1 novembre 2018

TEMPS DE TOUSSAINT



Novembre est arrivé. C'est la Toussaint, communion de tous les saints, solennité liant le Ciel à la Terre pour ceux qui croient. La sainteté s'acquiert ici-bas, a rappelé le curé Vincent Simon depuis son église paroissiale de Bantzenheim ce matin. 

Comme le veut la tradition, je suis allé au cimetière d'Altkirch cet après-midi, pour la première fois sans maman je crois, qui m'a précédé, mais avec mon épouse. De belles éclaircies se sont posées sur la ville basse où reposent mes grands-parents maternels et papa. La Toussaint, ce jour particulier où les jardins du souvenir se remplissent, où les sépultures se fleurissent, où je retrouve vivants et défunts. Année après année, il me semble que nous soyons moins nombreux au cimetière, dépouillé de ses arbres du reste. Les coutumes se perdent, des grandes surfaces se permettent d'ouvrir et donc de banaliser un jour qui appelait à la trêve, au recueillement et à la rencontre. Les affaires se fichent des sentiments et on ne fait pas du commerce avec des morts. 


J'ai toujours vécu à Altkirch, de sorte que nombre de visages et de noms me sont familiers ou me parlent sur les stèles. Beaucoup se sont endormis voilà longtemps. Le temps passe. La petite fille au cheval a été volée dans un accident il y a quarante ans. Elle était sur le chemin de l'école...Mon camarade Joël a été fauché près de chez lui par un chauffard en partant travailler un matin de décembre. Trente ans déjà. 
Mes vieilles amies nonagénaires se sont assoupies plus récemment, affaiblies par leur grand âge et leurs conditions de "détention". Je revois encore les personnes de mon enfance, au hasard des tombes. L'émotion me gagne en retrouvant Eléonore, appelée auprès de son Ernest  l'an dernier. Elle souriait à la vie. Elle sourit éternellement tandis qu'un rayon de soleil illumine le nom des époux.



J'ai reconnu là-haut la silhouette de Fifi, bientôt 95 ans. De sa génération, il ne reste pas grand-monde, me dit-elle. 
Et d'ajouter avec son humour que
les plus jeunes ne sauront pas qu'elle a existé, le jour où elle ira à son tour prendre place dans le grand dortoir à ciel ouvert, dans la ligne de mire de Notre-Dame d'Altkirch. 




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