que les suiveurs écoutaient les extraits des Evangiles et les méditations des prêtres. 







Il y a deux mille ans, une foule enserrait la progression d'un supplicié, ajoutant à son calvaire. Ce matin, une cohorte de chrétiens pour la plupart, dans la commémoration. Ces cortèges sont le reflet de ce que nous sommes par rapport aux événements de notre monde. Ils comptent ceux qui accusent, ceux qui pleurent, ceux qui passent leur route. Mais le Chemin de croix de Mulhouse est resté fidèle aux Ecritures. La croix fut un instrument d'atrocité. Pour ceux qui croient, elle fit trépasser la mort. La dernière station s'est tenue dans l'église, qui sera particulièrement sollicitée pendant le Triduum pascal.




 

17 avril 2025

LE TEMPS DES ASPERGES





"Ramassée le matin, dans l'assiette le soir-même." L'asperge d'Alsace a tout pour séduire, surtout si vous l'achetez en direct.

L'Association pour la promotion de l'asperge d'Alsace a lancé la saison 2025 le 2 avril sur l'exploitation de Frédéric Reymann à Niederentzen, un des quarante-quatre membres. Les conditions météo étaient alors  favorables. 






Geoffrey Andna, président de l'association de producteurs



La Confrérie de l'Asperge de Village-Neuf 


L'Alsace, forte de ses aspergeraies, est beaucoup plus consommatrice d'asperges que la moyenne nationale. Mais la filière doit absolument conquérir une clientèle plus jeune pour maintenir  son niveau de production et envisager la croissance. Raison pour laquelle l'association s'emploie à communiquer par tous les moyens sur les bienfaits  du légume primeur, "bon pour la forme et les formes" et le savoir-faire des maisons.





Dominique Krafft et son épouse


Parce que l'asperge peut s'apprécier en diverses déclinaisons, l'association crée par ailleurs  le Trophée de l'asperge, destiné aux restaurateurs. L'innovation, la créativité, de quoi aussi attirer de nouvelles clientèles.






11 avril 2025

LES BRAISES DU"BUGALED"




Le 15 janvier 2004 au large de l'Angleterre disparaissait le Bugaled Breizh en moins d'une minute. "37 secondes" vient ce printemps de réveiller ce douloureux souvenir que le Pays bigouden n'a pas oublié. La série TV réalisée par Laure de Butler a été  diffusée sur Arte où elle a rassemblé un peu plus de 3% des téléspectateurs, environ 600.000 par épisode. France 3 diffusait ce 10 avril "Drame en haute mer", téléfilm consacré au naufrage d'un autre chalutier, qui rappelle  aussi la fin du Bugaled


De par mon métier, j'ai été amené à parler souvent du navire finistérien, sans rien connaître au milieu de la pêche bretonne.  "37 secondes" est une fiction inspirée de faits réels. Evidemment ce ne sera ni un document historique ni le film parfait, mais elle aura eu le mérite de rappeler que 21 ans après le drame la vérité n'est toujours pas établie et elle ne le sera peut-être jamais. 


Construit en 1987, le chalutier de Loctudy fut renfloué bien plus tard avant de disparaître sous la découpe en 2023. L'épave ne parlera plus. Elle avait été la tombe provisoire de cinq marins, que personne n'a oublié au Guilvinec. 
"37 secondes" rappelle le combat perdu des familles des victimes face à une autorité contre laquelle elles ne feraient pas le poids. En 2016, la justice française a prononcé le non-lieu. En 2021, le Royaume-Uni solda le dossier en invoquant un accident. 


La série a été diversement accueillie dans l'Ouest. Prenante, convaincante pour les uns, dérangeante pour les autres avec cette liaison naissante et dissonante entre l'avocat des familles et l'ouvrière fer de lance de la recherche de la vérité, campés par Mathieu Demy et Nina Meurisse. Les pêcheurs bretons n'ont guère apprécié surtout  le rôle de l'armateur, plus préoccupé par le retour sur préjudice que le sort des hommes. Et puis la vie de modestes marins-pêcheurs inconnus de Paris pèse peu dans un contexte géopolitique délicat. Le Bugaled s'enfonça ce jour de janvier dans une zone où les bâtiments de l'OTAN n'étaient pas loin. 

En découpant mon poisson de mer, il m'arrive de penser à ces héros du quotidien qui abandonnent tout pour un voyage incertain  pour nous nourrir. Et parfois mourir.


"37 secondes" a obtenu le prix de meilleure série française à Series Mania 2025.

AVEC ABTEY, ON N'EST PAS CHOCOLAT

 






Willy Wonka nous avait éblouis dans son immense chocolaterie dans la fiction de Roald Dahl. Dans l'agglomération mulhousienne, Abtey reproduit le goût du chocolat sans cacao.


En 2026, Abtey fêtera ses 80 printemps. L'âge de la Libération. Il est loin, l'atelier mulhousien d'Amélie et Henry, les fondateurs de cette entreprise familiale pesant aujourd'hui 20 M de CA. Depuis ma dernière visite professionnelle, la chocolaterie indépendante de Heimsbrunn a beaucoup investi. Elle compte plus de 140 collaborateurs. Dans son bureau, Anne-Catherine Wagner (Abtey) sourit à ses aïeux en photo noir et blanc. Sur une petite table repose un sachet d'œufs emballés de rose. La dirigeante m'invite à la dégustation. Je vais découvrir à mon tour Choviva, la marque commerciale de la grande innovation gustative qui va être mise sur le marché.
Il n'aura échappé à personne que le chocolat coûte plus cher. Le cours mondial du cacao a connu une flambée spectaculaire ces dernières années. En décembre, le kilo se négociait autour de 7500 francs CFA (plus de 11 €). Aujourd'hui, on est aux environs de 10.000 $ la tonne. Un casse-tête pour la filière chocolat. Dans ce monde qui change, Abtey continue d'évoluer aussi, dans les pas des créateurs. Le spécialiste du chocolat aux liqueurs a réussi à élaborer une recette "bluffante" qui lui donne aujourd'hui de produire une gourmandise sans cacao. Sans fève, sans gluten, mais à base de graines de tournesol et de pépins de raisin, Choviva a été mis au point après de longs mois de gestation. Une alternative au chocolat traditionnel version lait pour commencer, un grand geste pour la planète avec une forte réduction de l'empreinte carbone, pour une saveur étonnante. La chocolaterie haut-rhinoise est la première en France à se lancer sur ce marché avec des moulages dédiés. La saison de Pâques est engagée, les produits Choviva doivent être dans les rayons de la grande distribution incessamment. Mais pas question de renoncer aux recettes du grand-père Henry, jure Anne-Catherine.
Abtey continuera de fabriquer du chocolat.
En attendant les lapins, la boutique de l'usine fait les yeux doux aux amoureux. Une rose en chocolat a par surcroît l'avantage d'être produite dans le territoire.



Texte hiver 2025

4 avril 2025

UNE ESCAPADE VIVIFIANTE A SAPOIS (HAUTES VOSGES)

Chambres d'hôtes "Les Roches Fleuries" 







L'été dernier, nous nous étions (re)posés dans les Vosges du Sud, à  Fougerolles, chez Patricia et Martial, qui ont créé des chambres d'hôtes dans leur maison de maître. Pour inaugurer le printemps, c'est dans les Hautes Vosges que nous avons passé un demi week-end, à quelques kilomètres de Gérardmer.

Marion et Thomas ont créé "Les Roches Fleuries" dans un joli coin avec vue sur le massif, dans la petite commune de Sapois. Comme le couple haut-saônois, ils ont mis à profit la période Covid pour redonner vie à une  demeure de caractère et lui insuffler une atmosphère cosy et apaisante. Nichée dans son parc de soixante ares, la maison offre trois chambres d'hôtes avec leurs salles de bain privatives. Les vitraux  rappellent la richesse industrielle du territoire, dans un village de moyenne montagne où Gerbois (emballage bois)  revit. Marion a délaissé son métier d'experte en assurances pour s'épanouir dans son nid douillet au contact des couples et des familles qui viennent s'y lover. 




Nous rentrons d'un reportage et la nuit va tomber. Nous ne nous sommes pas fait prier pour réserver l'offre  de la table d'hôtes. Ce soir-là, nous ne serons que six avec les propriétaires, dont un couple de Bouxwiller, Véronique et Ludovic. Les Bas-Rhinois ne se déplacent qu'en chambres d'hôtes et ont rarement de mauvaises surprises, expliquent-ils. C'est l'opportunité  de nouvelles rencontres qu'ils recherchent, le bonheur des choses simples partagées dans l'intimité d'un salon avec des étrangers qui au fil du dîner seraient comme des amis de trente ans. Marion, en accueillante et attentionnée maîtresse de maison  l'a bien compris qui trouve un nouveau sens à sa vie professionnelle. De plus, elle est passionnée de cuisine et ne renie pas sa Normandie et son beurre. Cette fois, elle glisse dans l'entrée une création au munster chaud qui passe crème. Ce seront ensuite des spaetzle en accompagnement de civet de sanglier. Pour le dessert, des éclairs qui n'ont rien à envier à ceux du  boulanger de proximité.  Pour le service, nous ne serons pas dépaysés avec la faïence Obernai.





Et l'apéritif est un Cuvées vosgiennes, ce vin de fruit de La Bresse disponible en nombreuses déclinaisons. Le dîner, servi à l'heure du JT se prolongera jusqu'à minuit. Pas de portable en vue, mais des histoires, des instants de vécu et finalement la vraie vie, en discrète compagnie de Pims et Kiwi, les amis à pattes de cette coquette et chaleureuse maison. 




Après une nuit dans une chambre romantique, nous aurons le bonheur de nous retrouver au petit déjeuner préparé avec le même amour par Marion, dont le livre de recettes n'est jamais loin. 

Il est possible aussi de réserver un soin et le sauna. 






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29 mars 2025

GERARDMER VOIT LA VIE EN JAUNE VOSGES




C'est un samedi après-midi du début du printemps. On circule et on se gare facilement, mais des installations annoncent l'événement dans deux semaines : Gérardmer prépare sa Fête des Jonquilles, la plus grande manifestation du Grand Est dédiée à la fleur printanière. Du 4 au 6 avril, la Perle des Vosges va de nouveau octupler  sa population, qui officiellement approche les 8.000 habitants. Nous avons rendez-vous à la Société des Fêtes, organisatrice.




Celle-ci occupe l'ancien abattoir. Les vieux murs sont animés. Les hangars paraissent étroits pour les constructions métalliques qu'ils abritent. Nous montons dans les bureaux, où quatre messieurs plus très jeunes s'affairent. Pourtant, une Fête des Jonquilles ne laisse aucun répit. La Société des Fêtes géromoise compte une vingtaine de membres actifs  sous la présidence de Jérôme Hirth. Elle pourra compter sur une armée de 400 autres bénévoles au plus fort des réjouissances, le 6 avril. "On ne peut pas annuler" une telle fête, me disent les responsables. Parce que, même biennale, elle nécessite une organisation qui mobilise un territoire dans la durée. De toute façon, si ce n'est pas la Fête des Jonquilles, c'est Jonquilles en fête une année sur deux. Ainsi, le narcisse accapare Gérardmer chaque printemps. En 2025, c'est la 51e Fête des Jonquilles.




Sylvain Picard a le regard lumineux quand il rapporte la naissance de cette manifestation en 1935. Il me présentera une photo sous cadre : le fondateur fut son père avec l'Amicale motocycliste. Lui-même revendique plus de 30 chars à son actif. Car ici, chacun peut présenter sa réalisation, si elle est conforme au cahier des charges. Ainsi, les sujets sont des œuvres particulières et collectives. Si la structure est métallique, les produits naturels sont préconisés comme la mousse et le lichen, mais un char doit être constitué aux deux tiers de jonquilles.





La fleur jaune éclaire déjà les prés mais attention. La cueillette est réglementée dans certaines communes pour ne pas porter préjudice au corso. Des bouquets sont d'ailleurs  vendus au bord des routes à un tarif modique. Pour le grand week-end d'avril, ce sont 3 millions de jonquilles qui seront piquées sur la vingtaine de chars annoncés. 60.000 bouquets de 50 fleurs confectionnés par les écoles et les associations, rémunérés à la pièce, 50 centimes. De quoi assurer une rentrée d'argent non négligeable. L'organisation s'autofinance avec un budget en deçà du million d'euros, hors soutien technique de la Ville, détaille Michel Chauffel, responsable des bénévoles et comme ses camarades "couteau suisse". Jean-Claude Kieffer, l'ancien Colmarien, est par ailleurs administrateur de La Ronde des Fêtes, cette grande famille née en Alsace et dont la première manifestation cette année  a lieu à... Gérardmer. Et puis Hubert Chipot, inventeur du cocktail Jonquille, dont la recette ne sera pas divulguée bien sûr. Autrefois, confie-t-il, on mettait du citron dans le vin. Nous saurons que son breuvage appelle un alsace et au moins un agrume…





Les organisateurs avouent passer des nuits blanches. Un tel événement ne s'improvise pas et doit répondre aux exigences de son époque. Sécuritaires, environnementales aussi. La 51e intègre les écomanifestations.  Elle investira aussi un nouveau circuit, dans un secteur dont le bouclage est plus aisé, sur un périmètre de 1800 m. Autre nouveauté, la numérotation des tribunes. 13.000 personnes seront assises, soit un quart du public. Il faudra aussi gérer le trafic automobile. Plus de 250 cars achemineront du monde et les formations musicales. La Fête des Jonquilles est animée par des groupes qui ont fait leurs preuves, de Creutzwald à Marseille.  





Nous redescendons dans les ateliers, où un moment de convivialité coupe la séance de montage. Le trio royal est sur place. Au voisinage de chars toujours plus volumineux mais qui peuvent rapporter  à leurs concepteurs. 180.000 € de prix seront distribués. Mais il faudra 50 bouquets au m2. La 51e Fête des Jonquilles du 4 au 6 avril. Un collier or pour la Perle des Vosges.







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