3 août 2018

HATSCHBOURG ET AS DU LABOUR




Hattstatt, à dix kilomètres de Colmar. Commune bordée par la RD 83. Je ne me souviens pas d'y avoir fait escale. Raison pour laquelle sans doute je ne vois pas sur ma droite la mairie au voisinage de laquelle deux hommes m'attendent. François Jecker et son neveu. Ils me conduisent au domaine. A l'étage, un adolescent dépoussière des miniatures pour les replacer en vitrine. Voilà le sujet de ma visite : les tracteurs. 


François a quelques années de plus que moi. Il s'est mis à collectionner du machinisme agricole en 1985. Sa première trouvaille fut un Deutz de 1949 refroidi par eau. Depuis trois décennies, cette figure locale a rassemblé des dizaines de tracteurs, charrues et autres témoins d'une agriculture passée, comme cette moissonneuse qui passait dans le village. Préalablement à notre entretien de presse, mon hôte se souvenant que je suis sundgauvien s'empresse de trouver la bouteille de schnaps et me sert généreusement. Tradition alsacienne de campagne. 

François me raconte comment il s'est pris de passion pour ces engins de travail, lui qui s'est forgé un corps massif à force de labeur. "Il y a toujours eu un tracteur dans une famille", commence-t-il, lui qui fut champion de France de labour en planche en 2002. "Le labour, le plus travail de l'agriculture" selon lui. Ses yeux s'illuminent quand il évoque la mécanique des ancêtres, aujourd'hui cachée par la carrosserie. 
Ces 4 et 5 août, l'office municipal culture, sports et loisirs qu'il a créé en 1992 organise le 15e Tracteur Traffa, la rencontre des tracteurs d'époque. 300 à 400 vont se poser sur le terrain dédié, dans une ambiance champêtre. Samedi soir, la relève innove avec une animation bavaroise d'été...







Soucieux de transmettre, François m'ouvre son univers. Des tracteurs alignés dans un silence de cathédrale. Dans la cour, un autre véhicule sans pneus et couleur rouille. Le tracteur acheté voilà trente ans mais que la famille du vendeur ne voulait pas lâcher. La patience est une qualité du chineur. François pose devant cette pièce bien entretenue qui aura vu le jour dans les années folles. "Le tracteur, c'est ma vie" assure le sexagénaire qui n'est pourtant pas parvenu à faire des disciples dans son exploitation. Le gendre est là, qui ne manifeste pas d'intérêt particulier pour ce patrimoine. Un musée ? François ne l'envisage pas. Ce ne serait pas assez porteur. Et lui ne s'imagine pas attendre le public.
François a fréquenté l'association de passionnés de machines agricoles anciennes. Sa collection est presque complète, croit-il savoir. Il lorgne sur deux ou trois engins encore. Quand on est mordu de mécanique agricole, on ne compte pas.



15e Tracteur Traffa à Hattstatt les 4 et 5 août 2018

26 juillet 2018

CONSTELLATION VERRIÈRE



Cet été, je vous emmène dans le parc naturel régional des Vosges du Nord, l'écrin magnifique des Etoiles terrestres, jeune constellation formée à partir de trois sites verriers exceptionnels. Il s'agit du Musée Lalique de Wingen-sur-Moder dans le Bas-Rhin et de deux hauts lieux en proche Moselle : le Site verrier de Meisenthal et La Grande Place musée du cristal Saint-Louis.
Dans ce territoire au nord de Saverne, des verriers nomades allèrent engendrer une aventure humaine, industrielle et artistique hors du commun dans des vallées qui leur fourniraient les matières premières nécessaires au génie de la transparence : bois, sable, eau, fougère... Aujourd'hui, les survivants sont rares mais continuent d'employer une main-d'oeuvre importante et hautement qualifiée. Quelque 300 collaborateurs pour la cristallerie de Saint-Louis-Lès-Bitche et un effectif comparable pour l'unité Lalique. Tandis que l'ancienne verrerie de Meisenthal ne revit qu'artisanalement.

etoiles-terrestres.fr


L'APPEL DE SERVIR

Serge Gaussin et Gilles Luque


Il est où les autres ne sont pas. Une force au service du plus faible.
L'Ordre de Malte est presque millénaire. Acteur-clé dans les grandes crises humanitaires, le plus ancien organisme caritatif au monde est présent depuis huit siècles dans la région. Les délégations du Haut-Rhin et du Territoire de Belfort comptent aujourd'hui quelque 80 bénévoles investis dans le service aux personnes fragilisées par la maladie, le handicap, la pauvreté ou l'exclusion, sans distinction. Dans quatre métiers : la solidarité, les secours, la santé et les formations.
A Mulhouse, en partenariat avec le SAMU social et ACCES, l'association effectue toute l'année une maraude le vendredi soir. Une vingtaine de volontaires assure la continuité de ce service qui révèle "un besoin fondamental de lien social dans une microsociété" pour Gilles Lucque, son responsable. Dans un département sur deux, l'Ordre de Malte France va ainsi au-devant des plus démunis.
Il recrute toujours des bénévoles pour ses œuvres, selon leur disponibilité, compétences , souhaits et besoins locaux.

Serge Gaussin est le délégué départemental de l'Ordre à Mulhouse encore. La doyenne des églises de la ville a été érigée par l'établissement fondé à Jérusalem avant les croisades. "Donnez aux pauvres ce que la maison peut fournir de mieux" est l'épitaphe du Bienheureux Gérard, fondateur de l'Ordre de Malte.

ordredemaltefrance.org 

23 juillet 2018

LA DEUXIEME ETOILE DES BLEUS, DEFIL SUR UN NUAGE


#defil




La France est championne du monde de football.Depuis le 15 juillet, le maillot des Bleus porte légitimement deux étoiles. Cette promotion, les supporters la revendiquent aussi. Sauf que les effets doublement étoilés sont encore rares et que le fournisseur officiel ne prévoit pas d'approvisionner les distributeurs avant quelques semaines.
Cette attente fait les affaires d'une PMI thannoise, De fil en aiguille. Depuis plus de vingt ans, cette entreprise familiale spécialisée dans le vêtement de sport se bat dans la compétition mondialisée et s'adapte dans l'innovation. S'il faut toujours des couturières, l'impression numérique a impulsé un renouveau dans l'activité. Cinq graphistes sont inscrits à l'effectif de la société d'une vingtaine de salariés. 
Dans la spécialité sportive, l'entreprise réalise des maillots supporters toute l'année, dans de nombreuses disciplines.
Pour le Mondial pourtant, elle n'en a pas vendu beaucoup, concurrencée par les enseignes du sport et les maisons bon marché.
Mais à partir de la demi-finale, De fil en aiguille a parié sur la victoire des Bleus et imaginé un maillot inspiré de la Russie, avec les couleurs françaises stylisées et une deuxième étoile. Si la France avait perdu la finale, le projet aurait été remisé parmi les idées non abouties. Mais le meilleur arriva et la petite entreprise thannoise a été récompensée. Le trophée conquis, elle s'empressa de contacter par mailing ses distributeurs potentiels, leur proposant un produit à deux étoiles. Certes, ce ne sera pas la tunique officielle de l'équipe de France, ce maillot technique aux astres brodés. Defil, la marque locale, imprime. Cela suffit à susciter l'enthousiasme des fans de Griezmann et consorts. Une semaine après la victoire ultime, les équipes d'Emmanuel Didier, directeur commercial sport, ont eu quelque 1500 commandes en ligne. Les premières partent. Un centre Leclerc de Dordogne est un client inattendu mais bienvenu. En achetant Defil, on soutient l'emploi français. Et le pôle Alsace Terre textile. Thann n'a pas attendu la Coupe du monde pour annoncer "vous luttez contre la délocalisation".

Mais au-delà du surcroît d'affaires, la PMI se félicite que les médias s'intéressent à elle. C'est toujours bon à prendre.  




19 juillet 2018

ANDRE LEROY A POSE SES TRETEAUX A LA HALLE AU BLE D'ALTKIRCH



Mercredi après-midi. Depuis deux jours, André Leroy et sa tribu occupent leurs nouveaux quartiers d'été au cœur d'Altkirch, la halle au blé. Je m'y présente inopinément, ainsi que je le faisais à Seppois-le-Bas. La page largotine est définitivement révolue pour le stage de réalisation théâtrale d'été, la dernière saison ayant sonné le glas de cette longue histoire d'amour entamée dans les années 80. Seppois-le-Bas que les Tréteaux de Haute Alsace ont parcouru dans tous les sens, au bord de l'étang jusqu'au collège. Malheureusement, l'urbanisation a réduit les possibilités scéniques et surtout l'an passé, la cohabitation avec le camping a été un calvaire, les voix du spectacle vivant étant écrasées par la vie nocturne des vacanciers voisins. "Tout a une fin" sait mieux que quiconque Jean-François Goetschel, ancien professeur d'histoire et comédien "perpétuel" des THA.



Voila un retraité venu sur le tard au théâtre, mais qui n'a guère plus quitté son copain puis ami André Leroy. 30 ans de participation pour le doyen et fidèle acteur qui à ses débuts n'en savait pas plus sur Marivaux et Shakespeare. A 73 ans, le "petit frère" du metteur en scène sundgauvien partage la même vision des planches que son maître. Il continuera tant qu'André dirigera.
André qui n'a pas prêté attention quand je suis entré dans la grande salle. L'infatigable théâtreux s'attarde sur une scène, interrompt, interroge, se lève, revient, recommence... Il ne peut être dérangé. 

Cette année, voici donc les stagiaires à Altkirch, à l'invitation de la Ville, qui donne ainsi sa première résidence théâtrale à une pointure mulhousienne. Certes il a fallu tout réorganiser. Au collège seppoisien, le gîte et le couvert étaient assurés. Désormais, les élèves déjeunent à Mulhouse et convergent vers la halle au blé pour de très longues séances de travail. Le soir, chacun rentre chez lui.
Mais les comédiens se réjouissent de leurs conditions d'apprentissage. Altkirch met à leur disposition un équipement moderne et adapté. Finies les répétitions dans la cour surchauffée et les représentations annulées du fait de l'orage. Les puristes regretteront les nuits à la belle étoile, mais n'auront pas le dos humide.
Pour 2018, André Leroy a trouvé 8 candidats, 4 hommes, 4 femmes. 3 de la même famille. Jean-François hérite d'un rôle sur mesure, le vieux sage. "Fantaisies" est le nom du spectacle altkirchois. Il s'agit de nouvelles adaptées de Tchekhov, l'auteur de L'ours




La première aura lieu le 27 juillet. La dernière le 4 août.
La tribune sera moins généreuse qu'à Seppois, mais permettra elle aussi cette proximité avec les personnages qu'on aime tant au théâtre. 

17 juillet 2018

MULHOUSE : DES VACANCES A BONNE ECOLE



       L'école est finie. Planète Aventures démarre. Avec succès.







Nichée à côté du centre sportif régional, l'école de l'Illberg sent encore le neuf. Cet établissement est destiné à recueillir les élèves des écoles en travaux lors de l'année scolaire. Plus d'une semaine après le début des vacances, des cris joyeux résonnent dans les cours de cette construction en double U. L'école par intérim ne fait pas relâche en été. Elle est un des cinq sites d'accueil des  3 -17 ans à Mulhouse. C'est le retour de « Planète Aventures », l'offre de loisirs et d'animations jeunesse et sportives proposée par le pôle municipal concerné. Deux dispositifs ouverts. D'abord en accueil de loisirs sans hébergement (ALSH) pour les seuls petits Mulhousiens, avec deux sites : le centre Wallach à Riedisheim pour les 3-5 ans (Planète Découverte) et l'école Illberg pour les 6-11 ans (Planète Horizon) ; et en formule PASS, pour tous les enfants, mulhousiens ou non. Ici, on s'adresse aux 7-17 ans au Waldeck (Planète Nature), à la piscine des Jonquilles (Planète Champion) et au stade nautique (Planète Glisse). La nouveauté de la 11e édition s'appelle Planète Ados. Accessible aux 15-17 ans, elle permet des défis et des challenges dans l'originalité et les sensations avec une grande souplesse. Plus de 500 enfants et adolescents sont accueillis par jour depuis l'ouverture des Planètes.
Plus d'une trentaine d'endroits voient ainsi passer la jeunesse de l'agglomération, de l'équipement sportif au bâtiment universitaire. Le dispositif mobilise plus de 170 agents de la collectivité, étudiants et vacataires. 



A Illberg, une quinzaine de personnes sont sous l'autorité d'Amina, qui s'occupe d'un périscolaire à l'année. Ce mardi matin, Planète Horizon annonçait 122 inscrits dont 5 absents. Les enfants porteurs d'un handicap sont les bienvenus.
Ici l'enfant apprend l'autonomie, la sociabilisation, la créativité, en s'amusant, en s'éveillant, en se fortifiant par le sport. Dans une grande mixité sociale et culturelle. Et emboîte le pas à son vacancier de papa, en s'installant tôt le matin dans les transats, le plus de l'Illberg.





Les inscriptions se poursuivent à la mairie, entrée B, et au palais des sports. mulhouse.fr


14 juillet 2018

14 JUILLET AU BAREISS : LA FRANCE, LES BLEUS ET LES BLEUS A L'EUROPE



A deux heures de Mulhouse, Baiersbronn, paradis de la haute gastronomie aux portes de Freudenstadt, dans cette Forêt-Noire chérie des connaisseurs alsaciens. Mitteltal, le fief de la famille Bareiss. Le 14 juillet, l'hôtel Bareiss célèbre la France. Depuis plus de vingt ans.





 Il est un peu plus de 11 heures quand les convives commencent à garnir le Kurgarten du domaine. Le ciel est nuageux, mais le soleil va triompher. Pour le service de midi, les restaurants de l'établissement sont privatisés pour cette réception franco-allemande aux accents européens. Des clients et amis du Grand Est et d'ailleurs et des Badois forment le public élégant de cette garden party où les chapeaux sont de sortie. Les trompes de chasse résonnent sur la pelouse, en écho au Musikverein Trachtenkapelle Mitteltal e.V. qui a pris place sur la scène - abri. La musique entonne des airs français et envoie les hymnes français, allemand et européen. Hermann Bareiss toujours tiré à quatre épingles accueille chaleureusement ses invités. Son discours se fera dans la langue de Molière. Il est ravi de fêter "la cohésion, l'identité partagée, l'amitié franco-allemande" et l'Europe qu'on vit au quotidien dans ce magnifique morceau du Schwarzwald. "Nous vous aimons. Nous sommes heureux de vous savoir heureux chez nous" continue le gentleman hôtelier de luxe, qui appelle à laisser son ego de côté. Au Bareiss, le "moi je" n'existe pas. Il en va aussi de la politique, selon l'entrepreneur, qui vibrera pour la France en finale du Mondial. 



Le plaidoyer continental sera repris par l'hôte de marque Günther Oettinger, commissaire européen au budget. Le Stuttgartois revient sur le symbole de la Bastille qu'il met en parallèle avec les mauvais coups portés à l'Europe actuelle. "Notre devoir est de combattre pour les libertés et de faire corps pour rester dans la compétition mondiale". Il n'élude pas la difficile question migratoire. "L'Afrique est notre voisin. Seule une Europe forte pourra solutionner le problème".


Mais aujourd'hui, c'est la France que le Bareiss célèbre. Champagne, fours et cuisine d'exception attendent les invités.





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