6 octobre 2023

TRAUMATICA OU L'AFTERWORK FLIPPANT

C'est une drôle d'époque. Tandis que la guerre a jeté des territoires ukrainiens dans l'apocalypse, on se presse aux portes de Traumatica - Festival of Fear pour s'amuser à se faire peur dans l'immonde. Ce 27 septembre marque l'avant-première du spectacle d'épouvante d'Europa-Park Resort. 






Traumatica occupe un espace sans nom dans le resort de Rust. Il empiète sur le parc de loisirs et dispose d'une surface dédiée avec l'essentiel des attractions terrifiantes. Cette année, j'ai emmené mon camarade Lucas pour une découverte en immersion. Vers 19 H, il fait encore jour, mais plus pour longtemps. L'ambiance est bon enfant dans ce terrain de jeu où les petits n'ont pas leur place. On me présente un cartomancien à la voix faussement rauque, portant chapeau et canne. Quel tirage heureux saurait-il produire dans les ténèbres de sa maison ? Une jeune femme est taquinée par un zombie à côté de nous. "Je vais me faire dessus" déclare une autre à ses accompagnateurs. Car il s'agit bien d'effrayer cette foule de visiteurs en quête de sensations fortes.






Le jour se meurt. La nuit libère les monstres. Lucas va affronter son bizutage. Sitôt entré dans Skin Deep, le gaillard se retrouve dans un fauteuil, poussé par la peur. Les maisons de l'épouvante ne sont pas des offices de tourisme. Il faut avancer, quand le garde-chiourme l'aura commandé, dans le noir, le boucan, la sono, la fumée, dans un dédale où tout peut arriver. Se tenir sur ses gardes pour ne pas être surpris par une créature qui ricane ou vocifère. Nous ferons la plupart des attractions, qui nous réservent ce qu'on n'imaginerait pas. Les concepteurs auront réussi à nous plonger dans une histoire dont on ne connaît l'issue, rassurés toutefois d'en sortir, car on ne peut revenir sur ses pas. Des cris féminins se font entendre. Un acteur a fait mouche.  Et moi j'aurai au moins fait sursauter un occupant qui harcelait Lucas, manifestement un "bon client" pour ces faiseurs de frissons. Les univers sont multiples, du cabaret aux clowns sinistres en passant par le Petting Zoo, là haut. Sur la colline, nous sommes conviés à la noce féroce. Les invités nous entraînent dans un ballet mortel. 


Une quarantaine de minutes auront fondu quand nous entrons dans Traumatica Circus, dont les travées sont bien garnies. C'est parti pour une première séance d'une heure. Le spectacle s'appelle "Apocalypse". Mais rien à voir avec les dédales horribles hantés par des monstres. Ce sont de beaux numéros dans la tradition circassienne, certes avec des artistes grimés pour la saison, experts de l'acrobatie et de la voltige. Un moment mêlant érotisme, frissons, émotions et un numéro bluffant. L'avaleuse d'épée en prime.



Photo DR -Traumatica 



En quittant le chapiteau, nous nous promenons encore un instant dans ce qui ressemble à un champ de foire.
Beaucoup de food trucks et de bars, dont les néons et l'ambiance créent un afterwork où des rencontres incroyables peuvent surgir. 




22 septembre 2023

AGRICULTE




Récemment Emmanuel Macron annonçait une collecte nationale en faveur du patrimoine religieux des petites communes. Des milliers d'édifices sont en péril dans le pays de la fille aînée de l'Eglise. Cet été, sur la route des Ardennes, j'ai décidé de faire une pause près de Montmédy, en Lorraine gaumaise. J'ai été attiré par les vieilles pierres d'un petit village, Louppy-sur-Loison. Voilà une commune à l'écart des centres d'attraction, dont la population semble décliner, à peine plus d'une centaine d'âmes. J'ai remarqué la ruine d'un château fort mais surtout un imposant château Renaissance. Et face à moi, l'église St-Martin veillant sur la place d'un beau matin d'août. J'y suis bien sûr entré.




Mais le voyageur en quête de pause spirituelle que j'étais a été accueilli par une communication culturelle. Voilà que l'église héberge l'exposition inaugurale du projet "Page blanche sur le paysage agricole meusien". L'architecte et artiste strasbourgeoise Carole Nieder s'est installée au Pays de Montmédy pour son travail questionnant les rapports entre corps et espace à travers la notion de l'empreinte. Depuis deux ans, elle explore les liens pouvant exister entre Art et Agriculture, en collaboration avec la Com Com du Pays de Montmédy et une douzaine d'agriculteurs. Le projet porte sur plusieurs années. Il s'agit d'observer sous un autre angle ces espaces qui nous entourent et qui changent au fil des saisons et des interventions humaines. C'est ainsi que le paysage agricole meusien a investi l'espace de St-Martin jusqu'aux Journées du Patrimoine.




Surprenant collatéral où ont été disposés produits céréaliers, graines, bocaux, pots, matériels divers et cette roue de tracteur, tandis qu'un rouleau de paille masquait le confessionnal. Pendant deux mois, l'église a mélangé culte et culture(s). Une façon peut-être de ramener des brebis égarées vers la maison de Dieu, mais faire de ce lieu de prière un musée interpelle aussi. Surtout que le château proche offre sûrement des espaces plus appropriés.








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