10 mai 2025

CATHOS, BOBOS, JEUNES AMANTS ET VIEILLES PIERRES





A l'affiche en ce moment 










Herrade von Meier est à l'affiche du film "De mauvaise foi" sorti sur les écrans français le 7 mai. La comédienne tient enfin son premier grand rôle au cinéma. Et la tournée de promotion s'est achevée le 9 à Altkirch, sa ville natale. Le Palace Lumière a rempli la grande salle à l'occasion de cette projection - rencontre qui a ému l'actrice.



Sélectionné au Festival de l'Alpe d'Huez dédié à la comédie, "De mauvaise foi" est produit par Saje, promoteur d'œuvres en rapport avec le témoignage chrétien. Le tournage a eu lieu l'été dernier, 27 jours de travail entre Dijon et Paray-le-Monial. Herrade (Blandine)  donne la réplique conjugale à celui  qu'elle considère comme l'un des meilleurs acteurs français du moment, Pascal Demolon (Réginald), "assurément" à l'aise dans son rôle de "notaire vieille France" de province. Réginald et Blandine sont châtelains dans cette Bourgogne riche de vieilles pierres et de spiritualité. Ils ont une fille, Athénaïs (Romane de Stabenrath), convoitée par un jeune loup prétentieux, Eliott 
(François-David Cardonnel). Deux mondes s'opposent. Celui de l'éducation dans la foi chrétienne  avec bienséance et celui de la réussite tapageuse d'un monde qui écarte les loosers. Réginald et son break Volvo versus Eliott  en Tesla rouge. Les tenants d'une tradition gastronomique et les antispécistes végétaliens.Les catholiques et les athées. 


Le film réalisé par le jeune Albéric Saint-Martin est adapté du roman "Les pieuses combines de Réginald". Voilà un officier ministériel propriétaire d'un château aussi étanche qu'une passoire avec une chapelle dévastée. De coûteux investissements s'imposent. Avec son associé Edmond (Philippe Duquesne), cet auxiliaire de justice madré va se donner les moyens de sauver son patrimoine. Les ingrédients de la bonne comédie française sont dans la recette avec des personnages originaux, un héritage de comtesse, deux prétendants pour une demoiselle et des gags comme les cônes de signalisation pour privatiser le stationnement et le déconnant système d'arrosage connecté. Désirée par Eliott, l'homme aussi pressé que les GAFA son univers, Athénaïs séduit bientôt  Arthur (Jean-Baptiste Lafarge), portraitiste talentueux. Cela rappelle "Titanic" avec la jeune fille tiraillée entre la fortune et la bohème. 
Mais c'est encore un film de foi chrétienne. Car pour obtenir la main d'Athénaïs, le candidat doit se tourner vers l'Eglise. Eliott ne croit pas ; Arthur ne sait pas. Alors on embarque tout ce petit monde pour Paray et un pèlerinage inattendu. Le moment peut-être le plus fort pour un chrétien dans ce film, qui restitue la ferveur du culte au Sacré-Cœur. Quant à Herrade von Meier, elle  incarne une maîtresse de maison droite, douce mais suspicieuse envers un mari accaparé par son téléphone. Heureusement, tout se termine comme dans un conte de fée. 

Les critiques pointeront certaines maladresses, je me souviens de cette Comtesse plus alerte que mourante, mais voilà un film qui se vit comme une escapade en Côte-d'Or, qui "fait du bien qu'on ait ou non la foi" me glisse Herrade. 1H34 d'aventures amusantes, touchantes, décalées, loin de l'ultraviolence de nombreux films d'aujourd'hui. Sans scène de douche inutile, sans agapes de couette. Sans cigarette à chaque nouvelle scène, mais une pipe désuète pourtant du meilleur effet comme l'est celle du capitaine Haddock à Moulinsart. Un autre héros qu'incarnerait à merveille Pascal Demolon. 




Herrade von Meier devant la librairie - café Mille Feuilles d'Altkirch


8 mai 2025

LA BOHEME AUX COTEAUX

Théâtre 




DR




La Troupe des Coteaux vient de donner ses dernières représentations le même jour à La Filature, un de ses partenaires. La consécration d'une Scène nationale même si les comédiens amateurs ont joué dans une salle modulable. Leur message a été reçu.

Créée au début de la période Covid, La Troupe des Coteaux est engagée dans le projet pluriannuel Racine(s)  dans le cadre du dispositif Cité éducative aux côtés de La Filature, l'Education nationale et l'Afsco-Matisse. Le 3e volet a été nommé ZUP - Zone d'Urgence Poétique. Sous la direction de la metteuse en scène Mylène Ibazatène.

De l'Afsco au paquebot du Nouveau Bassin, la troupe a fait le grand écart. La ZUP se raconte face au quartier résidentiel mais ce que confie sa jeunesse n'est pas exclusive  aux  Coteaux. Les ados, quels que soient leurs environnements, social, familial et urbain, cherchent leur place et surtout veulent être écoutés et compris.
C'est ce qu'interprète la dernière pièce ZUP créée l'hiver dernier dans son quartier. Mylène Ibazatène a géré un groupe d'une douzaine de jeunes des Coteaux mais aussi d'autres horizons mulhousiens. Des garçons et des filles de 17 à 24 ans, qui ont apporté beaucoup de matière, livrant la vie de leurs immeubles et l'intimité de ces collectifs. Il y avait de quoi tenir la scène pendant 3 heures. On a ramené le spectacle à la moitié, mais le travail d'écriture de Zümra, Eliane et Fatiha s'est transposé en un voyage dense et dynamique dans un monde de préoccupations et de rêves, de démons aussi matérialisés par les chasubles de la costumière Bénédicte Blaison. Les maux  sont  traités avec les mots  mais le texte  évite l'argot de la génération Z et le grand public ne s'en plaindra pas. Les saynètes se succèdent dans ce qu'on devine un quartier, dans le huis clos d'un appartement ou dans l'espace public. Où vivre nécessite de se faire respecter. Anorexie, violences intrafamiliales, harcèlement, addictions, nonchalance défilent, entrecoupés de musique. Les comédiens avaient envie de bouger, danser, voire chanter. En scrollant le quotidien des habitants d'un quartier, tenaillés par leurs portables et en quête d'un monde meilleur. 
ZUP - Zone d'Urgence Poétique est un beau spectacle, drôle, bouleversant, révélateur de talents scéniques. Qui évoquent longtemps après Aznavour  un monde que les moins de vingt ans  ne peuvent pas connaître et finissent en apothéose sur un inattendu Madison après notre immersion dans l'APT. 


Mention spéciale à mon camarade de RTL2 Mulhouse Lucas Fois, qui a souvent été sur scène dans diverses interprétations. Plus qu'un animateur radio, un comédien.

5 mai 2025

LA GUERRE OUBLIEE AU MEMORIAL DE HAUTE-ALSACE


Shakos, passementeries, grenades sur des uniformes colorés




Il fêtera en août sont 4e anniversaire: le Mémorial de Haute-Alsace à Dannemarie se porte bien, à en croire Jacky Sontag, président des Tranchées oubliées, l'association qui le fait vivre avec la Ville. Mais pour faire revenir le public et l'ouvrir à d'autres, il faut toujours créer l'événement.  C'est fait avec la nouvelle proposition  temporaire. 

Pour la saison 2025, les murs de l'ex-usine de scooters Peugeot accueillent une exposition dédiée à la Guerre de 1870 / 71, à l'occasion du 155e anniversaire de son déclenchement. Avec la promesse de présenter des objets "vus nulle part ailleurs".





Ainsi une galerie de mannequins portant des uniformes français et prussiens, des armes et documents pédagogiques sur un conflit oublié, qui aura opposé en quelques mois la France de Napoléon III à la Confédération de l'Allemagne du Nord de Guillaume Ier et Otto von Bismarck. Une courte guerre déclarée par la France en juillet 1870 mais à l'armée inappropriée, l'ennemi opposant l'artillerie à la cavalerie lourde héritée des faits napoléoniens. C'est la guerre oubliée qui érigea Belfort au rang de cité héroïque, elle qui supporta un siège de 103 jours et devint "l'arrondissement subsistant du Haut-Rhin" quand Paris dut céder l'Alsace-Moselle à l'armistice de janvier 1871. Dès lors, la France préparait la revanche des années 1940. 




L'exposition du MHA a été inaugurée en présence du député européen Christophe Grudler, le voisin de Belfort, historien investi dans le démarrage du musée dannemarien. 




Cet été, le Mémorial présentera une deuxième exposition temporaire, consacrée au 80e anniversaire du Débarquement.




29 avril 2025

UN TELEFILM QUI MANQUE DE SEL








Archives personnelles 





"Meurtres à Mulhouse" n'a pas réédité sa performance du 02 octobre 2021 à sa sortie avec 4,8 M de téléspectateurs, mais ce 28 avril  le téléfilm de France 3  a réalisé la meilleure part d'audience du prime (17,5%) avec un peu plus de 3 M, coiffant la nouvelle saison de "Sam" sur TF1. 


Je ne suis pas coutumier de la collection "Meurtres à..." mais s'agissant de Mulhouse, il fallait au moins savoir de quoi il retournait. Il aurait été plus juste de titrer "Meurtres dans le Bassin potassique" mais cela ne situait pas l'action. Et puis les briseurs d'image aiment à rappeler les faits divers mulhousiens. Il fallait donc une ville. Mulhouse avec sa Tour de l'Europe, son tramway jaune, son plateau piétonnier, le Learning Center de l'UHA, l'inévitable Rebberg avec sa maison de maître et la Maison de la Région à côté de la gare centrale. Le Grand Est étant partenaire, comme m2A.
L'antenne régionale a été transformée  ainsi en gendarmerie pour les besoins du téléfilm.

Comme souvent dans les polars français, un binôme homme/femme ou inversement mène l'enquête. La lieutenante de gendarmerie Sandra Bauer (Mélanie Maudran) qu'un gendarme  appelle faussement et quatre fois "Mon lieutenant", est envoyée au Carreau Rodolphe, où le corps d'une joggeuse a été trouvé, un doigt coupé et couverte de potasse ( dans une exploitation muette depuis 1976). Un coup de projecteur sur l'ancien ensemble minier sauvé dans les années 80 par le jeune Ecomusée et le conseil général. Un autre sur le Groupe Rodolphe et ses bénévoles qui perpétuent le souvenir  d'une friche unique en Europe, mais le "gardien" Nicolas Fonge n'a pas la bonhomie des passeurs de mémoire. Il présente même un profil inquiétant. 

L'officière de gendarmerie qui est empêtrée dans un naufrage conjugal et familial n'est guère plus amène. Elle dégaine la garde à vue plus vite que son arme de service et en réglerait presque un compte avec l'avocate  Emilie Kern qui l'avait séparée de son fils. Et voilà que Me Kern est défendue par le frère de l'enquêtrice sur fond de dissensions familiales et de disparition du neveu Bastien trois ans plus tôt.  Le doigt coupé et le sel appellent la légende de saint Nicolas et un détour par la Lorraine St-Nicolas-de-Port.  

Le téléfilm de Delphine Lemoine multiplie les ficelles, de la découverte d'un  puits d'aération au final sur les hauteurs vosgiennes. Mais il faut divertir dans le genre et conclure en 90 minutes. Ce sont ces invraisemblances ou ces raccourcis qui me laissent un sentiment peu enjoué  sur ce produit de télévision qui cumule les happy ends. Et dans lequel ne transparaît aucun accent alsacien évidemment. Le polar n'est pas le 13 H. 

24 avril 2025

A MULHOUSE, LA PLACE DES VICTOIRES SE DEMINERALISE



24 avril 2025



En janvier 2023, la place des Victoires au cœur de Mulhouse était dépouillée de l'Oiseau de feu, la sculpture monumentale en cuivre de Gérard Ramon. Désormais, la fontaine qui le supportait est livrée au marteau de démolition. La municipalité, par les voix des adjoints au commerce et à la renaturation Philippe Trimaille et Catherine Rapp, a officiellement lancé les travaux de réaménagement de ce carrefour fréquenté annuellement par des centaines de milliers de passants. On attendait la transformation pour 2024. Ce sera pour cette année, car les choix ont été décidés de haute lutte entre un adjoint tiraillé par les activités commerciales et sa collègue engagée dans le verdissement de la cité. On a pensé même  à pousser jusqu'à la place de la Réunion, mais on en reste aujourd'hui aux jalons. 


La  place des Victoires est considéré comme un endroit excessivement chaud l'été de par sa minéralité. Demain, elle sera un îlot de fraîcheur avec sa fontaine sèche, ses espaces verts et trois arbres d'essences différentes et résilientes, dont le pin. Des arbres qui ne feront pas de l'ombre (pour l'instant) au grand sapin de Noël. Car la petite place au débouché de la rue Mercière est le seul emplacement pertinent pour le totem des festivités de fin d'année. Un grand sapin place de la Réunion est impensable, compte tenu de l'espace nécessaire.
Ici, il est particulièrement visible. Mais dans quelques années, on n'ira peut-être plus abattre un résineux pour quelques semaines, s'interroge Catherine Rapp.



En attendant, c'est une métamorphose qui se profile d'ici à l'automne, dans le souci du  consensus. La gestation a été laborieuse, à écouter Philippe Trimaille; il a fallu s'entendre entre élus et  avec les commerçants qui pourront garder leurs terrasses, suivre surtout les recommandations des experts de la Ville. 


L'Oiseau de feu s'est envolé. On lui a défait les ailes plutôt. Une page de 40 ans se tourne dans l'hypercentre. Les années 80, c'était hier. Et le Gànsaplàtz, la place des marchands d'oie, est de l'histoire ancienne.

18 avril 2025

LE TROISIEME CHEMIN DE CROIX DE MULHOUSE





"Beaucoup d'hommes veulent être des dieux, un seul Dieu a voulu se faire homme." Pour la 3e année consécutive, la communauté de paroisses Portes de Mulhouse a proposé son Chemin de croix ce matin en marge de l'hypercentre, un Jeu de la Passion itinérant de la Bourse à l'église Saint-Etienne. Plusieurs centaines de personnes ont suivi avec respect les acteurs d'un cortège ouvert par deux cavaliers, encadré par le service d'ordre interne et sécurisé par la police. 







Cette année, le récit a commencé face à la Société industrielle, plus habituée aux rassemblements syndicaux fortement sonorisés. Le Chemin de croix a réuni plus de monde que bien des contestations sociales. C'était un des objectifs des organisateurs, redonner le sens premier du Vendredi saint, faire mémoire de la mise à mort du Christ. Catholiques, protestants et orthodoxes ont cheminé ensemble dans le périmètre urbain, marquant l'arrêt pour chacune des 14 stations que reproduisent nos églises. De la condamnation à mort à la mise au tombeau. Les comédiens, renforcés de la section théâtre de Jeanne d'Arc, ont évolué sous les cantiques et oraisons, tandis que les suiveurs écoutaient les extraits des Evangiles et les méditations des prêtres. 







Il y a deux mille ans, une foule enserrait la progression d'un supplicié, ajoutant à son calvaire. Ce matin, une cohorte de chrétiens pour la plupart, dans la commémoration. Ces cortèges sont le reflet de ce que nous sommes par rapport aux événements de notre monde. Ils comptent ceux qui accusent, ceux qui pleurent, ceux qui passent leur route. Mais le Chemin de croix de Mulhouse est resté fidèle aux Ecritures. La croix fut un instrument d'atrocité. Pour ceux qui croient, elle fit trépasser la mort. La dernière station s'est tenue dans l'église, qui sera particulièrement sollicitée pendant le Triduum pascal.




 

17 avril 2025

LE TEMPS DES ASPERGES





"Ramassée le matin, dans l'assiette le soir-même." L'asperge d'Alsace a tout pour séduire, surtout si vous l'achetez en direct.

L'Association pour la promotion de l'asperge d'Alsace a lancé la saison 2025 le 2 avril sur l'exploitation de Frédéric Reymann à Niederentzen, un des quarante-quatre membres. Les conditions météo étaient alors  favorables. 






Geoffrey Andna, président de l'association de producteurs



La Confrérie de l'Asperge de Village-Neuf 


L'Alsace, forte de ses aspergeraies, est beaucoup plus consommatrice d'asperges que la moyenne nationale. Mais la filière doit absolument conquérir une clientèle plus jeune pour maintenir  son niveau de production et envisager la croissance. Raison pour laquelle l'association s'emploie à communiquer par tous les moyens sur les bienfaits  du légume primeur, "bon pour la forme et les formes" et le savoir-faire des maisons.





Dominique Krafft et son épouse


Parce que l'asperge peut s'apprécier en diverses déclinaisons, l'association crée par ailleurs  le Trophée de l'asperge, destiné aux restaurateurs. L'innovation, la créativité, de quoi aussi attirer de nouvelles clientèles.






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