« On a tous un rapport avec la
croix, qu'on soit croyant ou non. L'incendie de Notre-Dame de Paris
aussi a interpellé le plus grand nombre. » Depuis quelques
années, l'équipe de la Pastorale du tourisme et des loisirs de la
communauté de paroisses de la Hardt aux Collines propose une
randonnée sur le chemin des croix le Vendredi Saint. Ce matin,
c'était à Obermorschwiller, à quelques kilomètres d'Altkirch.
J'ai stationné à proximité du stade de football, animé ce jour, pour rejoindre le public déjà rassemblé au cimetière. Une tête familière à Obermorschwiller, Damien Foltzer. Le temps ne semble pas avoir d'emprise sur cet ancien professeur, plasticien, défenseur des campagnes, historien du patrimoine. C'est lui qui va emmener le groupe et l'instruire de ses doctes anecdotes, avec des pointes d'humour et de nostalgie. Au voisinage de l'église du XVIIIe mais dont le clocher fortifié date de 1267 et de tilleuls imposants qui valent à eux seuls le détour, nous sommes devant la croix de mission. Elle avait été façonnée après 1860, comme ses deux sœurs présentes sur le ban communal, avec du calcaire local. A l'époque, il fallait rechristianiser les territoires ruraux. A côté de cette croix avec Marie-Madeleine, une autre plus petite et le monument aux morts avec Jeanne d'Arc. « La Commune reconnaissante à leurs tombés (sic) ».
J'ai stationné à proximité du stade de football, animé ce jour, pour rejoindre le public déjà rassemblé au cimetière. Une tête familière à Obermorschwiller, Damien Foltzer. Le temps ne semble pas avoir d'emprise sur cet ancien professeur, plasticien, défenseur des campagnes, historien du patrimoine. C'est lui qui va emmener le groupe et l'instruire de ses doctes anecdotes, avec des pointes d'humour et de nostalgie. Au voisinage de l'église du XVIIIe mais dont le clocher fortifié date de 1267 et de tilleuls imposants qui valent à eux seuls le détour, nous sommes devant la croix de mission. Elle avait été façonnée après 1860, comme ses deux sœurs présentes sur le ban communal, avec du calcaire local. A l'époque, il fallait rechristianiser les territoires ruraux. A côté de cette croix avec Marie-Madeleine, une autre plus petite et le monument aux morts avec Jeanne d'Arc. « La Commune reconnaissante à leurs tombés (sic) ».
Quelques mètres plus loin, l'entrée
de l'église dédiée à Sébastien, un des saints pesteux, dont la
porte est flanquée de deux croix. Un projet d'auvent avait été
engagé, mais rejeté par la population. Restent ces croix, dont
celle de droite d'un sculpteur naïf. Par le Paradiesecka (rue du
Paradis), nous montons vers une croix de bois promise naguère par un
aïeul du maire, si ses trois fils incorporés de force rentraient de
la guerre. Deux d'entre eux sont revenus de loin, Jacques de Tambow
et Jean-Pierre d'une désertion en Crimée. Le dernier, Joseph,
aurait pu tomber en France. Un ex-voto restauré dans les années 60.
Nous avons quitté le village,
traversant le champ et caressant au passage deux ânes dans leur
parcelle. Damien se pose près d'une croix de chemins, sans Christ.
Ici passaient les voyageurs de Luemschwiller vers Bâle et de
Mulhouse vers Altkirch. Routes de marchands et d'ouvriers.
A chaque halte, un court texte est lu
qui appelle à la méditation. « A la croisée des chemins,
cette croix est aussi un asile. »
Le point culminant de la sortie est à
362 mètres. Nous sommes à la porte de Steinbrunn. Un oratoire bleu
derrière un banc. La Vierge aux Roses Petit Bois. Depuis ce site, il
nous est donné de voir «le Sundgau dans toute sa splendeur ».
Aucune construction en vue, si ce n'est le lointain clocher
d'Obermorschwiller, des champs et des bois à perte de vue, les Alpes
de l'Oberland bernois quand le temps le permet. A ce moment, l'Ave
Maria de Brassens se fait entendre, auquel répond un Ave Maria
improvisé par le groupe.
L'heure tourne. Le parcours est
écourté par la croix de Semetten, qu'on peut prolonger par la voie
romaine Mandeure – Kembs. Où il est fait mention d'un abbé de
Lucelle natif d'ici mais contraint à la démission en 1597 pour
inconduite. Les hommes n'étaient pas meilleurs hier. Cette croix,
identique à celle de l'église et à la troisième dans un
lotissement, avait été en morceaux il y a une vingtaine d'années.
« O toi qui passes sur le chemin, contemple ma douleur »,
rapporte le prophète Jérémie. Mais cette même croix rassure aussi
le croyant : « ta place est prête avec Marie de
Magdala ».
Deux heures trente ont passé sous un
ciel de fin de printemps. Entre deux calvaires, Damien aura attiré
l'attention sur la transformation des paysages par l'agriculture
intensive. Un arrêt encore en plein chemin pour désigner le loess,
la roche sédimentaire d'origine éolienne utilisée dans le torchis
des maisons à colombage, matériau de la célèbre tuile
Gilardoni, alliée des agriculteurs enfin.
Mais nous voilà de nouveau sur la
route goudronnée. D'autres croix se dresseront sur le chemin du
retour. Liées à une heure d'homme, mais lien intemporel entre la
terre et le Ciel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire