13 novembre 2024

KLEMMBACHMÜHLE : DÎNER A L'ANCIENNE

 Müllheim / Baden-Württemberg






Fin de semaine, soir de novembre. Gilbert, qui fréquente l'établissement "depuis quarante ans", nous emmène à Müllheim, de l'autre côté du Rhin. La ville du Markgräflerland a une population équivalente à Saint-Louis, mais une pépite nichée au bord de la rivière, Klemmbachmühle, à Niederweiler. Quand nous arrivons vers 20H30, nous n'avons pas le temps de faire du tourisme. En Allemagne, on dîne tôt et ici, on ferme à 22H. 




Klemmbachmühle ou moulin du Klemmbach, est un joyau patrimonial d'abord, construit en 1760 et classé. L'été, il offre sa terrasse idyllique. Nous nous hâtons vers la salle à manger, après avoir croisé une armure de chevalier attablée à l'entrée. Le hall donne le ton. Un musée, ce restaurant. Les murs sont chargés d'histoire ancienne dans un cadre très rustique. 
Poutres sombres apparentes, vitraux, atmosphère winstub dans la chaleur du bois et les calories du kachelofe vert sapin. Quelques clients indifférents à notre entrée. En revanche, un accueil cordial du patron, un homme d'un âge certain mais toujours attaché à la bonne marche de sa maison, ouverte tous les jours à partir de 17H. Une table nous est préparée, proche de la cuisine sur laquelle je peux jeter un œil discret. Le cuisinier est concentré sur son travail. 




Nous allons donc dîner sur une jolie table aux motifs en rapport avec la saison. Les bougeoirs complètent l'éclairage des suspensions. Nous sommes entourés de statues religieuses et d'objets hétéroclites, du broc au fusil en passant par les instruments de musique et le gramophone. La carte est réduite, promesse d'une cuisine maison. Il faut lire l'ardoise. Nous choisirons majoritairement le schnitzel, l'escalope de veau panée aux pommes de terre rôties et salade verte. L'assiette ne débordera pas, mais régalera les convives. Un plat simple et goûteux. Le vin du terroir est généreusement servi lui. Le moment est juste délicieux, dans l'intimité de cette bâtisse qui a nourri des générations de visiteurs.
Malheureusement il faut bientôt la quitter, sous le salut devenu amical du maître des lieux. En se promettant d'y revenir, pour apprécier un cadre, une gastronomie locale, en bonne compagnie.

 


12 novembre 2024

DAX HOMINIBUS


capture d'écran





En ces temps mémoriels, les films de guerre reviennent à la télévision. Arte proposait ce soir du 11 novembre "Les sentiers de la gloire" de Kubrick, un film méconnu des Français, sorti en 1957 mais seulement en 1975 sur les écrans français. Sa diffusion ce jour férié a attiré un peu plus de 900.000 téléspectateurs. Ce n'est pas "La Grande Vadrouille", immense succès populaire, mais c'est un chef-d'œuvre bouleversant. 

Celui du réalisateur alors trentenaire et à son 4e long métrage. Celui surtout du héros, interprété par Kirk Douglas, dans un de ses meilleurs rôles.
Voilà un film américain qui nous envoie dans la guerre des tranchées, côté français, en 1916. Le général Mireau (George Macready) inspecte avec condescendance la troupe et ordonne à son chef le colonel Dax (Kirk Douglas) de s'emparer de la côte en face, une position réputée imprenable comme le Fort de Mutzig. A l'image il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour envoyer à la mort un régiment de fantassins, certes appuyés par l'artillerie. Kubrick s'est inspiré du roman de Humphrey Cobb, Paths of Glory, qui s'était lui-même fondé sur l'exécution pour l'exemple de 4 soldats. Des hommes qui avaient reculé devant l'ennemi. La couardise est passible de peine capitale ici.

Ainsi, 3 hommes du rang désignés dont l'un par tirage au sort passeront devant un tribunal militaire expéditif qui a écrit la sentence d'avance. Ce sera le peloton d'exécution, en présence de notables et de la presse, sous l'œil de généraux se délectant du supplice. Le colonel Dax n'aura de cesse, en vrai chef, de défendre les malheureux. Kubrick aurait voulu un happy end pour eux, mais il a dû se résoudre à les sacrifier dans ce film d'une heure et demie à charge contre la hiérarchie militaire. Le lieutenant est lâche et alcoolique, le commandant commissaire un Saint-Just du front, les officiers généraux des carriéristes qui se fichent du poilu comme de leur premier képi. Qu'il en meure 10 ou 100, pourvu qu'un pan de terrain soit conquis. Le poète du XVIIIe Thomas Gray écrivait "Les sentiers de la gloire ne mènent qu'à la tombe". C'est tout ce qui semble promis à ces hommes en première ligne quand en haut lieu on roule carrosse. Le noir et blanc accentue l'apocalypse ; seule l'apparition d'une chanteuse allemande en larmes apportera une minute de respiration à ce film de guerre que la critique française a déclaré contre la guerre. 
A sa sortie, la France était empêtrée dans les Evénements d'Algérie. 

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