4 juillet 2025

FESSENHEIM ENTRE TOURISME INDUSTRIEL ET PREDEMANTELEMENT


#visitalsace 



Photo EDF



En 40 ans de métier, je n'avais jamais eu l'occasion de visiter la centrale nucléaire de Fessenheim. C'est chose faite, une expérience inédite, grâce à Alsace Destination Tourisme et sa proposition "Vos dîners insolites". Pour cette première dans l'ex-CNPE, beaucoup de demandes mais seulement 180 convives en 3 jours.



Photo EDF



Vendredi 27 juin. J'ai le privilège, avec Bärbel une consœur allemande, de figurer dans le groupe inaugural de la "marche gourmande insolite" à la centrale. Nous sommes une quinzaine, accueillis par Laurent Jarry, directeur du site et du projet démantèlement. Il est important pour EDF de montrer le travail accompli par ses équipes depuis la mise à l'arrêt définitif. L'unité de production 1 avait été stoppée le 22 février 2020. L'UP 2 le 29 juin. En 43 ans, Fessenheim aura produit 448 milliards de kWh, l'équivalent de 30 ans de consommation électrique de l'Alsace. C'était un des plus petits sites nucléaires français, 100 ha dont 30 de bâtiments, mais "le plus vert" du parc. Il reçoit annuellement 1500 visiteurs avant le démarrage du démantèlement courant 2026, quand le décret sera signé. Dès lors, 15 ans ne seront pas de trop pour faire table rase d'un passé industriel et évacuer 400.000 tonnes de déchets. Depuis l'été 2022, le site est quasiment débarrassé de sa radioactivité. L'uranium usé a été enlevé dans des délais record.

Sans  turbines, Fessenheim n'est plus en mesure de produire de l'électricité. Mais nous appliquons les règles d'entrée que subissent toujours les personnels dans le BAP, bâtiment d'accès principal. Nous suivons Sébastien, guide conférencier d'Exirys, société de communication industrielle. Il maîtrise son sujet. Dans ses pas, un ancien collaborateur de la centrale qui va recouvrer ses souvenirs. En janvier  2018, Fessenheim comptait 737 salariés pour 350 intervenants extérieurs permanents. Lors des visites décennales, les effectifs pouvaient atteindre 2000 personnes. Désormais, elles sont une centaine.

Avant de pénétrer dans l'espace industriel, nous longeons la fresque de 1997. C'était pour les 20 ans. Première halte dans l'ancien atelier mécanique qui recevra demain des déchets de faible et moyenne activité. "Côté Cuisine", le restaurant de Hirtzfelden, assure le parcours gustatif. Nous l'entamons aux bouchées "électriques" (sic).




Après cet apéritif, nous sommes prêts à entrer dans la salle des machines, un immense bâtiment qui abritait les 2 groupes turboalternateurs. Nous gravissons 88 marches pour nous élever à plus de 15 m du sol. Il y a 5 ans, un inventaire industriel d'ampleur a donné d'extraire 180 lots réutilisables. 30 M€ revalorisés. La centrale est devenue un magasin de pièces de rechange. Dans ce type d'industrie, de nombreux équipements sont dupliqués, pour ne pas interrompre le process. Puis l'endroit le plus attendu de notre chemin technique, les salles de commandes, rétrogradées en salles de surveillance. Dans leur jus seventies, elles sont sous la responsabilité d'une société externe. Le mégawattmètre affiche 0. Le jour de l'arrêt final avait marqué les opérateurs. Les pupitres comptent de nombreuses commandes neutralisées. Il y avait toujours une présence humaine dans ce lieu. La visite se poursuit dans une atmosphère toujours chaude, au voisinage d'un village de nids d'hirondelles et de faucons crécerelles. Un éclair salé au saumon plus tard, nous montons au canal d'amenée qui nous donne de voir la centrale hydroélectrique. Emmanuel Waltisperger et son second préparent une grillade conviviale à proximité d'une friche où un restaurant a été démoli. Après Fukushima, Fessenheim s'était doté d'un bâtiment d'appoint ultime, permettant de puiser dans la nappe phréatique en cas de rupture de la digue du canal d'Alsace. La centrale était taillée pour résister à un séisme de 6,7 sur l'échelle de Richter, 2 fois Bâle au XIVe siècle.



Photo EDF



Non loin de là nous distinguons les générateurs de vapeur, en instance de départ. La sortie se profile, avec les unités de formation. Le CNPE disposait du premier simulateur de France, qui devrait enrichir le patrimoine Electropolis.
La visite s'achève par les sorbets tirés d'un chariot de fête foraine, tandis que le soleil décline. C'est l'occasion d'échanger ses impressions autour d'un cornet, quand le deuxième groupe nous rejoint. En regagnant le bâtiment d'accueil, EDF nous indique les ombrières du parking, un investissement de 2024. 
Fessenheim ne produit plus d'électricité d'origine nucléaire mais reste raccordé au réseau pour sa propre consommation. Le CNPE n'est plus, le démantèlement va l'effacer mais c'est un site bien vivant qu'il nous a été donné de traverser, dans un état post-production impeccable, propre et rangé. Un ancien me glisse que le site rhénan était toujours exemplaire. Raison pour laquelle le sentiment de gâchis est souvent exprimé par les visiteurs, constate notre guide. 




Photo EDF




Photo Bärbel Nückles 


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