8 janvier 2018

TAIZE BASEL : CINQ JOURS AVEC TOMMASO ET LUCA




Mon passage à la nouvelle année aura été inédit. J'ai enfin fêté la Nativité avec celle qui quelques mois plus tôt est devenue mon épouse. Nous avons surtout traversé les jours au diapason de Taizé, de la rencontre européenne annuelle de la jeunesse chrétienne. Je savais que ce serait un moment exceptionnel dans ma vie de croyant et d'homme tout simplement. En visionnant le clip annonçant le rendez-vous de Bâle, j'ai été touché par la beauté, la pureté, la profondeur  du cantique "Bless the Lord my soul". Ma décision ne faisait aucun doute.


Jeudi 28 décembre fin de matinée, j'emmène Parinda à Jettingen, à 14 km d'Altkirch, pour chercher nos hôtes. La salle des fêtes a vu arriver un groupe international de jeunes garçons et filles. Certains viennent d'Ukraine et de Lituanie.
Des visages familiers parmi les accueillants : l'homme de banque tout proche de la retraite dorénavant, l'investie dame de Walheim qui pourrait prendre six pèlerins, mon ancien professeur de technologie... Je me rends compte que nous avons avancé en âge. Les adultes, c'est nous. 
Beaucoup de bagages, un appel pour les consignes et la répartition des visiteurs. 

Bientôt, deux garçons s'avancent qui nous sont confiés. Ce sont deux Italiens. Tommaso, 18 ans, et Luca, 19 ans. Ils viennent du Frioul, région qui "parle" à ma ville, avec le jumelage Altkirch - San Daniele del Friuli. Ils sont équipés d'un paquetage de soldats partant en opération extérieure. Ils sont partis la veille en car. Pendant leur séjour dans le Pays des Trois-Frontières, ils seront véhiculés par un car scolaire, le tram bâlois et moi. Pour nous, l'aventure commence. Elle sera exaltante.


Les garçons sont installés dans la chambre d'Eloi, qui n'habite plus avec nous. Impensable de les faire dormir sur le sol. Ce n'est pas l'hôtel de standing mais ils auront un nid douillet pour mettre des étoiles dans leur nuit.
Le premier repas que nous partageons sera dans la continuité des agapes de Noël, poisson en sauce notamment.
Très vite il faut les reconduire à Jettingen, centre d'accueil du secteur paroissial, point de départ et d'arrivée des étapes quotidiennes. C'est là que nous les recueillerons vers 22H, mais le premier soir sera écourté, nos jeunes étant éreintés par deux jours de voyage. 

Vendredi et samedi, les pèlerins passeront la journée à Bâle.
Nous tentons à notre tour de leur emboîter le pas avec le tram transfrontalier pour descendre Aeschenplatz. La cité humaniste est remplie de jeunes Taizéens. Nous avons peu de chances de croiser Tommaso et Luca, que nous récupérerons plus tard. Dans l'attente de leur car, on échange entre familles d'accueil. Je revois François, des sapeurs-pompiers de Jettingen, qui s'apprêtent à leur saison carnavalesque. Le chapiteau est déjà en place. 
Ainsi va le séjour de nos amis transalpins, avec qui nous partageons le petit déjeuner et finissons la soirée en communiquant tant bien que mal, en anglais, en italien, en nous appuyant sur les traductions de Google... 
Lundi 01 janvier. Le réveillon vient de finir. J'aurai passé les dernières heures de 2017 à cuisiner et pâtisser, la tête à l'horloge. A 2H de la nouvelle année, il faut aller rechercher nos "enfants"  dans la vallée de Hundsbach. Une fête s'y termine après une longue journée et la prière pour la paix. Vers 2H30, nous envoyons les bulles à la nouvelle année avant d'aller goûter à une courte nuit.
Déjà me revoilà sur le pont. Le dernier jour s'égrène trop vite. Vers 09H45, Karima dépose les bagages de ses hôtes, un couple d'Italiens qu'elle me laisse pour les tout dernières heures du voyage Taizé Basel. Carlo et Ariana. 
Nous participons tous au dernier office religieux, en l'église de Jettingen vite pleine. Dans le chœur, la croix de Taizé. Dans la nef, une lumière tamisée qui fait ressortir le Christ crucifié, parfois vivifiée par une éclaircie dehors. 
Le père Sylvère préside l'eucharistie, dans un culte multilingue rehaussé des cantiques de la communauté bourguignonne. Une dernière photo de groupe sur le parvis puis tout le monde réintègre ses foyers pour le déjeuner d'adieu. Faute de place, je ferai deux allers-retours pour mes quatre convives, avant de leur servir un repas mêlant ma volaille de Bourgogne aux sushi de mon épouse en n'oubliant pas les bûches à la crème au beurre. 
14H30. On se hâte de vider la maison. Le grand départ sonne. Devant la salle de Jettingen où il fait encore très doux, les cars vont revenir. Ils vont se remplir rapidement. Embrassades, étreintes pleines d'émotion. Il y a quelques jours, je ne connaissais pas ces pèlerins. Ils repartent comme deux fils.
J'imagine ce que les familles d'accueil peuvent ressentir en partageant une partie de l'été avec les enfants de Tchernobyl. 





Je n'aurai probablement plus l'occasion de recevoir des jeunes de Taizé. Je savais que cette rencontre allait changer quelque chose dans leur vie comme dans la mienne. 

Taizé Basel a ouvert une route supplémentaire dans mon chemin vers la Vérité. 


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