27 août 2017

75E ANNIVERSAIRE DE L'INCORPORATION DE FORCE A RICHWILLER

Plusieurs centaines de personnes ont pris part à la journée de commémoration portée par la ville du Bassin potassique, une commune qui dispose d'un monument aux Malgré-Nous.





" L'Histoire de France ne comporte pas que des pages glorieuses."
Le préfet du Haut-Rhin Laurent Touvet s'est associé  à la douloureuse mémoire de l'Alsace qui rappelle ces jours-ci l'incorporation de force de ses fils dans l'armée d'occupation. Le 25 août 1942 résonne pour longtemps encore comme le glas d'une jeunesse sacrifiée sur l'autel du nazisme et envoyée dans l'enfer. Au-delà de ces garçons qui n'espéraient que grandir, le martyre de toute une région.

Le 25 août 2017, les églises d'Alsace ont activé les cloches pour marquer le 75e anniversaire du décret du gauleiter Robert Wagner, administrateur zélé de la province annexée de fait par les Allemands en 1940. Jusqu'en 41, les armées du Reich écrasaient tout sur leur passage. Mais bientôt, il a fallu trouver des renforts. En Alsace - Moselle, 130.000 jeunes gens allaient être enrôlés, des classes 1908 à 28. Les derniers n'étaient encore que des enfants, jetés sur tous les fronts après une sommaire instruction. Certains ont intégré les Waffen SS, ce qui réduisit d'autant plus leur espérance de vie au combat. Malheur aux vaincus. Le dernier Alsacien prisonnier des Soviétiques fut libéré en 1955. 


Le préfet Laurent Touvet
René Baumann, 94 ans


Les Alsaciens ne voulaient pas de l'uniforme feldgrau. L'administration nazie aura tôt fait de les mettre au pas, en punissant les réfractaires et leurs familles, internées à Schirmeck, cependant que les biens étaient saisis. Pour l'exemple, on fusilla, comme les évadés de Ballersdorf dans le Sundgau. 

Tout cela a été rappelé le 27 août à Richwiller, où une cérémonie départementale a été organisée par la Ville avec de nombreux partenaires, dont la société d'histoire locale. Le maire Vincent Hagenbach est lui-même fils d'incorporé. Le 8 mai est toujours difficile à célébrer, rappelle l'élu, car si la France fête la Victoire 1945, "l'Alsace se souvient du retour dans l'indifférence générale, mais surtout avec un sentiment de honte" de ceux qu'on appellera les "Malgré-Nous", quand ils ont eu la grâce  de rentrer. Deux adolescents de Richwiller ont lu deux lettres émouvantes d'enrôlés alsaciens rédigées avant leur dernier souffle. Les deux soldats ont été condamnés à mort le jour de l'Assomption. Ils devaient finir pendus.
C'est à toutes ces victimes, aux incorporés de force des deux sexes, en ajoutant le RAD puis le KAD, à leurs familles, à l'Alsace en définitive, que Richwiller pensait ce dimanche d'été, devant un parterre d'anciens combattants dont une quarantaine de survivants de l'annexion. 

"On connaît mal en France l'incorporation de force", tente le préfet Touvet. Les enrôlés ont longtemps été oubliés. La désinformation a alourdi le poids de la souffrance et si l'Allemagne a consenti un dédommagement d'un millier d'euros par homme réquisitionné, la jeunesse de nos aïeux a été perdue.
"On aimerait juste la reconnaissance de l'abandon de l'Alsace" avait lancé préalablement le maire de Richwiller. 

Le représentant de l'Etat a pris la dimension du drame. Laurent Touvet concède qu'on "ne construit pas l'avenir sans connaître l'histoire".  




La fanfare des hussards d'Altkirch


Les véhicules de la collection Hess

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