12 novembre 2022

LES LAOTIENS DE SOUFFEL

 



Une journée dans le bouddhisme Theravada près de Strasbourg


Dimanche 6 novembre, vers 9H30. Souffelweyersheim, dans l'Eurométropole de Strasbourg. Nous venons de faire près de 150 km pour gagner la pagode Wat Lao Simoungkhoune, en bordure de la Souffel. Parinda, mon épouse thaïlandaise, n'y est  pas revenue depuis dix ans. Aujourd'hui est jour de fête et surtout de retrouvailles et de prière.







A Souffel comme on dit, la communauté laotienne est parfaitement intégrée. Le Laos fut un protectorat français. Les quelque 300 familles laotiennes d'Alsace sont issues de réfugiés politiques après la guerre d'Indochine. Dans cette ville d'environ 8.000 habitants, elles ont où se retrouver depuis 30 ans. D'une friche industrielle, l'association Clasbec a créé un lieu de vie et un temple ouverts à tous. Les bénévoles y ont mis leur dévouement et leur sueur. 





La pagode et son toit caractéristique offrent une curiosité dans cette campagne du Ried proche des maisons alsaciennes. Je me suis garé en amont de la propriété, anticipant des difficultés de stationnement. La végétation qui fait face à ce qui s'apparente à des jardins familiaux laisse apparaître des plantes qui me sont inconnues. Le dépaysement commence.


Il fait froid désormais, surtout que Souffel est toujours dans le brouillard. Ce qui n'entame en rien l'enthousiasme des marchands. Parinda m'avait parlé d'emplettes. C'est l'heure de Talat Sao, le marché du matin. On y trouve des courges, des légumes et herbes d'Asie, des beignets et de nombreuses autres préparations culinaires laotiennes. Parinda y revoit des connaissances. Parmi les quelques farang (étrangers blancs), je m'imprègne de l'atmosphère. A l'entrée du site que fend un chemin emprunté par promeneurs, joggeurs et cyclistes, un stand écoule ses corbeilles remplies de biscuits, fruits, boissons etc. Ce sont les offrandes proposées pour les moines. 

Nous entrons dans le bâtiment tout en longueur. A gauche, des espaces communs ; à droite, le lieu de culte. Il faut se déchausser. Les étoles de soie sont de sortie. Au fond de la pagode, les moines et des pratiquants à genoux. Nous sommes assis dans le fond. Le brouhaha va bientôt cesser au profit de prières et de chants. L'office ne me semble pas long. Les corbeilles fleuries sont bénies.
Puis tout le monde sort et se place de part et d'autre d'un long tapis sur lequel avancent bientôt les moines dont le vénérable Khamdeng Alain Sengpraseuth leur supérieur. Ils portent un grand bol dans lequel le public déposera l'un ou l'autre élément de sa corbeille. 





Puis vient l'heure du déjeuner, pris en plein air sur les terrasses couvertes du domaine. Un self de cuisine laotienne  qui rassasiera la foule. Beaucoup de bénévoles s'affairent à ce grand partage réglé comme un coucou suisse. Le soleil ne perce pas mais la température est supportable, maintenant que le brouillard s'est dissipé.

Après le repas, les convives forment une procession ouverte par des danseuses et leur sono ambulante. Elle traversera deux fois la pagode. Elle est colorée et joyeuse.
L'animateur de la journée n'a de cesse de formuler des messages bienveillants. Faire de bonnes actions grandit l'homme. 








10 novembre 2022

PULVERSHEIM MOBILISE AUTOUR DE SON LYCEE


#lyceedesmetiers#pulversheim





Lors de sa dernière séance le 7 novembre, le conseil d'agglomération de M2A a voté à la quasi-unanimité un vœu, constituer un comité de pilotage pour envisager le renouveau du lycée des métiers de Pulversheim, condamné par la Région Grand Est.

Comme plusieurs de mes consœurs  et confrères, je n'avais jamais mis les pieds dans cet établissement éloigné des centres urbains, dans la paisible commune à l'imposante mairie couleur chair. Le lycée Charles-de-Gaulle est une institution dans l'ancien pays de la potasse et particulièrement dans ce village où l'empreinte MDPA reste forte. A l'entrée, des messages annoncent la "résistance". Depuis la confirmation par l'autorité grandestienne  d'en finir avec cet établissement accusé d'être énergivore notamment, les voix s'élèvent contre une décision incompréhensible motivée "sur un tableau Excel". 



Les profs en première ligne 


Alors ce 9 novembre, jour anniversaire de la mort du père de la Ve République,  les élus ont été invités à une opération "portes ouvertes" et à parapher une nouvelle banderole à accrocher devant le lycée. A l'invitation  de Christophe Toranelli, professeur et maire, conseillers régionaux, conseillers d'Alsace, collègues du territoire, représentants de parlementaires, militants syndicaux, parents d'élèves, tous ont pu constater que Charles-de-Gaulle "n'était pas prêt pour la retraite". Jo Spiegel, ancien homme fort du Bassin potassique, était là aussi.



Les élus signent contre la décision de Jean Rottner


 Je n'ai pas vu de vétusté, les locaux sont propres, vierges de graffiti. D'ailleurs ici on connaît tout le monde, annonce Guillaume, enseignant depuis dix ans. "Les citoyens de demain sont là", qu'on forme à des métiers qualifiés, dans le respect mutuel. C'est cela force de cet établissement à taille humaine. 335 élèves du CAP au post bac dans un site spacieux, mais nécessaire. On ne peut pas travailler l'intervention au feu n'importe où, les plateaux techniques exigent de la place. Celui de chaudronnerie est le plus imposant du Grand Est, même si des dizaines de mètres carrés supplémentaires sont les bienvenus.




Voilà la fierté du lycée labellisé en 2003. Des formations d'excellence qui répondent aux besoins de l'industrie, comme la fibre optique. Des partenariats solides avec les forces de l'ordre, l'armée, les pompiers. Des soutiens tacites en raison du devoir de réserve.





L'avenir est aux petites structures, corrobore la représentante de la FCPE, qui se réjouit de l'implication des professeurs. Des enseignants  s'inscrivant dans la durée et la passion de transmettre. 

En repartant, des apprentis en combinaison et au visage juvénile nous saluent. Le savoir-être se cultive aussi à Charles-de-Gaulle.