LE PAYSAN COLLECTIONNEUR ET MARQUETEUR

Les écluses de Niffer, le grand canon de Zillisheim, le domaine agricole Krust de Berrwiller, Soléa… Comme chaque été, l'office de tourisme et de congrès de Mulhouse et sa région vous propose un programme de visites guidées et d'entreprises du territoire. Un immanquable : l'univers de Maurice Fischesser à Galfingue.

Avant d'écouter le puits de science, un arrêt à la source

Dans ce village sundgauvien de m2A, Maurice est un personnage. Cet agriculteur retraité natif de Wittenheim a rempli sa ferme de milliers d'objets du passé, accumulés pendant des décennies, par acquisition et par don. C'est que sa mère déjà "gardait tout". Maurice a aménagé différents espaces qu'il faut traverser sans savoir où donner de la tête, car si les vieilles choses nous intéressent, elles suscitent interrogation, émerveillement, émotion peut-être. Nous plongeons dans un temps révolu, avec des outils et des machines parfois insoupçonnés. Il y aurait de quoi créer un musée agricole. 

Les chaussures de l'homme le plus grand 

Un plafond de portes

Nous allons du garage aux tracteurs à l'école en passant par la chambre nuptiale et la buanderie. Maurice a une anecdote pour chaque pièce, mais c'est dans sa belle salle de réception qu'il nous raconte son autre passion, la marqueterie. Un travail de plaquage qu'il apprit lors de son service militaire. Les tableaux habillent cette stuwa chaleureuse. Maurice réalise sans relâche des reproductions de maisons alsaciennes. Dans son atelier, il s'empresse de m'offrir un petit ecce homo de sa facture. Dommage que nous soyons tenus par la montre, le vaillant septuagénaire qui sait tout faire ou presque a tellement à partager. Sa propriété n'est pas un musée, mais grâce notamment à l'office de tourisme mulhousien, elle peut recevoir des visiteurs.
Et quand on a rencontré Maurice, on est convaincu qu'on ne l'oubliera pas.

Pour visiter le Domaine de Maurice, tourisme-mulhouse.com 

 

LE PARC DU PETIT PRINCE, CET ENFANT DE DIX ANS QUI GRANDIT

- Tu étais là l'an 0. Tu as été de tous les rendez-vous.
Jérôme Giacomoni me rappelle à cette heure avancée de la soirée que j'ai accompagné l'aventure du Parc du Petit Prince depuis la genèse à ce jour anniversaire. Je me souviens de ce jour froid où les élus en charge de l'après-Bioscope nous avaient présenté ce binôme de repreneurs parisiens qui se sont spécialisés dans le ballon captif. Nous les avions écoutés dans le futur Météorite Café, dans la dépouille d'un parc de loisirs que personne n'a jamais su expliquer et dont les jours avaient été bientôt comptés. J'ai eu l'occasion d'arpenter le site comme seul au milieu de nulle part. Ce 20 juillet 2024, nous sommes très loin de ces hivers fantomatiques. Nous venons de fêter les 10 ans du Petit Prince d'Alsace.

Comme tous les sites de loisirs, le PPP est tributaire du temps. Le début de saison a été difficile, mais le parc a retrouvé son public et notamment en juillet où il est ouvert tous les jours, idem en août. Nous arrivons vers 19H30, plus de 3 heures après le début du temps des officiels. Je ne me souviens pas d'avoir vu autant de monde. 3200 visiteurs selon la direction. Du coup nous devrons patienter longuement pour certaines attractions dont Pierre de Tonnerre, dont le wagonnet nous fera virevolter dans le crépuscule. Très bonne idée cette nocturne. Il fallait ça, car sur les coups de 23 H un feu d'artifice sera tiré de 4 points du site. Quelques minutes enchanteresses suivies d'un vol de pigeons lumineux. A l'heure des drones, voilà une trouvaille digne des lieux. Auparavant, les artistes du Paradis des Sources avaient distillé leurs paillettes dans le domaine. 

Cette année, le Parc invite des amis. C'étaient les anciens mineurs du Carreau Rodolphe voisin  en juin. Ce seront le Climbing Mulhouse Center les 3 et 4 août, puis les astronomes de Wittelsheim et le scientifique Renard le 10 pour la nuit des étoiles filantes. Mais on aura aussi reçu le Haut-Koenigsbourg, Dinozoo, NaturOparc etc. Même l'Ecomusée ! Quand on travaille ensemble, on peut réaliser de grandes choses, résume Jérôme. Avec son associé Matthieu Gobbi, il pilote une PME qui seule ne pourrait rien. Dans cet ancien bassin potassique, les deux entrepreneurs ont pu générer une formidable saga avec la participation des collectivités et des banques. En une décennie, le Petit Prince d'Ungersheim a accueilli 1,5 million de visiteurs, fait travailler un millier de collaborateurs, injecté 50 M€ dans l'économie locale. En partageant le gâteau d'anniversaire (fait maison) coupé en 960 parts, Jérôme et Matthieu savourent l'instant. La journée a été magnifique sous le soleil. Petits et grands ont eu des étoiles dans les yeux. Et le microclimat du parc concentrique a éloigné les orages.

La saison anniversaire court jusqu'au 3 novembre. Les fondateurs du parc ont déjà la tête à la phase 2. A 10 ans, on n'est plus vraiment un enfant. Mais on ne doit pas grandir trop vite. Le blues du Businessman ne risque heureusement pas d'atteindre Jérôme et Matthieu.

AU TRAIN D'UNE VAPEUR AVEC LE TTDA

Un dimanche après-midi du début d'été. Nous venons de récupérer notre collègue Lucas devant la gare de Cernay réhabilitée et dédiée aux services médico-sociaux de la Collectivité européenne d'Alsace. Nous allons emprunter tout à l'heure le train Thur-Doller. S'agissant d'un train touristique, nous le prendrons à Cernay St-André, où une petite construction en bois fait office de point de départ. Une famille allemande nous précède. Bientôt le convoi se signale par son bruit caractéristique. Un train vapeur. Les personnels de l'association TTDA s'avancent pour ouvrir le guichet. Nous n'avions pas réservé en ligne, ce qui nous vaut des tickets en carton comme au siècle dernier. 12 € pour l'aller-retour d'environ 24 km. Les bénévoles sont jeunes pour la plupart, polyvalents, agents d'accueil, chef de train, contrôleurs, opérateurs de barrière, signaleurs. Les tenues renvoient à différentes époques.

Reconnaissable entre tous, Aïssa et son attitude débonnaire, coiffé de sa casquette rare Alsace - Lorraine. 6 décennies au compteur pour cette figure de la maison.

Il nous propose la voiture - bar, où sont disposées quelques chaises face au comptoir surveillé par un gamin silencieux. Mais une musique festive s'en échappe. 
Le train s'ébranle après 15H.

Le départ de St-André correspond au km 2,0 de l'ancienne ligne Cernay - Sewen. La première gare intermédiaire est Aspach. C'est ici que s'opère l'interaction avec Vélo Rail Sud Alsace. Nous passons devant un groupe de pédaleurs attendant leur tour sur la voie. A l'approche du pont Henry, la consigne est de rentrer la tête, car les montants de l'ouvrage métallique sont tout proches de la rame. Au km 7,7 c'est l'escale à Burnhaupt.

 L'association se fait un devoir et un plaisir de présenter son patrimoine roulant, dont une 141C-100 démontée, en restauration. Je me souviens d'avoir fait un tour de cabine à bord de la "Meuse" en 1998 au cœur de Mulhouse. C'est la machine qui nous tracte aujourd'hui. Km 11, gare de Guewenheim. Cette fois nous sommes dans la vallée de la Doller. C'est le bâtiment de la ligne de 1869. Km 13,6, terminus. Sentheim et sa gare aux artistes. Des musiciens dans ce week-end "Trains Relax Spring Days". Avec la SPA de Colmar, les chiens sont les bienvenus. C'est leur journée. C'est aussi le moment de prendre un verre et d'échanger avec l'équipe de conduite. A la chauffe, Mélanie; à la conduite, son époux Titouan. Just married, ce couple se complète aussi dans l'aventure ferroviaire avec le sourire. 

Bientôt il nous faut repartir. Nous changeons encore de voiture, histoire de nous poser sur une banquette de lattes. Il ne faut pas chercher le confort, surtout qu'avec les vitres baissées, des émanations de charbon colombien chatouillent les narines.
Comme à l'aller, des passants et des riverains saluent notre convoi. Trois heures après notre montée à Cernay, nous finissons notre voyage dominical. Chaque train raconte une histoire. Chacun son public. Les 27 et 28 juillet, le TTDA rejouera son Doller Western. Au train d'une vapeur. La vitesse ne signifie rien dans ce voyage dans lequel personne ne court. Mais où le temps qui passe s'apprécie.

www.train-doller.org