Au cimetière d'abord, deux croix de missions du XIXe, deux crucifix en fait puisque le corps du Christ y est figé. A distinguer du calvaire qui compte un ou des personnages au pied de la croix. L'église St-Maurice est dotée d'un cadran solaire. Le temps, comme la croix, ouvrent la méditation. Au fil des stations, les marcheurs écouteront de courts textes, essentiellement du père Charles Singer, qui glorifie "l'icône éblouissante" depuis laquelle Jésus ouvre ses bras au monde.
En quittant le cimetière, arrêt devant la stèle de la première guerre mondiale. Elle est dédiée aux prisonniers italiens morts de froid dans leur grange, comme d'ailleurs leurs compagnons d'enfer roumains, quand les soldats prussiens festoyaient en l'honneur de l'empereur. Il y a cent ans.
Les marcheurs s'engagent hors agglomération, sur les hauteurs. En forêt, un oratoire blanc consacré à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, patronne elle aussi de Steinbrunn. On rapporte que ce bildstock fut érigé à la suite d'un accident d'attelage. Le chariot s'était renversé, les chevaux emballés. Parmi les personnes impliquées, une jeune femme enceinte. Elle a eu la vie sauve et pu donner le jour... A la mi-juillet,le 16 cette année, une messe est célébrée ici. C'est l'unique office de plein air de la communauté de paroisses.
Le chemin que nous empruntons était celui autrefois des ouvriers qui embauchaient à Mulhouse. Ceux-ci avaient le loisir de se poser auprès de ces ouvrages et d'en faire des témoins de leur itinéraire. Assemblage issu de plusieurs monuments, voici une croix rurale sans date, surplombant un talus. Elle se dresse et souligne pour le poète cité "l'effort de l'ascension longue". Une autre croix simple, près d'un taillis. Un crucifix écoté dont le Christ originel a été remplacé par un autre de moindre taille. Les âges passent, les monuments se transforment. Et se conservent. Comme celui de la famille Schreck. Une croix du XIXe dominant notre chemin forestier toujours. Celle-ci commémore un drame, le meurtre sauvage d'un membre d'un foyer de Steinbrunn, dans la nuit noire. Une construction en plusieurs parties, une croix privée de Christ et amputée d'une branche.
"L'heure est venue pour te prendre, mais on ne peut tout te prendre; tu as tant distribué..." C'est ici à la croisée de chemins que s'arrête la promenade contemplative. On s'en retourne au village, cueillant le précoce muguet au passage.
Certains continueront le moment pastoral en partageant le bol de riz solidaire à Dietwiller. Le Carême s'éteint. Déjà la croix rayonne dans le printemps bien engagé.
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