6 mars 2018

BAL A RIESPACH : C'EST ENERJEUNE !





Samedi 03 mars 20H45. Depuis le 17 février, Riespach est en saison carnavalesque. Dans ce village au début du Haut-Sundgau, carnaval dure un mois. La cavalcade a eu dimanche dernier, sous un glacial soleil d'hiver. Ce soir, c'est le troisième bal, dont un des produits d'appel est le concours de costumes. Les groupes déguisés ont des effectifs significatifs, on ne peut les rater. Ils évoluent dans la vague du public comme des bancs de poissons, dans du déjà vu comme le détachement de Romains, l'équipage de pirates de kermesse ou, comme nous sommes dans un territoire d'éleveurs, un ensemble paysan. Le développement durable a inspiré une autre formation, en combinaison blanche habillée de bouteilles en plastique.
Un auvent a été placé devant le chapiteau contigu à la salle communale, mettant provisoirement à l'abri les premiers visiteurs patientant devant la caisse. Pour 8 euros avant 21H30, on en aura pour son argent. La place se remplit peu à peu. Vers 22H, on aura fait le plein. Nous trouvons heureusement une table à quelques mètres de la scène. Les musiciens d'Energy ajustent tenues et matériels. Le duo de chanteurs quitte sa loge, près du vestiaire.
A 21H tapantes, l'orchestre envoie le son et appelle au parquet.

Une chanson d'amour empruntée au collègue italo-alsacien Rino pour commencer en douceur. Les couples apparaissent. En début de soirée, ce sont les adultes et les seniors qui caressent le plancher. Mais les bals du samedi sont devenus le défouloir de la jeunesse. 
Les boîtes paraissent vieillottes à côté de ce dancefloor en pleine campagne, où malgré les 1200 convives autorisés, on peut respirer et festoyer. De fait, le répertoire musical prend rapidement un virage adolescent. Dès lors, la piste ne sera plus clairsemée. Dans les plages de tendresse, car il reste des amoureux, je fais tourner lentement Parinda en ne quittant pas ses yeux où perle le bonheur.
Je me souviens de ces bals où je venais seul en espérant la retrouver un jour. J'ai toujours peur de la perdre.
Les morceaux et les séries se succèdent. Les fêtards font mal au plancher, qui résistera. Ce soir, on célèbre de nouveau des anniversaires. Dont celui de la chanteuse Magalie. Et ça repart, dans une joyeuse ambiance d' "après-ski". Les jeunes Alsaciens rechignent à apprendre l'allemand mais connaissent les tubes alémaniques de leur génération.

Minuit vient. Nous rentrons, fiers de ce que nous continuons de maintenir dans notre Sundgau quand d'autres ont renoncé.
Et nous avons fait le plein d'Energy. 






Energy termine sa tournée riespachoise le 10 mars.
Et sa saison carnavalesque à Soultzmatt le 24.

5 mars 2018

MARIE PIRE A 100 ANS / RIESPACH EN PISTE





2018 est le rendez-vous du siècle pour l'association Marie Pire. Les festivités seront placées sous la thématique du cirque.


Marie Pire gère plusieurs établissements dont la vocation est d'accueillir et de prendre en charge des personnes handicapées, de l'enfant à l'adulte voire au-delà. Avec 220 salariés, elle s'occupe de 330 bénéficiaires dans le Sundgau.

A l'origine, une brancardière de la Grande Guerre, qui  donna son nom à l'association. Cette Mutzigeoise s'occupait de mutilés et de personnes handicapées déjà. Elle les avait placés au grand air du Sundgau.

C'est à Mutzig que commencera en juin le week-end festif du centenaire, pour finir à Altkirch où se concentre l'essentiel de l'activité. Mais c'est Riespach qui a été choisi par l'association pour annoncer le programme. Car c'est dans le Haut-Sundgau que tout commença. Riespach accueille 3 établissements, un IME de 50 enfants et adolescents, une maison d'accueil spécialisée de 37 adultes lourdement pénalisés par la vie et un foyer d'accueil spécialisé de 41 adultes handicapés. Le site entre Waldighoffen et Ferrette gère donc près de la moitié du public de Marie Pire.


Pour la présentation des événements de juin, les enfants de l 'IME  se sont prêté à des démonstrations sur le jeune mur d'escalade. Toute la maison se met en piste pour mettre des étoiles dans les yeux avant le solstice.



Présentation du programme à l'IME de Riespach autour du directeur d'établissement Kamel Kaouadji


#MariePire  #IMERiespach  #Rendez-vousdusiècle

2 mars 2018

SUNDGAU : FAIRE RIPAILLE AVEC LA CARPE









Le Vendredi Saint dans le Sundgau, nombreux sont ceux qui consomment de la carpe frite.
A l'approche de Pâques mais d'abord pour célébrer le printemps, Le Sundgau, routes de la Carpe frite a lancé le 1er mars Les Carpailles, opération gastronomique autour de la spécialité gustative du Sundgau. 



François Eichholtzer, Pierre Schmitt, Nicolas Jander, Monika Munch, Max Delmond, Pieter Harens


10 restaurateurs participent à la 14e saison, dont le sympathique Frédéric Stantina, chez lequel elle a été présentée. Le restaurant de la Gare Munzenberger à Hirtzbach propose un menu de 30 € qui met en bouche par des acras de carpes. En entrée, une déclinaison de carpes (fumé, rillettes et terrine)  et un granité de citron vert. En plat, la farandole de carpe, salade et frites ou le croustillant de carpe, riz vénéré façon paella, crème de citronnelle thaïe. En dessert, douceur glacée abricot et nougat de Montélimar. Nous avons eu la primeur de ces créations à la table de cette adresse réputée au bord du Hirtzbach, le ruisseau qui coupe la rue principale du village quatre fleurs. Une assiette copieuse, goûteuse et roborative mêlant les saveurs 2018.



 Les Carpailles promettent d'étonner nos papilles, avec un produit "cuisiné à toutes les sauces". Chez Frédéric Stantina, la carpe frite représente 2/3 du chiffre d'affaires. La saison printanière est un bonus, elle permet surtout de sortir des sentiers de l’œuf battu et de la semoule de blé dur. Les chefs du terroir soulignent l'importance du marché local avec les piscicultures de Friesen et les minoteries de Hirsingue et du coin frontalier. 





La carpe commande le pinot blanc d'Alsace.

On se réjouira de la dispersion géographique de l'opération, de Kembs et Rosenau à Bettlach, d'Eglingen à Montreux-Jeune en passant par la vallée de l'Ill. On pourra regretter la petite participation quand on sait le nombre de communes du grand Sundgau (arr. d'Altkirch et secteur des Trois-Frontières). Le manque d'implication a souvent été déploré. Qu'importe. Les chefs emmenés par Pieter Harens (Trois Vallées à Hirsingue) prendront autant de plaisir aux Carpailles que les convives qu'ils régaleront pendant deux semaines. La campagne se déroule du 16 au 30 mars.

2400 repas ont été servis l'an dernier. Il y en aura pour tous les palais, même ceux rompus au fast food, avec les nuggets. En clôture, on osera le cake de carpe au curcuma de Gaëtan Gobelet à Friesen (La Carpe).

Séquence dégustation !

"Il est rare qu'un pays soit autant identifiable à son produit d'appel" dira le local François Eichholtzer, maire-adjoint et président du Pays du Sundgau. Le Sundgau, c'est d'abord la carpe frite. Car ce sont assiette et son hébergement qui rappellent au touriste son séjour, ajoute Max Delmond, président (sundgauvien) d'Alsace Destination Tourisme.

Le généreux et convivial Pays du Sundgau


Les Carpailles  du 16 au 30 mars.      💗💗💗

www.carpe-frite.fr  

03 89 40 02 90

1 mars 2018

FEMMES D'ALSACE : LES CATHERINETTES DE LA PARITE


Gisèle Bourcart


Parce qu'elles n'avaient pas voix au chapitre lors des élections régionales de 1992, cantonnées à des places non éligibles, des Alsaciennes avaient fini par faire sans les hommes. Leur propre liste. Et elles avaient réussi à gagner un siège au conseil régional. Six ans plus tard, elles étaient deux à Strasbourg. C'est ainsi qu'a démarré l'aventure Femmes d'Alsace, autour de Liliane Gall. L'association co-fondatrice d'Elles Aussi fête aujourd'hui ses 25 ans.
Femmes d'Alsace milite pour la parité dans les instances élues. Apolitique, elle soutient les femmes qui s'engagent dans la vie publique. Car "si les femmes sont réputées consciencieuses, l'expérience indique qu'elles doivent toujours prouver et se prouver qu'elles sont capables", m'a assuré Gisèle Bourcart, présidente depuis 2010 de l'association. Elle - même aimerait passer la main, mais personne ne se bouscule à la succession.
En attendant, Femmes d'Alsace, qui revendique quelque 80 cotisants (il y a des hommes), invite Axel Kahn pour ses 25 ans. Celui-ci vient de publier "Être humain, pleinement". Le 8 mars, tout un symbole, à 18H, à l'hôtel Mercure de Mulhouse, il ajoutera "et femme" à son propos. Sur inscription préalable.


www.femmesdalsace.fr

28 février 2018

NOMADES ' LAND






Train du soir. Les voyageurs rentrent du travail.
Je regarde furtivement autour de moi.
Tous seuls. Tous connectés.
Le TER voisin me renvoie la même image.
Des passagers rivés à leur mobile, voire à leur ordi portable.

A ma droite, deux jeunes femmes s'amusent, 
des sœurs peut-être. Entre elles, un smartphone.
Voilà le voyage ferroviaire aujourd'hui.
On serait en car, ce serait pareil.

Ce soir, je ne consulte pas mon auxiliaire relationnel.
Il n'y a ni urgence, ni mort d'hormones.
Un choix assumé, histoire de se souvenir.
J'ignore depuis quand le téléphone a coupé 

le fil de nos échanges dans les transports...
Il me semble d'un autre siècle, le dernier sûrement, 
quand de joyeux équipages devisaient 
en regagnant leurs foyers respectifs.
Quand une banalité était promue bavardage.

Des sympathies naissaient.
Des liens se tissaient.

Des sourires se croisaient.
Nous prenions le temps de tourner la tête 
vers les paysages traversés, de rêver 
au coucher du soleil.
Maintenant me voilà dans un compartiment de taiseux,
d'individus tenant leur bidule hypnotique,
d'automates inexpressifs et sourds. 
A ce train-là, ils passeront à côté du terminus.
 

24 février 2018

EN MARAUDE AVEC LA CROIX-ROUGE / LES FEES DU NAUFRAGE SOCIAL












Vendredi 23 février 20H30. Je me présente ponctuel au rendez-vous d'Elodie, la responsable des maraudes de la Croix-Rouge du Haut-Rhin, rue Vauban à Mulhouse. Depuis quelques années, je participe en qualité de reporter à une tournée nocturne du Samu social. J'ai le privilège envié ce soir d'intégrer une équipe exclusivement féminine, ce qui ne devrait pas arriver, mais ma présence assure la mixité. Elodie s'occupe du recrutement des maraudeurs. Ils sont environ 70 à donner de leur temps aux exclus du monde. Elle est jeune, comme ses trois accompagnatrices du jour, toutes volontaires dans le voyage nocturne. Une dame rejoint le groupe: c'est Linda, invitée au titre de candidate potentielle. 
Elodie appelle le 115 pour connaître les besoins, Laetitia remplit la caisse isotherme bleue d'eau chaude, Annelise sélectionne à l'étage les effets qui pourraient être distribués, dont des bonnets. Des dons de particuliers. Amanda prépare les denrées.
Le véhicule est apprêté sur le trottoir. Récemment, des bénévoles ont manqué se faire renverser dans un accident. 


21H23. Départ de la mission. Nous sommes donc 6 à bord du fourgon sérigraphié Samu social 115. Premier arrêt, le plus important, rue du Sauvage. Nous y resterons environ une heure. Cette rue, je la connais trop bien, de la fin de nuit au début de soirée. Avant 22 heures, elle est encore animée. Devant une friche commerciale, Marco* a établi son domicile. Lampe, lumignons, lit, couverture et ce qu'il doit encore posséder. Il est entouré d'un groupe de jeunes. Il y a entre autres Dido* dont le chien est muselé. La police l'avait mise en garde, sinon son compagnon à pattes lui serait retiré. Les filles de la Croix-Rouge commencent la distribution de boissons chaudes et d'en-cas. Jeannot* est là aussi, vieux routier de la rue. Les noms sont relevés, préalable à la ration. 

                       La rue est violente

Je retrouve Pierrick*, un compagnon de la rue qui dispose aujourd'hui d'un toit, du chauffage et de l'eau chaude, mais dont le monde économique ne voudrait plus, à 50 ans. "A partir d'un certain âge vous ne remontez plus". Il a toujours l’œil clair, la mine sympathique et le verbe d'un penseur. On va longuement causer ensemble. L'ancien de la ZUP qui travailla dans les assurances se tient à l'écart de la grappe, considérant ses frères du trottoir mais aussi ceux qui profitent, dit-il, de cette générosité gratuite. On sait que le véhicule blanc passe le soir avant 22 heures. Pierrick* me parle de la loi du plus fort dans la rue. Il n'est pas bienvenu d'intégrer un groupe. De sa voix douce, il savoure notre échange. "Ça fait du bien de voir des gens normaux". Lui se félicite qu'on lui ait permis de rebondir. Il s'emploie à aider à son tour, en partageant le Guide de la débrouille d'ATD quart-monde, recueil des adresses que tout SDF devrait connaître, où frapper, où se laver, comment accéder à la culture. Le solitaire mulhousien évoque encore la discrétion des femmes, "invisibles". Et pourtant, il en connaît, des conjointes d'artisans sur le carreau, dépourvues du fait de l'absence de cotisations. Mais elles n'affrontent pas la rue, trop violente. La BAC passe dans son break sombre.





22H27. Il faut partir. Annelise fait ses comptes: 23 personnes alimentées ici.  

La rue du Sauvage est toujours dans le bruit.
Gay-Lussac, deuxième arrêt. Il sera bref. Une prostituée africaine se dessine. Elles sont deux bénéficiaires dans le secteur. La maraude ne s'aventure plus vers le Hasenrain, où les loueuses de corps "travaillent" sous la surveillance proche de leurs souteneurs. Du reste, il leur est interdit de grignoter en service. On ne badine pas avec le sexe.

22H50. Dans les environs du Trident. Une âme charitable a signalé au 115 la présence d'un individu dormant dans une voiture. Nous voilà sur le parking fantomatique d'une grande surface. Au pied d'un lampadaire éteint, un véhicule dans l'obscurité. La patrouille va réveiller un jeune homme, Alain*, qui n'en revient pas d'avoir de la visite. Cela fait deux mois qu'il vit dans sa Citroën immobilisée. Elle ne démarre plus, la batterie sans doute inanimée. Ce garçon de 22 ans vient de Saint-Dizier. Il est en première année à l'UHA. Il sort en blouson et emporte un sac. Il va passer le week-end au foyer du Pont à Bourtzwiller. Son horizon semble s'éclaircir aussi, car il devrait enfin avoir sa chambre d'étudiant.  




           A minuit, il fait -1°, -6° en ressenti


Dans le fourgon, les coéquipières d'Elodie s'esclaffent: "nous sommes des humoristes qui n'avons pas fait carrière" ! Il va être 23H45. C'est le moment d'aller à la gare centrale. Quasiment déserte bien entendu. Annelise est soulagée de retrouver le réfugié kosovar qu'elle avait servi plus tôt. Un jeune garçon, sans aucun bagage. Il sera confié au Bon Foyer de l'Armée du Salut dans une heure.
Une dizaine de visages dans la galerie entre les halls de départ et d'arrivée. 
Comme Marius* un jeune adulte qui avait passé des nuits à -20° dans sa camionnette. Plus loin, Christophe*, qui ne veut rien d'autre qu'un sac de couchage, déterminé à rester dehors alors qu'il serait gravement malade. Une femme de 60 ans aussi, dont les traits correspondent à ceux d'une amie. Et une autre, seule, avec un cycle. C'est une Asiatique. Chinoise, confirme-t-elle quand j'ose la conversation. Elle se contente d'une soupe chaude. 
Et enfin, ce binôme incroyable formé d'un grand gaillard gai et d'un gringalet erratique. Ils seraient frères. Deux Polonais que nous escortons au foyer Gambetta, l'ancien hôtel des cheminots, dont le réceptionniste est roumain. 









0H56. Deuxième passage rue du Sauvage. Marco* est assis sous ses couvertures, l’œil égaré. Une amie tente de le réconforter. De nouvelles têtes apparaissent. Dido* est dans un état second cette fois. Un gars chapeauté vient prendre la température de la rue, il voulait prendre l'air. Un jeune à casquette quémande des sous-vêtements lors de la distribution. 
Un groupe passe. On frôle l'incident entre un de ses membres et la fille au chevet du sans-abri. Des gens rentrent. 

01H15. Il faut récupérer une femme âgée devant un snack de l'avenue de Colmar. Le tenancier aurait appelé le 115. Je la connais. Elle affirme ne plus pouvoir rentrer chez elle, ses parents étant partis en vacances depuis un an... Elle est conduite au Pont.








La mission se termine. Retour au poste de la rue Vauban. Au passage, on dépose devant chez elle Linda, qui rejoindra ou non les bénévoles maintenant qu'elle sait. Aucun maraudeur n'est censé rentrer à pied chez lui. Les filles sont éreintées mais heureuses. Le 115 avait annoncé une trentaine de personnes à desservir. Ce soir,  il y avait un toit pour chacun. Et surtout, il ne s'est trouvé aucun enfant dans la nuit mulhousienne. 
Il est 2H quand je rend mon multi-poches à la croix rouge. 
Mais en reprenant le volant, je pense particulièrement à cet étudiant naufragé social en rade dans sa voiture. Il aurait pu être mon fils.  



Annelise, Amanda,Laetitia et Elodie













* Les prénoms ont été modifiés.


 

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