14 juin 2021

CABANE 13

Hébergement insolite


Nouvelle expérience de "cabaneur" dans un espace nature en Haute-Saône.  




Quand on achève une journée qui a commencé dix heures plus tôt sur un site archéologique à Luxeuil et vient de passer par Vesoul, on aspire à un repos légitime. On l'espère aux Cabanes des Grands Lacs, à Chassey-lès-Montbozon. Mais pour ce qui me concerne, il faudra le vouloir ! Le domaine Coucoo Grands Lacs entoure cinq plans d'eau et est traversé par l'Ognon. Une vingtaine de cabanes y forment un village, implantées sur une presqu'île pour une partie, autour ou sur l'eau pour les autres. Nous songeons aux hébergements flottants avec spa, mais nous aurons les cabanes dans les arbres. 




On m'a attribué la 13. Je ne suis pas triskaïdékaphobe, mais dans l'hôtellerie on évite le nombre de la Cène. Elle porte bien son nom, Extrême. Le propriétaire annonce qu'elle se mérite, cette cabane perchée à 8 mètres au bout du domaine. En la découvrant, je me dois de hisser ma valise par la poulie destinée au panier-repas. Deux échelles de bois et un pont suspendu plus tard, me voilà à la porte. A cette heure, le jour commence à décliner. Nous ferons connaissance après le dîner. Le groupe auquel j'appartiens a décidé en effet de se retrouver à l'Ecohutte, construction centrale abritant douches, sanitaires, salle de restauration et de détente/jeux. Ce point de ralliement est distant d'environ 900 m de ma résidence sur arbre...




Un brin de toilette pour nous rafraîchir et nous voilà apprêtés pour le repas, un pique-nique amélioré. Nous avions commandé en avance. Pour chaque cabane son menu avec couvert et les préparations en pot. Un "dîner gourmand" réalisé par le restaurant Le Maugré. Foie gras maison et truite saumonée pour moi. Deux vins du Jura sont apportés par une jeune fille. La fête peut commencer. 




Nous avons investi les lieux que nous n'aurons quasiment pas à partager. Deux touristes de Lausanne tentent de se faire un expresso contre un jeton inséré dans le sac à dos d'accueil. Un couple d'Erstein en peignoir vient à son tour se poser dans le sofa. Vers 23 heures, nous convenons de rejoindre nos quartiers. Devant l'Ecohutte apparaît une jeune femme en quête elle aussi d'un café mais elle n'a ni jeton ni monnaie. Nous le lui offrirons. Je me dis à ce moment qu'il n'est pas très prudent qu'elle s'aventure seule dans la nuit malgré sa lampe.




Je ne crois pas si bien dire quand Lucile me dépose devant le chemin menant vers ma cabane. Non seulement je suis parti sans l'éclairage frontal, mais voilà que dans l'obscurité je fais fausse route. Je ne distingue pas le sentier qui m'emmène vers l'eau. Je me vois déjà passer la nuit en dehors de mon nid quand je me retourne. Quand j'étais soldat, je voyais danser la forêt nocturne. Fort heureusement, je finis par rejoindre l'Extrême. Il faut encore gravir l'échelle et franchir le pont. La cabane est plongée dans le noir. Un système devrait l'éclairer, mais trois secondes plus tard c'en est fini. J'ai emporté une lampe anti-moustiques qui diffuse une faible lumière. 
Le domaine promet une nuit magique avec l'impression d'être seuls au monde ici. Certes j'ai une bonne literie dans un espace chaleureux, mais je suis vraiment abandonné à moi-même dans un environnement  bruyant. Quelle idée d'ériger une cabane tout près de la rivière. "Le chant de l'eau qui ruisselle entre les pierres bercera vos nuits." Non, c'est le boucan de l'Ognon qui chuinte et me privera d'un sommeil réparateur. Il ne manque plus que la Vouivre pour hanter mon heure. Mes séjours dans les cabanes sont décidément extraordinaires. Dans les Ardennes, dans ma construction perchée coupée du monde, mes oreilles devaient entendre la retransmission d'un match comme si j'y étais; dans les Vosges, c'étaient les guêpes au-dessus de ma tête...L'insolite a un prix. 




Ma nuit aura donc été courte et les rais du matin transpercent ma demeure éphémère. La rivière aboie sans relâche. Je vais l'oublier pour humer l'air frais depuis la terrasse. Une table, deux chaises. Et ce cendrier incongru. Comme l'appareil de chauffage à l'intérieur, évidemment nécessaire quand vient l'automne. 
Pas le temps de s'attarder davantage, le petit déjeuner sera pris en commun à l'Ecohutte, que j'aurai bien du mal à retrouver là aussi. 
La brume enveloppe le site. Un couple de canards va prendre l'eau. Devant moi toujours, deux ragondins. 



Comme le dîner, le premier repas du jour est livré dans un joli panier.
Pain frais, viennoiseries, jus de pomme, confiture, beurre, miel du pays. Mais en retournant chercher mes affaires, je m'égare de nouveau. Pour profiter pleinement de ce paradis haut-saônois, il faut télécharger ou mémoriser le plan. Sinon on ne risque pas de faire coucou de sitôt à ses voisins. 







www.cabanesdesgrandslacs.com

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