Belfort le 26 décembre. Tandis que l’Alsace se
remet paisiblement des festins de Noël ou les prolonge, la cité au lion reprend
le cours normal de la semaine de travail. Bien que beaucoup soient en congés.
Cette année, la Saint-Etienne tombe le lundi. Quand vers dix heures j’entre dans le centre de Belfort, je vois une ville semi-endormie. Nombre de commerces sont encore fermés. On est loin de la ruche d’avant le réveillon.
Pourtant, les forces commerciales de Belfort
invitent régulièrement les voisins haut-rhinois à une migration consommatrice
les jours fériés spécifiques à l’Alsace – Moselle, le deuxième jour de Noël et
le vendredi saint (ou « vendredi belfortain »).
Lundi matin donc. Je n’aurai pas l’embarras du choix pour les boutiques.
Mais il faut passer par les immanquables de la place, le Monoprix et les
Galeries Lafayette. Le premier semble en travaux depuis belle lurette. Il lui
manque la marquise. A l’intérieur, le revêtement de sol luit comme une
patinoire mais nous cherchons avec difficulté des traces de Noël dans la
décoration. Au sous-sol, c’est la surface alimentaire, toujours tristounette.
Le rayon poissonnerie est comme une coquille vide. Aux caisses, une hôtesse
aussi gaie qu’un plat d’huîtres indigeste… Je trouve mon bonheur (simple) dans
une serviette fabriquée en France par une vieille maison.
Changement d’ambiance dans le plateau
piétonnier avec les Galeries. Le Monop’ vu
précédemment n’est pas donné malgré ses éponges premier prix,
mais ici, c’est une autre atmosphère et une gamme supérieure. Je pense
inévitablement au regretté Globe de Mulhouse. Ah, l’univers des grands
magasins, leurs couleurs, leurs odeurs. Sobriété dans les suspensions de
saison. A se demander si Noël fiche les boules ? La fête est finie dans le
commerce, place au blanc, dont les parures de lit s’affichent, très colorées. C’est
le soleil catalan de Desigual. A la caisse, un petit échange avec l’employée
qui me parle de la journée alsacienne. Dommage que l’effectif de ce bâtiment
fonde. Il ne serait plus que de trente personnes…
Je me souviens d’avoir travaillé dans cette
charmante ville de province il y a vingt ans. Certains commerces ont disparu
comme la boucherie chevaline et la pâtisserie du boulevard Carnot. Mais face à
la gare, devenue vintage, la douce maison Klein, les maîtres chocolatiers… J’y
prends toujours plaisir à une dégustation. Quant à l’établissement ferroviaire,
j’en déduis qu’il est désormais octogénaire, puisqu’il est contemporain du
Front populaire…
En quittant Belfort, je repasse devant le cours
Notre-Dame-Des-Anges dont l’église a été balayée pour dangerosité, elle qui n’était
guère plus âgée. Beaucoup de souvenirs me rattachent à la cité des Trois Sièges
et curieusement aucun amour. Pourtant si elle avait été plus jeune, Mimi m’aurait
sûrement fait la cour, si j’en crois la confession de cette femme
extraordinaire qui s’endormit définitivement en décembre 1997.
Belfort et moi avons en effet une relation bien
particulière.
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