20 km au sud de Fessenheim.
Hombourg, toujours au bord du Rhin. C’est ce village que la famille
Trösch avait choisi pour produire dès 1995 son propre verre flotté
et « briser l’oligopole européen ». Ainsi
naquit la première des quatre unités Euroglas
de l’entreprise fondée à Bützberg en
Suisse et désormais centenaire. 25 ans plus tard, le site alsacien
s’apprête à grandir.
Ce 1er mars, Jean Rottner
emmène une petite délégation de la Région Grand Est à Euroglas.
L’élue du territoire Martine Laemlin-Delmotte en fait partie.
Thierry Engasser, maire de la commune d’accueil est là aussi, qui
connaît bien l’usine et l’accompagne dans son développement.
Christophe Brossay
assure la visite. Directeur depuis une décennie, il est sur place
depuis la première heure. L’usine emploie 152 personnes, mais elle
semble tourner quasiment seule, car très automatisée. Certains
jours ils ne sont qu’une dizaine dans ce paquebot dont la moitié
de l’effectif travaille en 5x8. La visite s’effectue au pas
ministériel, les photographes sont priés de ne pas capturer le
process. Plus on avance dans cette longue ligne droite, plus le
thermomètre grimpe. Le four est un enfer, conçu pour ronronner sans
cesse. Reconstruit en 2008, il va bientôt être remplacé,
l’espérance de vie d’une telle installation étant de 15 ans. Le
monstre consomme 4.000 m³ de gaz à l’heure, une énergie brûlée
avec de l’air réchauffé, de quoi faire des économies. Plusieurs
régénérateurs l’escortent, plongeant à -8 m sous terre. A
proximité, nous croisons deux ouvriers portant des masques
inquiétants. Ils sont maçons fumistes, les
gardiens du magma. « Le métier le plus dur » commente le
directeur. Au cœur du four, la température est d’environ 1500°.
Pour
faire baisser celle de la fusion, on injecte du calcin, c’est-à-dire
des débris de verre du
site, des clients et des recycleurs. Le monstre rend journellement
500 tonnes de verre plat à 1200°. On parle de verre flotté
puisqu’il glisse sur un bain d’étain et forme un ruban continu.
Il sera refroidi très lentement dans un long tunnel. Dans
la partie froide de l’usine, la découpe. Elle
respecte le standard européen, soit 3,21 m par 6. On apprendra aussi
que de la poudre est déposée entre deux plaques de verre,
indispensable à leur séparation.
Dans
la salle de contrôle, les opérateurs ont les yeux rivés sur les
écrans. Les caméras restituent le souffle du gaz enflammé. Le
travail est fait de beaucoup de surveillance, explique le directeur.
Les lourdes plaques de verre sont chargées sur des remorques sans
fond. Plusieurs dizaines de camions sont en rotation chaque semaine,
mais l’impact environnemental va baisser avec l’intégration
d’une partie de l’activité de Burnhaupt. Euroglas doit
accueillir 80 des 120 salariés de Glas Trösch, qui sera maintenu.
Quant
au site de Hombourg, il travaille depuis deux ans à son extension. A
la mi-2023, il devrait tourner avec sa ligne de transport et son
troisième four. Les travaux devraient commencer cette année pour
livrer un nouveau bâtiment de plus de 40.000 m².
Ici,
tout est colossal, même les investissements, que la direction ne
communiquera pas. Les actionnaires sont suisses, ce n’est pas dans
leurs habitudes de divulguer les chiffres. En 2008, le four avait
coûté 50 millions.
Enfin, Hombourg ayant intégré M2A, son usine verrière pourrait être raccordée demain au réseau de chaleur de l'agglomération.