8 juillet 2025

CES ENTREPRENEURES QUI VOIENT LA VIE EN VOSGES







Il y a 6O ans, la loi du 13 juillet 1965 donnait aux femmes le droit d'ouvrir un compte bancaire et de travailler sans l'autorisation de leur mari. C'est cette date fondatrice que le conseil départemental des Vosges a rappelé pour mettre à l'honneur des cheffes d'entreprise d'aujourd'hui en "affirmant la volonté de poursuivre l'élan". Un accueil presse a été organisé à cette fin en juin en présence de François Vannson, président de la collectivité. 



Quelques jours plus tôt, Cynthia Weber représentait les Vosges à Matignon, lauréate du Concours national 101 femmes entrepreneures, "celles qui avancent pour la France", une initiative du gouvernement et de Bpifrance. Cynthia Weber a pris le virage de l'entrepreneuriat en 2020, en créant Les Fées Mères, une activité de "bougies gourmandes" à Charmes. La jeune femme voulait être actrice de son territoire. Elle elle emploie désormais 10 personnes et distribue ses produits dans plus de 500 points de vente. 2025 lui a déjà apporté 5 trophées.
www.les-feesmeres.com .



Photo DR


Dans le Grand Est, l'entrepreneuriat féminin représente près de 30% des créations d'entreprises. "Dans les Vosges, les femmes s'imposent dans des secteurs parfois très masculins, avec une énergie et une vision qui enrichissent le tissu économique, se réjouit François Vannson. Elles incarnent la force, la résilience et l'innovation". La dizaine de cheffes d'entreprise mises en avant récemment ont au moins un point commun: elles sont partenaires de la marque "Je Vois la Vie en Vosges", créée en 2009 par le conseil général. Un slogan qui fait mouche. En 2024, CSA observait que 94% des Vosgiens connaissaient la marque, 29% des Français en avaient entendu parler, avec une très forte adhésion. 350 partenaires sont derrière elle, qui œuvrent  à une meilleure visibilité et un attrait renforcé du département. "Un territoire qui ne communique pas est invisible" justifie Catherine Voirin, directrice de la communication du CD 88




Les entrepreneures rencontrées travaillent dans des domaines très divers, de la confiserie au BTP en passant par les solutions de traitement de l'eau. Parmi elles, Sarah Teulet, artiste sérigraphe, l'illustratrice de la marque "Je Vois la Vie en Vosges". Elle s'est spécialisée dans la sérigraphie et s'inspire souvent de photos prises à l'occasion de sorties. Elle a installé son atelier à Saint-Dié. 



Depuis Epinal, Mélanie Glibusic pilote Mgib, un cabinet d'ingénierie optimisant les espaces intérieurs des bâtiments industriels et logistiques et propose un coworking inspirant dans une bâtisse haussmannienne avec  I-cone.  

Quant à Marjory Cannone, une autre Spinalienne, elle sait mieux que quiconque parler des IA, elle qui fonda le Datalab de la Gendarmerie nationale. Sa startup Spinalia met les entreprises à la page en Intelligence artificielle dans un cadre en pleine nature. 




Toutes volontaires, novatrices, capitaines "déterminées à faire bouger la ligne bleue des Vosges" comme un seul homme. 








www.spinalia.fr   

www.eways.fr 

  www.afonsosas.com 

 https://lorsolaire.fr/  

www.le-jacquard-francais.fr  

 www.cdhv.fr 

 https://sarahteulet.com  

 https://mg-ib.com/  

 www.epinalhotellafayette.fr  

 www.hotel-lechapitre.com .





7 juillet 2025

LALARGUE FAIT SON TROU DANS LE PAYSAGE GOLFIQUE





 Il a connu des hauts et des bas depuis sa création en 1989. Le golf de la Largue repart sur de nouvelles bases. 




Avec ses 77 hectares, le golf au cœur du Sundgau n'est pas vaste  mais revendique le  plus grand club-house de France avec ses 3500 m2. Depuis le printemps, il est rouvert. Les membres avaient été les premiers à retrouver le parcours en septembre dernier. Six mois plus tard, c'était le tour des non-membres. 



Cédric Monchaux et Pascal Useldinger

L'ancien directeur général Pascal Useldinger est aux commandes de LaLargue Golf Resort depuis un an et demi, à charge pour lui d'en faire une destination golfique de premier plan et dans la culture de l'excellence. La promesse : "votre lieu refuge au cœur de la nature idyllique de l'Alsace". Le 18 trous, The Reach, a fait l'objet d'une remise en état impeccable après avoir été malmené par l'abandon. Le site de Mooslargue a été racheté par des investisseurs kosovars, en l'occurrence MSI, N°1 de la construction au Kosovo. On se souvient que LaLargue avait aussi  un projet hôtelier. Il n'a jamais vu le jour. Mais la société Prinvestisse qui l'exploite annonce une vingtaine de chalets. L'hébergement  sera alors un vrai plus pour la communauté golfique, forte aujourd'hui d'une centaine de sociétaires. A terme, la direction se fixe 300 membres, en espérant attirer de nombreuses entreprises. Pascal Useldinger sait pouvoir compter sur son adjoint Cédric Monchaux, responsable commercial, pour faire (re)vivre ce paradis vert qui offre un écrin idéal au réceptif, aux séminaires, aux mariages et un restaurant au calme. 











Visite de presse avec Valérie 



4 juillet 2025

FESSENHEIM ENTRE TOURISME INDUSTRIEL ET PREDEMANTELEMENT


#visitalsace 



Photo EDF



En 40 ans de métier, je n'avais jamais eu l'occasion de visiter la centrale nucléaire de Fessenheim. C'est chose faite, une expérience inédite, grâce à Alsace Destination Tourisme et sa proposition "Vos dîners insolites". Pour cette première dans l'ex-CNPE, beaucoup de demandes mais seulement 180 convives en 3 jours.



Photo EDF



Vendredi 27 juin. J'ai le privilège, avec Bärbel une consœur allemande, de figurer dans le groupe inaugural de la "marche gourmande insolite" à la centrale. Nous sommes une quinzaine, accueillis par Laurent Jarry, directeur du site et du projet démantèlement. Il est important pour EDF de montrer le travail accompli par ses équipes depuis la mise à l'arrêt définitif. L'unité de production 1 avait été stoppée le 22 février 2020. L'UP 2 le 29 juin. En 43 ans, Fessenheim aura produit 448 milliards de kWh, l'équivalent de 30 ans de consommation électrique de l'Alsace. C'était un des plus petits sites nucléaires français, 100 ha dont 30 de bâtiments, mais "le plus vert" du parc. Il reçoit annuellement 1500 visiteurs avant le démarrage du démantèlement courant 2026, quand le décret sera signé. Dès lors, 15 ans ne seront pas de trop pour faire table rase d'un passé industriel et évacuer 400.000 tonnes de déchets. Depuis l'été 2022, le site est quasiment débarrassé de sa radioactivité. L'uranium usé a été enlevé dans des délais record.

Sans  turbines, Fessenheim n'est plus en mesure de produire de l'électricité. Mais nous appliquons les règles d'entrée que subissent toujours les personnels dans le BAP, bâtiment d'accès principal. Nous suivons Sébastien, guide conférencier d'Exirys, société de communication industrielle. Il maîtrise son sujet. Dans ses pas, un ancien collaborateur de la centrale qui va recouvrer ses souvenirs. En janvier  2018, Fessenheim comptait 737 salariés pour 350 intervenants extérieurs permanents. Lors des visites décennales, les effectifs pouvaient atteindre 2000 personnes. Désormais, elles sont une centaine.

Avant de pénétrer dans l'espace industriel, nous longeons la fresque de 1997. C'était pour les 20 ans. Première halte dans l'ancien atelier mécanique qui recevra demain des déchets de faible et moyenne activité. "Côté Cuisine", le restaurant de Hirtzfelden, assure le parcours gustatif. Nous l'entamons aux bouchées "électriques" (sic).




Après cet apéritif, nous sommes prêts à entrer dans la salle des machines, un immense bâtiment qui abritait les 2 groupes turboalternateurs. Nous gravissons 88 marches pour nous élever à plus de 15 m du sol. Il y a 5 ans, un inventaire industriel d'ampleur a donné d'extraire 180 lots réutilisables. 30 M€ revalorisés. La centrale est devenue un magasin de pièces de rechange. Dans ce type d'industrie, de nombreux équipements sont dupliqués, pour ne pas interrompre le process. Puis l'endroit le plus attendu de notre chemin technique, les salles de commandes, rétrogradées en salles de surveillance. Dans leur jus seventies, elles sont sous la responsabilité d'une société externe. Le mégawattmètre affiche 0. Le jour de l'arrêt final avait marqué les opérateurs. Les pupitres comptent de nombreuses commandes neutralisées. Il y avait toujours une présence humaine dans ce lieu. La visite se poursuit dans une atmosphère toujours chaude, au voisinage d'un village de nids d'hirondelles et de faucons crécerelles. Un éclair salé au saumon plus tard, nous montons au canal d'amenée qui nous donne de voir la centrale hydroélectrique. Emmanuel Waltisperger et son second préparent une grillade conviviale à proximité d'une friche où un restaurant a été démoli. Après Fukushima, Fessenheim s'était doté d'un bâtiment d'appoint ultime, permettant de puiser dans la nappe phréatique en cas de rupture de la digue du canal d'Alsace. La centrale était taillée pour résister à un séisme de 6,7 sur l'échelle de Richter, 2 fois Bâle au XIVe siècle.



Photo EDF



Non loin de là nous distinguons les générateurs de vapeur, en instance de départ. La sortie se profile, avec les unités de formation. Le CNPE disposait du premier simulateur de France, qui devrait enrichir le patrimoine Electropolis.
La visite s'achève par les sorbets tirés d'un chariot de fête foraine, tandis que le soleil décline. C'est l'occasion d'échanger ses impressions autour d'un cornet, quand le deuxième groupe nous rejoint. En regagnant le bâtiment d'accueil, EDF nous indique les ombrières du parking, un investissement de 2024. 
Fessenheim ne produit plus d'électricité d'origine nucléaire mais reste raccordé au réseau pour sa propre consommation. Le CNPE n'est plus, le démantèlement va l'effacer mais c'est un site bien vivant qu'il nous a été donné de traverser, dans un état post-production impeccable, propre et rangé. Un ancien me glisse que le site rhénan était toujours exemplaire. Raison pour laquelle le sentiment de gâchis est souvent exprimé par les visiteurs, constate notre guide. 




Photo EDF




Photo Bärbel Nückles 


3 juillet 2025

LIFE IS VANLIFE !




L'autodrome du Musée national de l'Automobile - Collection Schlumpf va vivre une fin de semaine inédite ces 4, 5 et 6 juillet. Un nouvel événement, Alsace Vanlife Festival, vous emmène dans l'univers du voyage itinérant. 


Organisé par l'équipe des salons Made in Alsace en partenariat avec un couple on the road, ce rendez-vous de plein air célèbre la liberté de voyager, l'esprit nomade et les rencontres conviviales. Un espace bivouac permet à certains de s'y poser avec leur véhicule aménagé. C'est un carrefour festif, de partage avec des passionnés de grands espaces, avec des animations originales  comme utiles avec un expert de la survie qui vous apprend à faire du feu et à tirer le meilleur parti du couteau suisse.



Nicolas Morvan est l'organisateur des salons du fabriqué en Alsace. Comme il pratique aussi le véhicule de loisirs, il s'est mis en tête de lui dédier une manifestation colorée , la première dans le nord-est, quand Mulhouse nous a déjà habitués au salon du camping-car, mais commercial celui-là. Au festival de l'autodrome on ne fera pas l'impasse bien sûr sur le marché du van, qui séduit une clientèle de plus en plus nombreuse. Dès lors, les véhicules se multiplient sur les routes, pas toujours les bienvenus. Mais Nicolas sait compter sur Audrey et Steve, qu'il a rencontrés l'an dernier. Ce charmant couple de trentenaires de la vallée de la Thur a fait le choix de renoncer à l'appartement pour vivre sur la route depuis  8  ans. Ils peuvent se le permettre professionnellement, comme ils travaillent dans le digital. Des panneaux solaires sur le toit de leur  Citroën  vintage alimentent leur bureau roulant. Un C25 de 1988 assemblé par Bürstner à Wissembourg. Et réaménagé à leur goût, avec un mini-poêle à bois




On y rencontre un chat noir, Rico, recueilli en Espagne et depuis compagnon de voyage. Audrey et Steve alias Les Manalas ont fondé l'association En route pour demain, prônant un road trip durable. Forts de leur expérience, ils savent que la pratique doit être encadrée. Ils animent ainsi des conférences et préparent le terrain aux candidats à la vanlife. Mais Steve souligne que son  Bubble (le C25) ne bouge pas tous les jours. Qui veut aller loin ménage son van. Mais sans jamais regretter son divan. 







2 juillet 2025

EMILIE CLAUDEL, UNE HOTELIERE QUI A DU COFFRE








Le conseil départemental des Vosges a organisé en juin un accueil presse dédié aux cheffes d'entreprises partenaires de la marque "Je Vois la Vie en Vosges". Une dizaine d'entrepreneures ont été mises en avant, dont Emilie Claudel, qui nous a ouvert ses deux établissements à Remiremont et à Epinal.




Mur de pendules à coucou



A 23 ans, Emilie Claudel dirigeait déjà deux établissements de standing à Chamonix. Dans les Vosges, elle s'occupe d'un groupe familial local engagé dans le tourisme d'affaires durable et de bien-être. A Epinal, c'est le "Lafayette", un hôtel restaurant 4 étoiles né d'une volonté politique. Philippe Séguin avait posé la première pierre en 1989 et y avait ses habitudes ensuite. Un établissement premium concourt à l'attractivité d'un territoire, surtout dans sa zone économique. Ces dernières années, Emilie avait engagé un projet audacieux en pleine pandémie, convertir les locaux de la Banque de France de Remiremont en hôtel de prestige. La bâtisse avait été fermée fin 2020. Elle offre aujourd'hui ses murs centenaires à un hôtel de 26 chambres et suites, son restaurant bistronomique et surtout son spa de 850 m2, le plus grand du département, sans oublier le rooftop. 






Les deux hôtels de la famille Claudel sont sous marque Best Western. Emilie est membre du conseil d'administration de la coopérative et occupe d'autres fonctions dont la présidence du Club hôtelier d'Epinal. C'est dans ses établissements que les entrepreneures emblématiques du renouveau économique vosgien ont été mises à l'honneur en présence de François Vannson, président du conseil départemental.




 Le must derrière les barreaux de l'ancienne banque aura été le dîner dans la salle des coffres, décorée de sculptures Picsou.










Emilie Claudel et son équipe du Chapître. Photo DR




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28 juin 2025

LES DERNIERES NOCES DU FIGARO DE MODENHEIM





Le 52, rue de Sausheim, à Illzach devait  connaître une animation inédite  ce samedi 28 juin. Jacky Albisser ferme définitivement le salon familial  "Arthur & Lisa". Tristesse pour la coiffure de maître, mais "célébration" pour le propriétaire  qui ne va pas aspirer pour autant au repos du retraité.


Jacky a toujours communiqué, me confie-t-il, lui qui est venu vers la presse pour ce nouvel événement. Dommage de faire sa connaissance maintenant qu'il baisse le rideau, car c'est un personnage qu'il faut avoir rencontré dans l'agglomération mulhousienne. Sous ses airs de papy malicieux, voilà un entrepreneur infatigable, visionnaire, moderne et humaniste. Enraciné dans son quartier de Modenheim. 

Lisa Kempf avait ouvert la saga familiale au cœur de Mulhouse en 1937. Rapidement elle s'installa à Illzach, coiffant dans sa maison. Dans les années 60, le salon prit ses quartiers définitifs rue de Sausheim, en face du parc, sur une artère. Lisa avait embarqué sa fille Danièle. Son petit-fils Jacky connaissait le shampooing tout enfant. Il ne pouvait pas échapper au métier. Plus tard, il allait chercher des francs suisses de l'autre côté de la frontière. Mais en 1979, il créa "Frimousse" et sa génération à Mulhouse. Un concept novateur, audacieux, coloré, bousculant les codes du salon traditionnel avec des coupes en rapport avec l'époque, des horaires incroyables, un décorum décoiffant. La clientèle vieille garde s'en détacha mais une autre naissait. Jacky fit le show aussi à la Foire de Mulhouse au risque de porter ombrage aux autres exposants de l'artisanat.
En 1985, il reprit l'affaire familiale d'Illzach qu'il allait rebaptiser "Arthur & Lisa", en hommage à ses grands-parents. Jacky est donc un communicant. De l'enseigne à la décoration intérieure, il sait faire. A l'époque, il avait même utilisé les voitures comme supports publicitaires. Il ouvrit ensuite "Frimousse" à Altkirch, dans les murs de mon premier coiffeur, le doux Raymond Grentzinger.  Mais le maître coiffeur de Modenheim impliqué dans diverses organisations, comme la corporation sundgauvienne qu'il aura dissoute et les prud'hommes, a découvert un autre monde en ouvrant un salon à l'hôpital. Ici, point de futilité à affronter dans une clientèle d'abord  patientèle à Emile-Muller.  Il allait trouver un sens plus noble à son travail en redonnant des couleurs à des personnes en souffrance. Il se spécialisa alors dans les prothèses et corrections  capillaires et l'importation de perruques et devint encore le coiffeur des seniors avec la marque Bleu Blanc Gris. Son activité perdure dans plusieurs maisons de retraite,  du Haut-Rhin au Doubs. Soucieux du confort de ses têtes à  coiffer,  Jacky a réussi à coréaliser  un fauteuil pour  les personnes âgées, mais financièrement impossible à lancer à son niveau. 

Juin 2025 marque la fin de la maison familiale de Modenheim, faute de repreneur. Jacky se dit triste de ne pas avoir trouvé la continuité et pointe un "métier en galère". Le volubile coiffeur me désigne un tabouret. C'est sur lui qu'il se hissa minot pour toucher les clients de ses ascendantes. Six décennies plus tard, Jacky envisageait  de remonter dessus pour son discours d'adieu. Mais qu'on ne se fasse pas de cheveux pour lui qui manie moins le ciseau depuis longtemps mais  reste  très actif pour  embellir et redonner confiance à ses contemporains. 




17 juin 2025

LE PATRIMOINE SNCF SUR LE PONT





Train rime avec incertain. A Mulhouse, "L'Aventure du Rail" est arrivée en avance à son terminus le 15 juin en raison de l'alerte aux orages. Deux représentations perdues sur six. C'était pourtant l'événement de l'année rue Alfred de Glehn. 



Les spectacles de plein air sont à la merci du ciel. Nous avons eu l'honneur d'inaugurer la création vendredi vers 18H10 alors que Mulhouse transpirait sous le soleil de juin. La chaleur explique peut-être les gradins pas tout à fait remplis et pour le volet "lumière" de "L'Aventure du Rail", nous aurons apprécié celle de ce jour ensoleillé. Nous n'aurons pas manqué une miette cependant de l'histoire. 

En 1971, Mulhouse découvrait le Musée français du chemin de fer. En 2005 naissait la Cité du Train. Pour la traction, un non cheminot mais un capitaine qui allait durablement insuffler une nouvelle énergie à la plus grande collection ferroviaire d'Europe, Sylvain Vernerey. Un manager qui sait bouger les matériels et les hommes. Devenu ferrovipathe au fil du temps, il rêvait d'un grand coup pour son environnement. L'an dernier, la route de Sylvain croisa celle d'un visiteur, Julien Clugery. Ainsi démarra le projet de "L'Aventure du Rail". Une production grandiose pour marquer les 20 ans de la Cité du Train. Une rétrospective théâtralisée du chemin de fer. Avec les outils actuels comme les murs d'images, l'interprétation humaine et surtout des figurants massifs, 5 matériels représentatifs du patrimoine SNCF. 




Dans "L'Aventure du Rail", la scène valorise un équipement de première importance mais méconnu ou ignoré du grand public habituel, le pont tournant. Cet outil porte une partie du spectacle, car sans lui, impossible de faire entrer ou sortir les stars d'acier, de plus  dans une synchronisation remarquable. Tour à tour se succèdent la vapeur Crampton de 1852, l'autorail Bugatti, la BB 9004 du record du monde de vitesse en 1955, une voiture du TEE (le grand standing entre Paris et Amsterdam dans les Trente Glorieuses) et la locomotive TGV du record de 2007 à près de 575 km/h. Pour (re)donner vie à ces matériels roulants, Julien Clugery a posé des personnages en rapport avec l'époque. 150 ans d'histoire ferroviaire vont défiler en 1H15 dans un voyage orchestré par un animateur, Chronos, le guide du temps remonté. Yannick Vabre campe un maître des horloges qui n'est pas avare de jeux de mots en rapport avec le train; il s'agite comme un sémaphore, lunettes de conducteur de loco à vapeur du plus bel effet pour le chauffeur d'arène qu'il est d'abord. Or le départ du spectacle est aussi ennuyeux qu'une rame qui ne s'ébranle pas à l'heure, dans un tintamarre et une collision d'images. Mais bientôt, les autres comédiens entrent sur le plateau. Place au théâtre. L'écriture propose une histoire d'amour comme fil conducteur. Un homme, Marcel, une femme, Blanche. Et un tiers. Les amants échangent au plus près du matériel tiré ou poussé par un locotracteur.
Sylvain Vernerey, tout directeur général qu'il est, sait conduire l' Y 7108 bariolé, tandis que passe de temps à autre un tramway jaune ou un TER, le musée jouxtant la ligne Mulhouse - Strasbourg.




Les comédiens sont convaincants qui reproduisent l'Ettore Bugatti autoritaire  qu'on appelait le "Patron" et s'amusent du conducteur de TGV qui tient la correspondance entre ses mains. Chaque tableau est consacré à un élément roulant et le metteur en scène a eu la bonne idée de compléter son propos de musique en appelant des danseuses. Du cabaret parisien aux années 2000 en passant par les seventies. Du rythme, de la couleur, de la joie. On nous avait promis un spectacle plein d'humour, pour toute la famille, pour le plaisir des yeux, sans temps mort. Passionné de chemin de fer, j'ai eu les yeux davantage rivés sur les rivets des matériels que sur les froufrous des demoiselles de cancan. Mais cette histoire qui tient les rails m'a touché. Parce qu'en vieux routier du compartiment, je sais combien le train est promesse d'aventure et de belles rencontres.












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