8 mars 2017

LE TROISIEME JOUR DU CARNAVAL DE BALE



Bâle vient de vivre ce qu’elle revendique comme les trois plus beaux jours de l’année.

 


Son carnaval. Le plus grand de Suisse, un des plus connus au monde par son prélude le Morgestraich, défilé lancinant à la lueur des lumignons et des lanternes dans un centre-ville plongé dans le noir. Le troisième jour a été dominé par le grand cortège dans les artères couvertes d’une pellicule de confetti, les équipages des chars distribuant généreusement leur dotation. De quoi garnir un panier : carottes, pommes de terre, poireaux, oignons, oranges, mandarines, bonbons et autres friandises, mais aussi stylos, gadgets, jus de fruits, prosecco et pour les dames et jeunes femmes roses, œillets et bien sûr le mimosa, aussi prisé que coloré. Un souffle printanier.


Le public est dense, en communion avec les personnages grotesques qui s’agitent sur leurs véhicules. Les acteurs du défilé sont quasiment tous masqués. Les waggis, qui figurent les paysans  alsaciens travaillant autrefois à Bâle, sont toujours de sortie. D’autres masques sont plus explicites, à l’effigie de sinistres dirigeants du monde  contemporain. Au carnaval de Bâle, les cliques ne prennent pas de pincettes pour la satire, dans le visuel comme dans l’écrit. Les spectateurs ne sont pas déguisés, mais la plupart d’entre eux portent la blaggede, l’insigne métallique valant soutien au carnaval. Il est bien vu de l’arborer quand on assiste aux cortèges.  Barfüsserplatz, une échoppe écoule encore ses plaquettes cuivre, argent et or à quelques heures de la clôture. Elle est tenue par des Alsaciens. Pascal vient du proche Sundgau. Ce carnavalier de Wolschwiller est membre du Comité bâlois. D’autres Haut-Rhinois, voire des Bas-Rhinois, participent à la vente des produits dérivés sur la place publique, moyennant une rétribution intéressante pour un Français. C’est une façon aussi de s’investir dans une manifestation comptant environ dix mille passionnés de carnaval.


A Bâle, la Fasnacht est plus qu'une institution. Elle coule dans les veines des Bâlois comme le Rhin dans la cité humaniste. Si les trois jours sont sa révélation annuelle, elle se prépare tout au long de l’année. 








5 mars 2017

AU MARCHE DU VINTAGE DE MULHOUSE



Mulhouse Expo démarre l’année avec des manifestations à grand succès, Festivitas, la Fête de la Roue et Extérieurs & Jardin pour citer les plus fréquentés.
Ce premier week-end de mars, une nouvelle attraction s’est imposée au parc de la Mertzau, le Market Vintage, organisé par Animuse. Le premier salon mulhousien des années 1940 à 80, qui a trouvé son public car ce qui se fait aujourd’hui dans de nombreux domaines emprunte à hier. On le voit dans le mobilier et la décoration. 


Dimanche après-midi. Le Market Vintage va bientôt finir, mais les allées sont pleines. Pour le coup d’essai à Mulhouse, les organisateurs ont misé sur 2000 m2. Les visiteurs sont jeunes et adultes, certains ont poussé jusqu’à s’habiller comme leurs parents il y a cinquante ans. Très vite, cette atmosphère nous parle. Dans les objets comme dans les exposants. Tous passionnés ou amateurs d’époques révolues et pourtant intemporelles. Un DJ en costume mixe des platines à vinyles. La voix d’Elvis chante au détour d’un stand. Je ne sais pas ce que je viens chercher ici, mais je vais passer un bon moment. Attaché aux choses du temps perdu, je m’attarde devant un marchand de cartes scolaires. Beaucoup d’entre nous avons connu ces panneaux géographiques et scientifiques et ces grandes images de la société des Trente Glorieuses accrochés quelque part dans la classe. Moyennant une trentaine d’euros, on peut repartir avec un morceau de la France de Pompidou. Pour la première fois, je tombe sur un téléphone à clavier des années 80 de couleur orange… Un must. Mais il faut débourser 80 euros. Quatre fois le prix d’un modèle crème. Les souvenirs de mon enfance se succèdent à la vue de ces témoins qui ont échappé à la destruction. D’autres ont été transformés, on parle d’
upcycling… Beaucoup de rondeurs, de couleurs voire de fantaisie. Béatrice, qui tient des gites urbains vintage en ville, me fait part du bonheur renvoyé par ces temps déjà lointains. On était heureux en 1970, du moins plus qu’aujourd’hui.
Au Market Vintage, on peut aussi rencontrer le barbier, le coiffeur, le conseil en image et se faire prendre en photo dans un décor ancien. Les beaux jours arrivant, les demoiselles oseront peut-être une robe à pois, tandis que les garçons se glisseront dans un look James Dean.
J’ai remarqué la figurine de Casimir, le gentil dinosaure de « L’Ile aux Enfants ». En quittant le Market Vintage, j’ai eu le sentiment de m’éloigner d’une planète hors temps, pleine de gaîté et d’images. Ça, c’était hier.

3 mars 2017

ROSENMONTAG A BLOTZHEIM




La semaine de travail est entamée
Pourtant je sors ce soir
A Blotzheim les sapeurs-pompiers invitent
Au bal du lundi des Roses
Mayence est en liesse 
Beau Bourg est offert aux danseurs 
La soirée vient de commencer
Or le palais est bientôt complet
Des dames masquées se hâtent 
L'orchestre se donne dans un répertoire festif
Les tables rangées en épi sont toutes occupées 
Un groupe d'âmes seules en a réservé plusieurs
Je viens solo aussi 
Poussé par la curiosité d'un Rosenmontag au pays des Trois Frontières 
Motivé par l'atmosphère particulière des bals
Fasciné par ces couples soit pérennes soit éphémères


Je ne danse pas
Je ne suis pas là pour cela 
Je pense à toi 
Nous pourrions aussi tourner sur ce parquet éclatant
Tes yeux me renverraient plein d'étoiles 
J'inclinerais ma tête contre tes longs cheveux noirs 
Nous serions amoureux pour longtemps 
Mon cœur  brûlant à l'image du plafond rouge
Je suis seul mais je suis heureux de l'instant 
Entre lumières tamisées et feux des lustres ogivaux
Je n'entends pas mon élégant voisin m'encourager à oser
Me rapprocher de la piste
A peine prends-je un capiteux parfum féminin qui passe
Les binômes valsent tanguent  se lovent


Mais il me faut repartir
Dehors le vent s'est levé


Pascal Kury 
mars 2017

2 mars 2017

MIGRANTS


Giboulées de mars
Le ciel déverse ses larmes
La place de la gare est un hiver
Dans l'abribus battu par le vent
Un couple et deux jeunes enfants
En habits de fortune
Le père est transi de froid
La tête encapuchonnée
La mère fixe le vide
Les petiotes ne bougent pas
La famille attend
Autour d'un bagage
Reliquat d'une vie radiée

Quelqu'un viendra la recueillir
Mettre fin à une longue errance
Ce soir elle aura sans doute un toit
Pour un provisoire indéterminé
Dans un paysage de petite montagne
Où court la bise
Entre hôtes porteurs de chaleur et citoyens méfiants
Parmi d'autres naufragés de la guerre
La pluie ne cesse de tomber
La petite famille reste figée
Je revois les migrants croisés l'an dernier
Je vais prendre un train
J'ai soudain un peu plus froid



Pascal Kury 02 mars 2016

22 février 2017

DESSENHEIM : AU CARNAVAL DES AINES




Dessenheim, commune de 1300 habitants de la plaine haut-rhinoise, dans le pays de Brisach, berceau de Gilbert Meyer, avec la  « cathédrale de la Hardt »… Et haut lieu du carnaval, comme sa voisine Rustenhart. 

 
Des guirlandes de bouts de tissu flottent au-dessus des chaussées.
Deux week-ends durant, le village fait la fête dans le sillage de l’association sports et loisirs, bientôt quinquagénaire. L’ASL Dessenheim fédère plusieurs sociétés, des Pionniers (fondateurs de l’animation villageoise moderne) à la danse en passant par la gym, le basket et les quilleurs notamment. Une famille d’un demi-millier de membres qui constitue un vivier de bénévoles indispensables à toute organisation. Pour le carnaval, on mobilise près d’une centaine de bonnes volontés.
Particularité de l’association – mère : elle possède sa propre salle, une construction polyvalente sur un terrain municipal qu’il faut entretenir. Les réjouissances de l’hiver sont de fait capitales pour s’acquitter des charges incombant à un tel bâtiment. Du reste, on n’imagine pas la vie du village sans le temps fort annuel, ciment intergénérationnel. En impliquant tous les âges, la manifestation est pérennisée, assure Jean-Claude Dirringer, président de l’ASLD.
Entre deux bals masqués qui font le plein, le mercredi après-midi est réservé à une animation unique dans la région, le carnaval de l’âge d’or.

Il est un peu plus de 14 heures ce 22 février. Dessenheim semble assoupie comme l’ensemble des villages de ce territoire rural. La place de l’église est vide, la rue principale inerte. Seule présence, des employés paysagistes que je dérange pour trouver mon chemin. La femme de l’équipe est hilare quand je m’enquiers d’un chapiteau. C’est une salle en dur. Le bal ?
-         Mais vous êtes trop jeune pour danser !
Sur la route de Colmar, au niveau du rond-point d’entrée de commune, voici la maison de l’ASL. Une spacieuse salle flanquée d’un parking. Des flonflons témoignent que la piste est ouverte. A l’intérieur, toutes les tables ou presque sont occupées. Le parquet est aux danseurs. Le public  clairement senior, sexagénaire à octogénaire. Le service assuré par des personnels costumés. C’est carnaval, même si les convives ne sont pas là pour jeter des confetti. Sur scène, le fidèle Trio Florival distille sa musique et fait évoluer les couples. C’est le temps de la tendresse, quand les corps sont fatigués par les décennies. Les visages sont éclairés. Monique est à la tête d’une délégation d’aînés de Logelheim, le village du potiron. Tout heureuse de passer un bon moment entre amies, puisque les conjoints préfèrent la sieste à la valse.  Vers 18H, un repas dînatoire sera servi et tout ce petit monde aura quitté la place trois heures plus tard.

En coulisses, les bénévoles du président Dirringer auront déjà la tête aux événements du week-end 2 dont le carnaval des
enfants, lui aussi réputé unique. Voire à l’édition 2018.
Sans carnaval, Dessenheim n’est pas Dessenheim.

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