Une
piste noire est réputée difficile et s’adresse aux skieurs
avertis. France 2 vient de nous tenir en haleine trois lundis
consécutifs avec « Piste noire », une mini-série de six
épisodes de 52 minutes dans un huis clos alpin. Une
fiction glaçante dans une station de ski enneigée. Les habitués
auront reconnu Morzine-Avoriaz, rebaptisée Les Clairies.
Le
téléspectateur aura passé cinq heures en compagnie des gendarmes.
Thibault de Montalembert incarne parfaitement un chef de brigade
ancré dans son territoire. Pour une fois à l’écran, les
militaires ont la coupe réglementaire. Le major Servoz en fin de
carrière, rompu à sa routine et ses addictions, mais un gaillard
avec qui on prendrait un verre. Un sous-officier supérieur dont le
quotidien est bousculé par une gendarme lyonnaise, la maréchale des
logis cheffe
Emilie
Karras, de la section de recherche. Constance Labbé interprète une
militaire dans son époque, maman partageant le lit d’une autre
femme et adepte de la compote quand le vieux briscard replonge dans
la
flasque.
La présence de cette enquêtrice qui revient en fait au pays va
causer la perte d’un microcosme d’acteurs délinquants, dont son
père patron de scierie.
Chacun
traîne son histoire, entre les ruptures familiales, les
arrangements, les vieilles amours, dans un contexte de projet
immobilier à fort impact environnemental, de millions d’euros, de
trafics multiples, dont
de stupéfiants.
Forcément les défenseurs de la montagne font obstacle. Et tout
commence par la mort d’un individu dans les flammes. L’intrigue,
malgré des incohérences comme cette caravane qui ne brûle que
partiellement, le drapeau flottant à côté de l’image de la maire
poussée dans la mort ou le petit cordon de gendarmes mobiles face
à une quinzaine de militants de carnaval, est palpitante et
fait émotion.
Tout un monde de malfaiteurs notables s’effondre autour d’un
champion de ski désormais hors piste. Contrairement aux acteurs
justes dans leurs personnages. Constance Labbé, de prime abord
condescendante dans son grade finira par rappeler que l’habit bleu
ne fait pas une armoire de glace. Derrière chaque uniforme il est
des sentiments.
France
2 n’a pas prévu de suite à cette tragédie alpine illuminée de
somptueux hivers blancs captés par drone. En cela, les auteurs ont
accompli un remarquable tour de piste. Et donné à la chaîne
d’atteindre de jolis résultats d’audience, 4,5 M de
téléspectateurs environ le premier lundi.