12 mars 2021

HAIMWAAG

 




Wia’s jetz so stella wora esch

D’Haùiptkecher hàt küm sechsa gschlà

Un doch mückst kenner em Gassla

Nur dia Fraùi met’m schwàrza Mülschutz

Mer dat meina se schlicht uf Eier


S’Tàgesliacht nemmt àb

D’Taga namma uf

A Hàndwarkerwàga fàhrt ducha

Jetz heisst’s haim geh

Ke Kàtz en dam Kàff

Sogàr d’r Hund schwiegt henter’m si Gadder


Uf’m Beckala steht s’Zeyer Hüs

S’seht üs wia emmer

S’käit üs d’r Ràhma un verbliajt en gràuia Fàrwa

Dàs hàt àlla Kriaga metg’màcht

Hat nia dankt, às es d'r Koronakriag ewerlabt


S’hàt sechsa gschlà

Üsschperrungzit

Dert owa am Fanschter war jetz dr Grossvàter gsassa

Hat üssaglüagt

« S’esch nemm scheen uf d’r Walt » hat d’Mamema gsait

Dàs hàt se bi meer vor viarzig Johr gjomert


Jetz gàng ech do en d’r Ainsàhmkait

Duch d’kàlti Schtross

S’Friaijohr steht vor d’r Deera

S’sott àlles wedder àfànga

Doch esch nit me los



Pascal Kury   


12 mars 2021

6 mars 2021

TEMPLE ST-ETIENNE : LES DERNIERS ELEMENTS DE FLECHE





En janvier, je vous emmenais au sommet de la tourelle sud-ouest du temple St-Etienne de Mulhouse, pour la pose de la partie intermédiaire d'un chantier envoyé en septembre 2019. Ce 4 mars, notre guide est Stéphane, technicien du service architecture de la Ville, qui effectue journellement la montée de l'échafaudage. Aujourd'hui, nous avons droit à un exercice supplémentaire, les échelles et les trappes pour atteindre la quarantaine de mètres au-dessus du parvis. 






C'est un jour marquant, car l'heure est venue de la pose des derniers éléments, du bulbe à l'ogive, cinq pièces. Un peu plus de trois mètres à ériger.
La flèche aura ainsi été quasiment refaite à neuf avec environ quatre-vingt dix morceaux.

Quand nous atteignons le sommet, les ouvriers sont en train d'ajuster le bulbe, un socle de quelque huit cents kilos sur un goujon. La pierre taillée a une masse volumique de plus de deux tonnes au mètre cube. La grue a été rappelée à cette occasion, mais tous de se demander comment les bâtisseurs du XVIIIe avaient pu élever ces masses dans le ciel. Les archives ne le racontent pas. Comme dans l'agriculture et ailleurs, la technologie facilite le travail. Le sculpteur de pierres s'affaire au marteau pneumatique depuis sa plateforme où s'infiltre le vent. Nous faisons aussi la connaissance d'Angélique, qui intervient dans la taille. 







Quand la partie sommitale sera en place, il conviendra de finaliser l'ensemble. Une réalisation minutieuse et remarquable, que les yeux du passant ne verront pas. 
Enfin, une entreprise spécialisée installera le paratonnerre.

Pendant ce temps, l'intérieur du temple est lui aussi en travaux. A suivre.





 

Voir aussi "Les dentelliers du temple St-Etienne"

Agapes & Aventures, 28.01.21










2 mars 2021

EUROGLAS HOMBOURG : LE VERRE COULE A FLOAT

20 km au sud de Fessenheim. Hombourg, toujours au bord du Rhin. C’est ce village que la famille Trösch avait choisi pour produire dès 1995 son propre verre flotté et « briser l’oligopole européen ». Ainsi naquit la première des quatre unités Euroglas de l’entreprise fondée à Bützberg en Suisse et désormais centenaire. 25 ans plus tard, le site alsacien s’apprête à grandir.




Ce 1er mars, Jean Rottner emmène une petite délégation de la Région Grand Est à Euroglas. L’élue du territoire Martine Laemlin-Delmotte en fait partie. Thierry Engasser, maire de la commune d’accueil est là aussi, qui connaît bien l’usine et l’accompagne dans son développement. Christophe Brossay assure la visite. Directeur depuis une décennie, il est sur place depuis la première heure. L’usine emploie 152 personnes, mais elle semble tourner quasiment seule, car très automatisée. Certains jours ils ne sont qu’une dizaine dans ce paquebot dont la moitié de l’effectif travaille en 5x8. La visite s’effectue au pas ministériel, les photographes sont priés de ne pas capturer le process. Plus on avance dans cette longue ligne droite, plus le thermomètre grimpe. Le four est un enfer, conçu pour ronronner sans cesse. Reconstruit en 2008, il va bientôt être remplacé, l’espérance de vie d’une telle installation étant de 15 ans. Le monstre consomme 4.000 m³ de gaz à l’heure, une énergie brûlée avec de l’air réchauffé, de quoi faire des économies. Plusieurs régénérateurs l’escortent, plongeant à -8 m sous terre. A proximité, nous croisons deux ouvriers portant des masques inquiétants. Ils sont maçons fumistes, les gardiens du magma. « Le métier le plus dur » commente le directeur. Au cœur du four, la température est d’environ 1500°. Pour faire baisser celle de la fusion, on injecte du calcin, c’est-à-dire des débris de verre du site, des clients et des recycleurs. Le monstre rend journellement 500 tonnes de verre plat à 1200°. On parle de verre flotté puisqu’il glisse sur un bain d’étain et forme un ruban continu. Il sera refroidi très lentement dans un long tunnel. Dans la partie froide de l’usine, la découpe. Elle respecte le standard européen, soit 3,21 m par 6. On apprendra aussi que de la poudre est déposée entre deux plaques de verre, indispensable à leur séparation.

Dans la salle de contrôle, les opérateurs ont les yeux rivés sur les écrans. Les caméras restituent le souffle du gaz enflammé. Le travail est fait de beaucoup de surveillance, explique le directeur. Les lourdes plaques de verre sont chargées sur des remorques sans fond. Plusieurs dizaines de camions sont en rotation chaque semaine, mais l’impact environnemental va baisser avec l’intégration d’une partie de l’activité de Burnhaupt. Euroglas doit accueillir 80 des 120 salariés de Glas Trösch, qui sera maintenu.

Quant au site de Hombourg, il travaille depuis deux ans à son extension. A la mi-2023, il devrait tourner avec sa ligne de transport et son troisième four. Les travaux devraient commencer cette année pour livrer un nouveau bâtiment de plus de 40.000 m².

Ici, tout est colossal, même les investissements, que la direction ne communiquera pas. Les actionnaires sont suisses, ce n’est pas dans leurs habitudes de divulguer les chiffres. En 2008, le four avait coûté 50 millions.

Enfin, Hombourg ayant intégré M2A, son usine verrière pourrait être raccordée demain au réseau de chaleur de l'agglomération. 


17 février 2021

FRINA WITTENHEIM : DU FIL MOUSSE A RETORDRE

 


La Tunisie a connu la Révolution du Jasmin. A Wittenheim, rue du Jasmin, les salariés de Frina Mousse France sont en lutte aussi, avec dignité. Pour sauver leur entreprise.


Frina Mousse occupe un bâtiment de 11.000 m2 à l'entrée de la commune. Elle a débuté son activité en 1963 à Village-Neuf. Dix ans plus tard, elle s'installait dans la commune du Bassin potassique. Mais l'entreprise ne fêtera peut-être pas ses 60 ans. 
Car le 25 janvier, le gérant suisse, dont la présence serait rare sur le site, a fait une apparition pour annoncer la mauvaise nouvelle. Fermeture de l'unité et suppression des 20 postes. 

L'entreprise de Wittenheim est spécialisée dans l'éponge mais s'est diversifiée dans la transformation de la mousse dans divers domaines comme l'acoustique, la filtration de l'air et de l'eau, l'étanchéité. Elle s'est imposée sur le marché des mousses polyuréthane avec des donneurs d'ordre comme Mahle, Electrolux, Fondis et le carnet de commandes est plein. Cela n'empêche pas de l'avoir laissée sur le carreau lors du rachat de son groupe Foampartner par le Belge Recticel. Le premier a été cédé par la holding Conzzeta pour 270 MCHF environ. C'est lui que le personnel local met en cause, qui n'a pas réalisé d'investissements, recherché de nouveaux clients, voire un repreneur. Surtout, c'est la méthode qui a assommé les salariés. Une communication par voie électronique et des propositions "minimalistes" quand la plupart des collaborateurs ont plus de 15 ans d'ancienneté. Outre bien sûr le dirigeant peu visible. 


                                        

                                                            Photo Ville de Wittenheim 


Ce 16 février, le personnel a haussé le ton, après la visite d'Antoine Homé et de son adjointe à l'économie Anne-Catherine Lutolf-Camorali, qui ont rejoint les syndicalistes de la CGT du Bassin potassique. Chez Frina Mousse, il n'y a pas de syndicat, mais la CGT soutient le juste combat. Se battre est dans les gènes du pays minier, commente le maire, car ici on est tous issus du monde ouvrier. Antoine Homé raconte "être tombé de son caddie" en faisant les courses, lorsqu'il a eu vent de ce qu'il se tramait rue du Jasmin. Dès lors, l'élu M2A a convoqué le gérant en mairie et activé les réseaux, de la communauté d'agglomération à la Région en passant par la CeA et la DIRECCTE. "C'est inadmissible sur le plan humain comme sur le plan industriel" gronde le maire, soucieux de rétablir le dialogue et de  trouver une solution permettant la sauvegarde de l'outil, du savoir-faire et des emplois. Pas question de laisser mourir une PMI par diktat du capitalisme financier. 



A l'issue de cette rencontre avec les élus locaux et la CGT, les salariés de Frina Mousse  ont symboliquement cadenassé l'entrée de leur usine. Plus personne ne rentre. Eux continueront de produire, sans bruit, consciencieusement, ils ont de quoi tenir et constituer "un butin de guerre", jusqu'à l'ouverture de négociations. Dehors, trois pendus en mousse balancent aux mâts, tandis que des t-shirts gris sont accrochés aux murs, portant les prénoms de ceux qui ont fait la richesse de Frina sans se faire mousser. 




15 février 2021

UN SCHANKALA CHEZ JEANNETTE

 

#boulangeriewidemann



Mulhouse ne verra pas encore son carnaval cet hiver. Pourtant, rue du Manège, dans le vieux quartier Fonderie, masques, chapeaux et confetti colorent la vitrine de la boulangerie artisanale. Elle devait être animée naguère, cette Gràstigàs, comme en témoignent les commerces éteints, dont la proche boucherie-charcuterie et à peine plus loin la boulangerie Scherrer. Depuis 1923, heureusement, la maison Wittmann-Brand étincelle au bout de la rue, côté ancienne cathédrale SACM. En poussant la porte du 35, je me retrouve chez un boulanger traditionnel. A l’accueil dynamique, la charmante lodie que l’on croit connaître depuis longtemps. J’ai rendez-vous avec la patronne, qui quitte momentanément le fournil pour me chercher. Elle m’y présente Roland, son chef boulanger, à la confection de baguettes. Sans lui, l’établissement n’existerait peut-être plus. Le gaillard totalise 46 années de pratique mais se sent comme un quadra. Pas de retraite en vue pour ce forçat de la farine au travail depuis hier soir. Justement, son aide est en arrêt, il faut donc mettre les bouchées doubles. Mais Jeannette met la main à la pâte aussi.




C’est la fille du fondateur, Jean-Louis Widemann, qui perpétue avec Roland un savoir-faire et une signature familiaux. Jeannette est venue sur le tard à la fabrication du pain. Elle était d’abord vendeuse.
Le temps du carnaval donc, sans la liesse, mais avec les spécialités boulangères. Scharwa, schankala, fàsanàchtskiechla. Les beignets sont fourrés à la framboise, au Nutella°, à la crème pâtissière, à l’abricot, à la pomme. Chacun y trouvera son goût. Je suis étonné par la taille des cuisses de dames, mais le schankala à la noisette peut se consommer le lendemain, ou se partager. Je n’ai pas eu le temps de le goûter, ma stagiaire l’a fait disparaître… Les petits pains sont de bonne taille aussi. C’est qu’il est généreux Roland.





En vitrine sont accrochés par ailleurs des moules. Le kougelhopf est une spécialité de la maison. Jeannette s’occupe davantage de la restauration à emporter ou à livrer. Mais avec la crise sanitaire, le proche campus Fonderie s’est vidé et le télétravail a fait le vide. Heureusement, la clientèle habituelle est au rendez-vous, qui n’est pas exclusive au quartier.

Après les gourmandises de carnaval, Jeannette et ses boulangers prépareront les gâteaux de Pâques. Avec une vitrine réactualisée.





5 février 2021

NOTRE DERNIER BAL

 










C’est un samedi soir de l’hiver. Nous avons dîné rapidement pour aller au bal. Dans le Sundgau, les Fêtes passées, le carnaval prend le relais. Jusqu’à une période récente, je ne ratais pas le bal de Carspach sous le chapiteau dressé sur la place à l’entrée de la commune. Bal des veuves le vendredi, bal carnavalesque le samedi. J’y avais rencontré la dame à la trottinette. C’est aussi Riespach, sous chapiteau encore, où Rino et sa chanteuse avaient assuré une ambiance comme un orchestre. Et ce soir, je t’emmène à Jettingen mon amour. Combien de fois suis-je venu dans l’espérance de t’y faire tourner un jour ? Une douzaine de kilomètres séparent le village d’Altkirch, mais quand nous approchons de la salle des fêtes, la route est bordée de voitures et le parking complet.
Qu’importe. Nous sommes venus guincher. Il ne fait pas froid. Heureusement, car il faut faire la queue devant la structure temporaire d’où s’échappe la musique. Il va être 21 heures. Le public est essentiellement jeune, des adolescents, de jeunes gens, des amis, des couples. Certains sont costumés. La caisse est tenue par les sapeurs-pompiers, organisateurs du carnaval de Jettingen. Certains visages me sont familiers. Rouflaquettes, cheveux blancs, air bonhomme… On est entre de bonnes mains ici. La sécurité est assurée par un prestataire. Quand nous entrons dans la salle, les tables sont occupées. Il nous faut aller au fond, derrière les musiciens, pour tenter de nous poser.





Energy a déjà chauffé le plancher. Tu vas prendre une coupe de crémant. Je reste à l’eau comme beaucoup de seniors.
Si d’aventure il fallait se dépenser sur des rythmes dingues. Je te contemple. Tu es belle. Je remarque un vieux couple emporté par la valse lente. Bientôt le répertoire va rajeunir. Je ne sais pas danser. Du reste, ce n’est pas ma raison d’être là. J’aime juste cette atmosphère incomparable du bal sous chapiteau, comme nos parents ont pu la connaître. A Jettingen, l’installation est moderne mais habillée. Le parquet souffre mais ne rompt pas.




Les lustres s’éteignent, la série de slows commence. Je t’invite et nous nous enfonçons dans la marée parmi les amoureux, les danseurs de bal et les fêtards. A cet instant, il n’est plus que toi et moi sous les lumières tamisées, mon visage dans tes cheveux. Un éclair de félicité. Je te serre contre moi, toi que j’attendais depuis toutes ces années.

Bientôt la piste sera trop petite pour la foule enivrée par les refrains attendus. L’heure a tourné. Nous nous éclipsons comme nous sommes venus.
C’était notre dernier bal de carnaval.




28 janvier 2021

LES DENTELLIERS DU TEMPLE ST-ETIENNE

 







Dans deux ans, Mulhouse célébrera le cinq centième anniversaire de son rattachement à la Réforme. D’ici à là, le temple St-Etienne au cœur de la ville aura bénéficié d’une longue cure de jouvence. Depuis la pose de la première pierre en 1859 à ce jour, la cathédrale protestante qui dresse sa pointe à près de cent mètres du sol est un chantier perpétuel. En septembre 2019 commençait la restauration de la tourelle sud-ouest, mise en sommeil par le marché de Noël puis le confinement. On en voit le bout avec le remontage actuellement de sa flèche. Début janvier, une imposante grue avait été positionnée devant l’édifice pour hisser des pièces de plusieurs quintaux. La phase la plus spectaculaire des travaux, commentée par Xavier Boulivan, responsable d’unité au service architecture de la Ville.






La flèche du plus haut temple protestant de France avait été démontée entièrement, nombre de ses pierres étant en mauvais état. En septembre dernier, on avait assisté à la pose du socle. En janvier, c’est la partie intermédiaire. Puis le fleuron pour la sortie de l’hiver. Pour nous rendre compte des travaux, nous pouvons monter les quelque 140 marches de l’échafaudage habillé d’un trompe-l’œil. Le temps et les intempéries ont abîmé la structure. Il faut remplacer certains éléments à l’identique. Le travail est confié à l’atelier strasbourgeois de Léon Noël, tandis que le tailleur sur pierre s’occupe des petites pièces sur place, pour le compte de la société troyenne Socra, habilitée monuments historiques. Depuis près de 30 ans, l’édifice de Jean-Baptiste Schacre est inscrit à l’inventaire supplémentaire des MH. Les pigeons aussi ont leur part dans la dégradation. Mais ils risquent gros s’ils croisent les locataires de la tour nord : un couple de faucons pèlerins. Le nichoir des rapaces est remplacé lui aussi. L’architecte municipal explique que les éléments tiennent par l’effet de la gravité, comme un jeu de Kapla° mais une ceinture assure le maintien. Au besoin, un peu de résine pour les fissures, voire des agrafes. Les gargouilles n’ont pas échappé aux rides. Elles ne sont pas oubliées. Pour évacuer l’eau stagnante, les ouvriers ont creusé enfin des glacis. La tourelle se reconstitue peu à peu avec des blocs extraits d’une carrière bas-rhinoise. Les stries tracées dans le grès des Vosges jouent avec la lumière et les volumes. Depuis notre plate-forme, nous considérons la place de la Réunion dans l’humidité hivernale. Et le travail d’orfèvre au plus près des pierres soigneusement ajustées. Les techniques ancestrales se conjuguent avec la technologie actuelle. Il manque encore à ce stade une douzaine de mètres pour restituer la tour. Cependant que l’intérieur du temple est en transformation aussi.

Demain, le cœur historique de Mulhouse aura une scène nouvelle.
















Article épinglé

Nouveau à ALTKIRCH (68130)