Se ressourcer en Loire bourguignonne
C’était un beau matin de septembre, dans notre échappée de presse nivernaise. Pour commencer la journée, Maryline notre guide nous a emmené au vert. A cette époque, l’automne n’avait pas encore fait son œuvre. A l’est de La Charité-sur-Loire, entre Guérigny et Prémery, la Forêt des Bertranges.
Un
des plus grands massifs de France (plus de 10.000 ha dont 7600
relevant du domaine public).
Le « terrain de jeu »
de Samuel Blais, responsable de l’unité territoriale ONF. Il nous
accueille au rond-point de la réserve, étoile des circuits de
randonnée. Il a l'humilité du jardinier, la sève du protecteur de la
biodiversité, la robustesse du chêne. Justement, le poumon vert de
la Nièvre est la deuxième forêt de chênes dans l’Hexagone. Il y
a bientôt 30 ans, les forestiers ont dû se faire violence pour
abattre le Babaud, presque cinq fois centenaire.
A l’occasion
de la Journée internationale des Forêts le 21 mars, l’ONF
rappelle que les espaces qui lui sont confiés sont potentiellement
dangereux, plus encore par intempéries. La forêt occupe un tiers du
territoire national, elle nécessite un travail continu de façonnage
et de sécurisation. Les missions de l’ONF ne sont pourtant pas
toujours évidentes pour le public. Les forestiers exercent un métier
du terroir, un de ceux qui ne produisent pas un résultat immédiat,
explique Samuel. Un travail qui produira des fruits longtemps après.
Car il s’agit de faire des chênes bicentenaires. Ces arbres qui
depuis des siècles alimentent les scieries, constituent les
charpentes, habillent les parquets de Versailles et sont façonnés
en tonneaux. Autrefois, c’étaient encore les forges royales.
Inséparable de son marteau qui annonce la coupe, Samuel est aussi
gardien des espèces. Les essences moins courantes sont
préservées et une forêt mélangée résiste mieux aux facteurs
externes, commente-t-il. Le changement climatique s’est déjà
emparé du paradis vert. La sécheresse est pire que la canicule. Si
le chêne sessile est plus coriace, le taux de mortalité du pédonculé
a de quoi inquiéter. Quand ce ne sont pas les scolytes venus du
Grand Est qui dévorent les épicéas. Terrible pour un forestier.
Cela étant, Samuel a des raisons d’être heureux dans l’immensité.
Il échange avec le public et partage le domaine avec une faune
nombreuse : cerfs, chevreuils, sangliers, bécasses. Il lui faut
parfois compter le gros gibier de nuit.
L’office national des
forêts a enfin un pouvoir de police. Si un dépôt sauvage n’est
pas à exclure, les gens du pays sont plutôt respectueux de cet
environnement. Ce sont des ruraux.
Samuel Blais a eu
l’appel de la forêt. Il écoute pousser les arbres. « Un
arbre s’installe à un endroit où il peut y grandir. » Le
temps du forestier n’est pas celui du journaliste.
La
Forêt domaniale des Bertranges en Bourgogne – Franche-Comté
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