11 juillet 2022

ETIENNE BRANDT REFAIT LE MUR PAIEN

 Habituellement, le Mont Sainte - Odile attire plus d'un million de visiteurs par an. Haut lieu spirituel, patrimonial et paysager d'Alsace, c'est aussi le terrain de prédilection d'Etienne Brandt, un personnage qu'il faut avoir rencontré dans sa vie.  




C'est sur un parking en contrebas du sanctuaire que j'ai rendez-vous avec Etienne pour une balade contée autour du mur païen. Nous ne nous connaissons pas mais nous allons nous adopter très vite. L'homme est singulier, coiffé d'un chapeau ajouré et le nez surmonté de lunettes cerclées de bois. Le regard perçant. Une sorte de professeur Tournesol d'apparence, mais un randonneur équipé d'un bâton tortueux et d'une besace… Il emmène pour le compte d'offices de tourisme des groupes en quête d'histoires. Cet après-midi, je serai son seul public, ne ratant cependant aucune miette de sa narration. Le temps est compté, nous avons une heure et demie devant nous. Ce sera par conséquent un condensé du programme préparé pour les visiteurs usuels. 

Etienne a été éducateur spécialisé autrefois. Depuis une vingtaine d'années, il est accompagnateur conteur en montagne. Il a ça dans le sang. Depuis qu'il avait constaté qu'un chemin de pierres se révélerait chemin d'histoires. Qu'il les décèle dans un château ou dans une souche du pays de sainte Odile. Le mur païen aujourd'hui. "Ici, annonce Etienne, c'est le territoire de mon grand-père et de mon père". Le voilà qui se revoit minot emmené sur un site sur lequel tout a été raconté. Magique, fascinant, merveilleux, étrange, mystérieux, énergétique, spirituel… 


Etienne s'arrête et commence à dessiner avec son bâton. "Vu d'en haut, le mur païen ressemble à un papillon géant fossilisé"... La visite s'effectue avec deux Etienne. Le randonneur qui me fait la conversation et le conteur qui prend le relais en faisant tinter un instrument métallique. Dès lors, les vestiges de l'enceinte ressemblent à des bancs d'école en classe verte. Le public s'assoit et écoute attentivement. Ou au contraire l'homme au chapeau s'y pose et lance le court récit. Puis il tire de son sac un breuvage à base de thym qu'il me fait goûter.


Notre guide connaît "au moins quatre histoires du mur païen" autour duquel sont nichés une demi-douzaine de châteaux. Je vais les apprendre rapidement, sans que le narrateur ne me dise sa conviction. A chacun de prendre la version qui lui convienne. Géants, lutins, celtes, extraterrestres… Le Mont Sainte-Odile est réputé être parmi les lieux les plus vibratoires d'Europe. D'ailleurs ma petite heure de marche dans cette forêt digne d'un conte de fées m'a vivifié. Sans parler de l'exaltante rencontre.


Etienne se souvient y avoir emmené Jean d'Ormesson après une émission de télévision. Le défunt académicien y vit "les murs d'une cathédrale" montant vers la voie lactée. Aujourd'hui, le Barrois retrouve des adultes auxquels il avait mis des étoiles dans les yeux lorsqu'ils étaient enfants. Le rêve n'a pas de fin dans ces sentes où chante le vent. Il suffit de le saisir et d'écouter. Le mur païen est long d'une dizaine de kilomètres. Il faisait 5 mètres de haut pour 1,60 de large. Quant à sa datation, l'échelle s'étend de 30 siècles avant notre ère au VIIe de la fondatrice de l'abbaye et patronne de l'Alsace. Laissons cela aux dendrochronologistes.

Etienne pourrait être pédagogue. Mais il préfère évoquer la musique des arbres, "des harpes", pour réveiller le gamin que nous étions comme lui. Ce jour de mai, il m'a fait entrer dans la Brocéliande alsacienne.




Pour randonner en écoutant Etienne Brandt, contacter l'OT d'Obernai. 
Lui écrire à brandt.etienne@gmail.com 


                  www.massif-des-vosges.fr

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