22 juillet 2020

ALSACE A VELO BL780 : DES FORTIFICATIONS AU STREET ART VAUBAN





J’ai un attachement particulier à Neuf-Brisach et à son territoire, où j’ai vécu le plus beau mais aussi le plus cruel de mes étés en 2013, l’année de ma rencontre avec Parinda devenue mon épouse quatre ans plus tard. La cité – étoile est définitivement indissociable de ma vie. C’est une des raisons qui m’ont conduit à choisir la boucle locale 780 de L’Alsace à Vélo, à l’invitation d’Alsace Destination Tourisme,
« De part et d’autre du Rhin de Brisach à Breisach ».






Jeudi 9 juillet. Une belle journée est annoncée par la météo. Il est un peu plus de 10 H quand je me présente à l’office de tourisme Rhin - Brisach, face à la place d’Armes. Un garçon tient l’accueil, à remarquer dans un domaine très féminin. Les locaux ont été joliment rénovés depuis ma dernière visite. Et c’est la charmante Aurélie qui a été mandatée pour accompagner ma route. La BL 780 affiche 34,7 km pour 81 m de dénivelé. Un parcours facile, ce qui n’empêche pas d’utiliser le vélo à assistance électrique, le mien fourni par un loueur de Blodelsheim.



Le parcours « allie la richesse du patrimoine historique à l’histoire de l’énergie électrique issue notamment du Rhin, véritable trait d’union du circuit ». Nous devrions partir de Fessenheim, mais c’est depuis Neuf-Brisach que nous nous mettons en route. D’abord, un arrêt dans les remparts, avec la visite d’une des huit tours bastionnées. Celle des Beaux-Arts en l’occurrence. Comme ses sœurs, elle aurait pu abriter un demi-millier de soldats. En décembre dernier, la commune inaugurait en grande pompe une autre tour rénovée, elle aussi destinée aux événements culturels et festifs. Les sculptures animalières géantes à l’extérieur ont été défraîchies par le temps et les intempéries, mais forcent toujours le respect. La Porte de Belfort, la seule qui ne comporte pas de route, donne sur la reproduction artistique de la péniche de Marckolsheim qui avait coulé en son temps.




A l’heure de l’apéritif, nous nous arrêtons à la brasserie St-Alphonse de Vogelgrun. Je suis intrigué par l’architecture du bâtiment. Joël Halbardier, le patron, me donne l’explication ; c’était la salle des fêtes du village rhénan. Joël est originaire de Belgique. Son père est arrivé dans le pays de Brisach par la métallurgie. Lui-même est ingénieur en mécanique, mais passionné de bière depuis longtemps. Il brassait d’abord pour son plaisir. Dans les années 2000, St-Alphonse était l’une des quatre micro-brasseries en Alsace. Elles sont une soixantaine aujourd’hui. Dans la bande rhénane, on produit 4000 litres par jour. 2020 s’annonçait exceptionnelle. Malheureusement , la Covid-19 a sévèrement frappé la profession. 70.000 litres ont été jetés au printemps par St-Alphonse. Et Fessenheim s’éteint. Heureusement, les CHR sont restés fidèles. Mais il a fallu leur nettoyer les installations pour la pression. C’est par le service que Joël a même gagné des clients. Il remercie aussi la grande distribution qui ne l’a pas lâché.






Dans l’espace de vente pendent des sorcières. « Pour conjurer le mauvais sort », plaisante Joël, qui regrette les manifestations festives de Neuf-Brisach. Ce n’est pas le territoire d’ailleurs qui fait vivre la brasserie. Depuis le temps, le brasseur s’est fait connaître dans la région. Désormais, il va pouvoir revoir les touristes, notamment à l’occasion des visites guidées de l’office de tourisme. Pour la dégustation, on repassera.

Pour le déjeuner, étape au Caballin, un établissement familial dans la réserve naturelle de l’Ile du Rhin. Une pause en terrasse, côté parking, mais une savoureuse tarte flambée escortée d’un verre de blanc. www.hotellecaballin.com 





C’est maintenant que la randonnée cyclo commence avec le franchissement de la frontière et un passage à Breisach. Courte escale
à l’embarcadère Rheinuferstrasse pour une visite express du FGS Napoleon. Les croisières ont repris sur le Rhin mais le public se fait encore attendre. www.bfs-linie.de




Nous voilà désormais en route sur la rive droite du Rhin, un long arc de cercle semi-ombragé. Nous sommes deux, nous avons l’opportunité de discuter sur le chemin caillouteux tout en considérant l’espace préservé. En solitaire, ça me paraîtrait interminable, surtout que le chemin est plat. A ce stade-là, je me déplace toujours sans assistance électrique, alors qu’il suffisait de la solliciter pour avancer plus vite…



L’après-midi est bien entamé quand nous repassons par la frontière. Le pont de Hartheim inauguré naguère par Jacques Chirac… 50 ans plus tôt démarrait la centrale hydroélectrique de Fessenheim, devant laquelle nous passons. Bientôt paraît la Maison des Énergies, musée EDF de 700 m² emporté par la cessation d’activité du CNPE.
Au cœur du célèbre village, un arrêt est prévu dans un autre musée, Schoelcher. Du nom du parlementaire parisien qui œuvra pour l’abolition définitive de l’esclavage, dont les racines sont à Fessenheim. Faute d’information donnée de vive voix, nous poursuivons notre chemin vers Balgau, le village natal de mon père. Jusqu’à Heiteren, le bonheur est dans les champs. La bergerie de mon oncle, un vieux Peugeot D3, le maïs, la soif et le soleil… Nous n’espérons plus passer sous l’arroseur agricole quand nous sommes exaucés à l’approche d’Algolsheim… Un instant fraîcheur dans l’effort qui nous a fait transpirer.






La dernière étape du voyage nous attend de nouveau dans les fortifications de Neuf-Brisach. Les abords ne sont pas enchanteurs, mais le lieu est jubilatoire : le Mausa Vauban. Jeune musée vivant d’art urbain et de street art. Grâce aux artistes internationaux qui ont colorié ses voûtes, ce haut lieu de l’expression artistique fait de la cité de Vauban une destination culturelle enviable.
www.mausavauban.fr / www.mausa.fr







Le périple s’achève à peine plus loin, à l’office de tourisme. Aurélie et moi venons de passer neuf heures ensemble. Nous aurons parcouru une soixantaine de kilomètres au pays de Vauban, sur des vélos à assistance électrique. Une incongruité quelques jours après la mise à mort de Fessenheim.






La BL 780 est l’une des 55 proposées par le collectif Alsace à Vélo, des tracés de 20 à 50 km à accomplir à la demi ou à la journée autour d’une thématique forte et au départ d’une eurovéloroute.
www.alsaceavelo.fr





1 commentaire:

  1. �������� Quel talent �� Quesque j'aimerais avoir ta plume ������

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