La cigogne, le m de l'agglomération mulhousienne, la tête d'un mineur : voilà le logo de la Route de la Potasse, inaugurée le 14 mai par les élus de M2A (Mulhouse Alsace Agglomération).
L'aventure de la potasse d'Alsace a duré un siècle, du premier forage à Wittelsheim à l'incendie de Stocamine. Elle a profondément transformé le paysage de la vie économique et sociale du bassin mulhousien.
La Route de la Potasse est le fruit d'un projet initié par les associations de sauvegarde des carreaux Joseph-Else, Rodolphe et Théodore. Il s'agit d'un itinéraire touristique de 18 km proposé par la communauté d'agglomération. Il permet de découvrir des sites remarquables, des cités minières et des lieux emblématiques qui ont fait le Bassin potassique : outre les carreaux, la salle Grassegert, le stade ASCA, l'école Mélusine, l'église Ste-Barbe etc. Quatre communes sont investies : Wittelsheim, Staffelfelden, Pulversheim et Wittenheim.
L'OTC de Mulhouse Sud Alsace organise des excursions sur la Route de la Potasse les 20 mai et 12 juillet. Et des demi-journées les 16 juin et 16 août.
www.mulhouse-alsace.fr .
Devant l’imposant chevalement en béton Rodolphe II, une
dizaine de véhicules de couleur sombre ou au contraire vive est disposée en arc
de cercle. Des moteurs ronronnent. Au volant ou devant, d’anciens mineurs,
casque vissé sur la tête, prennent la pose. Ils attendent la délégation
d’officiels qui ce matin ouvre la route de la potasse. Thierry Vogel et Patrick
Vonthron me font la conversation. Mineurs retraités, les deux camarades ont un
autre point commun : ils ont commencé au fond le même jour, le 17 novembre
1980. Thierry se souvient des nausées de son baptême et des recommandations d’accueil.
Le porion lui avait prédit trois accidents dans sa vie, dont un grave. Plus de
800 mineurs ont laissé la vie aux MDPA pendant le siècle de la potasse. Une
stèle honore leur mémoire à Wittenheim. « Dans la galerie, on était comme
un rat », expliquent mes interlocuteurs, qui énoncent les conditions
inhumaines des forçats du sel, à plusieurs centaines de mètres sous terre.
L’atmosphère particulière, l’absence de visibilité, la fournaise…Par 50°C, les
chaussures se remplissaient de sueur et l’organisme devait ingurgiter des
litres d’eau pendant le service. Contre les crampes de chaleur, l’ouvrier prenait
des pilules de sel.
L’exploitation de Rodolphe cessa en juillet 1976. 8 ans plus
tard, les puits 1 et 2 étaient remblayés. Dans leurs entrailles de nombreux
matériels ont été abandonnés à jamais, avec des décennies d’histoire. Les
véhicules présentés en surface par les bénévoles du Groupe Rodolphe sont une
infime partie de la flotte d’exploitation. Deutz, Renault, Perkins, Hispano
Suiza, Perkins, SACM…Les mécaniciens d’hier énoncent les motoristes et
constructeurs de ces engins sur pneus, rails et chenilles qu’ils avaient à
entretenir. Dans les galeries, il fallait se muer en feuille de papier quand
passait le chargeur Wagner… Ces souvenirs, seuls les anciens peuvent les
raconter. Les Rodolphe se retrouvent le mercredi pour maintenir leurs véhicules
en état de marche, tant bien que mal car les pièces détachées n’existent plus.
L’association revendique plus de 400 membres, dont une quarantaine d’actifs.
Ceux-là accueillent le public pour les visites commentées, notamment des
machines d’extraction restaurées et fonctionnelles. Chaque année, des milliers
de personnes se rendent à Pulversheim/Ungersheim à l’ombre du grand ensemble
minier presque complet.
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