4 mars 2023

24 HEURES A LA BASLER FASNACHT

 




J'ai découvert le carnaval de Bâle voilà plus de 30 ans. Depuis j'y viens régulièrement, mais pour la première fois depuis 2019, les Bâlois sont heureux de retrouver leur Fasnacht sans aucune restriction, ainsi qu'il en a été pour le Vogel Gryff en janvier. Les privations ont été un crève-cœur dans cette ville de 174.000 habitants où un pourcentage important s'investit corps et âme dans "les 3 plus beaux jours de l'année".




Aujourd'hui j'ai le privilège d'avoir été invité par Basel Tourismus en qualité de journaliste au Media Trip to the Basel Carnival, du prélude dominical au lundi après-midi pour ce qui me concerne. C'est ainsi que j'intègre un petit groupe de confrères internationaux emmenés par la guide conférencière Béa pour une petite balade en anglais. Nous nous retrouvons à la fontaine du théâtre, le Fasnachts - Brunnen de Jean Tinguely. En 1979, le plasticien écrivait qu'on n'était jamais si proche des Bâlois que pendant le carnaval et dans l'art.


Le programme officiel du voyage de presse démarre en fin d'après-midi au musée des Cultures qui héberge un volet dédié à la Fasnacht. A ce moment converge le deuxième groupe de journalistes, de langue alémanique. Nous serons ainsi une quinzaine de reporters étrangers du carnaval, dont un rédacteur californien.





Au Museum der Kulturen Basel apparaît Felix Rudolf von Rohr, une figure historique de la politique et du carnaval de Bâle. Nous l'avions reçu un jour dans les locaux de Dreyeckland. Si on lui prête la parfaite connaissance de la Fasnacht, l'ancien carnavalier en chef affirme que chaque Bâlois est expert dans le domaine.

Felix a été un homme-clé dans la reconnaissance mondiale du carnaval de Bâle. Depuis 2017, celui-ci est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO qui s'est montrée pointilleuse avec son "bouquin de questions". Mais la délégation suisse aura su la convaincre.
"The Basel Carnival is simply the best" explique son ambassadeur. C'est un carnaval différent, certes tardif dans le calendrier, qui se positionne dans la satire, comme "le bouffon du roi". Avec leur humour proche des Britanniques, les Bâlois savent comment ne pas aller trop loin en revisitant l'actualité locale, nationale et du monde. Ici ni racisme ni blasphème. 





La Fasnacht a été reconnue pour son caractère social. C'est un vrai vecteur d'intégration qui unit le pédégé et le manœuvre dans la même communion. C'est ensuite le caractère indiscutable de la dimension artistique. avec cette division de musiciens armés de tambours et piccolos, sans oublier les Guggenmusiken, ces formations cacophoniques inventées à Bâle, insiste Felix. Et il n'a pas échappé à l'UNESCO que le carnaval donne toute sa place au dialecte, le Baselditsch, célébré lors des Schnitzelbängg, sur les Zeedel et les lanternes. Christoph Bosshardt, de Basel Tourismus, explique le message profond des carnavaliers, qui choisissent le Sujet pour leur sortie. Le thème de leur relecture de l'actualité. 2023 verra beaucoup de références à la crise climatique, mais aussi à la pollution, à l'Ukraine, au véganisme, au décès d'Elisabeth II... Dans quelques heures la cité d'Erasme sera livrée aux cliques. Plus de 400 groupes sont répertoriés formant une foule de 11.000 carnavaliers.
Leur signe distinctif est la Blaggedde, l'insigne que tout Bâlois se doit de porter en signe de soutien à son carnaval.
La Fasnacht se finance par ses propres moyens. Elle n'a de comptes de trésorerie à rendre à aucune collectivité. De même, sa force réside dans l'inorganisation. Si le périmètre officiel est délimité et sécurisé, les formations déambulent où bon leur semble, entraînant le public. On peut croiser de même un Schyssdräggziigli, un groupe ad hoc de musiciens hors Cortège.




Quand nous quittons ce lieu cosy le jour décline. Dehors les carnavaliers s'activent depuis des heures, qui tirant une lanterne qui distillant en formation un air connu...



Nous allons dîner au Löwenzorn, restaurant traditionnel très populaire en cette période. Il doit être 19 heures. Deux tables nous sont réservées au fond. L'établissement est comble, joyeusement décoré et le personnel amical et professionnel. La serveuse court dans tous les sens, sert, dessert avec une redoutable efficacité. Le brouhaha est inouï mais l'atmosphère incomparable. Il me faut échanger en allemand, mes compagnons de table ne parlant pas français. Le plat en sauce me laissera un agréable souvenir.







Maintenant il ne faut pas traîner, la nuit sera courte. Nous regagnons nos hôtels. Je rentre seul, à pied, au Mövenpick, à deux pas de la gare. Depuis ma chambre au 16e étage, je considère Bâle et ses tramways... 




A suivre 

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