3 juillet 2017

DÎNER CHEZ SACKMANN A BAIERSBRONN

 Juillet 2014
Quatre générations de Sackmann 
















Retour dans le nord de la Forêt-Noire que vous appréciez entre autres pour sa gastronomie. Retour à Baiersbronn, capitale allemande des gourmets. Trois établissements se partagent ici huit étoiles Michelin.
Dans l’entreprise familiale fondée en 1927, Jörg Sackmann est le patron d’une institution, un hôtel 4 étoiles supérieur, son spa et ses restaurants dont le SchloBberg distingué de nombreuses fois.
Mais aussi un cuisinier de génie qui a appris auprès des grands et cuisiné pour les grands de ce monde. Jörg Sackmann innove pour ses convives qu’il veut enthousiasmer chaque jour.
La clientèle française est fidèle à ce chef auteur de livres et invité à la télé. Mais c’est d’abord un manuel, confie-t-il, qui expérimente et cuisine tout, avec le souci du produit sain et le respect du produit.
Jörg Sackmann, chef **, à Baiersbronn, Hôtel Sackmann.

28 juin 2017

LE JAMBON A L'ASPHALTE AU PAYS DE LA FEE VERTE

Sur la route du sel qui nous mène d'Yverdon-les-Bains à Arc-et-Senans, nous croisons celle de l'absinthe, entre Môtiers et Pontarlier. Etape - déjeuner  dans le canton de Neuchâtel, où nous dégusterons un plat inédit, le jambon cuit dans le bitume naturel.






Nous sommes sur le site minier de Travers, où durant trois siècles les hommes ont tiré de la terre le précieux minerai d'asphalte.

Nous n'avons pas le temps de visiter les galeries souterraines, mais dans ce qui tient lieu de boutique et d'accueil, une jeune femme nous propose l'apéritif anisé. L'absinthe de La Fée verte, en déclinaisons plus ou moins fortes. A cet instant, je me souviens de ma prime dégustation l'an passé de l'autre côté de la frontière, chez le distillateur pontissalien Guy. 
Puis nous passons à table. C'est une grande salle, qui en jouxte une autre. Une bonne quarantaine de convives occupent la nôtre, dans un brouhaha de kermesse scolaire. Au service, deux à quatre personnes, des gens robustes qui rappellent davantage le monde agricole que le grand hôtel de la station thermale. C'est à la bonne franquette ici, dans une ambiance de ferme-auberge. 
Le pinot noir fera long feu dans nos mémoires, la salade mêlée se fera aussi oublier. Mais la bonne surprise vient du plat, ce jambon cuit dans l'asphalte, escorté d'un gratin de pommes de terre et de haricots. Qu'importent les assiettes, aussi différentes que les têtes des clients, venus effacer une faim plutôt que de distraire leurs papilles. Quoique... Une pièce de charcuterie goûteuse et de jolie robe. 

C'était la promesse de cette halte de mi-journée : le jambon. Le personnel est complice. Il nous laisse passer par l'arrière et monter dans un atelier de type garage d'où s'échappe une odeur de pétrole.
Un homme portant tablier noir et lunettes ovales s'active. C'est Hans, le cuisinier de l'asphalte. Entre deux circulations, il explique sommairement le procédé transmis par les mineurs depuis près d'un siècle. Le jambon est enveloppé dans plusieurs couches de papier de boucherie et plongé dans un bain de bitume naturel à 180°. Le temps de cuisson varie selon le poids de la pièce qui sera ensuite mise au repos une journée. Le Café des Mines est sans doute le seul dans la région à perpétuer cette préparation festive, servie jadis pour la Sainte-Barbe. Aujourd'hui, il en produit annuellement 3,5 à 4 tonnes.  








Mon palais n'a pas été sensible au goût rectifié par le pétrole lourd. Mais il se souviendra de cette découverte.
De retour à table, une autre rencontre finit de nous convaincre : le parfait à l'absinthe. La Fée verte a fait son effet. Juste merveilleux.


Mines d'asphalte de Travers 
www.gout-region.ch 

26 juin 2017

UNE NUIT CHEZ LEDOUX A ARC-ET-SENANS

Premier samedi de l'été. En voyage de presse "Terra Salina" sur les routes du sel franco-suisses. Ce soir, nous dormons à Arc-et-Senans. A la Saline royale. 



En arrivant par la route champêtre, notre car rencontre un rassemblement festif de gens du voyage. Des musiciens ont improvisé une scène sur le plateau d'une remorque agricole. C'est aussi la fête dans la commune. Derrière un mur de deux mètres, nous entrons dans un autre monde. La Saline royale.
J'y suis venu en excursion scolaire voilà près de quarante ans. Je ne me souviens que vaguement des bâtiments en demi-cercle mondialement connus depuis le classement du site à l'UNESCO en 1982.

Edina, une avenante jeune femme, nous accueille. Elle est cheffe de projets européens pour l' EPCC jurassien. A l'exception d'une voiture blanche qui fait tache dans le paysage, aucun véhicule à moteur dans l'arc. Le jour va bientôt décliner, le soleil caresse une dernière fois les façades en pierres calcaires. 
Nous dînons dans une grande salle au rez-de-chaussée, où semblent tournoyer les tables dressées comme pour un banquet. Gougères et crémant du Jura pour ouvrir le dîner par un apéritif bourguignon - comtois gaspacho à la menthe d'ici, pavé de saumon aux légumes, tarte aux myrtilles et crème de citron. Les vins du Jura toujours estampillés "Saline royale" escortent les plats. 






A l'issue de ce repas qui aura effacé la mesquine salade mêlée du grand hôtel suisse la veille, une balade nocturne nous est proposée. Le groupe se disloque, nous finirons à deux à l'heure de la séparation, après avoir déambulé dans les jardins consacrés à Tintin cette année. C'est une belle soirée de juin, peu à peu les étoiles apparaissent là-haut.



Depuis 2013, il est possible de passer nuitée dans ce chef-d’œuvre du génial Claude-Nicolas Ledoux. 31 chambres sont dispersées dans les bâtiments réaménagés par son lointain successeur Jean-Michel Wilmotte. Chambre 25, dans le bâtiment des Gardes pour moi. Juste en face de l'édifice majeur à colonnes. Deuxième étage, double accès par escalier. Deux chaises design, un mobilier sans superflu, pas de décoration, juste une référence à une célébrité qui n'attire pas plus mon attention. Tête de lit chaleureuse. La seule faute de goût à mon sens est cette applique de garage au-dessus de ma couche double. Dans la salle de bains, le carrelage rouge tonifie le réveil matinal. Les serviettes sont signées "Saline royale" elles aussi. 
Il est tard, le sommeil sera court, d'autant qu'il fait chaud encore et que le dîner a été pris vers 21 heures. J'aurai le loisir d'entendre une chouette et des batraciens. Dans une paix incomparable. Pas d' écran de télévision ici. C'est parfait pour se retrouver dans un lieu sublimé par les éclairages.





Le lendemain matin, je retrouve mes confrères à la Maréchalerie pour le petit déjeuner. Ils sont enjoués. Ils ont bien dormi. 



Dormir à la Saline royale ***
03 8154 45 17 
reception@saline-royale.com

www.salineroyale.com  
 

25 juin 2017

ILLFURTH : LE LAIT A LA SCIERIE

Le bourg d'Illfurth entre Mulhouse et Altkirch est dans une dynamique avec ses nouveaux commerces du centre et son marché dominical. D'un point de vue culturel aussi, le village (se) bouge avec cet été, un spectacle de plein air : "Comme le lait sur le feu", du 28 juin au 01 juillet.


 

Dimanche après-midi, à trois jours de la première. En contrebas de la vénérable Burnkirch, une animation inhabituelle donne vie à l'arrière de la scierie Nollinger. Des gradins ont été montés, des comédiens répètent. On reconnaît des théâtreux sundgauviens : Jean-Charles Mattler, Henri Fritsch, Nicolas Lehr. Ce dernier s'est vu confier la mise en scène du premier spectacle de la jeune association "L'Ill en scène". La présidente est Fabienne Bamond, maire-adjointe et épouse de Lionel Bamond, un Alsacien d'adoption. Ce Parisien avait été interpellé naguère par la douloureuse fin de la laiterie Voegtlin, au cœur d'Illfurth. Passionné d'écriture, il décida d'imaginer une histoire pour faire revivre une entreprise qui appartient encore à la mémoire collective. Ce serait une comédie historique. Au fil des semaines, de nombreuses forces vives se sont ajoutées aux initiateurs: comédiens amateurs locaux et de plus loin, Cathy Meister et son salon de coiffure pour le maquillage, Jean-Marie et son ancêtre Rosengart, une automobile de 1939, les sponsors privés et institutionnels, mais d'abord l'entreprise de scierie qui va bénéficier d'un regain de notoriété avec cette attraction. Pour trouver des acteurs, pas besoin de chercher loin. Illfurth est terre de théâtre. La troupe Saint-Martin et les Burgdeifala ont fait leur sillon. L'association s'est adjoint les renforts du trio vocal Muses, de la compagnie  Mich'min, des Drama'tics, du quintet Mikmac. Quant à la capacité d'accueil du public, près de 300 places, elle est assurée par Seppois-le-Bas, commune de résidence d'été de THA. 

Pour l'intrigue, c'est l'histoire de Marie, qui reprend l'affaire familiale... Pour le reste, laissez-vous surprendre.
A la fin, comédiens et spectateurs boiront du petit lait.

 

 

"Comme le lait sur le feu" à Illfurth du 28 juin au 01 juillet 21H15. Entrée libre, plateau. Pas de réservations. 

15 juin 2017

ESCAPE ROOM MINIER A TELLURE

60 minutes pour quitter une galerie souterraine. Saurez-vous relever le défi ?

 

32.000 visiteurs l'an dernier au parc minier Tellure, entre Sainte-Marie-aux-Mines et Les Bagenelles. Pour capter de nouveaux publics et offrir encore plus de sensations, le site s'est doté d'une attraction ludique et cérébrale en plein essor, l'escape game. On dit aussi jeu d'évasion réel, nouveau loisir destiné initialement aux adultes. Dans le Val d'Argent, on fait équipe avec l'Escape Room de Mulhouse, "La Loge du Temps". Amis, famille, collègues, en groupe de 3 à 8 personnes, immersion dans un univers particulier d'où il faut sortir impérativement en une heure maximum. Sur les hauteurs de Sainte-Marie, le cadre est inespéré : une galerie minière. C'est là qu'a été conçue L'expédition 52.
Le scénario : Léopold Kiefer, géologue, a délimité une zone où pourrait être enfoui un trésor. Votre équipée est emmenée sur site avec matériel et plans. A vous de jouer, sauf qu'un  éboulement fictif vous barre la route par laquelle vous êtes arrivé. Il n'y a d'autre possibilité que d'avancer. Enfin si vous le pouvez.

 

Il est presque onze heures quand je me présente à l'accueil du parc Tellure. J'ai mis une heure quinze pour monter depuis Mulhouse et la traverse de Sainte-Marie en préparation de sa bourse annuelle  ne facilite pas le transit. Mais j'étais attendu. Ni une ni deux, Diane m'entraîne vers le sous-sol. Au préalable, on s'équipe pour l'aventure. Un manteau imperméable sans manche, une charlotte, un casque de chantier et une lampe. Je suis venu en t-shirt, je sens le choc thermique entre l'endroit et l'extérieur où le mercure frôle bientôt les 30°. Je ne suis pas frileux cependant et la course contre le temps aura vite fait de chasser cette impression de fraîcheur. Nous voilà partis dans l'obscurité que fendent nos lumignons. Quelques dizaines de mètres quelque part sous terre et me voilà intégré au groupe du jour, deux demoiselles et deux hommes, dont mon confrère Gautier. Les présentations sont oubliées, l'action est enclenchée. Nous sommes donc cinq, dans une cavité avec une armoire, un coffre, un établi, un tableau figurant des outils. Chaque objet peut se révéler utile pour la suite, comme ces bidons d'eau plus tard. Nous ne sommes pas seuls cependant. Un maître du jeu, une jeune femme ce matin, veille au bon déroulement des opérations et distille parfois un conseil. Sans elle, le délai imparti serait sûrement largement dépassé. Diane n'est pas loin non plus, qui scrute le comportement des joueurs. Car voilà une formation de personnes d'âges divers qui ne se connaissent pas toutes. Dans cette configuration, un ou des leaders se détachent, quand d'autres restent en retrait et observent. La force de cette virée souterraine réside dans l'union des compétences et la complémentarité des personnalités. Je suis plutôt dans la bougeotte, en quête d'indices à ramasser ou déterrer. Déverrouiller les cadenas, défaire les portes pour ouvrir le passage. Une heure ainsi, nous tâtons,fouillons, inspectons les recoins, résolvons les énigmes avec chiffres et couleurs. A quelques minutes de la fin, le compte à rebours devient sonore, comme un battement cardiaque. Contre toute attente, nous parvenons à nous libérer. En 62 minutes ! Le surplus compensera le temps de mon arrivée dans le groupe. Une performance dont nous serons fiers, quand un tiers des équipes seulement atteint l'objectif. 

Ah, nous sommes remontés à l'air libre. Mais bredouilles. Le trésor, nous l'avions dans les yeux.



Escape Room L'expédition 52 au parc Tellure. Sur réservation.

www.tellure.fr

 

 

13 juin 2017

OBERMORSCHWILLER (HAUT-RHIN) : LE CLOCHER - DONJON

"C'est un des plus étonnants monuments historiques du Sundgau", commence Damien Foltzer, qui prépare ce soir les volontaires aux visites guidées à venir. Obermorschwiller, village de quelque 440 âmes au voisinage d'Altkirch, va fêter comme il se doit son clocher dans quelques jours. Le clocher fortifié de Saint-Sébastien, toujours en place 750 ans après son édification.







Obermorschwiller. Voilà un village qui compte quelques vestiges remarquables. Marc Grodwohl ne s'y était pas trompé quand dans les années 1970 il lorgnait sur cette campagne sundgauvienne pour ériger son écomusée. Mais Maisons paysannes d'Alsace a dû aller voir ailleurs, dans le Bassin potassique. Quarante ans plus tard, le père du musée vivant d'Ungersheim est retourné dans la localité, pour convaincre la municipalité d'effectuer des analyses dendrochronologiques du clocher. Nous savons désormais que celui-ci fut érigé dans la période de Notre-Dame de Strasbourg, au haut Moyen Age, précisément en 1267. 750 années ont passé donc.
Les études ont mis en évidence que la tour disposait d'un hourd, balcon de bois défensif en son sommet, dont il ne reste plus grand-chose, cependant la porte sous l'immense cadran et les poutres intérieures. Le poste de guet aurait disparu au XVIIe ou XVIIIe siècle, tandis qu'une tourelle remplaça l'escalier de bois amovible y conduisant.

Bien plus qu'un clocher, cette construction en bâtière (toit simple) se découpe en plusieurs niveaux. Au rez-de-chaussée, la partie consacrée, chœur de l'église primitive comme l'attestent des fresques. Au premier étage, un espace d'habitation plutôt confortable pour le XIIIe, une dizaine de mètres carrés avec fenêtre à banquette et ce qu'il reste d'une cheminée monumentale en vis-à-vis. Qui logeait ici ? Un gardien, le desservant de l'église ?

En tous cas, de vieux graffiti ont pris racine dans la pierre.
Pour des raisons de sécurité, le public ne visitera pas le niveau supérieur, grenier à grains manifestement. Un coffre-fort à l'abri des incendies et sous la protection divine jadis.
Il n'est pas exclu cependant qu'on y ait enfermé de grands malades, pour les mettre en quarantaine. A cette occasion, on rappelle que les croyants venaient en pèlerinage invoquant saint Sébastien. 
Le clocher fortifié se dresse sur une colline, veillant sur un cimetière, une mairie - maisonnette, un monument aux morts et finalement une partie du village.
 Lui qui a traversé les siècles et les tourments a sûrement beaucoup de révélations enfouies dans ses murs dardés par le soleil de juin.
Le tremblement de terre de 1356 ne lui a pas fait mordre la poussière. Les guerres ont passé, il a tenu.
Obermorschwiller peut en être fier. 
Le 18 juin l'Eglise célèbre la Fête-Dieu. Une solennité contemporaine elle aussi de la tour fortifiée.









750e anniversaire du clocher d'Obermorschwiller du 17 au 25 juin.
Plaquette souvenir. 
www.obermorschwiller.fr 

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