23 mars 2018

LE FANTÔME DE SAINT-HIPPOLYTE






C'est parce que j'ai grandi dans le Sundgau que je suis sensible sans doute à l'âme des demeures et des constructions diverses, notamment abandonnées. A de maintes reprises je me suis interrogé sur cet ancien hôtel bordant la route 83 à quelques kilomètres de Saint-Hippolyte, ouvert à tous les vents et menaçant ruine. 
En rentrant par Sélestat, je me suis enfin décidé à y mettre mon nez.










C'est l'après-midi, un jeudi de mars humide. Au voisinage de la bâtisse, une autre voiture. Mais je serai seul dans les lieux. A priori.

L'hôtel aurait été construit en 1948, juste après la guerre qui a laissé trace dans le pays colmarien. Il aurait donc 70 ans. A-t-il été exploité un jour ? Il se dit que non, à la suite du décès d'une personne liée à ses bâtisseurs. Dès lors, il a été livré à tout. Du sous-sol au dernier étage, tout n'est que béton, brique et carrelage. Tout ce qui a pu être arraché est parti. Il ne reste que les murs quand ils n'ont pas été éclatés ou meurtris. Rien n'a été épargné à l'habitation, ni le vandalisme, ni la mise à feu, pourtant elle est toujours debout. A l'exception de la charpente éventrée, la maison blanche paraît indestructible, malgré les stigmates des visiteurs du soir. Toutes sortes de rumeurs ont circulé d'ailleurs sur la vie nocturne de la ruine. Tagueurs, individus désœuvrés, marginaux, adeptes de rites obscurs, jeunes en quête de légendes périurbaines se sont succédé ici.






 Je suis seul cet après-midi, pas spécialement sur mes gardes dans la mesure où la route est proche et il fait jour. Aucun plancher en vue qui se déroberait sous mes pas. Mais la nuit bien sûr, il ne fait pas bon s'y aventurer, même à plusieurs.  
En quittant l'établissement vidé, je m'interroge. Voilà une carcasse sans cheminées intérieures, sans gaines électriques, sans robinetterie. Bien sûr, il a été pillé. Mais avait-il seulement été achevé ? 













L'hôtel abandonné de Saint-Hippolyte continuera longtemps de hanter les esprits. N'y traînez pas vos guêtres, certains prétendent qu'on vous attrape le mollet.

22 mars 2018

EUROPA PARK : C'EST CA LA FRANCE !





La journée commence sous le soleil. De bon augure pour la présentation de la saison 2018 d'Europa Park.
En arrivant à Rust par le chapelet de villages, le printemps se manifeste discrètement. Le parc semble encore dormir, mais les salariés sont à leur poste dans les coulisses. Dans deux jours, les premiers flots de visiteurs se jetteront sur les attractions. J'aime les sites recevant du public quand ils sont vides. On peut mieux les appréhender. A Europa Park, tout est réglé comme un coucou suisse. De gentils personnages vous indiquent le chemin. C'est ainsi que sur les coups de 10 heures plus de 500 invités garnissent le cinéma 4D du quartier français. La conférence de presse d'ouverture de la firme Mack est à elle seule un événement. Elle sera animée cette année par Michael et Thomas Mack, associés-gérants et relève de Roland et Jürgen. Le premier parc d'attractions saisonnier du monde affiche fièrement son ancrage familial. Demain, EPP s'enrichira de Rulantica, l'espace aquatique à l'étude depuis de longues années. Le chantier suit son cours, les volumes du nouvel hôtel d'inspiration scandinave se dessinent. Pour se faire une idée, des maquettes sont exposées, comme des esquisses et divers documents dans la pyramide Historama



Pour se mettre en train, le parc se met au diapason du cinéma en annonçant  Jim Knopf (Bouton) dans le Lummerland. Dans le quartier allemand, l'hommage à l'auteur à succès Michael Ende, décédé en 1995, dont le buste est posé devant une attraction pour les petits, une locomotive évoluant sur un rail central. 





Mais la 44e saison est résolument française. On sait l'amour de Roland Mack pour la France, qui lui fournit un quart de la fréquentation et près d'un collaborateur sur deux. L'été verra la mise en service du Cancan coaster, ex-Eurosat, qui propulsera les voyageurs dans l'atmosphère du Moulin Rouge, grâce à un partenariat entre la famille Mack et le cabaret mondialement connu de Montmartre. En quittant le Magic Cinema, les convives font un arrêt dégustation devant une autre nouveauté, CMAK (prononcer smak), anagramme de Mack tiens, un snack russe. J'y apprécie les ravioles nappées d'une crème froide. 

Dommage qu'une envahissante marque de cola étale encore ses lettres rouges, mêmes cyrilliques. 



Sur notre chemin, voici sur un char Paddington, une des vedettes cette année. Nous verrons un extrait du spectacle de patinage artistique "The Marmelade Mission". Époustouflant.







Au passage, remarquons la boutique Lindt dans le quartier irlandais. On n'oublie pas, en revenant dans le périmètre français, l'échoppe Majorette, le fabricant de voitures miniatures depuis 1964. Ici, on peut personnaliser son bolide depuis le châssis.


Une autre maison est dédiée à l'Alsace qui produit aussi des tartes flambées. On n'est pas dépaysé dans le plus européen des parcs d'attractions. Il y règne une atmosphère de douce France que nous peinons à retrouver de l'autre côté du Rhin. 







Europa Park ouvre le 24 mars. 💙💙💙💙💙
Plein tarif 49,50 €

 

20 mars 2018

KILIANSTOLLEN : MEMOIRE D'APOCALYPSE







"Commémorer, c'est faire de l'éducation civique". C'est ce qu'a rappelé Rémi Spillmann, maire de Carspach, à l'occasion de l'inauguration du monument du Kilianstollen sur son ban communal. Les hymnes français, allemand et européen ont été entonnés dans la bise hivernale, au pied du contournement d'Aspach où les travaux avaient mis au jour un abri souterrain au début de la décennie.


Le 18 mars 1918, il y a tout juste un siècle, un déluge d'enfer avait été décrété sur la porte d'Altkirch tenue par les troupes du Kaiser, sans impliquer l'infanterie. Il fallait neutraliser le Kilianstollen, qualifié par les Français d'ouvrage bulgare. Plus d'une centaine de canons et mortiers allaient vomir des centaines de tonnes de munitions dont à gaz sur le dispositif ennemi. On peut imaginer l'enfer en Syrie d'aujourd'hui...  La galerie s'effondra en partie. Plus d'une trentaine de soldats y laissèrent la vie sur le coup pour la plupart. 21 furent ensevelis pour longtemps. Ce sont ces hommes que les fouilles archéologiques ont retrouvés et qui ont été identifiés par la suite. 



De nombreux témoignages de l'abri souterrain ont pu être prélevés qui sont actuellement entre les mains de l'administration. Entre-temps, une association s'est créée autour de Serge Renger, Kilianstollen 1918. Après une première exposition il y a quatre ans, elle propose cette semaine encore un nouveau regard sur les événements du siècle dernier. Avec une collection d'images anciennes sur la commune de Carspach, fortement éprouvée par les dommages de guerre. Quelques vestiges ont été mis en vitrine, des effets personnels, des restes de vaisselle, des armes et munitions. Surtout, en grandeur réelle, la reconstitution d'un fragment de galerie et à l'opposé une position de tir française.


L'exposition est visible jusqu'au 25 mars au préau de l'école, derrière l'église.
En attendant, peut-être, le musée du Kilianstollen de Carspach. Dans le Sundgau, la Grande Guerre reste profondément d'actualité, avec le projet par ailleurs de Dannemarie.




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