1 août 2017

HISTORIAL DU HARTMANNSWILLERKOPF : UNE PAIX MEMORIELLE

Le premier Historial franco-allemand dédié au plus célèbre des champs de bataille alsaciens est livré. Ouverture le 03 août. Inauguration le 10 novembre. Souvenir partagé et explication claire en deux langues.



Hartmannswillerkopf. HWK en abrégé. Vieil-Armand des Poilus. "Mangeuse d'hommes". "Montagne de la mort"... Un champ de bataille qui a causé 25.000 pertes selon les dernières estimations des historiens ( tués, blessés, disparus ). 7000 noms de combattants morts sont répertoriés, dont ceux d'une cinquantaine d'Alsaciens. Le site est un véritable musée à ciel ouvert, accessible toute l'année mais déconseillé l'hiver. A la mémoire des soldats qui y ont vécu l'enfer pendant la Grande Guerre, le Monument national du Hartmannswillerkopf fut inauguré en 1932 par le président de la République Albert Lebrun. Il fait partie des quatre sites majeurs avec Douaumont (Meuse) , Dormans (Marne) et Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais). Il a été rénové en 2009 et 2013 par le Comité du Monument présidé par le Colmarien Jean Klinkert, technicien bien connu du tourisme en Alsace. La mise en valeur et la protection du site ces dernières années aura coûté près de 2,5 M€. En 2013/14, un parcours scénographique de 4,5 km a été mis en place pour près d'un demi-million d'euros. Le 03 août 2017 marque l'ouverture au public d'un nouveau chapitre sur la route des Crêtes, celle de l'Historial franco-allemand de la Grande Guerre.Un investissement de plus de 4,5 M€ supplémentaires. 


Jean Klinkert

 

Le 03 Août coïncide avec le 3e anniversaire de la pose de la première pierre par les présidents François Hollande et Joachim Gauck. On se souviendra de leurs mains superposées, un acte fort qui renvoie à la main donnée en leur temps par François Mitterrand et Helmut Kohl. C'est aussi le 103e anniversaire de la déclaration de guerre. 



                                        "Se sentir chez soi"



C'est à l'abri-mémoire d'Uffholtz, quelque 10 km en contrebas de la "montagne sacrée", qu'Alsace Destination Tourisme et le Comité du Monument national du HWK ont convié la presse pour une visite en avant-première de l'Historial. Le jour où, concomitamment, passe la commission de sécurité. Max Delmond, président d'ADT, a rendu hommage à la détermination et la pugnacité de Jean Klinkert et son équipe , qui ont su trouver les moyens financiers pour créer ce bâtiment mêlant histoire et mémoire. Le HWK sera désormais porte d'entrée de tous les sites de mémoire de la région, espère le conseiller départemental sundgauvien. En 2016, ceux-ci ont vu passer environ 450.000 visiteurs, dont une grande partie au-dessus de Wattwiller. "L'Alsace compte aujourd'hui une destination touristique exceptionnelle de plus, avec un bâtiment alliant la modernité à la solennité du lieu" à quelque 950 m. Car le massif des Vosges a été le seul front de montagne en 14-18. A cette altitude, les architectes ont dû faire preuve d'ingéniosité, avec des matériaux résistant aux rudesses climatiques. 80 équipes avaient candidaté pour l'Historial. Ce sont des Grenoblois qui ont remporté le concours. Gilles Marty savait le challenge difficile, face à ses pairs d'hier Robert Danis et Antoine Bourdelle. Il a fallu reprendre à de multiples reprises la maquette pour "faire oublier l'architecture et entrer dans des paliers d'intimité". Le cabinet INCA a voulu un lieu serein, apaisé, qui casse les codes d'un bâtiment public. Un panorama  sur la plaine d'Alsace, un belvédère en forme d'amande, posé discrètement près de l'ancienne maison du gardien, au plus juste de l'éperon pyramidal, à en croire Gilles Marty. 





Une quinzaine d'historiens français et allemands ont pris part au comité scientifique, à parité. Sous la direction du Pr fribourgeois Gerd Krumreich et du Pr parisien Nicolas Offenstadt. L'éminence allemande a souligné les divergences de part et d'autre du Rhin, parfois les "coups de gueule", mais en toute cordialité. En Allemagne, la Grande Guerre n'a pas la même empreinte qu'en France, même si Freiburg avait entendu les canons du Silberloch. Pour son collègue français, le paysage mémoriel français est en train de changer. Si le HWK n'a jamais eu l'aura d'un Verdun, l'Alsace devient "laboratoire pour la révolution mémorielle, un lieu pour penser la guerre et la mémoire". Quatre ans de travail n'auront pas été de trop pour écrire "comment on en est arrivé là" et donner l'habillage intellectuel à l'édifice.
Clémentine Nègre a dirigé la scénographie. Avec le concours du commissaire d'exposition Florian Hensel, elle a préconisé une expérience vivante et sensorielle. Le multimédia facilitant l'immersion dans ce qu'ont pu endurer les fantassins, chasseurs et artilleurs. 
Quelques minutes suffisent pour passer de  l'hiver glacial des Vosges à l'apocalyptique sommet brûlé par la destruction massive. C'était il y a cent ans. C'était hier.










Ouverture au public dès le 03 août. Inauguration le 10 novembre. Le président Macron et son homologue allemand sont invités. Le site est aussi en lice à l'UNESCO.



L'Historial du Hartmannswillerkopf est ouvert jusqu'au 12 novembre. 
Entrée 5 €. Gratuite pour les enfants de moins de 10 ans accompagnés d'un adulte. Gratuite aussi pour les détenteurs du MuseumsPassMusées.
Espace boutique et restauration. 



www.memorial-hwk.eu

26 juillet 2017

ANDRE LEROY SE DESALTERE A LA FONTAINE DE SYNGE

Deux pièces d'un auteur jamais joué à Seppois 

 

 

 

Cela fait plus de trente-cinq ans qu'André Leroy anime un stage de réalisation théâtrale d'été à Seppois-le-Bas, au cœur du Sundgau. Le bourg centre de la vallée de la Largue, le théâtreux mulhousien l'a parcouru de long en large, mais chaque parcelle visitée a été urbanisée depuis ou est devenue inaccessible aux comédiens.

 

Cette année, André Leroy et Cathy Aulard, les deux piliers de Théâtre en Haute Alsace, ont déniché un nouveau lieu naturel près de l'école primaire, où ils ont pris leurs quartiers avec  leurs stagiaires.

 

Finies les sessions avec un effectif enviable. Ils ne sont que six stagiaires cette saison, dont des adolescents, mais qui en veulent. En trois semaines, la troupe doit monter deux pièces de l'auteur irlandais Synge, jamais joué à Seppois : "L'ombre de la ravine" et "La fontaine aux aveugles". André Leroy travaille "sur l'imaginaire que développent ces pièces et sur la force de vie et de liberté qu'elles proposent aux personnages". Qui voit le mieux ? Le voyant ou l'aveugle ? C'est la question. 

 

Synge à Seppois-le-Bas du 27 juillet au 5 août 2017, 21H15. En plein air.

23 juillet 2017

LES PIEDS SUR TERRE AU PARC DE WESSERLING

"Voyage au Centre de la Terre" est le thème du festival des Jardins métissés cette année au parc textile de Wesserling, à accomplir jusqu'au 1er octobre. Mais dans ce haut lieu en fond de vallée de la Thur, les événements se succèdent. Le 23 juillet, c'était la Fête du Sentier pieds nus.

Inspiré de nos voisins allemands où ce type de parcours est courant dans les régions touristiques, le sentier de Wesserling est à l'image du parc. Il valorise le patrimoine textile et s'intègre à la démarche pédagogique, innovante et respectueuse de l'environnement. 

Le chemin sensoriel se pratique en famille. Dimanche, l'ambiance était vraiment ludique, sous un ciel nuageux. Après avoir soumis ses pieds aux divers revêtements et bains, chanvre, cosses, copeaux, argile, pierres, on pouvait suivre le fil d'Ariane sur le retour : les yeux fermés, tenir et longer la corde en évoluant sur des supports nouveaux. 


Amélie, responsable pédagogique

L'expérience du sentier pieds nus est une bulle exaltante. A défaut de nous faire des mollets neufs, elle nous défait de ces entraves textiles ou cuir pour avoir les pieds sur terre. "Au Centre de la Terre" précisément cette année à Wesserling.


22 juillet 2017

STRASBOURG SANS MOBILE



 
Photo Adàm Kossuth


Je ne cesse d'exhorter à la déconnexion. Sur la route de Mulhouse, je me rends à l'évidence : j'ai laissé mon téléphone en charge à la maison ! Ça n'arrive quasiment jamais. Cette fois, on y est, alors que je dois me rendre à Strasbourg. J'ai quitté Altkirch à 12H01, après avoir échangé avec un voisin sur le délirant mur peint au milieu de notre rue. Je suis en gare de Mulhouse à 12H30. Il me reste un bon quart d'heure pour échafauder la solution à mon oubli de mobile. Comment joindre Eloi que je dois récupérer dans l'après-midi ? 
Pas de téléphone, mais pas de montre non plus. Plus d'internet. Il va falloir trouver un plan pour honorer mon rendez-vous. Vers 13H40, me voilà dans la capitale du Grand Est. La proximité de la gare explique sans doute la présence à l'entrée de la rue Kuss d'une carte. Deux Allemandes recherchent la rue du Cochon de lait  - tiens, je ne savais même pas qu'elle existe. A deux pas de la cathédrale. 
Je repère enfin la rue de Bouxwiller, rattachée au boulevard Wilson. Une dizaine de minutes à pied, moins peut-être, de la gare centrale. C'est le quartier du rectorat, calme forcément ce samedi d'été. 
Il est quatorze heures. Je suis ponctuel. A la fin de ma rencontre, je sollicite un téléphone. Bien sûr, je ne me souviens plus des numéros, à l'exception de celui de maman, qui centralise toujours les demandes. Fort heureusement, maman décroche. Elle s'apprêtait à sortir. Entre-temps, Eloi aura multiplié les appels, sans nouvelles de ma part. Laconiquement, j'indique 16H40 en gare de Strasbourg. J'ai désormais une heure trente avant le train du retour.
Je savoure l'instant tout de même.
Flâner dans le centre-ville libéré de mobile, comment imaginer ? 

Dans le grand magasin, une vendeuse me donne l'heure. Les horodateurs se révèlent utiles aussi, quand les horloges des bâtiments publics sont devenues muettes. 
Je croise des gens qui la main rivée au mobile, qui hypnotisées par leur écran. Dans cette foule connectée, je marche seul mais libre. Coupé des miens certes, mais coupé du monde. Une parenthèse bienfaisante qui me conduira sous la grande verrière vers 16H30. Un temps d'appréhension. Eloi a - t - il eu le message ? Deux minutes plus tard, sa longiligne silhouette m'apparaît.
Nous voilà trois sur le chemin du retour. Impossible pourtant d'engager une phrase avec ma voisine de gauche, égoïstement branchée sur sa musique. Eloi  s'est installé en face, qui ne quitte pas son téléphone non plus. 
Dans ce monde de sourds, je n'entends que le souffle du train. La vieille dame, là-bas, sourit toujours.

22 juillet 2017 PK

21 juillet 2017

TERRA SALINA - Le sel suisse à Salins-les-Bains

Jusqu'au 30 septembre, la Grande Saline - Musée du Sel de Salins-les-Bains, sans le Jura, présente "Le génie du sel : produire, innover, fasciner". Cette exposition retrace l'épopée du sel chez nos voisins suisses. 
Une aventure industrielle qui permet de mieux appréhender toute l'ingéniosité et l'ingénierie déployées pour exploiter la ressource vitale qu'est l'or blanc. La première saline helvétique fut Schweizerhalle. Avec Riburg et Rheinfelden, elle donnera naissance aux Salines Suisses, qui englobent aujourd'hui encore le site de Bex.
Le sel suisse est destiné en grande partie au dégel, au commerce et à l'industrie. 10% à la cuisine.




L'exposition de Salins était conçue initialement pour l'Exposition universelle de Milan. Elle est présentée dans une version augmentée et adaptée au site historique, avec le concours de Schweizer Salinen.

La Grande Saline de Salins-les-Bains


A voir jusqu'au 30 septembre.

www.salinesdesalins.com 
www.terrasalina.eu 

ARDENNES 2013 SUR LA VOIE VERTE

Je vous emmène dans les Ardennes, dans le nord de ce département frontalier avec la Belgique. Une destination proche de l'Alsace, à découvrir.
Enfourchons d'abord le vélo pour une promenade sur la nouvelle Voie verte Trans – Ardennes. Élue « piste cyclable européenne », cette promenade accessible à tous vous emmène de Charleville-Mézières la préfecture à Givet, sur un ancien chemin de halage. 83 km dans une vallée riche en légendes. A pied, à rollers, à vélo, vous apprécierez ces paysages le long de la Meuse.
Dans un des plus beaux villages, Haybes, arrêt à la Maison des Randonnées, sur la Voie verte. Patricia, agent d'accueil, renseigne sur l'itinéraire, la location de vélos, les randos pédestre et équestre et le Parc naturel régional.
Haybes-la-Jolie ou la-Rose sur la Voie verte Trans-Ardennes.


« Les Ardennes, des bonheurs pour tous les sens ».

www.cg08.fr

18 juillet 2017

CHRISTELLE, LA MILITANTE A LA COIFFE ALSACIENNE



Alors que la question d’une nouvelle collectivité d’Alsace redevient d’actualité, on peut lire cet été, à l’ombre d’un tilleul de Lautenbach par exemple, « Elsass frei ! », le dernier livre de Christelle Baldeck.

 
La romancière haut-rhinoise a été une figure de proue du combat contre la réforme territoriale qui allait précipiter, à l’automne 2015, l’Alsace dans l’ensemble ACAL désormais appelé Grand Est.
Christelle a été l’initiatrice des « Alsaciennes unies », ces femmes plutôt jeunes qui ont protesté en coiffant avec conviction et révolte tranquille le nœud alsacien, dans diverses actions pleines de symboles. On se souvient de la manifestation de Muespach le 28 décembre 2014, l’hiver de l’Alsace politique dans les lourds flocons du Sundgau. De l’éclatant « coup de torchon » à l’hôtel de région à Strasbourg. De l’enterrement au Mont Sainte-Odile.
Pour Christelle, il s’agissait dans « Elsass frei ! » d’expliquer la cause défendue, souvent mal comprise, voire condamnée. Et vouée aux amalgames.

Parce qu’en Alsace on parle encore l’alsacien, l’ouvrage – témoignage de Christelle Baldeck a été traduit dans la müedersproch par Jean-Noël Kempf, jovial militant de  l’autonomisme.

« Elsass frei ! » aux éditions Yoran.  11 €.

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