"La bataille d'Alsace continue", mais il devra y participer loin du pouvoir parisien.
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Frédéric Bierry et André Reichardt. Strasbourg, 05 septembre 2025 |
Il avait envisagé de publier un communiqué sous quinzaine. C'était compter sans son ami Frédéric Bierry qui l'a persuadé de rameuter la presse ce matin pour une explication fournie à l'hôtel d'Alsace à Strasbourg. André Reichardt démissionne de son mandat de sénateur à la fin du mois, juste avant la session ordinaire du Luxembourg. Il en a informé le président Larcher mardi et le préfet hier. Le sénateur du Bas-Rhin en a assez que son ancienne région ne trouve aucun écho en haut lieu.
André Reichardt est une figure politique alsacienne. Au Sénat depuis bientôt 15 ans, le natif de Wissembourg a pu faire entendre sa voix à de multiples reprises pour faire sortir l'Alsace du Grand Est, qu'il n'a jamais voulu, cette Alsace que les Alsaciens, sondage après sondage, espèrent redevenir une collectivité institutionnelle. "Les résultats ne sont pas à la hauteur, la Cour des comptes l'affirme, et comment laisser assassiner le lycée de Pulversheim par des élus qui ne le connaissent pas?" s'emporte André Reichardt.
"Déni de démocratie"
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est ce courrier reçu en début de semaine de la Présidence de la République. Une douzaine de parlementaires dont des macronistes et Frédéric Bierry avaient écrit ensemble au chef de l'Etat un an après qu'il eut exprimé "un besoin de liberté", évoqué la suppression d'un échelon territorial, appelé à rouvrir la question des grandes régions. Au 80e anniversaire de la Libération de Strasbourg, Emmanuel Macron avait assuré "être avec les Alsaciens". Engagement réitéré au moins deux fois. Mais cet été 2025, il ne s'est toujours rien passé alors que la Corse entrevoit davantage de libertés. Le pire, la réponse de l'Elysée a été signée d'un proche collaborateur du président. C'est le fait de trop pour André Reichardt, qui est tombé de l'armoire. Le chef de l'Etat le renvoie à François Rebsamen, le ministre de l'Aménagement du Territoire qu'il a vu à de nombreuses reprises déjà. C'est parce qu'à tous les niveaux de l'Etat on déconsidère l'Alsace qu'André Reichardt démissionne. En sa qualité de parlementaire, il a maintes fois tenté de convaincre Paris d'écouter les Alsaciens. Pour améliorer la CeA, il avait "inondé le Sénat d'amendements". Tout lui a été refusé.
"L'Alsace ignorée, maltraitée, méprisée"
Pour Frédéric Bierry, la décision du président du Mouvement pour l'Alsace est "une nouvelle majeure pour l'Alsace". La décision est "grave, rare, triste" dans une France "qui n'est plus un Etat fiable", regrette le président de la CeA, convaincu que le fossé entre les hautes autorités et les citoyens va encore se creuser. André Reichardt promet ne pas "déserter", il envoie un petit pavé dans la mare dans un contexte où les partis sont obnubilés par le nouveau locataire de Matignon et dans la suite celui de l'Elysée.
André Reichardt remet son mandat dans une colère froide, un crève-cœur, mais reste persuadé que l'Alsace qu'il avait conduite reviendra. C'est inéluctable pour ce politique aguerri de 74 ans. "C'est le sens de l'Histoire". En attendant, c'est un signe aux Alsaciens dans une période qui n'en avait pas besoin.
Marc Séné, maire de Sarre-Union et conseiller du canton d'Ingwiller, va prendre le siège du démissionnaire dans la haute assemblée.
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Archives. Les conseillers généraux du Haut-Rhin contre la grande région |