Valérie |
La dernière fois que j'étais entré dans le bâtiment, c'était pour un achat de dépannage alimentaire chez l'épicier turc. Depuis le 12 novembre, l'ancienne supérette a fait place à un commerce de tissus et de réparation de machines à coudre. C'est l'univers de « M. Grimm », Stéphane Armao, et de sa conjointe Valérie. Depuis la mi-avril, l'endroit est redevenu accessible au public, car maillon local de la chaîne du masque sanitaire.
Stéphane
est un expert de la machine textile. Son dada, ce sont les machines à
coudre d'un certain âge, qu'il remet en route quand elles tombent en
panne. Il ne manque pas de travail.
Des bénévoles de la Croix-Rouge des Trois-Frontières et Stéphane |
Le 15 mars, tout s'était
brutalement arrêté pour Grimm. Commerce non essentiel, il ne
pouvait pas rouvrir. Mais Valérie est couturière et bénévole à
la Croix-Rouge. En quelques heures, le couple s'est résolu à ne pas
rester les bras croisés. Il dispose du tissu, des élastiques et de
tout le matériel pour confectionner des masques quand la France en
manque cruellement encore. Pendant trois semaines, une nouvelle
activité se met en place dans le magasin, la confection. Dans un
premier temps, les gérants qui ont le cœur sur la main fabriquent
et contribuent à réaliser des masques qu'ils distribuent ça et là,
aux personnes âgées de leur village, à une famille en quatorzaine,
aux hôtesses de caisses.
2€50 le masque made in Alsace |
Mais l'entreprise a des charges. Stéphane
obtient l'autorisation d'ouvrir à partir du 14 avril et ne
remerciera jamais assez le maire d'Altkirch par ailleurs investi avec
le conseil départemental. Dès lors, une queue se forme tous les
matins pour chercher masques, matériel et tissu. Une clientèle
essentiellement féminine, comptant de nombreuses couturières. Dans
le même temps, la petite entreprise de Stéphane qui a réussi à
garder sa clientèle haut-sundgauvienne après son départ de
Waldighoffen a augmenté la cadence. Elle produit aujourd'hui
plusieurs centaines de masques en tissu par jour, vendus 2€50
pièce. Le bouche-à-oreille et Facebook ont généré un trafic
inhabituel sur le parking de l'ancien supermarché Farine sur lequel
je jouais enfant. En descendant dans la « caverne aux tissus »,
au sous-sol, je suis étonné de l'espace. Des dizaines de milliers
de mètres de tissus européens y reposent sur 350 m2. Gamin, j'avais
mis mon nez dans le bâtiment en construction, je me souviens presque
de l'odeur de béton. Le supermarché avait pris la place d'un
ensemble comprenant un ancien café-restaurant, un garage désaffecté
et la maison d'habitation au fond...
Depuis, les aventures
commerciales se sont succédé. Grimm a quitté la vallée de l'Ill
pour un site centralisé et plus spacieux dans ma rue du 3e Zouaves
de toujours.
Fabienne |
Depuis
la réorientation de l'activité, les journées de Stéphane et
Valérie sont interminables. Il faut gérer la production avec de
petites mains dont celles de la joviale Fabienne, répondre à la
demande et aux sollicitations de donneurs d'ordre. La confection
artisanale d'Altkirch intéresse des entreprises importantes.
Stéphane est convaincu qu'on est parti pour garder le masque un certain temps. Avec la montée en charge de la production, il n'exclut pas de monter un atelier plus important.
Avec le tissage Emanuel Lang voisin de quelques kilomètres, le pôle textile sundgauvien reprend des couleurs. Une éclaircie dans le ciel tourmenté du Sud-Alsace.
Grimm Machine à coudre à ALTKIRCH (68)
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Caroline Jaegy est graphiste. Depuis 20 ans, elle place son trait d'humour dans la presse jeunesse et adulte. Caro commet régulièrement des dessins autour du masque. Elle participe à la grande chaîne solidaire contre le Covid-19.
Caro |
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