12 novembre 2024

DAX HOMINIBUS


capture d'écran





En ces temps mémoriels, les films de guerre reviennent à la télévision. Arte proposait ce soir du 11 novembre "Les sentiers de la gloire" de Kubrick, un film méconnu des Français, sorti en 1957 mais seulement en 1975 sur les écrans français. Sa diffusion ce jour férié a attiré un peu plus de 900.000 téléspectateurs. Ce n'est pas "La Grande Vadrouille", immense succès populaire, mais c'est un chef-d'œuvre bouleversant. 

Celui du réalisateur alors trentenaire et à son 4e long métrage. Celui surtout du héros, interprété par Kirk Douglas, dans un de ses meilleurs rôles.
Voilà un film américain qui nous envoie dans la guerre des tranchées, côté français, en 1916. Le général Mireau (George Macready) inspecte avec condescendance la troupe et ordonne à son chef le colonel Dax (Kirk Douglas) de s'emparer de la côte en face, une position réputée imprenable comme le Fort de Mutzig. A l'image il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour envoyer à la mort un régiment de fantassins, certes appuyés par l'artillerie. Kubrick s'est inspiré du roman de Humphrey Cobb, Paths of Glory, qui s'était lui-même fondé sur l'exécution pour l'exemple de 4 soldats. Des hommes qui avaient reculé devant l'ennemi. La couardise est passible de peine capitale ici.

Ainsi, 3 hommes du rang désignés dont l'un par tirage au sort passeront devant un tribunal militaire expéditif qui a écrit la sentence d'avance. Ce sera le peloton d'exécution, en présence de notables et de la presse, sous l'œil de généraux se délectant du supplice. Le colonel Dax n'aura de cesse, en vrai chef, de défendre les malheureux. Kubrick aurait voulu un happy end pour eux, mais il a dû se résoudre à les sacrifier dans ce film d'une heure et demie à charge contre la hiérarchie militaire. Le lieutenant est lâche et alcoolique, le commandant commissaire un Saint-Just du front, les officiers généraux des carriéristes qui se fichent du poilu comme de leur premier képi. Qu'il en meure 10 ou 100, pourvu qu'un pan de terrain soit conquis. Le poète du XVIIIe Thomas Gray écrivait "Les sentiers de la gloire ne mènent qu'à la tombe". C'est tout ce qui semble promis à ces hommes en première ligne quand en haut lieu on roule carrosse. Le noir et blanc accentue l'apocalypse ; seule l'apparition d'une chanteuse allemande en larmes apportera une minute de respiration à ce film de guerre que la critique française a déclaré contre la guerre. 
A sa sortie, la France était empêtrée dans les Evénements d'Algérie. 

4 novembre 2024

LE KILI DONNE DES AILES


Anne et Diane à DKL en octobre 2024


Sport et solidarité



Une volonté ouvre un chemin. J'ai rencontré en octobre deux pétillantes Sélestadiennes, au retour d'un grand périple. Elles ont gravi le Kilimandjaro, l'un des 7 plus grands sommets du monde.

"Si tu peux le faire, moi aussi." Ce principe, Diane Dollé l'a fait sien. Avec Anne Conreaux, elle a relevé le défi du Kili, pour la bonne cause. Au cœur de leur projet, Samuel, un lycéen de Ribeauvillé atteint d'une maladie rare, la myopathie de Duchenne. Malgré son fauteuil et son corps diminué, le garçon est un exemple de ténacité et de dépassement de soi. Mais l'évolution de son handicap nécessite une adaptation de son équipement. Une association a été créée pour lui, "Sam'donne des ailes", à Ribeau. Diane et Anne ont décidé de donner de la visibilité à Sam, en portant sa cause jusqu'au toit de l'Afrique.


Les deux femmes s'étaient rencontrées au Cakcis, le club de canoë-kayak de Sélestat, où pratiquaient leur progéniture. Elles ont devenues amies. Et pour ce qui aura peut-être été l'ascension de leur vie, elles se sont remises au sport : vélo, course, marche, kayak. Après une année de préparation physique, logistique, administrative, Diane et Anne ont pu se mesurer au géant tanzanien, sous l'égide d'un spécialiste, Allibert Trekking. Deux femmes parmi une quinzaine de porteurs locaux pour une ascension de 7 jours par la voie la plus longue, Lemosho, hors des sentiers battus. Le Kili attire nombre de trekkeurs, dont beaucoup n'iront pas au bout, vaincus par le mal de montagne notamment. Les Centralsaciennes l'ont fait. Mais leur aventure riche de rencontres humaines leur donne envie de rester unies pour Samuel. Vous pouvez les suivre sur les réseaux sociaux, Nomads Kilimandjaro.

Et Sam'donne des ailes. 

30 octobre 2024

LE PARC DU PETIT PRINCE FERME SUR HALLOWEEN







Loin de la foule d'Europa-Park où octobre est orange, il est toujours agréable d'arpenter le Parc du Petit Prince, qui a à peu près l'âge du petit garçon immortalisé par St-Exupéry. Le parc d'attractions thématique fête son 10e anniversaire sur l'empreinte de son prédécesseur Bioscope à Ungersheim. Les congés de la Toussaint y sont dédiés aussi à Halloween, mais dans ce site touristique à vocation familiale, pas de personnages horribles. Bien sûr, la décoration est de saison avec les courges, les gamins emprunteront avec leurs parents le "chemin des froussards" voire le labyrinthe hanté, mais les occupants n'effraieront pas les visiteurs portant le badge "brigade anti-monstres". 








Le soir offre un autre spectacle. Cette année, deux nocturnes marquent la fin de saison. On y croise des enfants grimés, des grand-mères déguisées, une responsable marketing ensorcelante et dans la fraîcheur qui s'installe, la chaleur d'un marron chaud et la douceur d'une friandise du marchand de Gundolsheim participent au bonheur d'un moment convivial. Entre enfants, on est bien avec ce Petit Prince qui surmonte ses peurs dans un monde qu'il doit apprivoiser. Avec ses fleurs et ses épines.










Le Parc du Petit Prince referme sa saison le 3 novembre. 

19 octobre 2024

 L'assiette du jour autour du panais






Le panais, ce légume oublié au goût particulier, est un ami de votre santé. 
Comme je l'ai retrouvé chez le maraîcher ce matin, j'ai eu envie de le remettre en soupe. J'ai essayé avec de l'oignon, du céleri et un bouillon de bœuf. 


3 panais, 1/2 céleri rave, 1 oignon, 1 bouillon de bœuf, poivre. 




16 octobre 2024

RIVIERE : MANON AUX SOURCES

 Cinéma 




Il est natif du Nord, chef d'entreprise aux Etats-Unis depuis dix ans, mais n'a pas oublié sa ville de Belfort. Hugues Hariche s'est arrêté à Kinepolis, le complexe des quais pour la promotion de son dernier film, "Rivière". Son premier long métrage, tourné en partie dans la cité au lion.

Hugues Hariche est un réalisateur et scénariste expérimenté. Il travaille beaucoup sur l'adolescence, cette période complexe où les corps et les comportements muent. Dans "Rivière", il emmène le spectateur dans un road movie hivernal aux côtés de son héroïne Manon. Cette gamine de 17 ans (Flavie Delangle) a quitté les reliefs suisses en quête de son père introuvable. Elle parvient à trouver l'adresse, une maison isolée où elle tombe sur une jeune femme (Camille Rutherford) et son garçonnet, délaissés eux aussi par l'homme. Manon traîne un passé douloureux mais elle a un rêve. Jouer au hockey sur glace à haut niveau. Elle porte sur ses épaules le maillot floqué "Rivière" du club de Chur où elle pratiquait en junior élite.

Hugues Hariche se rappelle qu'enfant il jouait au hockey. Il a grandi avec la patinoire de Belfort, la seule de l'Aire urbaine, créée en 1976 et désormais Patinoire du Grand Belfort. Cet équipement du parc de loisirs de Bavilliers est au cœur du film. Car "Rivière" explore un sport peu courant au cinéma sous nos latitudes, le hockey justement. Avec Manon, nous pénétrons cet univers qui ne laisse pas de glace. Le réalisateur affectionne le côté vintage des décors et des éléments de film. La fugueuse va y nouer des contacts et des liens et obtenir son intégration dans l'équipe des Lions. "Je suis prête et je suis meilleure que les garçons", lancera-t-elle. Pour le casting, Hugues Hariche a recruté de vrais joueurs dans les clubs de la région. Même le coach est dans le métier. Pour la nouvelle amie de Manon, il a appelé Sarah Bramms, ancienne patineuse colmarienne aujourd'hui comédienne.

Manon a faussé compagnie à son foyer. Elle participe aux sorties hasardeuses de ses camarades de jeu où l'alcool et les exutoires illicites sont courants. Elle s'adonne à l'amour féminin en mêlant son corps meurtri par sa mère à celui blessé par les chutes de sa copine de glace. 

Hugues Hariche joue avec la lente errance des jeunes filles et la vitesse du palet, les rares moments de douceur et la violence des crosses. Dans ce film hivernal, les couleurs sont magnifiées par un cinéaste nostalgique de la pellicule. Des âmes écorchées, des guerriers de glisse et un message à toutes les Manon : "tu es à ta place sur la glace".



Hugues Hariche sur DKL à Mulhouse



"Rivière" mercredi 16 octobre au cinéma Bel-Air de Mulhouse, jeudi 17 au Colisée de Colmar, en présence du réalisateur.
En salle en France le 30.

12 octobre 2024

LE CLUEDO ALSACIEN DE PARIZOT


 

Comme beaucoup de téléspectateurs, j'attendais de visionner le film consacré au plus célèbre des campeurs du petit écran, Christian Parizot. Personnage indispensable à la série "Camping Paradis" dont le gentil héros est Tom Delorme (Laurent Ournac). Le divertissement vacancier qui nous emmène au bord de la Méditerranée près de Martigues offre quelques portraits truculents, dont ce fidèle Parizot, à la fois attachant et agaçant. 
"Monsieur Parizot" a enfin donné à son interprète, Patrick Paroux, jeune septuagénaire, son premier grand rôle.


Quand il ne passe pas son séjour estival sur son emplacement réservé au "Paradis", on se demandait comment le retraité colmarien Christian Parizot occupait ses journées. On le savait cycliste chevronné. Dans le spin-off, sous-produit de série, diffusé le 7 octobre, le voilà passionné d'enquêtes criminelles. 
Laurent Mondy a créé un téléfilm policier non dénué d'humour dont l'intrigue se déroule en Alsace, chez Parizot. Le tournage a eu lieu à l'automne 2023 comme en témoignent les couleurs des forêts. Mais soudain, pour les besoins du scénario, on monte dans les Vosges enneigées. Le massif blanc n'est pas courant, encore moins quand en plaine les arbres sont encore verts.

Christian Parizot devait partir en randonnée à vélo avec son compagnon de route Dodo (Philippe Caroit). Malheureusement celui-ci décède en montagne. Quelle idée de s'aventurer sur une patinoire quand on pratique le vélo… Parizot arrive à son tour et envisage un homicide volontaire, quand les gendarmes abrègent  par un accident de la route. Dès lors notre campeur préféré,  à qui on ne la fait pas,  engage sa propre enquête avec le concours de la lieutenante Alexandra Bauer (Clémence Lassalas), souvent en civil malgré le brassard et reléguée au second plan. L'enquêteur autoproclamé va mettre son nez dans une famille d'aristocrates  qui feraient un bon Cluedo pour établir enfin la vérité et les responsabilités.

Si les mimiques de Patrick Paroux m'amusent, j'ai été moyennement convaincu par ces deux épisodes de "Monsieur Parizot", comme les confrères rompus aux programmes télé. Le héros ne semblait pas affecté outre mesure par la mort de son copain. La veuve pas davantage éplorée. Les affaires ne connaissent pas les sentiments. Mais Parizot n'oublie jamais ni son lieu  de vacances ni son cher Delorme qu'il aime enquiquiner. C'est justement au bord de la Grande Bleue que je préfère ce bougon du vieux monde, son vélo vintage et sa 405 de collection.

13 septembre 2024

RELAIS EST : WITTENHEIM DONNE UNE SECONDE VIE AU TEXTILE







Vous connaissez les points d'apport du Relais Est, sur les parkings commerciaux ou le long des routes, que vous alimentez peut-être. Ils reçoivent vêtements propres et secs, chaussures liées par paires, linge de maison, petite maroquinerie, à déposer dans des sacs fermés.  Car derrière ces dépôts, des mains sont chargées de faire le tri. Et des citoyens peu scrupuleux, heureusement rares, confondent collecteurs solidaires et bennes à ordures ménagères. Parfois, on fait aussi d'étonnantes trouvailles comme cet alsatique de 1888 sur Mulhouse ou ce téléphone à touches  qui fera  le bonheur d'un collectionneur. 



C'est le moment d'entrer dans le monde méconnu du réemploi textile, à l'occasion des 30 ans du Relais Est. Nous sommes dans une zone d'activités de Wittenheim, sur un site d'un hectare et demi, dont 6.000 m2 de bâtiments. C'est en 1984 qu'a démarré le premier Relais, dans le Nord-Pas-de-Calais. Membres du mouvement Emmaüs, le fondateur, les établissements sont indépendants. Celui de l'agglomération mulhousienne est le seul à tout accomplir dans son territoire, l'Alsace. Entreprise à but socio-économique, le Relais Est est installé dans le Bassin potassique depuis 2001 après son lancement à Mulhouse.  Dix ans plus tard, il prenait le statut de coopérative. Ses salariés en sont les patrons. Ils sont aujourd'hui 200, dont 40% en insertion. 



En quittant les bureaux, nous considérons une surface regorgeant de vêtements. Au fond, des opératrices retiennent ou éliminent ce que les sacs plastiques révèlent. Une culotte usagée défile sur le tapis devant un jean de belle allure. Ce qui est traité ici a été récupéré dans les 1650 bornes réparties en Alsace et dans le Nord Franche-Comté. Plus de 7000 tonnes sont triées annuellement à Wittenheim. L'été a été particulièrement copieux, sans doute parce que les foyers font le ménage dans leur penderie… Si les pièces de fourrure n'ont plus d'avenir en France, les petites mains peuvent tomber sur d'autres  vêtements intéressants mais abîmés. Deux nouvelles blanchisseuses ont été acquises pour les raviver. Au besoin, une couturière fera le nécessaire, comme sur cet ensemble Louis Vuitton. Des créatrices sont sollicitées par ailleurs pour des effets à surcycler et  produire à partir d'échantillons.  Au Relais, nous croisons encore  le cordonnier. Il retape de belles chaussures et la maroquinerie dans son petit atelier. 





Au  Relais Est, 58% de la marchandise collectée est réemployée. Elle sera ventilée à l'export et  dans la douzaine de boutiques solidaires du réseau régional et pour ce qui s'apparente au vintage, cela finira sur les portants des boutiques dédiées à l'enseigne Le Léopard de Strasbourg et Mulhouse. Sans oublier la boutique en ligne (labelfripe.fr  et leleopard.fr). Sans ces friperies, le modèle économique de l'entreprise ne fonctionnerait pas. 



Et plus on réemploie, plus on crée de l'emploi, affirme le Relais, qui écoule par ailleurs 30% de la collecte en recyclage,  les chiffons et produits industriels. 10% iront dans la valorisation énergétique. 

Par les temps qui courent, le Relais Est fait une offre aux étudiants en boutique, une nouveauté bienvenue quand beaucoup ne parviennent pas à se vêtir.  Dans un monde qui change, le réemploi a de l'avenir. Question d'éthique, de budget. Ou simplement de petit plaisir.





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