5 février 2021

NOTRE DERNIER BAL

 










C’est un samedi soir de l’hiver. Nous avons dîné rapidement pour aller au bal. Dans le Sundgau, les Fêtes passées, le carnaval prend le relais. Jusqu’à une période récente, je ne ratais pas le bal de Carspach sous le chapiteau dressé sur la place à l’entrée de la commune. Bal des veuves le vendredi, bal carnavalesque le samedi. J’y avais rencontré la dame à la trottinette. C’est aussi Riespach, sous chapiteau encore, où Rino et sa chanteuse avaient assuré une ambiance comme un orchestre. Et ce soir, je t’emmène à Jettingen mon amour. Combien de fois suis-je venu dans l’espérance de t’y faire tourner un jour ? Une douzaine de kilomètres séparent le village d’Altkirch, mais quand nous approchons de la salle des fêtes, la route est bordée de voitures et le parking complet.
Qu’importe. Nous sommes venus guincher. Il ne fait pas froid. Heureusement, car il faut faire la queue devant la structure temporaire d’où s’échappe la musique. Il va être 21 heures. Le public est essentiellement jeune, des adolescents, de jeunes gens, des amis, des couples. Certains sont costumés. La caisse est tenue par les sapeurs-pompiers, organisateurs du carnaval de Jettingen. Certains visages me sont familiers. Rouflaquettes, cheveux blancs, air bonhomme… On est entre de bonnes mains ici. La sécurité est assurée par un prestataire. Quand nous entrons dans la salle, les tables sont occupées. Il nous faut aller au fond, derrière les musiciens, pour tenter de nous poser.





Energy a déjà chauffé le plancher. Tu vas prendre une coupe de crémant. Je reste à l’eau comme beaucoup de seniors.
Si d’aventure il fallait se dépenser sur des rythmes dingues. Je te contemple. Tu es belle. Je remarque un vieux couple emporté par la valse lente. Bientôt le répertoire va rajeunir. Je ne sais pas danser. Du reste, ce n’est pas ma raison d’être là. J’aime juste cette atmosphère incomparable du bal sous chapiteau, comme nos parents ont pu la connaître. A Jettingen, l’installation est moderne mais habillée. Le parquet souffre mais ne rompt pas.




Les lustres s’éteignent, la série de slows commence. Je t’invite et nous nous enfonçons dans la marée parmi les amoureux, les danseurs de bal et les fêtards. A cet instant, il n’est plus que toi et moi sous les lumières tamisées, mon visage dans tes cheveux. Un éclair de félicité. Je te serre contre moi, toi que j’attendais depuis toutes ces années.

Bientôt la piste sera trop petite pour la foule enivrée par les refrains attendus. L’heure a tourné. Nous nous éclipsons comme nous sommes venus.
C’était notre dernier bal de carnaval.




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