22 novembre 2024

L'HIVER DE LA STE-CATHERINE






J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises sur ce blog depuis 2018 de partager mes impressions sur la foire Ste-Catherine d'Altkirch, que je fréquente depuis cinq décennies, étant natif et domicilié dans la ville - centre du Sundgau. J'ai connu l'excitation de l'enfance mais devenu senior, la manifestation annuelle du monde paysan dans la haute ville me laisse nostalgique. Quand la Simon et Jude de Habsheim a rebondi grâce au concours départemental de races bovines, la cinq fois centenaire Ste-Catherine est sur une pente descendante. Certes, elle reste le rendez-vous sud-alsacien du machinisme agricole, mais j'ai vu ce 21 novembre un marché clairsemé, loin de la promesse attendue. Il est vrai que je m'y suis présenté vers 15 heures, alors que les flocons de neige commençaient à blanchir le paysage. L'alerte météo diffusée quelques heures plus tôt n'arrangeait rien. Alors quand je me suis engagé dans la rue Henner, certains commençaient à remballer. La place de la Réunion m'a paru vide. Au fil des années, l'emprise de la foire d'automne semble diminuer, malgré les 5000 m linéaires avancés par la Ville. Je ne me souviens pas d'une Ste-Catherine neigeuse; pourtant d'autres m'en ont fait part. L'événement climatique a précipité en tous cas la clôture de la manifestation. Autrefois, on prolongeait le moment dans les bistrots. En regagnant mon domicile vers 20H30, la rue du 3e Zouaves ressemblait à une page blanche. Il sera plus difficile de réécrire le Kàtrinamart que de raconter ce qu'on y a vécu dans l'ancien monde.









19 novembre 2024

ETERNEL SIAM AU SITV

 La Thaïlande était l'invitée d'honneur du dernier Salon international du Tourisme et des Voyages de Colmar, comme au début des années 2000.
La destination a fait rêver le public, en hausse de 10 % par rapport à l'an dernier. 22.000 visiteurs ont été comptés lors de la 39e édition. La 40e s'annonce "mémorable" en novembre 2025.
















15 novembre 2024

MISE A SAC OU LA PERDITION D'UN ESTHETE

alsatique


Un nouveau livre, dans lequel ils misent sur l'image...Pierre Freyburger, Hélène Poizat et  Fanny Delqué éclairent dans une fiction le côté obscur d'une institution mulhousienne qui nourrit les créateurs textiles.




Le MISE, Musée de l'Impression sur étoffes de Mulhouse, revient sous les feux de l'actualité cette mi-novembre, avec deux événements qui ne sont pas liés.  C'est d'abord "Forêt Enchantée", le marché de Noël de sa boutique, toujours parmi les premiers d'Alsace; c'est ensuite le lancement officiel de MISE A SAC, le troisième livre consacré à l'affaire qui secoue la mémoire de l'industrie textile locale depuis quelques années. 


MISE A SAC est le premier roman graphique à Mulhouse, annonce Pierre Freyburger. L'ancien puis ex-adjoint de Jean-Marie Bockel et ancien conseiller général de l'ouest mulhousien est aussi le petit-fils du dessinateur textile Jacques Dettwiller. Au printemps 2018, à l'occasion d'un don, il allait apprendre de terribles nouvelles. Ce qui l'aura amené à publier chez Médiapop "Musée de l'Impression sur étoffes de Mulhouse - Autopsie d'un pillage". Suivi d'un deuxième ouvrage chez le même éditeur, "Le Naufrage d'un musée", coécrit avec Hélène Poizat. La journaliste de L'Alsace suit le MISE depuis une vingtaine d'années. J'ai eu l'occasion de l'y croiser souvent, habitué des visites de presse comme elle dans le "monde d'avant". Hélène et moi connaissions la petite équipe de ce temple d'une glorieuse épopée, "plus grande réserve au monde de motifs textiles". Je n'oublierai pas le regard rieur d'Eric, le directeur, disparu prématurément. Et après deux années de travail, le 3e livre est officiellement présenté dans le cadre du 39e Bédéciné, le festival d'Illzach. Pierre et Hélène ont poursuivi leur collaboration, qu'ils ont étendue à l'illustratrice Fanny Delqué, investie dans une réalisation nouvelle pour elle. Mais parce que le scandale du MISE n'est pas suffisamment connu, les trois Mulhousiens ont dû créer leur propre maison d'édition, La Doller. Avec le soutien de la Ville et de la CeA, 2000 exemplaires ont été imprimés. 


MISE A SAC aurait pu être présenté au dernier Festival sans nom, compte tenu de l'ambiance noire qui s'en dégage. Mais il n'y a pas d'homicide. Dans la mort du directeur, la police avait conclu à l'accident. Le propos des auteurs rafraîchit la mémoire des connaisseurs du musée. Ils ont créé une œuvre de fiction à vocation artistique, servie par le dessin numérique en noir et blanc, bien qu'inspirée des faits réels. Fanny a donné corps à une galerie de portraits que les familiers de la rue Henner n'auront pas de mal à identifier. En attendant, les noms ont été changés. Marc Bellamy, le directeur, Jean-Frédéric Kintzler, le délégué à la conservation, Nadine Vogel, présidente du MISE, sont évocateurs. Le roman graphique revient sur la période récente de l'institution, autour de la découverte du pot aux roses ou plutôt du pillage des collections. 


Si le musée a récupéré une petite partie de ses carrés Hermès et quelques dizaines de livres d'échantillons, les pertes sont considérables et plus de 6 ans après le sinistre avril, "on ne connaît pas l'avancement de l'enquête", au grand dam de l'ancienne procureure de la place partie à la retraite. Pierre Freyburger avait  apporté des centaines de dessins de son aïeul, de quoi ajouter aux réserves dont peu ont le secret. A l'heure où l'exposition "Quel chantier!" va finir au MISE, le livre "plonge dans ce tissu de mensonges pour tenter d'en démêler l'écheveau", mais Elise la journaliste qui investigue dans le scénario n'est pas au bout de ses interrogations. 




Le roman lancé à Illzach a été dévoilé quelques jours plus tôt à la presse à la librairie Canal BD-Tribulles de Mulhouse. 



13 novembre 2024

KLEMMBACHMÜHLE : DÎNER A L'ANCIENNE

 Müllheim / Baden-Württemberg






Fin de semaine, soir de novembre. Gilbert, qui fréquente l'établissement "depuis quarante ans", nous emmène à Müllheim, de l'autre côté du Rhin. La ville du Markgräflerland a une population équivalente à Saint-Louis, mais une pépite nichée au bord de la rivière, Klemmbachmühle, à Niederweiler. Quand nous arrivons vers 20H30, nous n'avons pas le temps de faire du tourisme. En Allemagne, on dîne tôt et ici, on ferme à 22H. 




Klemmbachmühle ou moulin du Klemmbach, est un joyau patrimonial d'abord, construit en 1760 et classé. L'été, il offre sa terrasse idyllique. Nous nous hâtons vers la salle à manger, après avoir croisé une armure de chevalier attablée à l'entrée. Le hall donne le ton. Un musée, ce restaurant. Les murs sont chargés d'histoire ancienne dans un cadre très rustique. 
Poutres sombres apparentes, vitraux, atmosphère winstub dans la chaleur du bois et les calories du kachelofe vert sapin. Quelques clients indifférents à notre entrée. En revanche, un accueil cordial du patron, un homme d'un âge certain mais toujours attaché à la bonne marche de sa maison, ouverte tous les jours à partir de 17H. Une table nous est préparée, proche de la cuisine sur laquelle je peux jeter un œil discret. Le cuisinier est concentré sur son travail. 




Nous allons donc dîner sur une jolie table aux motifs en rapport avec la saison. Les bougeoirs complètent l'éclairage des suspensions. Nous sommes entourés de statues religieuses et d'objets hétéroclites, du broc au fusil en passant par les instruments de musique et le gramophone. La carte est réduite, promesse d'une cuisine maison. Il faut lire l'ardoise. Nous choisirons majoritairement le schnitzel, l'escalope de veau panée aux pommes de terre rôties et salade verte. L'assiette ne débordera pas, mais régalera les convives. Un plat simple et goûteux. Le vin du terroir est généreusement servi lui. Le moment est juste délicieux, dans l'intimité de cette bâtisse qui a nourri des générations de visiteurs.
Malheureusement il faut bientôt la quitter, sous le salut devenu amical du maître des lieux. En se promettant d'y revenir, pour apprécier un cadre, une gastronomie locale, en bonne compagnie.

 


12 novembre 2024

DAX HOMINIBUS


capture d'écran





En ces temps mémoriels, les films de guerre reviennent à la télévision. Arte proposait ce soir du 11 novembre "Les sentiers de la gloire" de Kubrick, un film méconnu des Français, sorti en 1957 mais seulement en 1975 sur les écrans français. Sa diffusion ce jour férié a attiré un peu plus de 900.000 téléspectateurs. Ce n'est pas "La Grande Vadrouille", immense succès populaire, mais c'est un chef-d'œuvre bouleversant. 

Celui du réalisateur alors trentenaire et à son 4e long métrage. Celui surtout du héros, interprété par Kirk Douglas, dans un de ses meilleurs rôles.
Voilà un film américain qui nous envoie dans la guerre des tranchées, côté français, en 1916. Le général Mireau (George Macready) inspecte avec condescendance la troupe et ordonne à son chef le colonel Dax (Kirk Douglas) de s'emparer de la côte en face, une position réputée imprenable comme le Fort de Mutzig. A l'image il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour envoyer à la mort un régiment de fantassins, certes appuyés par l'artillerie. Kubrick s'est inspiré du roman de Humphrey Cobb, Paths of Glory, qui s'était lui-même fondé sur l'exécution pour l'exemple de 4 soldats. Des hommes qui avaient reculé devant l'ennemi. La couardise est passible de peine capitale ici.

Ainsi, 3 hommes du rang désignés dont l'un par tirage au sort passeront devant un tribunal militaire expéditif qui a écrit la sentence d'avance. Ce sera le peloton d'exécution, en présence de notables et de la presse, sous l'œil de généraux se délectant du supplice. Le colonel Dax n'aura de cesse, en vrai chef, de défendre les malheureux. Kubrick aurait voulu un happy end pour eux, mais il a dû se résoudre à les sacrifier dans ce film d'une heure et demie à charge contre la hiérarchie militaire. Le lieutenant est lâche et alcoolique, le commandant commissaire un Saint-Just du front, les officiers généraux des carriéristes qui se fichent du poilu comme de leur premier képi. Qu'il en meure 10 ou 100, pourvu qu'un pan de terrain soit conquis. Le poète du XVIIIe Thomas Gray écrivait "Les sentiers de la gloire ne mènent qu'à la tombe". C'est tout ce qui semble promis à ces hommes en première ligne quand en haut lieu on roule carrosse. Le noir et blanc accentue l'apocalypse ; seule l'apparition d'une chanteuse allemande en larmes apportera une minute de respiration à ce film de guerre que la critique française a déclaré contre la guerre. 
A sa sortie, la France était empêtrée dans les Evénements d'Algérie. 

4 novembre 2024

LE KILI DONNE DES AILES


Anne et Diane à DKL en octobre 2024


Sport et solidarité



Une volonté ouvre un chemin. J'ai rencontré en octobre deux pétillantes Sélestadiennes, au retour d'un grand périple. Elles ont gravi le Kilimandjaro, l'un des 7 plus grands sommets du monde.

"Si tu peux le faire, moi aussi." Ce principe, Diane Dollé l'a fait sien. Avec Anne Conreaux, elle a relevé le défi du Kili, pour la bonne cause. Au cœur de leur projet, Samuel, un lycéen de Ribeauvillé atteint d'une maladie rare, la myopathie de Duchenne. Malgré son fauteuil et son corps diminué, le garçon est un exemple de ténacité et de dépassement de soi. Mais l'évolution de son handicap nécessite une adaptation de son équipement. Une association a été créée pour lui, "Sam'donne des ailes", à Ribeau. Diane et Anne ont décidé de donner de la visibilité à Sam, en portant sa cause jusqu'au toit de l'Afrique.


Les deux femmes s'étaient rencontrées au Cakcis, le club de canoë-kayak de Sélestat, où pratiquaient leur progéniture. Elles ont devenues amies. Et pour ce qui aura peut-être été l'ascension de leur vie, elles se sont remises au sport : vélo, course, marche, kayak. Après une année de préparation physique, logistique, administrative, Diane et Anne ont pu se mesurer au géant tanzanien, sous l'égide d'un spécialiste, Allibert Trekking. Deux femmes parmi une quinzaine de porteurs locaux pour une ascension de 7 jours par la voie la plus longue, Lemosho, hors des sentiers battus. Le Kili attire nombre de trekkeurs, dont beaucoup n'iront pas au bout, vaincus par le mal de montagne notamment. Les Centralsaciennes l'ont fait. Mais leur aventure riche de rencontres humaines leur donne envie de rester unies pour Samuel. Vous pouvez les suivre sur les réseaux sociaux, Nomads Kilimandjaro.

Et Sam'donne des ailes. 

30 octobre 2024

LE PARC DU PETIT PRINCE FERME SUR HALLOWEEN







Loin de la foule d'Europa-Park où octobre est orange, il est toujours agréable d'arpenter le Parc du Petit Prince, qui a à peu près l'âge du petit garçon immortalisé par St-Exupéry. Le parc d'attractions thématique fête son 10e anniversaire sur l'empreinte de son prédécesseur Bioscope à Ungersheim. Les congés de la Toussaint y sont dédiés aussi à Halloween, mais dans ce site touristique à vocation familiale, pas de personnages horribles. Bien sûr, la décoration est de saison avec les courges, les gamins emprunteront avec leurs parents le "chemin des froussards" voire le labyrinthe hanté, mais les occupants n'effraieront pas les visiteurs portant le badge "brigade anti-monstres". 








Le soir offre un autre spectacle. Cette année, deux nocturnes marquent la fin de saison. On y croise des enfants grimés, des grand-mères déguisées, une responsable marketing ensorcelante et dans la fraîcheur qui s'installe, la chaleur d'un marron chaud et la douceur d'une friandise du marchand de Gundolsheim participent au bonheur d'un moment convivial. Entre enfants, on est bien avec ce Petit Prince qui surmonte ses peurs dans un monde qu'il doit apprivoiser. Avec ses fleurs et ses épines.










Le Parc du Petit Prince referme sa saison le 3 novembre. 

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