8 août 2017

BOURGOGNE SUD : BIBRACTE, CAPITALE AU SOMMET DU MONT BEUVRAY

A la recherche d'une place forte gauloise au destin glorieux, disparue trop vite.

 

Porte du Rebout, entrée principale reconstruite de l'oppidum

 

Deux heures et demie de voyage ferroviaire plus une d'escale en gare de Dijon, pour descendre à Etang-sur-Arroux, après Le Creusot et proche d'Autun.
Après la capitale de Bourgogne - Franche-Comté, le bonheur de passer par la France profonde sur une ligne non électrifiée qui trace entre les vignobles de Gevrey, Vougeot, Nuits... Terminus donc à Etang, où je croise un vrai cheminot, en fin de carrière, la casquette bardée d'étoiles. Un instant de nostalgie qui mérite la photo. Une voiture vient à ma rencontre. Au volant, Benoît Boutilié, secrétaire général de l'établissement public de coopération culturelle Bibracte. Sous un ciel orageux, nous partons vers une destination archéologique, le plus ancien maillage urbain du nord des Alpes, sur le mont Beuvray, dans le Morvan.

Après quelques kilomètres de routes sinueuses, nous arrivons devant un  musée aux lignes contemporaines, épousant le paysage. Prix national de "L'équerre d'argent", le long bâtiment est un hymne à l'archéologie avec ses carrés renvoyant au quadrillage des chantiers. L’œuvre de Pierre-Louis Faloci est la porte d'entrée de Bibracte aujourd'hui, à 610 m d'altitude. 

 

Le musée en harmonie avec le paysage

 

Bibracte Mont - Beuvray est un des rares détenteurs du label Grand Site de France créé en 2003. Son intérêt patrimonial, paysager et écologique lui ont valu des reconnaissances nationales depuis un siècle. C'est François Mitterrand cependant qui insuffla  le renouveau du haut lieu protohistorique. L'élu de la Nièvre était chez lui dans les futaies de hêtres.  Comme Arnaud Montebourg, la Saône-et-Loire revendiquant aussi une part de l'héritage.

Le mont Beuvray, c'est un millier d'hectares géré par Bibracte EPCC pour le compte de l'Etat  et du Parc naturel régional du Morvan. L'établissement basé à Glux-en-Glenne (58) y tient son centre archéologique européen. Le musée se trouve au pied du mont, à Saint-Léger (71), avec son restaurant "Le Chaudron" ( voir "A la table des Gaulois" du 31 mai 2017 ), en entrée donc du site naturel en accès libre toute l'année.

Bibracte. Ce nom ne parle pas à grand-monde. Pourtant, Jules César avait dit qu'elle fut "de beaucoup la plus grande et la plus riche ville des Eduens", peuple gaulois allié de Rome. Elle a eu son heure de gloire quand l'envahisseur fit ployer les Helvètes à sa proximité en  - 58. Quelques années plus tard, Vercingétorix y fut confirmé chef des Gaulois coalisés contre le Romain. César encore y séjourna à diverses reprises, notamment en - 52.

 


Bibracte au sommet avec ses remparts

 

C'est l'érudit autunois Jacques-Gabriel Bulliot qui identifia de manière définitive l'oppidum éduen, avec dans son sillage Joseph Déchelette, père de l'archéologie protohistorique. Des fouilles très importantes furent engagées après 1867. Un siècle plus tard, à partir de 1984, le mont Beuvray allait faire l'objet de nouvelles campagnes, avec des archéologues européens. Ce que Bibracte a livré à ce jour est présenté sur place, au musée Rolin d'Autun et au musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.

 


 

A 25 km d'Autun, le mont Beuvray culmine à 821 m.  Au IIe siècle avant Jésus-Christ, il vit s'épanouir un bastion avancé sur la vallée de l'Arroux, affluent de la Loire. Bibracte est le parfait représentant des oppida, ces vastes places fortes juste avant notre ère. Une fortification monumentale de 5 km protégeait une cité de 135 ha. Récemment, on a pu mettre en évidence un autre rempart portant la superficie à 200 ha. Et des agglomérations satellites. La romanisation de l'oppidum commença bien avant la conquête de César. Un aspect motivant  pour les archéologues. Bibracte tira sa croissance du commerce, les Eduens contrôlant les voies entre Saône et Loire. A l'apogée, 5 à 10.000 habitants dominaient le mont Beuvray. Pourtant, la ville gallo-romaine dut s'effacer rapidement. Comme son millier d'habitations. Une nouvelle capitale, dans la Gaule vaincue, la supplanta. Augustodunum, la future Autun. Au siècle premier, Bibracte mourut. Deux mille ans plus tard, le mont Beuvray est recouvert de forêt. Au détour d'un chemin  émerge un chantier. Une infirme partie du site a été sondée. L'histoire s'écrit ici, en cette splendide terre morvane, en de multiples (Bibr)actes.

 

 


www.bibracte.fr

 

 

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