Hirsingue, jeudi 1er septembre, vers 19 heures. En quittant mon véhicule près de la poste, je perçois un brouhaha qui s'échappe des fenêtres de l'ancien restaurant "Au Raisin" rue du général de Gaulle. Une bâtisse ancienne aux murs colorés par le temps, pour quelques heures encore the place to be. C'est le dernier jour d'ouverture du bistrot temporaire. "Chez Gusti" indique un écriteau.
-Qui est Gusti (Güschti aurais-je écrit) ? -C'est un peu nous tous, répond Georges, qui depuis une semaine court dans tous les sens pour assurer la bonne marche de la maison.
Je crois avoir découvert "Chez Gusti" en 2016, lors d'une ouverture temporaire déjà. J'aime les estaminets d'un autre temps comme les cafés qui ont survécu. Le bistrot de Hirsingue s'est tu voilà plus de vingt ans, mais c'est comme s'il n'avait jamais fermé. Parquet, tables, nappes, tapisseries...Rien n'a changé. Les lustres boules rappellent mon école. Les verres sont éclatants dans le vaisselier. Les cendriers ont certes disparu, mais l'atmosphère est celle d'un débit de boissons convivial.
C'est en 2004 que le débit de boissons a rouvert pour la première fois depuis le décès de la maman de Georges. Parfois pour des événements, désormais pour conserver la précieuse licence. La crise sanitaire a bousculé le calendrier, d'où la réouverture cet été. Elle serait heureuse, la regrettée exploitante, de voir tant de monde ce soir, mais préoccupée aussi de l'accueil. En attendant, dans ce chahut joyeux, chacun a une histoire à partager. La vie de Hirsingue hier ressurgit, les plus âgés se rappellent peut-être que les Allemands occupaient les lieux pendant la guerre. Le café, c'est l'âme du village.
Georges et sa famille vont pouvoir souffler tout à l'heure quand le dernier client sera parti. "Chez Gusti" va entrer dans sa longue somnolence. Mais ses murs fatigués retiennent les souvenirs.
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