29 octobre 2018

THIERRY BUCHER A ETEINT SON FOUR





Dimanche 28 octobre. C'est une curieuse impression qui m'habite au moment de pousser la porte du 62, rue de Bâle à Mulhouse. La boutique de Thierry Bucher vit ses dernières heures. Il va être midi. Les vitrines sont quasi vides, ne restent que quelques commandes et la pyramide de macarons décorative. Plusieurs clients sont là, dont Gilbert Buttazzoni. On passe derrière. Les coulisses que je commençais à apprivoiser et que je ne reverrais sans doute plus. L'apprentie BTM s'affaire au fond. Thierry travaille sa dernière production d'éclairs en accordant une interview vidéo à Jean-François Frey, photographe de L'Alsace journaliste reporter d'images en formation. Devant, Manon est au service avec le renfort d'un grand gaillard. C'est un jour historique pour cette maison que Thierry a reprise il y a plus de vingt ans et qui voit défiler un chapelet de gens. Elles viennent toutes remercier, congratuler, embrasser le maître chocolatier - pâtissier qui n'imaginait pas connaître tant de monde. 







Tout est allé vite en quelques jours. Je me souviens qu'il y a quelques semaines, Thierry évoquait l'envie de soleil lointain. 

Les récents événements devant et autour de son commerce l'ont bousculé au point de tout plaquer et de quitter Mulhouse. Depuis quelques temps, la vie du quartier s'est dégradée avec les incivilités, les bagarres, les trafics et autres faits illégaux. L'artisan est épuisé de recourir à la police quand ça devient intenable. Et en veut aux élus qui n'auraient pas pris la mesure de ce qui se trame dans ce qui fut la réputée Bàslerstross. Certes Michèle Lutz, artisane en retraite et maire, s'est rendue sur place en fin de semaine. Mais la décision de Thierry semble irrévocable.  Quand bien même il vient d'injecter 50.000 € dans ses murs. Et il doit se séparer de 4 collaborateurs. "Un crève-cœur" lâche le pâtissier le regard humide. On n'abandonne pas habituellement une telle affaire. 





Avant de prendre congé de lui, Thierry me confie le glaçage blanc des éclairs, un point faible chez moi qui d'ailleurs  ne suis pas du métier. Il m'apprend la position de la spatule. Je n'oublierai pas.
Et m'offre un tablier de chocolatier collector que je promets de porter quand je me remettrai à l'ouvrage.
A 17H, Thierry a prévu de baisser le rideau. Pour moi, c'est déjà l'heure.
Soudain, dans la pluie d'octobre, la rue me paraît plus froide. 





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