21 décembre 2022

JUKE BOX SIXTIES ET LIVRES NUMERIQUES




En marge des Lumières de Noël de Montbéliard, plusieurs expositions méritent le détour dans la cité des Princes. Un bond d'abord dans un passé pas si lointain pour nombre d'entre nous à la Médiathèque.


Au Centre des Alliés, tout proche de la gare, l'équipe de Pascale Eglin a créé une atmosphère délicieusement rétro sur deux niveaux. "Balade dans les 50's & 60's", décennies pétillantes et colorées de l'après-guerre. Youssef, collaborateur de la directrice, se passionne pour la musique de ces tendres années qu'il n'a pas connues. Il a suggéré ce voyage au pays du robot Peugimix et de l'électrophone valise, agrémenté depuis son lancement d'une trentaine d'animations dont un bal hors les murs. 




La médiathèque a fouillé dans ses archives pour restituer les Une de Paris-Match ; d'autres ont apporté leur contribution, comme le collectionneur et marchand Laurent Methot et sa vingtaine de chaises design et l'ancien conservateur adjoint Bernard Goetz et ses poupées Barbie. Le lycée Les Huisselets a reproduit une robe dont les fleurs voisinent avec "Le manège enchanté" et "Bonne nuit les petits"... 






Youssef constate que les Belles Américaines attirent toujours les regards, tandis que deux juke-box se font face, l'un de 1961, l'autre réplique de l'ère numérique. Chacun a l'occasion de s'émerveiller en rafraîchissant sa mémoire ou en imaginant la vie quotidienne des générations précédentes. 









On apprend enfin que Montbéliard fut jumelée après la guerre à Greensboro, ville de Caroline du Nord. Pascale Eglin considère une photo noir et blanc sur laquelle elle apparaît jeune. Dans un an, elle fermera son livre professionnel. Mais le 30 décembre, l'expo vintage s'achèvera sur la projection de "La Bamba", film de 1987. L'histoire de Richie Valens nous met déjà 35 ans dans le rétroviseur. 





Médiathèque de Montbéliard  6, avenue des Alliés 



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11 décembre 2022

LES BEAUX SAPINS DE HUNINGUE

 




A l'écart des grands marchés de l'Avent noirs de monde, la Ville de Huningue a proposé pendant près de dix jours son premier Village de Noël place Abbatucci. Comme dans nombre de petits marchés, des artisans locaux et de la petite restauration. Une maison proposait son bretzel à 2 € "parce ce qu'il faut bien lui donner un prix" et compte tenu de la flambée des coûts. Il est vrai qu'on est dans le Pays des Trois-Frontières mais toujours côté français.
En revanche, la bonne surprise est venue du Carrousel Jules Verne, qui affichait 50 centimes le tour de manège. Un prix imbattable. 

Pour cette dernière journée de l'animation de Noël sur la grande place de la cité Vauban, l'orgue de barbarie et une formation musicale festive ont distillé leurs airs devant un nombreux public familial. 

Huningue a trouvé la bonne formule pour créer l'atmosphère d'une place de Noël avec force sapins. Saint-Louis pendant ce temps a remplacé sa patinoire par une structure à luge, en attendant le Noël de la Cité Danzas.







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10 décembre 2022

EN REMONTANT LA RUE BRULEE BLANCHIE



 Il arrive que les intempéries arrêtent un chantier. Aujourd'hui nous n'entendrons pas les puissants tracteurs monter et descendre la rue brûlée, drainant sur la chaussée la terre arrachée au vallon. La neige devenue rare en ville, il m'a semblé opportun de faire un tour sur l'ancien pâturage balafré par les engins de travaux publics et pour quelques heures ou jours recouvert d'un manteau blanc.




La végétation au-dessus de la friche Zeyer a été emportée. Un vieux monsieur s'interroge sur la pertinence de cette transformation qui le prive de sa faune sauvage. Les sillons préfigurent de nouvelles rues. Demain, ce coin oublié d'Altkirch sera probablement livré à un énième lotissement. Le brennta Gassla qui naguère ressemblait à un chemin s'est élargi. Ainsi, l'urbanisation des hauteurs continue. Les investisseurs auront au moins une vue sur les trois "tours" d'Altkirch. 
























  • 09 décembre 2022 texte et photos Pascal Kury

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25 novembre 2022

ALTKIRCH : STE-CATHERINE REDUITE




Il est vingt-et-une heures quand je remonte la rue du 3e Zouaves dont un tronçon est toujours dans l'obscurité. Je croise un homme avançant avec une lampe de poche. Au débouché de la rue Brûlée, je devrais trouver des cartons et d'autres emballages. Rien. Les restaurants sont vides, les exploitants sur le départ ou en train de finir, les chaises sur la table. Les bancs extérieurs pliés. C'était jour de foire aujourd'hui à Altkirch. La Ste-Catherine. Une manifestation cinq fois centenaire, plus vieille que le Christkindelsmärik de Strasbourg. Mais qui cette année s'est recroquevillée sur le pourtour du centre-ville et sa rue administrative. Depuis les attentats de Paris et la crise sanitaire, la configuration de la sortie annuelle des Sundgauviens a été durablement modifiée. Les rues de mon enfance qu'un véhicule de pompiers aurait eu du mal à remonter appartiennent bien au passé.




En arpentant la haute ville les jours précédents, je me doutais du rétrécissement du périmètre en considérant la numérotation au sol. La foire Ste-Catherine et ses 850 exposants hier en a perdu les trois quarts. Et ces emplacements vides rue de Gaulle, quand le marchand de textiles se trouvait presque isolé derrière le presbytère. Certes il pleuvait encore en début de journée, mais on savait que le soleil se montrerait un peu. 


Même la fréquentation a baissé. La mythique foire d'automne a été rétrogradée au rang de grand marché. Heureusement qu'elle a su garder sa spécificité de foire agricole, avec son offre de machinisme unique dans la région et rester un lieu d'échanges privilégiés entre les acteurs de la filière terre. Si la place Jourdain est le centre de la manifestation avec son exposition de tracteurs, on retrouve avec plaisir des connaissances et des amis au gré de sa pérégrination. Les clubs service ne sont pas les derniers à alimenter les passants, si ce n'est une association sportive. La CGT elle aussi est au rendez-vous. Il est plus facile de capter un public en promenade qu'un actif pressé rue du Sauvage. Des voitures neuves sont alignées rue Gilardoni. Autrefois, c'était rue Henner. J'étais alors en scolarité, donc en congé ce jour particulier. 





Le temps a passé. La foire s'essouffle quand la Simon et Jude de Habsheim pourtant beaucoup plus jeune s'est redynamisée avec le concours de bovins. Mais gardons-en  les meilleurs souvenirs et le plaisir de furtives rencontres dans un monde qui a oublié qu'on pouvait se parler. 



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21 novembre 2022

D'GODA OU UNE CERTAINE IDEE DU SUNDGAU

Obermorschwiller vient de diffuser à son tour D'Goda, le film "ressuscité" de Louis Schittly et Daniel Schlosser.





1975. Nino Ferrer chantait Le Sud, Joe Dassin L'été indien
A Bernwiller, village natal de Jean-Jacques Henner, des cinéastes militants tournent avec les moyens du bord et dans des conditions rocambolesques un film qui aurait pu s'éteindre 
bien plus tard  dans ses bobines oubliées dans une grange. Heureusement, Vincent Froehly, réalisateur d'origine sundgauvienne lui aussi, a sorti le long métrage de l'oubli en le numérisant avec le concours de Corentin Baeumler. Ainsi revit D'Goda  dans sa version restaurée et diffusée avec succès depuis l'été à travers l'Alsace.

A Obermorschwiller, près d'Altkirch, certains se reconnaissent dans la résistance face à l'effacement de l'âme d'un territoire.
L'ancienne caisse du Crédit Mutuel avait pris la place d'une maison alsacienne. Aujourd'hui, c'est la bibliothèque du village où souffle un petit vent d'alsacianité, se réjouit Damien Foltzer, personnalité locale. Ce 18 novembre, on invitait à une nouvelle soirée  Les Alsatiques, autour de D'Goda. Le club-house du FCO est plein. On y croise beaucoup de seniors forcément, car le film est en dialecte, avec un sous-titrage en français. Dans le public, Michel Bisey, l'ancien libraire mulhousien, qui se souvient de l'avoir visionné à sa sortie
… 

Obermorschwiller a sa place dans le film. A l'époque, Daniel Schlosser passait par la commune et elle lui a plu. On verra ainsi le cimetière, la sortie de la messe ou encore la bâtisse remplacée par une CMDP...

D'Goda est Madame Meyer. Le rôle est confié à Jeanne Ehni, la maman de René, l'écrivain et dramaturge décédé en juin dernier. Lui-même campe le curé. "La marraine" est une femme d'un certain âge à la tête d'une petite exploitation agricole. Elle prend l'autocar pour Mulhouse avec des gamins et découvre le nouveau monde, la tout jeune Tour de l'Europe, quand rue des Boulangers une affiche appelle à transmettre l'alsacien aux enfants, "Lehre d'Kender Elsassisch" dans cette France d'Alsace où le français est désormais la norme. 

D'Goda va bientôt avoir de la visite. Berri, son Albert de fils, arrive avec son Alfa Romeo et sa petite famille. Il est devenu citadin et son retour à la maison n'est pas désintéressé. Il y a des affaires à envisager en cédant du terrain en vue d'un lotissement. Mais juré, il n'obtiendra rien jusqu'au dernier souffle de sa mère. Qui avait soupçonné l'intention d'écornifler ("Schmàrutzer"). Quant aux petits-enfants, ils ne comprennent plus rien bien sûr à la langue des aïeux. 

Les personnages sont pittoresques, de l'instituteur qui trouve grâce aux yeux de Mme Meyer au curé (René-Nicolas Ehni), qui rapplique curieusement dans une Renault 15 et incarne la modernité de Vatican II. La messe tridentine appartient au passé. Et puis Sepp, le jeune homme dont la chevelure interpelle d'Goda ("Putzwullakopf"). Mais ce n'est pas la coupe qui détermine le cœur, selon la sagesse du film. 


Louis Schittly est Xandri



Propriétaire, Mme Meyer va louer son exploitation agricole contre toute attente à un jeune couple, Xandri et Michelle, qui abandonnent leur situation et leur confort de ville pour le dur labeur de la terre. Xandri interprété par Louis Schittly. Le cofondateur de Médecins Sans Frontières avait compris avant l'heure que le bonheur était dans l'odeur du regain plutôt que dans l'air conditionné. Quant au salaire alléchant, à quoi bon s'il faut le gagner la boule au ventre ? Au bistrot, le maire est tancé par ses administrés pour rebaptiser la Judagassla  (ruelle des Juifs) par une banale "rue des fleurs". 
Les invectives ne sont pas loin, les jurons non plus. D'ailleurs les Sundgauviens sont réputés "grossiers" par la bien-pensance aux ordres de Paris. 

D'Goda se vit comme une pièce de théâtre alsacien, entre défenseurs d'un patrimoine et contradicteurs, comme Don Camillo et Peppone, avec de nombreuses expressions du terroir. En cela c'est jubilatoire. Comme la tablée animée par le saltimbanque Roger Siffer. Mais le long métrage en noir et blanc est surtout une ethnographie doublée d'un message militant. Un demi-siècle après sa réalisation, D'Goda  est d'une brûlante actualité avec la transition écologique et la préservation de la terre nourricière.


Photos : captures d'écran

17 novembre 2022

L'HEURE DU BEAUJOLAIS

 "Le Beaujolais nouveau est arrivé". Impossible d'échapper à cette annonce du troisième jeudi de novembre. Précédé cette année par une météo agitée et dans un contexte international toujours tendu, voici le vin primeur qui met de la joie en attendant la période festive. 




Au marché de Mulhouse ce matin, qui sort d'une rincée, ce n'est pas la foule, ni dehors ni dans la halle. Je vais trouver Martine, la souriante responsable de l'espace "Les Caves Jacques Baumann" qui vient de partager la dégustation avec ses collègues commerçants et quelques clients. Cette année, le caviste mulhousien a sélectionné deux producteurs parmi les Beaujolais Nouveaux et Beaujolais-Villages Nouveaux, dont le Domaine Alain Merle de Régnié Durette. Car la fête vinique d'automne a perdu en notoriété, estime Martine. La vendeuse se souvient des nuits où on faisait la queue devant la boutique en attendant zéro heure. Et ces moments d'échange entre gens qui ne se connaissaient pas. Je m'emploie à taper la discute avec les personnes qui entrent dans ce petit univers de bouteilles. Raymonde est une inconditionnelle du Beaujolais nouveau. Son mari est issu de l'école hôtelière, me confie-t-elle. Fidèle à son habitude, la dame passe commande d'une dizaine de flacons qu'elle va distiller parmi ses proches et ses amis, dont son médecin. Un Monsieur décline la dégustation, il ne consomme pas d'alcool, prévient-il, en demandant une bière "Mulhousienne" pour un parent. Sur le guéridon, les bouteilles attendent les palais. Je dégusterai ce soir. 
Les traditions se respectent. Avec modération ici. 






12 novembre 2022

LES LAOTIENS DE SOUFFEL

 



Une journée dans le bouddhisme Theravada près de Strasbourg


Dimanche 6 novembre, vers 9H30. Souffelweyersheim, dans l'Eurométropole de Strasbourg. Nous venons de faire près de 150 km pour gagner la pagode Wat Lao Simoungkhoune, en bordure de la Souffel. Parinda, mon épouse thaïlandaise, n'y est  pas revenue depuis dix ans. Aujourd'hui est jour de fête et surtout de retrouvailles et de prière.







A Souffel comme on dit, la communauté laotienne est parfaitement intégrée. Le Laos fut un protectorat français. Les quelque 300 familles laotiennes d'Alsace sont issues de réfugiés politiques après la guerre d'Indochine. Dans cette ville d'environ 8.000 habitants, elles ont où se retrouver depuis 30 ans. D'une friche industrielle, l'association Clasbec a créé un lieu de vie et un temple ouverts à tous. Les bénévoles y ont mis leur dévouement et leur sueur. 





La pagode et son toit caractéristique offrent une curiosité dans cette campagne du Ried proche des maisons alsaciennes. Je me suis garé en amont de la propriété, anticipant des difficultés de stationnement. La végétation qui fait face à ce qui s'apparente à des jardins familiaux laisse apparaître des plantes qui me sont inconnues. Le dépaysement commence.


Il fait froid désormais, surtout que Souffel est toujours dans le brouillard. Ce qui n'entame en rien l'enthousiasme des marchands. Parinda m'avait parlé d'emplettes. C'est l'heure de Talat Sao, le marché du matin. On y trouve des courges, des légumes et herbes d'Asie, des beignets et de nombreuses autres préparations culinaires laotiennes. Parinda y revoit des connaissances. Parmi les quelques farang (étrangers blancs), je m'imprègne de l'atmosphère. A l'entrée du site que fend un chemin emprunté par promeneurs, joggeurs et cyclistes, un stand écoule ses corbeilles remplies de biscuits, fruits, boissons etc. Ce sont les offrandes proposées pour les moines. 

Nous entrons dans le bâtiment tout en longueur. A gauche, des espaces communs ; à droite, le lieu de culte. Il faut se déchausser. Les étoles de soie sont de sortie. Au fond de la pagode, les moines et des pratiquants à genoux. Nous sommes assis dans le fond. Le brouhaha va bientôt cesser au profit de prières et de chants. L'office ne me semble pas long. Les corbeilles fleuries sont bénies.
Puis tout le monde sort et se place de part et d'autre d'un long tapis sur lequel avancent bientôt les moines dont le vénérable Khamdeng Alain Sengpraseuth leur supérieur. Ils portent un grand bol dans lequel le public déposera l'un ou l'autre élément de sa corbeille. 





Puis vient l'heure du déjeuner, pris en plein air sur les terrasses couvertes du domaine. Un self de cuisine laotienne  qui rassasiera la foule. Beaucoup de bénévoles s'affairent à ce grand partage réglé comme un coucou suisse. Le soleil ne perce pas mais la température est supportable, maintenant que le brouillard s'est dissipé.

Après le repas, les convives forment une procession ouverte par des danseuses et leur sono ambulante. Elle traversera deux fois la pagode. Elle est colorée et joyeuse.
L'animateur de la journée n'a de cesse de formuler des messages bienveillants. Faire de bonnes actions grandit l'homme. 








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