Dans
son bureau, il esquisse un large sourire sur le portrait à l’huile
qui lui ressemble. Il est avenant, le Dr Debieuvre qui nous reçoit
ce 4 novembre, alors que le paquebot Emile-Muller commence à
affronter la houle d’automne de la Covid-19. « On est en
retard d’une dizaine de jours par rapport à Strasbourg et à
d’autres régions », observe le chef de la pneumologie. « On
a pris cher la première vague, on n’a pas vu arriver la deuxième
et ça monte progressivement », explique-t-il. Le sursis que le
Haut-Rhin connaît encore a permis à l’hôpital de s’organiser.
Depuis deux semaines, des unités Covid ont été activées dans les
services médecine interne, pneumologie et gériatrie. D’autres
suivront. Le praticien s’interroge sur le retard du département
dans l’aggravation de la situation. Une population traumatisée qui
se protège davantage ? Des personnes âgées qui sortent moins…
Les aînés sont les plus exposés, mais dans son service, le Dr
Debieuvre compte deux trentenaires et un quadragénaire. En réa, il
y a des jeunes. « Des patients à surveiller comme le lait sur
le feu ». Comme ses pairs, le médecin a appris du printemps.
La prise en charge est différente aujourd’hui, la gestion plus
efficace. Moins d’intubations, ce sont aussi moins de
complications, mais Didier Debieuvre veut rester humble face à ce
virus respiratoire auquel on ne peut toujours opposer aucun
traitement véritable. S’il semble serein dans l’entretien, le
chef de service n’en craint pas moins de revivre l’épreuve de
mars/avril, avec une pénurie de soignants dont beaucoup restent
marqués. La fin de semaine s’annonce déterminante, selon lui,
avec la bascule dans le programme Covid.
S’agissant des effets
du confinement, rien à attendre avant deux à trois semaines.
Accueil
toujours chaleureux plus bas, en réanimation, mais l’inquiétude
est manifeste chez le Dr Kuteifan, en charge de la réa médicale.
L’automne est une période d’activité intense habituellement
avec l’humidité, mais voilà par surcroît cette Covid… « Le
rouleau compresseur avance, tout doucement. »
Un à deux
patients par jour. Ils sont dix dans le service et cinq en réa
chirurgicale.Les épidémiologistes avaient vu juste, le pic est à
envisager vers le 15 novembre, commente le médecin. On commence à
déprogrammer.
Chez lui aussi, les effectifs sont en tension et
l’épidémie a provoqué arrêts de travail, démissions et
démotivation. Il manque 10 % des personnels et les renforts du
premier trimestre ne sont plus là. Khaldoul Kuteifan a surtout
besoin d’infirmières de réanimation, un métier qui ne s’apprend
que sur le tas mais dans lequel on ne s’éternise pas. Dont le
statut demande toujours à être valorisé.
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En avril, le GHRMSA s’était donné une unité de de ressources et de soutien aux personnels épuisés par les ravages de l’épidémie. Soignants et accompagnants quand la mort frappa. 300 m² ont été mis à leur disposition dans l’ancienne pédiatrie, où des soins ont été prodigués par des kinés, psychologues, ostéopathes, réflexologues etc. L’initiative a été primée et soutenue par la Fondation de France. L’unité a été réactivée.
Enfin, le GHRMSA a lancé un appel pour recruter infirmières et aides-soignantes. Les candidatures sont prises sur le site du groupe hospitalier.
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